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Page créée en janv. 2020
Scène pastorale par Jean-Baptiste Claudot (1733-1805)., détail

La richesse de l'histoire de Pont-à-Mousson justifie pleinement la présence d'un musée dans cette ville. Une première tentative eut lieu vers 1883, mais elle n'aboutit pas. La seconde tentative se tint bien plus tard, dans les années 1970. Un très beau livre sur la ville parut en 1968. Et un spectacle son et lumière, en 1972, raviva l'importance de l'Université à l'occasion de son quatre-centième anniversaire. La décision de créer un musée fut désormais bien arrimée. L'administration de la ville et les érudits se mirent au travail. Il fallait trouver un thème, un lieu, un conservateur et... des collections que l'on voulait bien sûr le plus riche possible.
Le thème s'appuya sur quatre piliers : l'Université du XVIe siècle et ses archives, l'imagerie du XIXe siècle et le papier mâché, également du XIXe siècle. Le fil directeur en était naturellement le papier. À la fin des années 1970, la municipalité acheta l'ancien hôtel de la Monnaie. Pierre Lallemand fut désigné comme premier conservateur : il avait déjà commencé à rassembler les premières collections, aidé en cela par la Société d'!Histoire de Pont-à-Mousson. Ces acquisitions prirent du temps. En 1995, la municipalité redonna vigueur à cette idée de musée et décida du thème final : Au Fil du Papier. De nouvelles acquisitions, notamment en papier mâché, vinrent enrichir les premières. Enfin, le musée ouvrit ses portes le 16 janvier 1999. Depuis lors, d'anciennes machines de la société Adt, créatrices d'objets en papier mâché au XIXe siècle, ont pu être récupérées. Plus tard, une salle fut aménagée en hommage à la société industrielle Pont-A-Mousson SA qui fit la richesse et la renommée internationale de la ville.
Le musée de Pont-à-Mousson est la référence européenne en matière de papier mâché. Rien que pour l'extravagance de cette matière - et la richesse des collections du musée, sa visite s'impose à tous ceux qui, reliant Nancy à Metz, s'arrêtent à Pont-à-Mousson. Comment peut-on s'asseoir sur une chaise en papier mâché? La réponse est donnée par de multiples panneaux explicatifs dans les différentes salles qui ne laissent aucun détail dans l'ombre : fabrication, types d'objets, distribution et aspect social du papier mâché. On se reportera dans cette page à l'encadré plus bas.
Dans les salles de l'Histoire de la ville, on trouve un tableau illustrant l'apothéose de saint Pierre Fourier. Ce curé de campagne, formé à l'Université de Pont-à-Mousson, fut un adversaire déterminé de la politique de Richelieu. Très connu en Lorraine, il a marqué l'histoire de son pays. Un long encadré lui est consacré plus bas.

Statue de saint Gibrien, Bronze, XVIe siècle
L'une des salles du musée consacrées à l'histoire de Pont–à–Mousson
L'une des salles du musée consacrées à l'histoire de Pont-à-Mousson.
L'entrée du musée rue Magot de Rogéville
L'entrée du musée rue Magot de Rogéville.
La cour intérieure du musée.
La cour intérieure de l'hôtel de la Monnaie.

L'Hôtel de la Monnaie. C'est un hôtel de style Renaissance, bâti en 1591. Il a conservé l'appellation du bâtiment qui l'a précédé. Pourtant, rien ne prouve qu'on ait jamais battu monnaie à Pont-à-Mousson. La propriété était celle de la famille George des Aulnois. Elle changea de main à la Révolution. En 1958, elle fut acquise par la coopérative agricole du Toulois. Et, en 1978, la ville de Pont-à-Mousson l'acheta pour abriter le futur musée.
L'hôtel est regardé comme l'une des plus belles constructions édifiées dans la ville à l'époque de l'Université. Elle est construite en pierre et ses pièces sont spacieuses. Les éléments de sculpture (portail, cheminée et puits) nous rappellent qu'il existait à Pont-à-Mousson un atelier de sculpture. Antoine Grata, maître maçon du duc Charles III en faisait partie.
Source : panneau affiché dans le musée.

