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L'abbatiale Saint-Austremoine d'Issoire
a été construite au XIIe siècle. Une date plus
précise est impossible car le chartrier du monastère
dont elle relevait a été brûlé par les
troupes à la solde des protestants en 1575. L'histoire de
l'abbatiale commence par un très ancien monastère
bénédictin, sans qu'on puisse faire la part de la
légende. Celle-ci mentionne le IIIe siècle, mais les
historiens retiennent le IXe. Un document de l'an 927 parle d'une
abbaye Saint-Austremoine. On trouve ensuite la trace d'une église
dédiée à saint Pierre et saint Austremoine,
ce qui nous porte au Xe siècle. La prospérité
du petit monastère (vingt à trente moines) lui aurait
néanmoins permis de reconstruire son église abbatiale
au XIIe siècle en utilisant une partie de l'ancienne (le
narthex actuel). Au XVe siècle, le nombre de moines est réduit
- d'autorité - à vingt.
Les guerres de Religion répandent leur lot de destructions
en Auvergne. Les protestants s'emparent d'Issoire en 1575, saccagent
l'abbatiale en tuant quelques moines, détruisent chartrier
et mobilier. Avec les combats de la Ligue (1585-1589), c'est la
surenchère de destructions et d'appauvrissement. L'abbatiale
ne s'en sortira pas. Au XVIIe siècle, la prospérité
n'est plus qu'un souvenir et la ruine est au bout du chemin. Même
si l'abbatiale rejoint la Congrégation de Saint-Maur en 1665,
le manque de fonds empêche toute réparation sérieuse.
La Révolution, en supprimant les ordres religieux, clôt
l'histoire du monastère. Les bâtiments sont alors désaffectés
et restent à l'abandon.
Le XIXe siècle va restaurer les édifices. Les bâtiments
sont en partie transformés en collège. Quant à
l'église (qui devient paroissiale), elle reprendra vie mais
en plusieurs étapes. En 1835, elle est classée Monument
historique et les premiers travaux peuvent commencer. En 1837, Mérimée
voyage en Auvergne et inspecte le chantier (voir plus
bas). Dans la décennie suivante, la restauration s'amplifie
: la façade occidentale est refaite, deux clochers sont ajoutés,
le mur sud est reconstruit ; ensuite vient l'intérieur avec
la colorisation intégrale de l'édifice par Dauvergne
et Mayoli en 1859.
Bien que l'abbatiale soit présentée comme un monument
du XIIe siècle, elle appartient en fait davantage au XIXe.
Néanmoins, quelques éléments anciens la rangent
dans les places d'honneur du roman auvergnat : son magnifique chevet
à cinq chapelles rayonnantes (restauré en 1995), orné
d'un zodiaque
en bas-relief et son chur
(ainsi que son déambulatoire)
embelli de chapiteaux
à scènes historiées, dont la célèbre
Cène. La
crypte, au-dessous
du chur, est la seule partie de l'édifice à
ne pas avoir subi les assauts des peintres, une raison supplémentaire
pour la visiter si vous passez à Issoire. On notera également
la belle peinture du Jugement
dernier (XVe siècle) dans une chapelle du narthex.
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Vue d'ensemble de la nef.
L'il du visiteur est immédiatement frappé par
les décorations des piliers et de la voûte qui envahissent
tout l'espace. |

La célèbre abside romane de l'abbatiale d'Issoire.
Sous le clocher octogonal se tient le massif barlong et ses
neuf baies,
dont six sont ouvertes. Ce massif se prolonge, au nord et au
sud, par les
la toiture des croisillons du transept. |
Architecture
extérieure. L'église d'Issoire
est avant tout réputée pour son magnifique
chevet (photo ci-dessus), un chevet typique du
style roman tel qu'on l'observe dans les grandes églises
médiévales : une succession d'absidioles
en arrondi, avec un petit vitrail sur chaque face et
des modillons sous la corniche des toitures. Cela rappelle
le chevet de la Charité-sur-Loire
et celui de Saint-Martin-de-Boscherville.
La caractéristique d'Issoire est que la chapelle
axiale est de plan rectangulaire et non circulaire.
Mis à part le chevet, une grande partie de l'architecture
extérieure date du XIXe siècle. La façade
ouest (austère et sans aucun cachet, photo
ci-dessous) a été créée
par l'architecte Mallay en 1841. Le côté
sud de l'abbatiale (non donné ici) a été
remanié lors du percement du passage qui le longe.
Le clocher oriental est l'uvre de ce même
architecte Mallay qui en a établi le dessin en
1845. Le clocher occidental est nouveau lui aussi (il
y en avait deux au XVIe siècle). Enfin, la couverture
de l'église a été entièrement
refaite en 1850 en pierre de Volvic (la précédente
était en tuiles).
Le côté nord, dont une photo est
donnée ci-contre, nous vient de l'époque
médiévale. On y trouve l'agencement classique
des grands édifices romans : grandes arcades
correspondant aux arcs-doubleaux de la voûte (bien
qu'un seul arc-doubleau soit présent - voir commentaire
plus bas) ; au-dessus, une arcature constituée
d'une suite d'arcs en plein cintre groupés en
triplets. Sur cette arcature, les chapiteaux sont à
feuillage ou présentent de simples entrelacs.
Signalons, sur le côté nord, trois bas-reliefs
dont on ne connaît pas la provenance : la visite
des trois anges à Abraham, le Sacrifice
d'Isaac et un troisième, la Multiplication
des pains, situé juste au-dessus de la porte
nord. Les trois bas-reliefs sont donnés ci-dessous.
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Les clochers de l'abbatiale datent du XIXe siècle.
La photo est prise ici depuis le sommet de la Tour
de l'Horloge, accessible aux touristes. |

L'appareillage roman du côté nord et le clocher
carré occidental. |

Les signes de la Vierge et de la Balance sur le fronton de la
chapelle axiale. |
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La façade occidentale.
D'aspect très décrié, elle date de 1841.
Le portail principal (photo au-dessous, à droite)
s'inspire d'un style roman traditionnel. |

