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L'église Saint-Pierre possède
des traces romanes dans le chur,
dans l'archivolte
du portail occidental et peut-être aussi dans le soubassement
du clocher. Tout cela indique qu'un premier édifice s'est
élevé jadis à la place de l'église actuelle.
C'était peut-être la chapelle du château-fort
d'Épernon dressé au bord du plateau de Diane. Un document
de 1259 évoquant une donation renforce cette hypothèse.
L'édifice actuel, dans ses grandes lignes, remonte au XVIe
siècle, mais aucun texte de l'époque n'est là
pour nous conter l'histoire de sa construction.
Au grand siècle, les deux cents feux que comptait
la ville d'Épernon disposaient de deux paroisses : Saint-Jean
et Saint-Pierre. Au sein d'un découpage assez complexe, les
feux des bourgs avoisinants avaient aussi la leur, à
savoir Sainte-Madeleine et Saint-Nicolas. L'église Saint-Thomas,
adossée à Saint-Nicolas, était réservée
aux moines du prieuré. Après la Révolution
et son regroupement de paroisses, il ne restera plus qu'un édifice
: Saint-Pierre.
En 1793, l'église, évidemment pillée, est débaptisée
et devient temple de la Raison. Sous le Directoire, elle sera restituée
- partiellement - au culte catholique. Durant la tourmente, les
pavés du sol sont arrachés pour récupérer
le salpêtre. On ouvre le caveau sous l'autel et on retire
le plomb des cercueils pour en faire des balles.
En juin 1940, l'édifice subit un bombardement qui frappe
le bas-côté sud et désagrège la voûte
en plâtre, révélant la présence d'une
magnifique voûte
peinte du XVIe siècle. En 1942, Saint-Pierre est classée
Monument historique.
De 1946 à 1953, une restauration bien pensée met en
valeur les aspects anciens de l'édifice. On va même
jusqu'à rajouter des pastiches
de fresques Renaissance dans l'absidiole nord en y peignant des
saints très honorés localement.
Les amateurs de vieilles pierres apprécieront cette église
d'où s'échappe une atmosphère à la fois
romane et gothique. Certes, il n'y a pas d'uvres d'art, mais
la voûte peinte
lambrissée du XVIe siècle vaut une visite.
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Vue d'ensemble de la nef et du chur en entrant dans l'église
Saint-Pierre. |
L'église Saint-Pierre et les maisons d'Épernon vues
depuis la colline de la Diane. |
Monument à la mémoire du combat du 4 octobre
1870
sur la colline de la Diane qui domine la ville. |
Le clocher a été restauré au XXIe siècle
pour réparer les dégats de la tempête du
26 décembre 1999. |
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Le
combat du 4 octobre 1870.
À cette date, le Second Empire n'existe plus.
La République a été proclamée
un mois plus tôt. Paris est encerclé par
les Prussiens. Depuis les premiers combats, les fusils
Lebel ne peuvent rien face à l'artillerie Krupp
qui décide du sort des batailles, rendant vains
les rares succès français.
Début octobre, l'armée ennemie est à
Rambouillet et s'approche d'Épernon. Toutefois,
une unité de la garde mobile, celle du commandant
Lecomte, va tenter de barrer l'entrée de l'Eure-et-Loir
à l'envahisseur. S'opposant à un ennemi
supérieur en nombre et en matériel, elle
va se battre toute la journée du 4 octobre, en
particulier sur les pentes de la colline de la Diane
qui domine la petite cité d'Épernon. Vers
17 heures, les combats cessent et les Prussiens entrent
dans la ville, pillant quelques boutiques d'épicerie
et de vins. Il y a vingt-sept morts chez les Français,
dont le commandant Lecomte. L'ennemi exigera de la ville
une contribution de guerre de 4000 francs.
En mémoire du combat d'Épernon et du sacrifice
des soldats, un monument sera dressé sur la colline
de la Diane.