Fontaine près du bâtiment du musée
Ancienne fontaine ou puits
de style classique dans la cour intérieure
de l'hôtel de la Monnaie.
SALLES DE L'HISTOIRE DE LA VILLE
«L'Apothéose de saint Pierre Fourier», XVIIe siècle
«L'Apothéose de saint Pierre Fourier», XVIIe siècle.

Pierre Fourier (1/2) est un saint bien connu en Lorraine, mais quasiment inconnu ailleurs. Né à Mirecourt en 1565, il suivit pendant six ans des études d'humanités gréco-latines à la Faculté des Arts de l'Université de Pont-à-Mousson. C'est là qu'il érigea saint Augustin comme l'un de ses modèles.
À vingt ans, il rejoignit l'ordre des chanoines réguliers de Saint-Augustin à l'abbaye de Chaumousey, près d'Épinal. Notons que, en 1623, il réformera cet ordre, bien délité, en instituant la Congrégation de Notre-Sauveur dont il deviendra le supérieur pour le duché de Lorraine en 1632.
Ordonné prêtre en 1589, il revint à l'Université de Pont-à- Mousson, mais cette fois à la Faculté de théologie et à celle de droit. (À cette époque, la théologie recouvrait en fait le droit actuel car canons de l'Église et lois étaient totalement imbriqués. Le droit, c'était l'art de gouverner.)
En 1597, il fut nommé à la pauvre cure de Mattaincourt dans les Vosges, un village réputé pour être un foyer protestant. En vingt années de présence, ce pionnier de la Contre-Réforme réalisa une œuvre importante. Connu pour sa grande piété, il se voua au service des pauvres : création d'une caisse mutuelle pour éviter d'emprunter aux usuriers ; système de collecte et de distribution de vivres ; soupe populaire. Fait le plus important : il créa, en 1628, avec sœur Alix Le Clerc la Congrégation Notre-Dame destinée à l'éducation gratuite des filles. Pierre Fourier est d'ailleurs l'inventeur de la salle de classe et du tableau noir... Il appelait les éducatrices à la plus grande tolérance envers les élèves protestantes et à ne jamais heurter leur foi. En tant que curé de Mattaincourt, il fut aussi l'un des administrateurs de la petite ville où, par délégation du duc de Lorraine, il rendait la basse et la moyenne justice.
La pensée politique de Pierre Fourier est un élément essentiel de sa vie. Elle le plaça assez rapidement comme opposant notoire à Richelieu et à son action politique.
Lors de son second séjour à l'Université de Pont-à-Mousson, il forgea sa ligne politique : celle de la toute-puissance de la morale dans l'art de gouverner. Le prince doit travailler au bien commun ; son objectif, c'est le bonheur de son peuple et son salut. Conséquences : refus de la guerre, rejet des hérétiques, éducation de la jeunesse selon les préceptes du Concile de Trente. C'est l'exact opposé de la morale de Machiavel pour qui la politique est une technique dans l'art de parvenir à ses fins, quels qu'en soient les moyens (duplicité, mensonges, reniements, etc.).
À partir de la nomination à Mattaincourt, la vie de Pierre Fourier doit être coupée en deux périodes. D'abord, une période, plutôt paisible, de 1597 à 1620 : la Lorraine est catholique ; l'action du curé reste locale. Dans la seconde, de 1620 à 1640 (année de sa mort), tout change et tout s'aggrave. La guerre de Trente Ans a éclaté en 1618. D'abord conflit localisé, elle va bientôt s'étendre et ses ravages vont frapper la Lorraine. Sur le plan politique, cette guerre se traduisait par une question cruciale : l'Europe allait-elle retrouver son unité chrétienne? Ou allait-elle se fractionner définitivement en nations rivales, guidées par le seul intérêt de la raison d'État? On sait que la France de Richelieu, en s'alliant avec les princes protestants d'Allemagne, choisit la seconde solution. La lutte contre l'encerclement par la maison des Habsbourg était jugée vitale pour le royaume. La Lorraine catholique fit, quant à elle, le choix opposé et rallia la cause de l'Empire, de la catholicité et du Concile de Trente. Pierre Fourier, déjà connu en Lorraine par son œuvre pieuse, se décida alors à l'action politique. Il se fit d'abord le conseiller du Prince, en l'occurrence le duc Charles IV de Lorraine, qu'il regardait comme le défenseur de la cité chrétienne. Puis il intervint dans les événements politiques et s'entremit notamment dans les mariages princiers. Il fallait en effet sauvegarder la continuité de la dynastie car la Lorraine, selon lui, avait reçu de la Providence la mission de sauver le catholicisme. --»»

Habit de chœur et son ensemble, XVIIIe siècle
Habit de chœur et son ensemble.
Ornement brodé or et argent, XVIIIe siècle.