«La Multiplication des pains»
Bas-relief médiéval au-dessus de la porte nord. |
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La décoration
de l'abside et le zodiaque. Le chevet de l'abbatiale
Saint-Austremoine, érigé au XIIe siècle,
est célèbre pour la beauté de son ordonnancement
et de son appareillage, mais aussi parce qu'il est le seul,
dans la région, à proposer un zodiaque.
La richesse de la décoration est d'abord obtenue par
l'emploi de plusieurs types de pierres sorties de l'univers
volcanique auvergnat. Ces pierres garantissent d'ailleurs
la variété des teintes. La principale est l'arkose
blonde de Montpeyroux. On trouve aussi de la pierre de lave
noirâtre et de la trachyte (pierre volcanique explosive).
Quand on combine ces pierres avec les motifs géométriques
et les scènes sculptées en bas-relief, on aboutit
à un chevet qui est présenté comme l'un
des chefs-d'uvre de l'art roman en Auvergne. En 1924,
à l'occasion du Congrès archéologique
de France, l'architecte Charles Terrasse nous en donne
une courte description : «Les corniches, ornées
de billettes, sont portées par des modillons à
copeaux ; le plafond de ces corniches est orné de figures
en creux qui affectent la forme d'étoiles ou de quadrilobes.»
Et encore : «Des motifs géométriques incrustés
garnissent le sommet des murs des absidioles, des chapelles,
du transept. Les dessins mis en uvre sont variés.
Ce sont des triangles, des cercles qui se coupent de façon
à détacher des carrés évidés
sur fond blanc, des losanges réguliers et divergents,
des étoiles à huit branches inscrites dans des
cercles de couleur blanche.»
Point remarquable de cette décoration, le zodiaque
se compose d'une série de médaillons sculptés,
de fort belle qualité, répartis sur les absidioles.
Le zodiaque est un très ancien symbole païen.
Cependant, par le biais de la symbolique des nombres, il s'est
facilement intégré à l'iconographie chrétienne.
On a ainsi douze comme les douze apôtres ou les douze
tribus d'Israël. Mais douze, c'est aussi trois fois quatre.
Trois, c'est la Trinité et le chiffre quatre symbolise
les choses matérielles de notre monde mortel. Douze,
c'est ainsi le monde vivant ou, mieux, la matière pénétrée
par l'esprit.
Détails pratiques : les médaillons de la Vierge
et de la Balance se situent en vis-à-vis sur le fronton
de la chapelle axiale (photo ci-dessus) ; le médaillon
du Bélier est tombé en 1891 et a donc été
refait à l'époque ; ceux de la Vierge, de la
Balance et du Sagittaire (qui paraissent bien neufs sur les
photos - voir plus
bas) ont été refaits à leur tour
lors de la restauration de 1995. Huit de ces signes du zodiaque
sont reproduits plus
bas.
Sources : 1)
Congrès archéologique de France
tenu à Clermont-Ferrand en 1924, article sur l'abbatiale
d'Issoire par Charles Terrasse ; 2) L'abbatiale Saint-Austremoine,
brochure réalisée par la Paroisse de Saint-Austremoine
(2004).
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Le portail de la façade ouest (XIXe siècle). |

«La visite des trois anges à Abraham»
Bas-relief sur le côté nord.
Époque et provenance indéterminées. |

«Le Sacrifice d'Isaac»
Bas-relief sur le côté nord.
Époque et provenance indéterminées. |
La
«dérestauration» de la toiture de
Saint-Austremoine. La photo ci-dessus
donne un bon aperçu de la très belle toiture
de l'église d'Issoire. Elle fait honneur au monument,
mais elle est loin d'être du XIIe siècle.
Un article de la Revue d'Auvergne, écrit en 1999
par François Voinchet, architecte en chef des
Monuments Historiques, dévoile les clés
de l'affaire. L'architecte Mallay, qui a déjà
créé la façade occidentale en 1845
en s'inspirant de vraies créations romanes, baignait
dans un univers architectural faussé par la fierté
que donnaient la science et le savoir. «Au XIXe
siècle, écrit François Voinchet,
la manière d'envisager les travaux est dénaturée
par la connaissance archéologique que l'on croit
posséder, et qui conduit à imaginer des
reconstructions "historiques" à partir
d'observations souvent partielles et superficielles».
Le XIXe siècle a vu apparaître les premières
machines, l'électricité, la science et
les premiers moteurs. Posons la question : Est-ce cette
supériorité sur les époques précédentes
qui a fait tourner la tête de nos architectes
en les poussant à modifier ce que leurs prédécesseurs
ne se seraient jamais permis de changer? Chacun donnera
sa réponse.
Quoi qu'il en soit, en plus de la façade de l'abbatiale,
Mallay fut en charge de la réfection de sa toiture.
Sur les toits de l'église romane de Saint-Nectaire,
il avait, peu auparavant, découvert des restes
de dalles de pierre et il était bien décidé
à réutiliser ce procédé.
Comme le souligne François Voinchet, c'est dans
les toitures romanes que se niche l'imagination des
architectes du XIXe siècle. En effet, ceux-ci
ont un peu vite généralisé ce que
leur observation y avait trouvé. C'était
oublier que «les couvertures originelles avaient
été remplacées au cours du temps
par des matériaux qui correspondaient aux façons
de faire des différentes époques.»
Et François Voinchet ajoute : «On ne saura
plus jamais comment étaient couvertes les églises
au XIIe siècle, parce que les restaurations du
XIXe siècle ont achevé de détruire
les quelques vestiges qui pouvaient encore subsister.»
Heureusement il nous reste les rapports détaillés
rédigés par les architectes avant d'engager
les restaurations. On sait ainsi que l'église
d'Issoire était couverte de tuiles canal en terre
cuite.
Toujours est-il que l'architecte Mallay remplaça
la toiture traditionnelle par un revêtement «qu'il
jugeait plus digne d'un monument historique roman»
[Voinchet]. Il appliqua sa découverte de «dalles
de pierres» de Saint-Nectaire en créant
un nouveau système de dalles en pierre de Volvic
taillées. L'étanchéité des
joints serait assurée par un ciment dit «lithique»
que l'on venait d'inventer. Conformément à
l'esprit du temps, Mallay regardait son invention comme
le dispositif idéal pour souligner le génie
de l'architecture romane à travers le monument
restauré. Idéal aussi pour défier
l'usure du temps par une solidité sans failles.
Comme chacun aura pu le deviner, ce nouveau dispositif
n'avait nullement été testé. Quand
les pluies arrivèrent et redoublèrent,
ce fut la catastrophe ! François Voinchet écrit
à ce sujet :«les fuites abondantes commencèrent
presque aussitôt et persistèrent jusqu'à
nos jours, malgré d'innombrables efforts destinés
à les réduire (...). En fait, il s'avéra
une fois de plus qu'aucun procédé nouveau
qui n'avait pas fait ses preuves n'était capable
de résister aux conditions atmosphériques
les plus élémentaires telles que les chocs
thermiques ou les phénomènes de capillarité.»
La solution la plus évidente fut adoptée
par les Monuments Historiques lors de la restauration
des années 1990 : la couverture en pierre, sortie
de l'imagination de Mallay, fut supprimée sans
état d'âme et remplacée par une
couverture en tuiles creuses, semblable à celle
qui était en place avant la restauration du XIXe
siècle. Et notre architecte en chef des Monuments
Historiques de conclure : «Il s'agit donc ici
d'une véritable "dérestauration"
d'un travail du XIXe siècle. Bien qu'il soit
de bon ton de se garder de toute considération
d'ordre esthétique, il faut reconnaître
que l'abside d'Issoire a retrouvé une harmonie
tout à fait exceptionnelle à la suite
de ces travaux.»
Source :
L'invention de l'art roman au XIXe siècle,
Revue d'Auvergne n°4, 1999, Faut-il restaurer les
restaurations du XIXe siècle? par François
Voinchet, architecte en chef des Monuments Historiques.
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Le côté sud, le croisillon sud et
le clocher octogonal du XIXe siècle. |
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La féerie romane à l'abside (signes du zodiaque, cordons
de billettes, damiers, etc.) doit beaucoup à l'excellente restauration
de 1995. |
LES SIGNES DU
ZODIAQUE AU CHEVET |
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Le Bélier (refait vers 1891) |