Source : Histoire d'Épernon,
ouvrage préparé avec Jean-Paul Duc et
l'Association Epernon Patrimoine et Alentours,
2009.
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Restes d'une archivolte en plein cintre
de style roman sur la porte du bas-côté nord.
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«««---
À GAUCHE
La façade occidentale de l'église
Saint-Pierre
bute sur les maisons de la rue.
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Décoration romane en plein cintre jumellant coquilles
et dessins géométriques au-dessus
de la porte du bas-côté nord.
Elle est estimée aux alentours du XIe siècle.
«««--- Restes de l'ancienne église
Sainte-Madeleine. |
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L'église Saint-Pierre au début du XXe siècle
(photo sur un panneau). |
La porte principale de la façade ouest possède
une archivolte simple à deux moulures. |
L'église vue depuis
la place Aristide Briand. |
LA NEF DE L'ÉGLISE
SAINT-PIERRE |
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La nef et l'élévation sud vues depuis l'entrée. |
Statue de saint Nicolas
dans l'avant-nef. |
Les colonnettes interrompues sont mises à profit
pour installer les spots afin d'éclairer la voûte. |
Tête humaine dans un cul-de-lampe roman
sur le côté droit du portail principal. |
Détail de la voûte peinte du XVIe siècle. |
La nef et l'élévation nord vues depuis l'entrée
sud. |
Détail de la bordure de la voûte.
XVIe siècle. |
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Architecture
interne. Avec ses quatre arcs brisés
aux intrados plats, la structure de l'église
paraît fort simple. Délimitant quatre travées,
trois trios de nervures s'élèvent sur
les murs gouttereaux pour recevoir la retombée
des voûtes. À l'origine, le voûtement
était prévu en pierre : c'est ce que montre
l'arrêt brutal des nervures (photo à gauche).
L'argent a-t-il manqué?
Sur ces petits promontoires, on voit maintenant des
spots utilisés pour éclairer les peintures
de la belle voûte en bois redécouverte
après 1945.
Une interruption du même ordre se voit aussi dans
le bas-côté nord à côté
de la pile massive qui soutient le clocher.
Ces interruptions ne sont pas rares. Quand les fonds
manquent, la fabrique doit rabaisser ses prétentions,
mais il est toujours judicieux de prévoir les
retombées d'une voûte en pierre au cas
où... L'église Saint-Valentin
à Jumièges montre aussi des interruptions
de cette sorte dans son déambulatoire.
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La voûte peinte du vaisseau central est du XVIe siècle. |
Détail de la partie centrale de la voûte avec ses
motifs floraux. |
La
voûte peinte. Les bombardements, aussi
cruels soient-ils, ont parfois un effet positif. Les
bombes qui endommagèrent le bas-côté
sud de l'église en 1940 eurent raison de la fausse
voûte en plâtre créée en 1880
et qui cachait un décor depuis longtemps oublié.
La restauration entreprise dès 1946 mit au jour
une fort belle composition du XVIe siècle sur
la totalité de la voûte de la nef.
Dans le même ordre d'idée, le bombardement
anglais de juin 1944 sur Nevers
(alors que l'aviation visait un nud ferroviaire
distant de huit kilomètres) permit de découvrir,
sous la cathédrale
frappée par deux bombes, un baptistère
que les historiens datent du VIe siècle.
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LE CHUR
DE L'ÉGLISE SAINT-PIERRE |
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En dépit de son grand arc brisé, le chur de Saint-Pierre
possède un aspect totalement roman. |
Chapiteau roman dans le grand arc du chur. |
L'orgue de chur et son ornementation baroque. |
L'orgue.
Après 1945, la tribune qui se tenait contre la
façade occidentale a été démontée.
L'orgue se trouve maintenant contre l'abside sous une
voûte en bois.
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Le Christ en croix peint dans l'abside.