Habit de chœur. Cet ensemble comprend une chasuble, une étole, un manipule, un carton et un voile de calice. Il a appartenu au père Jean-François Lallemand, né en 1718, qui fut le dernier abbé mitré de Sainte-Marie-Majeure de Pont-à-Mousson.

Paysage champêtre de Jean-Baptiste Claudot
Paysage champêtre de Jean-Baptiste Claudot (1733-1805).
La Vierge des Échevins
La Vierge des Échevins
Pierre, XVIe siècle.
Statue de saint Nicolas, pierre
Statue de saint Nicolas, pierre.

La Vierge des Échevins est une statue de pierre du XVIe siècle. À l'origine, elle portait une couronne, tenait un sceptre dans la main droite et se trouvait sur le lieu de l'ancien Hôtel de Ville. Quand celui-ci déménagea place Duroc (où il se trouve toujours), elle resta à sa place : contre un pilier d'angle des arcades, à l'entrée de l'actuelle rue Pasteur. À la Révolution, on voulut la briser, mais le propriétaire de l'immeuble réussit à la sauver. Sa couronne fut toutefois supprimée. Quant au sceptre, il fut remplacé par une pique, symbole, à l'époque, des combats pour la liberté.
Les arcades furent démolies en 1835 ; la statue fut alors entreposée dans la cave du bâtiment. Quand le bâtiment lui-même fut détruit, elle gagna le cloître de l'ancien couvent des Minimes. Aujourd'hui, on peut admirer cette belle statue Renaissance au musée.
Source : panneau affiché dans le musée.

Saint Ignace de Loyola
Saint Ignace de Loyola
Bois doré, XVIIIe siècle.
(Provient d'une chapelle de l'Université)
Saint Pierre Fourier, bois doré, XVIIIe siècle
Saint Pierre Fourier, bois doré, 18e siècle. (Provient d'une chapelle de l'Université.)
«Extase de saint François»
«Extase de saint François»
Huile sur toile, anonyme, 1748
Statue de saint Laurent
Statue de saint Laurent.