Le Sagittaire (refait en 1995) |

La Vierge (refait en 1995) |

La Balance (refait en 1995) |

Le Verseau |

Les Gémeaux |

Le Capricorne |

Le Taureau |
Prosper
Mérimée à Issoire. En 1835,
l'abbatiale Saint-Autremoine est classée Monument historique.
L'État prend alors en charge les travaux de restauration.
Les architectes Bravard (d'Issoire) et Mallay (de Clermont)
sont missionnés : réparation du chevet et consolidation
des murs ; au côté nord, démolition de
deux chapelles construites aux XIIIe et XVIe siècles
et rétablissement de la porte nord.
En 1837, Prosper Mérimée, inspecteur général
des Monuments historiques, passe à Issoire, regarde
le résultat des travaux et, très satisfait,
rend compte à son ministre de tutelle. Donnons ici
un extrait de ses notes : «Après les traits de
vandalisme que je viens de citer [ceux des architectes antérieurs
à Bravard et Mallay], j'éprouve un vif plaisir
à vous annoncer, Monsieur le Ministre, qu'aujourd'hui
l'église d'Issoire n'est plus exposée à
de pareils outrages. Les réparations, auxquelles vous
avez bien voulu contribuer, ont été exécutées
avec intelligence par M. Bravard, architecte de la ville,
qui a mis la plus louable attention à copier d'après
des types existants toutes les parties qu'il a dû restituer.
Beaucoup de modillons, quelques croix grecques, et une grande
partie de l'arête de comble ont été refaits
avec tant de soin et de précision, que leur couleur
seule les distingue des parties anciennes. Si l'on considère
que M. Bravard n'avait pour exécuter ces travaux que
les ouvriers de la ville, qu'il a dû former lui-même
et surveiller de manière à ne pas leur permettre
de donner un seul coup de ciseau d'après leur routine,
le résultat obtenu paraîtra bien plus extraordinaire.
Je ne dois point oublier les soins et le zèle déployés,
à cette occasion, par M. Troison, maire d'Issoire.
Plus que personne, il a contribué à ouvrir les
yeux de ses concitoyens sur l'importance de leur église,
et la sage économie qu'il a su apporter dans l'administration
des dépenses lui a permis de pousser les réparations
beaucoup plus loin qu'on n'aurait osé l'espérer.»
Source : Note d'un voyage
en Auvergne par Prosper Mérimée,
éditions Adam Biro, 1989.
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L'absidiole du croisillon nord et son ornementation du XIXe siècle. |
LA NEF DE L'ABBATIALE
SAINT-AUSTREMOINE |
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Plan de l'abbatiale. |

Chapelle du Calvaire. |
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Élévations sud dans la nef avec la chaire
à prêcher.
Les tribunes sont éclairées par les petites
fenêtres du second niveau. |
Architecture
intérieure (1/2).
Quand on rentre dans l'abbatiale, on est surpris
par le profusion de couleurs qui envahissent la
nef. Tous ces dessins du XIXe siècle, un
peu stéréotypés, ne permettent
pas d'apprécier l'architecture romane de
l'édifice, typique de l'Auvergne. Seule
la crypte,
non peinte, offre aux visiteurs une structure
brute.
Saint Austremoine, construite au XIIe siècle,
possède la nef la plus large de toutes
les nefs romanes d'Auvergne : 7,81 mètres
à la hauteur de la première rangée.
Son aspect général est celui d'une
grande homogénéité architecturale,
ce qui porte à penser que l'édifice
a été bâti d'un seul tenant.
En fait, la nef recèle de nombreuses petites
disparités : d'abord au niveau de la forme
des piliers (à massif carré ou circulaire)
; ensuite sur les colonnes engagées intérieures
à la nef ou internes à l'arcature
(elles sont présentes ou non d'une manière
qui semble tout à fait aléatoire)
; enfin au niveau de l'arcature des tribunes,
au second niveau, qui présente des baies
triples ou jumelées. Suite
ci-dessous.
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Chemin de croix, station V.
Simon aide Jésus à porter sa croix.
Le chemin de croix a été réalisé
par l'atelier
Fabisch (professeur à l'école impériale
des
Beaux-Arts de Lyon) en 1868. |

La chaire à prêcher
(XIXe siècle?) |
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Architecture
intérieure (2/2).
---»» La nef est éclairée
par des fenêtres romanes qui se révèlent
insuffisantes pour apporter la lumière nécessaire.
Mérimée avait déjà noté
ce manque dans ses Notes d'un voyage en Auvergne. Lors
de son passage, en 1837, les petites fenêtres des tribunes
étaient bouchées. Elles ont été
réouvertes depuis, mais ne contribuent guère
à éclairer l'ensemble de la nef. La grande voûte
n'est pas véritablement en berceau, mais en arc légèrement
brisé. Étrangement, elle n'est scandée
que d'un seul arc doubleau (voir commentaire
plus bas).Si les peintures du XIXe siècle masquent
les irrégularités de la nef et de l'arcature
haute, en revanche, elles mettent en évidence la beauté
des bas-côtés. D'une hauteur de près de
dix mètres, ils profitent de la lumière qui
arrive des fenêtres des murs gouttereaux. Leur magnifique
voûte, embellie avec parcimonie par les peintres du
XIXe, est compartimentée par des doubleaux qui portent
des voûtes d'arêtes.
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Le bas-côté nord et la nef. |