XXe siècle ? |
Un angelot baroque dans le buffet de l'orgue. |
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La chaire à prêcher est en pierre.
Elle a été créée après 1945. |
Le Christ en croix peint dans l'abside, détail. |
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LE BAS-CÔTÉ
NORD ET LA CHAPELLE ABSIDIALE SAINT-JOSEPH |
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Le bas-côté nord et les massives piles romanes qui soutiennent
le clocher.
Il est probable que ces piles remontent au XIe siècle. Faisaient-elles
partie d'un système fortifié
inclus dans l'enceinte du château d'Épernon ? La question
demeure.
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Statue de saint Joseph de Cupertino,
patron des étudiants, dans le bas-côté nord. |
Chapelle
Saint-Joseph.
C'est la chapelle absidiale du bas-côté nord.
Elle a été restaurée entre 1946 et 1953
et décorée de fresques
modernes représentant des saints locaux. Sur le
côté gauche, un groupe de trois : saint Nicolas,
saint Denis et saint Jean-Baptiste ; sur le côté
droit, saint Fiacre. Les restaurateurs ont même peint
des phylactères.
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«Tu es Pierre», tableau anonyme.
XVIIIe siècle ? |
Chapelle Saint-Joseph dans l'absidiole nord. |
Saint Joseph tenant l'Enfant
dans la chapelle Saint-Joseph. |
Le bas-côté nord vu depuis l'absidiole nord. |
Fresque réalisée entre 1946 et 1953 dans la chapelle
Saint-Joseph :
saint Nicolas, saint Denis et saint Jean-Baptiste. |
Sainte Anne (atelier Mauméjean, 1949)
dans l'absidiole nord. |
Sainte Marie-Mardeleine (Mauméjean, 1949)
dans l'absidiole nord. |
Le bas-côté nord garde aussi la trace des arcades
prévues pour une voûte en pierre. |
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Fresque de saint Fiacre réalisée entre 1946 et
1953
dans la chapelle Saint-Joseph. |
Fresque de saint Fiacre, détail.
Réalisée entre 1946 et 1953. |
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Fresque de saint Denis portant sa tête
(réalisée entre 1946 et 1953). |
Fresque de saint Nicolas, détail.
Réalisée entre 1946 et 1953. |
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LE BAS-CÔTÉ
SUD ET LA CHAPELLE ABSIDIALE DE LA VIERGE |
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Le bas-côté sud avec son arcature en arc brisé. |
Le bas-côté sud se termine, à l'arrière-plan,
par le baptistère. |
Le style de l'absidiole sud est typiquement roman. |
Moitié orientale du bas-côté sud et absidiole. |
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Sainte Julienne. |
On lit sur un écriteau
de l'église : Sainte Julienne délivra
de la peste en 1614 et en 1849 les habitants d'Epernon
qui l'avaient invoquée.
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Statue moderne d'une Vierge à l'Enfant. |
Statue
de la Vierge. Un panneau de l'église
informe le visiteur que cette statue de la Vierge a
survécu miraculeusement au bombardement de 1940
qui a frappé le bas-côté sud.
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Vitrail à forme géométrique
dans l'absidiole sud. |
La voûte du bas-côté
sud est scandée de belles poutres sculptées,
remises en état après 1945. On y voit
des écussons et des inscriptions relatives à
certains donateurs.
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La clé de voûte peinte de l'absidiole sud. |
Engoulant sur un entrait de la charpente du bas-côté
sud. |
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Saint Michel terrassant le dragon dans le bas-côté sud. |
Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, détail,
dans le bas-côté sud. |
La nef vue depuis la chaire à prêcher du chur. |
Documentation : «Épernon, Les pressoirs,
l'église Saint-Pierre», brochure éditée
par la mairie d'Épernon
+ «Histoire d'Épernon», ouvrage préparé
avec Jean-Paul Duc et l'Association Epernon Patrimoine et Alentours,
2009. |
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