Pierre Fourier (2/2). 
Après 1630, la France accroît sa pression. Elle confisque le Barrois et envahit la Lorraine. Nancy est assiégé. Comme le duc de Lorraine, Charles IV, n'a pas de descendance mâle, Richelieu veut enlever la princesse Claude (une héritière directe de la lignée ducale), lui faire épouser un prince français et annexer, dans la foulée, Lorraine et Bar. Seule possibilité pour contrer ce plan : faire abdiquer le duc Charles au profit de son frère, le cardinal Nicolas-François, évêque de Toul, puis, comme celui-ci n'a reçu ni consécration, ni ordination, le faire se démettre de ses charges, et, revenu à l'état laïc, lui faire épouser le plus vite possible sa cousine Claude ! La célérité est de mise : il s'agit de sauver l'indépendance nationale ! Selon les historiens, Pierre Fourier se montra très actif dans la mise au point de ce plan qui fut élaboré à Mirecourt en janvier 1634. Le mariage tant attendu eut lieu à Lunéville dans la nuit du 17 au 18 février, au moment où les troupes françaises pénétraient dans la cité... Mais l'épisode ne s'arrêta pas là. Les jeunes mariés furent arrêtés sur ordre de Richelieu et ramenés à Nancy. Grâce à un déguisement, ils purent s'échapper de la ville, puis gagner la Comté (la Franche-Comté d'aujourd'hui), puis la Toscane et les terres d'Empire. Les liens entre l'Espagne, l'Empire et la Lorraine s'affichaient au grand jour. Par ce mariage et par les descendants du couple ducal, l'indépendance de la Lorraine fut assurée pour un siècle.
C'est dans les années 1633-1634 que Pierre Fourier connut en Lorraine le faîte de sa popularité. Il est regardé comme le symbole de la résistance à Richelieu, comme l'incarnation du sentiment national. Bien que simple curé de campagne, il disposait d'un large soutien dans l'opinion, notamment parmi les franciscains de Nancy. Leurs prêches veillaient à entretenir l'ardeur patriotique. Des membres du gouvernement lorrain appuyaient aussi le petit curé de Mattaincourt. Les historiens se sont même penchés sur de possibles complicités au sein du royaume de France. En fait, ceux qui détestaient Richelieu ne pouvaient que le soutenir : la reine Anne d'Autriche, qui avait gardé tout son amour pour l'Espagne, appréciait son action sociale ; Gaston, frère de Louis XIII et grand comploteur devant l'Éternel, éprouvait de la sympathie pour lui (Pierre Fourier avec favorisé son mariage avec la sœur du duc de Lorraine, Charles IV).
Enfin, le parti dévot français, hostile à la politique du cardinal, ne pouvait que soutenir son action.
Une fois la France entièrement maîtresse de la Lorraine, Richelieu ordonna à sa police de se saisir du curé de Mattaincourt par tous les moyens. Pierre Fourier dut alors agir comme maints résistants français sous l'Occupation : éviter les grandes villes, se cacher dans les abbayes, les sacristies et tous les endroits qui n'attiraient pas l'attention, se réfugier dans les villages où le sentiment national lorrain était puissant, comme Mirecourt ou Saint-Mihiel.
En 1635, le dernier couperet tomba : le roi de France exigea un serment de fidélité de tout lorrain exerçant une fonction d'autorité. Pierre Fourier était supérieur majeur de sa congrégation ; il ne pouvait y échapper. Il préféra s'expatrier et se réfugia, en 1636, en terre espagnole, à Gray (aujourd'hui en Franche-Comté). C'est là qu'il mourut en décembre 1640.
En 1648, les traités de Westphalie marquèrent la fin de la guerre de Trente Ans. L'historien René Taveneaux écrit que ces traités représentaient une grave défaite pour l'Église : «ils marquent le triomphe de la nation indépendante, sans fondements moraux ni spirituels et dans laquelle la religion tend à devenir un instrument dans la main du prince.» Ce que les siècles suivants vont amplement confirmer.
Au plan historique, Pierre Fourier est dans le camp des vaincus puisque la politique de Richelieu a triomphé. Les historiens de la République ont vu en lui le tenant d'un «nationalisme de clocher» borné par les frontières de la petite Lorraine. Richelieu incarnait la grandeur de la France. S'opposer à lui, c'était vouloir la rapetisser. C'est pourquoi son souvenir demeure limité au territoire lorrain. Ailleurs, il reste un inconnu. Il n'empêche. Ce saint curé porte haut la lutte contre l'amoralisme en politique.
Voir la chapelle Saint-Pierre Fourier à l'église Saint-Martin de Pont-à-Mousson.
Sources : 1) Saint Pierre Fourier et son temps, Presses Universitaires de Nancy, 1992, article de René Taveneaux : Saint Pierre Fourier et la politique son temps ; 2) panneau affiché dans le musée.

Lithographie de Pont–à–Mousson avec l'abbaye des Prémontrés et le pont Gélot
Lithographie de Pont-à-Mousson avec l'abbaye des Prémontrés et le pont Gélot
Atelier Victor Fagonde & Élie Haguenthal, 1850-1881.