Un arc-doubleau d'un bas-côté et sa décoration
du XIXe siècle. |

La Pieta de la chapelle du Calvaire.
(XIXe siècle?) |

L'un des deux Christ en croix
de la chapelle du Calvaire. |

Saint Austremoine
Statue du Clermontois Chalonnax, 1869. |

La voûte d'arètes d'un bas-côté
et sa décoration du XIXe siècle. |
À DROITE ---»»»
La Mort de la Vierge (copie?)
Époque indéterminée. |
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L'élévation nord.
Côté nef, seule une pile est présente :
celle qui reçoit l'unique arc-doubleau de la voûte
(voir commentaire ci-dessous). |

Vitrail dans la nef
XXe siècle. |

Une pile de la nef qui ne supporte rien. |

L'élévation sud de la nef avec arcatures,
tribunes et voûte. |
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La voûte de la nef
ne supporte qu'un seul arc-doubleau.
Est-ce simplement pour rompre son uniformité?
(Voir commentaire ci-contre.) |
La
voûte de l'abbatiale a fait couler
beaucoup d'encre. En regardant la photo ci-dessus,
on comprend pourquoi : les piles qui séparent
les travées de la nef n'ont aucune colonne
engagée sur le côté nef, à
l'exception de quatre d'entre elles : deux au
nord et deux au sud, en vis-à-vis. Le plan
de l'église, plus haut, indique leur emplacement.
Deux de ces piles, situées entre les cinquième
et sixième travées, montent jusqu'à
la naissance du triforium ; leur chapiteau terminal
ne supporte rien. On voit d'ailleurs cette pile,
côté sud, dans la partie basse de
la photo ci-dessus. Les deux autres piles, situées
entre les troisième et quatrième
travées, se hissent plus haut, jusqu'à
la naissance de la voûte et supportent un
arc-doubleau (processus architectural très
commun et visible dans la partie droite de la
photo, pour ce qui est de la pile du côté
sud). Un seul arc-doubleau est donc présent
sur la voûte (photo à gauche). Pourquoi
une telle bizarrerie?
En 1924, dans son article pour le Congrès
archéologique de France, l'architecte
Charles Terrasse se contente de signaler le phénomène
: «Il faut remarquer que des doubleaux régulièrement
espacés avaient été prévus
: un seul a été lancé, à
la hauteur du troisième pilier. Les colonnes
supplémentaires d'un autre dénotent
le projet d'un second doubleau ; cette prévision
est affirmée en outre par l'examen des
contreforts extérieurs correspondants,
qui sont renforcés.» On le voit :
Charles Terrasse n'essaie nullement d'éclaircir
la raison de ce manque.
En revanche, dans la brochure sur l'abbatiale
d'Austremoine publiée par la Paroisse (2004),
Raoul Ollier nous donne les explications avancées
par les architectes : «Partant de l'idée
que la brisure est apparue en Auvergne seulement
vers 1200, certains estiment que l'édifice
a d'abord reçu une charpente appuyée
sur des colonnes engagées. Puis la charpente
aurait été remplacée par
la voûte actuelle, ce qui nécessita
l'exhaussement de deux colonnes pour recevoir
l'unique doubleau. D'autres pensent que le doubleau
a peut-être été construit
simplement dans le but de rompre l'uniformité
du berceau.»
Sources : 1)
Congrès archéologique de France
tenu à Clermont-Ferrand en 1924, article
sur l'abbatiale d'Issoire par Charles Terrasse
; 2) L'abbatiale Saint-Austremoine, brochure
réalisée par la Paroisse Saint-Austremoine
(2004).
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Vitrail dans la nef
XXe siècle. |

Le bas-côté nord vu depuis l'avant-nef.
Les bas-côtés sont couverts d'une voûte
d'arètes. |
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«L'Adoration des mages»
Peinture sur toile, XVIIe siècle, dans le transept. |
LES CHAPITEAUX
DES PILIERS DE LA NEF |
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Deux centaures tenant des lapins. |

Deux centaures aux épis de blé. |
Les
chapiteaux de la nef ont, pour la plupart
une décoration à feuillages (acanthe,
marronnier, laurier, thym, etc.), quelquefois agrémentée
de la présence d'un petit animal ou d'un masque
perdu dans les feuilles (voir plus
bas). Cette incrustation correspond, pour Charles
Terrasse dans son article du Congrès archéologique
de France, au style romain. Les peintres de 1859,
par leur choix de couleurs sobres, ont mis en avant
tous les reliefs décoratifs (voir photo à
gauche). En 1837, Mérimée s'est montré
très sévère dans sa description
: «(...) le galbe corinthien domine, accompagné
de feuillages barbares.» Aurait-il eu la même
impression après la restauration de 1859? Il
a néanmoins remarqué la présence
de chapiteaux historiés intéressants :
des griffons, des lions ailés, des oiseaux (peut-être
des perroquets) ; des paysans tenant des épis
; des centaures tenant des lapins (voir ci-dessus),
d'autres des épis. Les centaures aux lapins méritent
une précision : l'un des centaures brandit un
glaive, l'autre montre vraisemblablement le produit
de leur chasse. C'est une scène connue de l'art
antique. Elle semble être unique dans la sculpture
auvergnate.
Le transept recèle également quelques
belles scènes dans les chapiteaux des piliers
des absidioles (chapelle du Sacré-Cur et
chapelle Saint-Paul). L'Annonciation et la Luxure sont
modernes : ils encadrent l'entrée de la chapelle
Saint-Paul, au sud, qui est du XIXe siècle. En
revanche, le chapiteau de Satan
qui entraîne deux damnés et celui du
Porteur
de brebis sont du XIIe siècle.
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Deux paysans au milieu de céréales. |

La croisée et sa coupole
avec le croisillon nord du transept. |

Le montreur de singes ou deux diables
tiennent un damné par les cheveux. |
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Chapiteau
ésotérique. Il est difficile
d'interpréter la scène du chapiteau ci-dessus.
Certains y voit un simple montreur de singe ; d'autres,
Satan tenant deux pécheurs entièrement
nus. On peut aussi y voir deux démons tenant
solidement un damné par les cheveux.
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Pieta, tableau anonyme dans la nef (copie?) |

Croisillon nord du transept : l'entrée dans l'absidiole
nord.
Cette chapelle, dédiée au Sacré-Cur,
est du XIIe siècle.
Son pendant, au sud, dédié à saint Paul,
a été ajouté au XIXe siècle. |
À DROITE ---»»»
L'Annonciation (créée au XIXe siècle)
Chapiteau à l'entrée de la chapelle Saint-Paul
dans le transept. |
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Deux oiseaux s'abreuvant
Chapiteau sur un pilier de la nef. |

Un oiseau et un masque se cachent
au milieu des feuillages.
Chapiteau roman sur un pilier de la nef. |
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La coupole de la croisée est posée
sur trompes.
Sa décoration est du XIXe siècle. |
À
DROITE ---»»»
Deux griffons affrontés dans un chapiteau
roman
à l'entrée d'une chapelle rayonnante. |
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Oiseaux dans un chapiteau à l'entrée
d'une chapelle rayonnante. |
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Vitrail à motif géométrique
dans la nef (XXe siècle). |

Saint Paul
Statue du Clermontois Chalonnax, 1869. |
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LE CHUR
DE L'ABBATIALE SAINT-AUSTREMOINE |
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Le chur de l'abbatiale et ses peintures du XIXe siècle. |

Vue d'ensemble du chur. |
Le
chur et ses chapiteaux (2/2).
---»» Dans cette uvre, l'artiste a
ingénieusement symbolisé le dernier repas
du Christ par une nappe blanche plissée qui fait
le tour du chapiteau. Cependant, dans Auvergne romane,
ouvrage paru aux éditions du Zodiaque (éditions
de 1972), le chanoine Bernard Craplet prie le visiteur
de ne pas trop s'enthousiasmer. Pour lui, derrière
cette habile composition se cachent «les rondeurs
et la mollesse de l'art saint-sulpicien» du XIXe
siècle plutôt que «la naïveté
d'un art populaire.» Ceux qui connaissent les
chapiteaux romans lui donneront raison.
Un autre chapiteau représente la Passion
dans deux scènes : la Flagellation et le Portement
de croix. Un autre illustre la Résurrection avec
les Saintes
Femmes au tombeau et les gardes
romains assoupis. Le quatrième chapiteau
historié met en scène un thème
plus rare : les Apparitions
du Christ après la Résurrection. On y
voit une surprenante face comportant un pan de murailles
surmonté de tours gigognes ; un homme sonne de
l'olifant derrière un parapet crénelé.
Est-ce la Jérusalem céleste ?
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Saint Austremoine au milieu des peintures du chur. |
Le
chur et ses chapiteaux (1/2).
Le chur est la plus belle partie de l'édifice
(quand il est éclairé par la lumière
artificielle). Il commence par une travée droite
et se poursuit par un hémicycle. Sept arcades
surhaussées frappent le regard par leurs couleurs
à dominante ocre-rouge, une décoration
créée en 1859. Sur la voûte en cul-de-four,
le Christ bénissant est l'uvre d'Anatole
Dauvergne (vers 1861). Au-dessous, l'arcature est percée
de cinq fenêtres espacées par des baies
aveugles où nichent quatre saints évêques
du diocèse de Clermont : Austremoine, Avit, Sidoine-Apollinaire
et Priest. Malheureusement, même éclairés,
il est difficile des distinguer. Conformément
à la tradition auvergnate, la voûte du
chur est plus basse que celle de la nef.
Les chapiteaux du chur en constituent la principale
richesse. Quatre sont à feuillages et quatre
sont historiés. On ne sait pas exactement quelle
proportion des chapiteaux historiés nous vient
du Moyen Âge car ils sont loin d'être intacts.
Selon les historiens, ils paraissent avoir souffert
des soudards du capitaine Merle quand ils occupèrent
les lieux en 1575. Ceux-ci ont même essayé
de détruire l'édifice. Toujours est-il
que, selon Charles Terrasse, dans son article pour le
Congrès archéologique de France
en 1924, ils auraient été, à l'époque,
restaurés en mastic. Une autre restauration eut
lieu en stuc en 1830. L'architecte Mallay les restaura
une troisième fois en 1852 à l'aide de
ciment romain. Enfin, ils subirent les assauts des peintres
de 1859. De nombreuses photos de ces chapiteaux sont
données plus bas, notamment, le plus connu, la
Cène.
---»» Suite ci-dessous.
|
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Le soubassement du maître-autel (le Christ entouré
des évangélistes).
Peintures d'Anatole Dauvergne (1860). |
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Peinture de saint Sidoine-Apollinaire,
saint évêque du diocèse de Clermont
dans les baies aveugles du chur (XIXe siècle).
Peinture d'Anatole Dauvergne (1859). |
À DROITE ---»»»
Peinture sur les arcades qui entourent le chur,
XIXe siècle.
On y trouve deux des symboles des quatre évangélistes. |
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Le Christ peint dans la voûte par Anatole Dauvergne (1859). |

L'aigle de Jean
Peinture sur les arcades qui entourent le chur.
Décoration du XIXe siècle. |
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Le chur et l'entrée dans le déambulatoire sud. |
|

La Cène : le chapiteau est ceint d'une nappe symbolique qui
n'a pas de pieds.
Ce chapiteau du chur est le plus célèbre de l'abbatiale. |

La Cène : saint Jean appuie sa tête sur le Christ.
Judas est à droite : c'est le seul qui n'ait pas de nimbe. |

La Cène : Jésus et Pierre. |

Le déambulatoire sud et sa voûte d'arêtes.
On aperçoit, au second plan, la chapelle axiale. |

Chapiteau de la Passion : la Flagellation. |

Chapiteau de la Passion :
La tristesse résignée des apôtres. |
Issoire
et la prière des Quarante-Heures (1/3).
Au début du XVIe siècle, avant
même la Contre-Réforme, le culte de l'hostie
se répand en Italie. L'idée première
est d'exalter l'Eucharistie par des prières expiatoires
adressées à Dieu devant le Saint-Sacrement.
Quarante est un nombre symbolique : il y a quarante
heures entre la mort du Christ et sa Résurrection
; quarante jours entre la Résurrection et l'Ascension
; le Christ a passé quarante jours dans le désert ;
les Israélites ont eux-mêmes erré
quarante ans dans le désert, etc.
Tout part de Milan, dans la décennie 1527-1537.
À cette époque, l'armée de François
Ier guerroie en Italie ; de plus, les troupes de Charles
Quint mettent Rome à sac en 1527. Pour obtenir
la fin des calamités qui ravagent la péninsule,
une nouvelle forme de piété est introduite
dans les églises : une supplication de quarante
heures devant le Saint-Sacrement exposé. Rapidement,
les moines Capucins répandent cette dévotion
dans le pays. Dans la décennie 1550, pour contrer
les réjouissances profanes du carnaval, les disciples
de saint Ignace (et futurs Jésuites) récupèrent
le mouvement et l'associent à une pratique cultuelle
tournée vers la beauté (pour ce qui est
de la forme) et l'expiation des fautes commises pendant
le carnaval (pour le fond). À cette époque,
l'art baroque triomphe ; le culte s'épanouit
dans les couleurs et les décors ; les églises
sont illuminées et richement décorées.
À Rome, les Quarante-Heures, introduites par
Philippe de Néri en 1550, deviennent mensuelles.
En 1592, Clément VIII en codifie la pratique
et les organise ---»»
Suite
2/3
|
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|