Jean-Baptiste Claudot. Voilà un artiste bien méconnu et qui réalise pourtant de fort belles toiles ! Peintre lorrain né à Badonviller en 1733, il est mort à Nancy en 1805. Artiste précoce, il est appelé, à l'âge de vingt ans, à l'Université de Pont-à-Mousson comme professeur de dessin et de peinture par les pères Jésuites. Il est ensuite remarqué par Girardet, peintre ordinaire du roi Stanislas. Dans les compositions du maître, il va s'occuper de la partie décorative. On le voit en même temps œuvrer pour un portrait du roi de Pologne, pour les décors de l'Hôtel de ville de Nancy, enfin pour le dessin du mausolée de Stanislas.
Jean-Baptiste Claudot part ensuite à Paris compléter sa formation auprès du célèbre peintre paysagiste Joseph Vernet (1714-1789). Le style de Vernet est recherché dans toute l'Europe. Ses marines, qui sont réputées, répondent à peu près toutes au même schéma : un port, des vaisseaux, de l'architecture (en ruine ou pas) et des personnages. Ainsi l'exigeaient ses commanditaires. Il en peindra plus de mille. Le style de Jean-Baptiste Claudot rappelle de très près celui de Vernet. Mais le Lorrain situe ses scènes dans un cadre champêtre, souvent parmi des ruines, se rapprochant ainsi d'Hubert Robert, né la même année que lui. Avec un style si proche de Vernet, il était logique que Claudot fût sollicité par les cours européennes. Pourtant il préféra rentrer en Lorraine dès 1769. Sa carrière fut évidemment moins brillante que celle dont il aurait pu jouir auprès d'un monarque. Néanmoins, riche de l'enseignement parisien, il put exceller dans les tâches qui lui furent confiées. On le verra ainsi à l'œuvre pour des bâtiments officiels de Nancy et pour la décoration de nombreuses maisons et églises de cette même ville.
Source : panneau affiché dans le musée.

«Scène pastorale dans un paysage en ruine» par Jean–Baptiste Claudot
«Scène pastorale dans un paysage en ruine»» par Jean-Baptiste Claudot (1733-1805).
Paysage pastoral par Jean-Baptiste Claudot
Scène pastorale par Jean-Baptiste Claudot (1733-1805).
Paysage romantique avec étang et château par Jean–Baptiste Claudot
Paysage champêtre de Jean-Baptiste Claudot, détail
Paysage champêtre de Jean-Baptiste Claudot (1733-1805), détail.
Ancien élève de Joseph Vernet, Claudot a représenté ici un enfant qui désigne quelque chose
du doigt, une posture que l'on voit bien souvent dans les tableaux de Vernet.
Lithographie de Pont–à–Mousson avec le pont Gélot et l'église Saint–Martin
Lithographie de Pont-à-Mousson avec le pont Gélot et l'église Saint-Martin.
Atelier Victor Fagonde & Élie Haguenthal, 1850-1881.
«Pont-à-Mousson», eau-forte de Roger Marage, 1985
«Pont-à-Mousson», eau-forte de Roger Marage, 1985.
«««--- À GAUCHE
Paysage romantique avec étang et château par Jean-Baptiste Claudot (1733-1805).
«Les Prémontrés et la Moselle», eau–forte de Roger Marage, 1978
«Les Prémontrés et la Moselle», eau-forte de Roger Marage, 1978.
SALLE DE L'IMAGERIE
Salle de l'Imagerie
Salle de l'Imagerie.
Image de la série des Grosses Têtes, XIXe siècle
Image de la série des Grosses Têtes, XIXe siècle.

L'imagerie. Cette industrie est née à Pont-à-Mousson en 1848. Elle utilisait uniquement la lithographie et fut un rival sérieux aux images d'Épinal. Le premier atelier fut créé par Élie Haguenthal, associé à l'artiste Victor Fagonde qui eut ainsi l'occasion d'exercer tout son talent et de susciter l'admiration par la finesse de ses dessins.
Les thèmes illustrés sont avant tout ceux de l'histoire contemporaine : Second Empire, guerre de 1870, épisodes de la colonisation en Afrique et en Asie. Des albums de paysages mettaient en avant la géographie de la France, souvent dans des scènes assez bucoliques.
Des séries enfantines complétaient l'ensemble, axées sur l'Histoire nationale ou sur des contes moraux.
Source : Guide des collections du musée.

SALLES DU PAPIER MÂCHÉ
Salle du papier mâché avec buffets et fauteuils
Une salle du papier mâché avec buffets et fauteuils.