La Résurrection : l'Ange et les Sainte Femmes. |

La Résurrection : les soldats romains dorment au-dessous
de leurs boucliers. Les armures sont celles du XIIe siècle. |

Les Apparitions du Christ.
Un apôtre tient l'Évangile solidement dans ses
mains. |
|

Le déambulatoire et ses chapiteaux romans peints en 1859. |

Les Apparitions du Christ : La Jérusalem céleste. |

Les Apparitions du Christ.
Le Christ avec Pierre.
La Résurrection : les Saintes Femmes. ---»»» |
|

Le déambulatoire nord et ses beaux piliers peints. |
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Le chur et le maître-autel au milieu d'une féerie
de dessins et de couleurs. |

Les arcades du chur et les chapiteaux romans. |
Issoire
et la prière des Quarante-Heures (2/3).
---»»»
de manière continue : quand les prières s'arrêtent
dans une église, elles commencent dans une autre. Un
principe qui conduira plus tard à l'Adoration perpétuelle.
Pendant le dernier quart du XVIe siècle, par le biais
des Capucins, la pratique des Quarante-Heures passe en France.
Elle s'implante d'abord dans la province de Lyon. C'est à
Annemasse, en territoire de coexistence confessionnelle, que
l'Église prit conscience de l'impact que pouvaient
avoir sur les réformés la ferveur et la pompe
solennelle de ces manifestations. Exalter l'eucharistie lors
de processions spectaculaires (souvent à la tombée
de la nuit) et mettre en scène la beauté sous
toutes ses formes devinrent les impératifs de la nouvelle
dévotion. Il fallait impressionner les réformés
pour les amener à se convertir. Les Quarante-Heures
s'imposèrent comme un élément essentiel
du dispositif de la Contre-Réforme. Le pape Grégoire
XV (1621-1623) les encouragea officiellement en France. Portée
par ce besoin de grandeur et de faste, les Quarante-Heures
expiatoires se transformèrent en Quarante-Heures triomphalistes.
Revenons à Issoire en 1607. Cette localité avait
été un bastion du protestantisme auvergnat au
XVIe siècle. En 1598, l'Édit de Nantes établit
une liste de villes où le culte réformé
est autorisé et une autre où il est interdit.
D'après les sources, à Issoire, le droit d'exercice
est «âprement discuté». En 1604,
le Conseil du Roi ---»»»
Suite 3/3
|
|
Issoire
et la prière des Quarante-Heures (3/3).
---»»»
l'interdit et les catholiques fêtent leur
victoire. Un moine capucin, le père Barthelemy,
établit la confrérie du Saint-Sacrement
dans la ville. Désormais, le premier dimanche
de chaque mois, une procession parcourra les rues en
l'honneur du Saint-Sacrement. La dévotion allant
croissante, cette procession déboucha évidemment
sur la prière des Quarante-Heures. Dans son article
pour la Revue d'histoire de l'Église de France,
l'historien Bernard Dompnier écrit (en citant
Julien Blauf, bourgeois d'Issoire qui rédigea
une chronique à cette époque) : «Pour
la circonstance, l'église d'Issoire fut richement
décorée. Dans le chur fut édifié
un "magnifique théâtre" entouré
de cierges et surmonté d'un arc triomphal "peint
de diverses couleurs, avec des fleurs artificielles
sy bien peintes qu'on les jugeoit naturelles".
Au-dessus de cette construction couronnée d'arcades
garnies de taffetas rouge et d'étoffe blanche,
furent suspendus un soleil d'or et une colombe blanche.
Par ailleurs, des lampes placées derrière
des "fioles de verre pleines d'eaux, mixtionnées
de diverses couleurs" illuminaient la voûte.»
Bien sûr, par manque de moyens financiers, Issoire
ne peut rivaliser avec la pompe d'Annemasse. Néanmoins,
le but est atteint : théâtraliser les Quarante-Heures
en Auvergne en exaltant l'Eucharistie et, au-delà,
l'Église catholique. Le chroniqueur de l'époque,
Julien Blauf, compare d'ailleurs les années 1577
et 1607 - avec un esprit très partisan : «...
ce qu'on a remarqué en ces quarante heures digne
de mémoire, est que l'année 1577, en feste
de Pentecôte, la guerre, le tonnerre, le blaspheme,
le mépris de Dieu, le Diable avec ses foudres
étoient dans Yssoire, et en l'année 1607,
en même feste de Pentecôte, la paix, les
louanges à Dieu y habitoient, auquel on crioit
Misericorde» (extrait de la chronique citée
par Bernard Dompnier). Notre historien poursuit son
analyse du récit de Blauf : «Quant à
la dévotion suscitée par ce décor,
la prédication, le chant des motets, les processions
des bourgs avoisinant, elle lui semble tout à
fait extraordinaire : les fidèles affluèrent,
criaient "Misericorde à Dieu... avec telle
ardeur et dévotion, larmes et battements de poitrines,
qu'il n'y avoit rien sy endurcy qui ne larmoyât" ;
le peuple, au total, "prenoit tel plaisir qu'yl
ne vouloit sortir de l'église"».
Les Capucins utilisèrent les Quarante-Heures
comme une machine de guerre contre les protestants.
Ils prirent un malin plaisir à les organiser
dans les villes où se tenaient les synodes (provinciaux
ou nationaux) des réformés et envoyèrent
même une supplique à Rome en 1651 pour
que cette pratique se généralise dans
toutes les localités qui abritaient un temple
protestant. Il faut croire que de la splendeur du décor
jaillissait la vérité de la foi car, si
l'on suit les sources, les conversions n'étaient
pas rares. À tel point que les pasteurs interdisaient
souvent à leurs fidèles de s'approcher
des missions et des Quarante-Heures ! Ces rassemblements
de pieux catholiques finirent par provoquer une certaine
crainte chez les protestants. Ainsi, à Grenoble
en 1614, la peur s'empara des réformés
de la ville devant l'affluence aux processions. Ainsi
encore à La Rochelle en 1641, les processions
«en aussi bel ordre que les armées du Dieu
vivant, épouvantaient l'hérétique
et le forçaient à confesser la force et
la grandeur de l'Église romaine.» (Julien
Blauf cité par Bernard Dompnier).
De la sorte, au XVIIe siècle, avec les Quarante-Heures,
l'Église de Rome inaugura une guerre psychologique
au moyen d'une arme pacifique et indestructible : la
conversion des âmes par le spectacle de la beauté.
Source : Un aspect de
la dévotion eucharistique dans la France du XVIIe
siècle : les prières des Quarante-Heures
de Bernard Dompnier, Revue d'histoire de l'Église
de France, tome 67, n°178, 1981.
|
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Chapiteau de la Passion.
Le Portement de croix et la tristesse des apôtres. |

Chapiteau du chur à feuillages avec un masque. |
|
LES CHAPELLES
RAYONNANTES ET LES VITRAUX DU XIXe SIÈCLE |
|

La chapelle axiale est dédiée à la Vierge.
Des cinq chapelles rayonnantes, c'est la seule qui soit voûtée
en berceau.
Son plan est en rectangle et non pas semi-circulaire, comme les quatre
autres.
À DROITE ---»»»
Vitrail de la chapelle axiale (XIXe siècle).
Il représente des scènes de la vie de Marie
(Mariage, Annonciation et Assomption). |
|
Architecture
du chevet. Les chapelles rayonnantes de l'abbatiale
sont trop exiguës pour laisser une impression durable
sur le visiteur, contrairement au déambulatoire,
voûté d'arêtes, qui est vraiment
somptueux. Sur les cinq chapelles qui meublent le chevet,
quatre ont une voûte en cul-de-four ; seule la
chapelle axiale (ci-contre), dédiée à
la Vierge, possède une voûte en berceau.
De plus, cette chapelle est de forme circulaire et non
pas en hémicycle comme les quatre autres. On
retrouve dans ces étroites chapelles, sur les
colonnettes qui ornent les baies, les motifs des dessins
qui ornent la nef. Comme le reste, ils sont issus du
badigeonnage intégral de l'église par
Dauvergne et Mayoli en 1869.
La chapelle axiale abrite une belle Vierge à
l'Enfant du sculpteur lyonnais Garraud (1869). Enfin,
des vitraux du XIXe siècle, très standard
dans leur pastiche du XIIIe, viennent y donner un regain
de couleurs. L'un d'entre eux illustre la vie légendaire
de saint Austremoine avec une scène du saint
faisant l'aumône aux pauvres et une autre du saint
domptant les fauves de la forêt. On retrouve les
thèmes chers aux hagiographes du XIXe siècle
(voir ci-dessous
la polémique à propos du chanoine Godescard.).
Le peintre verrier clermontois Antoine Champrobert a
réalisé les deux vitraux des chapelles
absidiales du transept en 1866 : le Sacré-Cur
et saint
Paul. Ils sont donnés plus bas.
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Statue de la Vierge à l'Enfant dans la chapelle axiale.
uvre du Lyonnais Garraud, 1869. |
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Vitrail du Sacré-Cur, 1866.
Chapelle du Sacré-Cur dans le croisillon nord
du transept.
Atelier d'Antoine Champrobert,
peintre verrier clermontois. |

Le Mariage de la Vierge
Extrait du vitrail de la chapelle Saint-Joseph, atelier Mailhot,
1894. |

Saint Antoine et son cochon
Bordure du vitrail de la chapelle axiale, XIXe siècle |

Statue de la Vierge à l'Enfant, détail
uvre du Lyonnais Garraud, 1869. |

Vitrail de saint Paul, 1866 (détail).
Atelier d'Antoine Champrobert (Clermont). |
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Chapelle rayonnante Sainte-Thérèse. |