Le papier mâché 1/4. C'est indiscutablement la partie phare du musée. Il a fallu de longues années pour rassembler les collections qui sont présentées. L'une des dernières acquisitions est le magnifique salon de la reine Victoria avec canapé et fauteuils somptueusement décorés.
La technique du papier mâché est très ancienne. Elle arrive à Pont-à-Mousson avec la famille Adt en 1872. Cette famille possédait déjà une première manufacture de papier mâché en Sarre au début du XIXe siècle. Elle s'implante en Moselle, à Forbach, en 1853. Après la défaite de 1871 face à la Prusse, Forbach se retrouve en zone annexée. Les frères Adt s'installent alors à Pont-à-Mousson : il y avait l'eau de la Moselle, indispensable pour cette industrie, et les fonderies de l'entreprise Pont-A-Mousson SA. On espérait que les épouses des travailleurs du fer viendraient se faire embaucher dans la fabrique de papier mâché qui proposait un travail nettement plus minutieux... En 1914-18, Pont-à-Mousson, quasiment ville frontière, est au plus fort des combats. Les Adt vont perdre la majorité de leur patrimoine. Au XXe siècle, de nouvelles firmes sont créées et l'activité se diversifie (cartonnage, tubes isolants et matériels plastiques industriels).
Qu'en est-il de la fabrication? Comment peut-on s'asseoir dans un fauteuil en papier mâché? Cet étrange matériau est issu à la base de papiers de récupération, de vieux chiffons, voire de paille. Le tout est trié, lavé, broyé, puis mis à tremper dans de l'eau douce, tout en étant malaxé. Avec une pile hollandaise (machine de l'industrie papetière), le mélange est brassé, les fibres sont coupées. Une dernière machine transforme la pulpe obtenue en feuilles dont l'eau est éliminée par aspiration. Cette feuille s'enroule ensuite autour d'un cylindre, ce qui permet d'obtenir l'épaisseur de carton désirée. Ce carton est enfin passé dans un laminoir pour en comprimer les fibres.
Vient la mise en forme des pièces. Les éléments sont créés à l'aide de gabarit, puis assemblés. Pour les pièces plus lourdes, on procède par estampage du carton dans des moules chauffés. Les objets sont ensuite laissés à sécher. Dernière étape : ces objets peuvent être durcis et rendus imperméables par trempage dans un bain d'huile cuite. Une fois secs, ils passent entre les mains des peintres décorateurs.
Détail pratique pour les objets vernis en papier mâché que le visiteur peut acheter à la boutique du musée : en vieillissant, le vernis a tendance à se craqueler (comme sur les tableaux). Les produits d'entretien (et surtout l'eau) sont à proscrire. Il faut se contenter de les nettoyer avec un chiffon sec.
Revenons à ce qui surprend le plus le visiteur du --»» 2/4

Partie supérieure d'un guéridon à bascule ornée d'un décor romantique
Partie supérieure d'un guéridon à bascule ornée d'un décor romantique.
Ateliers Adt, fin du XIXe siècle.
Coffre, tables et guéridons à bascule en papier mâché
Coffre, tables et guéridons à bascule en papier mâché.
L'Opéra de Paris
L'Opéra de Paris.
Vide-poche en papier mâché.
L'Arc de triomphe
L'Arc de triomphe.
Vide-poche en papier mâché.

Le papier mâché 2/4. --»» musée : les sièges. En papier mâché, ils sont aussi solides que ceux en bois ou en fer. En fait, d'après le Guide des collections du musée, les pieds, jusqu'à l'assise, sont souvent en bois noirci. Inutile d'utiliser le papier mâché pour des formes aussi simples. En revanche, pour obtenir des pieds aux formes rondes très chantournées, le papier mâché est plus rapide et plus économe que le bois ou le fer. Le papier est tout simplement pressé selon la forme voulue. Quant à sa résistance, elle vient de la pression fournie. Le lecteur aura donc compris que l'intérêt du papier mâché est la facilité avec laquelle on crée des formes complexes, formes qui demeurent plus longues et plus difficiles à obtenir à partir d'autres matériaux (bois ou fer). Pour terminer avec les sièges, ajoutons que les dossiers et les accoudoirs, souvent très élaborés, relevaient exclusivement de la technique du papier mâché. Voir plus bas des photos de chaises et de fauteuils.
Au XIXe siècle, tous les objets imaginables ou presque ont été reproduits en papier mâché. La qualité était au rendez-vous. L'entreprise Adt obtint même un grand prix lors de l'Exposition universelle de 1889 dans la rubrique de la tabletterie en papier mâché. Dans la fabrication, les tabatières, boutons et objets à usage domestique furent chronologiquement suivis par des objets industriels : panneaux pour véhicules de transport, articles pour la chirurgie, la pharmacie et la photographie, baraquements, maisons démontables, etc. En 1900, nouveau grand prix récompensant la diversification dans les isolants électriques car le papier mâché était un merveilleux isolant. --»» 3/4

Vases décoratifs, chaise et guéridon à bascule en papier mâché
Vases décoratifs, chaise et guéridon à bascule, ateliers Adt, vers 1880-1890.
Objets divers en papier mâché
Objets divers en papier mâché.
Ateliers Adt.
Paravent, table et chaises en papier mâché
Paravent, table et chaises en papier mâché, ateliers Adt.
Coffret en papier mâché
«Travailleuses», Atelier Adt
Vers 1890-1900.
Fauteuils, coffret et guéridons en papier mâché
Chaise, fauteuil, «travailleuse» et guéridons en papier mâché.
Fauteuil du «salon de la reine Victoria» en papier mâché
Fauteuil du «salon de la reine Victoria» en papier mâché.
Secrétaire en papier mâché
Secrétaire en papier mâché.
Ateliers Adt.
Fauteuils et canapé du «salon de la reine Victoria»
Fauteuils et canapé du «salon de la reine Victoria».
Ce salon a été acquis pour les collections du musée en 1995. Le musée a ouvert en 1999.

Le papier mâché 3/4. --»» Pourquoi ce succès du papier mâché au XIXe siècle? Dans le Guide des collections du musée, Claudine Cartier, conservateur en chef à l'inspection générale des musées, nous livre une analyse sociologique intéressante de l'objet, analyse que la famille Adt semblait avoir parfaitement comprise. Les objets qui ont une utilité évidente sont souvent d'apparence austère ; à côté de cela, il y a les objets qui paraissent moins utiles et qui sont souvent décorés, voire luxueux. Ces derniers servent évidemment de miroir social. «Au XIXe siècle, on ne possède plus un objet parce que l'on appartient à telle ou telle catégorie sociale, écrit Claudine Cartier, mais, au contraire, le fait de le posséder fait entrer dans un certain milieu.» Dans les années 1820, la petite et moyenne bourgeoisie se révèle. Les Adt vont surfer sur la vague et offrir à cette bourgeoisie parisienne et provinciale le rêve du luxe ou du «faux-luxe à moindre prix». Exit la préciosité. Pour être --»» 4/4

L'une des salles des objets en papier mâché
Une salle des objets en papier mâché.

Le papier mâché 4/4. --»»  à la mode, il faut posséder des objets à l'ornementation fine et soignée. Boîtes, corbeilles, plateaux, vide-poches, buffets, petits meubles, matériel pour fumeur, tout cela est décoré de motifs japonisants incrustés de nacre, d'ivoire, d'étain ou d'argent. Montrer ces objets, c'est afficher son statut social. Les grands magasins parisiens seront rapidement aux premières loges pour les diffuser en France, à l'étranger et dans les colonies.
Au XXe siècle, la tendance se retourne. La décoration va se banaliser par l'utilisation de la décalcomanie, voire carrément disparaître au profit d'objets purement utilitaires ou publicitaires. L'entreprise Adt ne réussira pas à se reconvertir, pour ce qui est des objets du quotidien, vers ce nouveau matériau que sera le plastique. Celui-ci va pratiquement assurer la totalité de la fabrication de ces objets.
Source : Musée au fil du Papier, Guide des collections, article de Claudine Cartier : «Le papier mâché, une industrie du XIXe siècle».

Buffet en papier mâché Buffet des ateliers Adt, vers 1850-1865.
La structure du meuble est en bois.
La somptueuse décoration est en papier mâché.

Documentation : Musée Au Fil du Papier (guide des collections vendu à la boutique du musée)
+ Saint Pierre Fourier et son temps, Presses Universitaires de Nancy, 1992
+ divers panneaux affichés dans le musée.
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