Scènes de la vie de saint Austremoine.
Vitrail du XIXe siècle. |
Saint
Austremoine et l'hagiographie (1/3). Le flou le
plus complet entoure la vie de ce saint auvergnat. Les documents
touristiques s'en tiennent à la version de Grégoire
de Tours. À savoir : contemporain de l'empereur Dèce
(249-251), Austremoine aurait été envoyé
en Gaule par le pape, tout comme sept autres missionnaires.
Il s'appelait en fait Stremonius et serait mort en «confesseur»,
c'est-à-dire de mort naturelle. Enterré à
Issoire, sa mémoire est tombée dans un profond
oubli, mais l'invention de ses reliques par saint Gall, au
VIe siècle, le remit à l'honneur. L'article
de Charles Terrasse pour le Congrès archéologique
de France en 1924 indique que l'on conserve encore à
Mozac,
près de Riom, deux fragments du tibia droit de l'apôtre.
Une autre biographie plus intéressante est celle rédigée
par les hagiographes du XIXe siècle. Leur récit
s'inspire d'une vie d'Austremoine écrite au VIIe siècle
par saint Préject, l'un de ses successeurs.
Il faut d'abord camper le décor de l'hagiographie au
XIXe siècle. À la fin du XVIIe et tout au long
du XVIIIe, sous l'influence des Lumières, les hagiographes
s'efforcèrent de rester dans un cadre dit «scientifique»,
disons plutôt de rigueur et qui rejetait l'improuvable
et l'inventé. Apparurent ainsi Jean Bolland
(1596-1665) en Belgique (qui donna l'école des Bollandistes)
et dom Mabillon (1632-1707) en France. Ce dernier ne
donna pas naissance à une école, mais il marqua
de sa griffe un système d'analyse très rigoureux.
Un peu plus tard, en Angleterre, Alban Butler, prêtre
catholique (1710-1773) rédigea une vie des saints qui
parut en 1745. Ce livre fut traduit en français (et
souvent enrichi) par le chanoine Jean-François Godescard
(1728-1800). Ce normand, qui vivait à Paris, partageait
les idées de son siècle et connaissait les courants
de pensée qui balayaient la capitale. Son uvre
est marquée par les idées jansénistes
et l'incrédulité répandue par les philosophes.
Lisons ce que dit un critique, à l'époque, de
son ouvrage sur les Saints de France : «Les fidèles
y trouveront une Critique saine et judicieuse, avec les maximes
d'une piété solide et éclairée.
Le pieux et savant auteur a tiré ce qu'il rapporte
des Monuments les plus authentiques, et il a passé
sous silence les faits merveilleux qui ne sont fondés
que sur une crédulité aveugle et superstitieuse
: il s'est également éloigné d'une critique
sèche ou téméraire.» Ce chanoine
était un ---»»»
Suite 2/3
|
|
Saint
Austremoine et l'hagiographie (2/3).
---»»»
auteur très connu dans les milieux catholiques français
au XIXe siècle. Toutes les bonnes familles bourgeoises
possédaient un exemplaire de La Vie des saints
de Godescard dans leur bibliothèque (en dix, douze
ou quatorze volumes selon l'édition).
Après la Révolution de 1789, il y eut un sursaut
religieux, sursaut qui s'est épanoui sous la Monarchie
de Juillet et le Second Empire. Et, au XIXe siècle,
pour les hagiographes qui avaient derrière eux l'impiété
et les martyrs de la Révolution, cette façon
de traiter l'histoire des saints était inadmissible.
Comment ramener les gens à la vraie foi et les maintenir
dans le droit chemin si l'on occultait le merveilleux? Ainsi,
en 1860, parut, en souscription, un ouvrage des Annales Hagiologiques
de la France : Les Vies de tous les saints de France
sous la direction de Charles Barthélemy, directeur
de ces mêmes Annales. Quelques années plus tôt,
le révérend père Giry avait édité
un ouvrage semblable, mais plus court. Charles Barthélemy,
homme du renouveau religieux, régla ses comptes avec
Godescard et ses précurseurs (Baillet, Tillemont et
Launoy). Dans un style acerbe, en avant-propos à ses
annales, il leur reprocha de s'être fourvoyés
dans l'erreur, la sécheresse de l'analyse, le refus
de la vérité historique par le rejet d'actes
authentiques. Barthélemy cite un prélat qui
attaque violemment Godescard (visiblement dans les années
1840) : «Il s'est formé, au milieu même
des grands travaux d'histoire et d'hagiographie du XVIIe siècle,
une école parasite, qui, croissant à l'ombre
et à la table des maîtres, a entrepris, qu'on
nous passe le mot latin, de digérer, à sa manière,
les actes des Saints, les légendes de l'Église,
les titres du Martyrologue. Dédaigneux et prudents
zoïles, sans fronder en face, sans afficher ni foi, ni
irrévérence, ils ont appliqué sournoisement
aux Vies des Saints leurs étroites conceptions, un
système de mutilation, l'acception des personnes, les
timides capitulations, on ne sait quelle horreur du surnaturel.
De là le vide et la sécheresse de ces biographies
monotones, étiolées, ravalées au niveau
le plus vulgaire. Devant ces ombres décolorées
et tristes, le peuple a passé indifférent, et
la lecture de la Vie des Saints a cessé dans les familles.»
Voilà qui donne l'état d'esprit des hagiographes
du XIXe : la guerre ouverte contre les principes des Lumières
appliqué à la vie des saints.
Comment Jean-François Godescard présente-t-il
la vie de saint Austremoine? Charles Barthélemy nous
donne la réponse dans son étude préliminaire
en citant son adversaire : «Saint Austremoine, écrit
Godescard, est un de ces sept illustres missionnaires qui
vinrent dans les Gaules, vers le milieu du IIIe siècle.
Il fonda l'Église d'Auvergne, dont il fut le premier
évêque... Le détail des actions de
saint Austremoine nous est entièrement inconnu.
(...)» La dernière phrase est mise en italique
par Barthélemy qui commente : «Nous ne savons
pas si cette façon d'écrire la Vie des Saints
de France est très instructive ; mais, ce que nous
savons très bien - et tout le monde l'avouera avec
nous, - c'est qu'elle n'est nullement édifiante...»
Voilà le grand mot lâché : l'édification
morale ! Sous ce prétexte, nos hagiographes du XIXe
siècle s'autorisent tout : ils ajoutent, ils imaginent,
ils inventent. Ce n'est plus la vie d'un homme, c'est un conte
de fées. Une vraie Mélodie du bonheur !
Quand Godescard doit se contenter de cinq lignes, Barthélemy
noircit quinze pages ! Donnons ici quelques aperçus
de son récit sur la vie de saint Austremoine dans l'édition
de 1860 de son ouvrage Les Vies de tous les Saints de France.
Cette vie est tirée de la «biographie»
écrite par saint Préject au VIIe siècle.
Austremoine, arraché au IIIe siècle, est maintenant
un apôtre du Ier siècle. Il fait partie des soixante-douze
disciples envoyés par le Christ dans le monde entier
pour y prêcher l'Évangile. C'est à ce
titre aussi que Marie-Madeleine et Marthe de Béthanie
sont venues évangéliser la Provence... Gatien
fut envoyé à Tours, Trophime à Arles,
Paul à Narbonne, Saturnin à Toulouse et Martial
à Limoges. Et c'est bien sûr à Austremoine
que revint le gouvernement de l'Auvergne. Auparavant, celui-ci
avait pris part, avec les apôtres, à la sainte
Cène. «Et aussi, le saint jour de la Pentecôte,
il reçut, avec les autres disciples, l'Esprit-Saint
---»»» Suite 3/3
|
|

Austremoine apaise les bêtes sauvages.
Vitrail de la vie légendaire de saint Austremoine (XIXe siècle).
|

Austremoine secourt les pauvres.
Vitrail de la vie légendaire de saint Austremoine (XIXe siècle).
|

La Décapitation de saint Austremoine.
Vitrail de la vie de saint Austremoine, atelier Mailhot, 1894. |

Joseph dans le Mariage de la Vierge, atelier Mailhot, 1894.
Vitrail de la Vie de Joseph dans la chapelle Saint-Joseph. |
|
Saint
Austremoine et l'hagiographie (3/3).
---»»»
dont l'onction profonde lui enseigna toutes choses et le forma
en toute science et doctrine, l'établissant solidement
dans la foi et le confirmant en toute patience et vérité,
- lui accordant les présents abondants des grâces,
l'illustrant de sa salutaire munificence et l'enrichissant
de la merveilleuse puissance des miracles.» (Barthélemy
est un maître dans l'édification.) Accompagné
de Nectaire, Ursin, et Mamet, Austremoine «pénétra
avec intrépidité sur le sol de l'Auvergne.»
Là, il prêcha contre les démons et leurs
innombrables sanctuaires. Puis il arriva à Clermont,
capitale de la région. «Le bruit de la prédication
d'Austremoine ébranla aussitôt toute la contrée.
(...) il prêchait aux incrédules la gloire de
la vie céleste.» Résumons sa parole selon
notre hagiographe : si vous croyez, vous serez sauvé,
sinon vous serez condamné et subirez de «terribles
châtiments». On est étonné de la
profonde intolérance de ce discours, de son sectarisme
outrancier, jamais entendu encore dans les religions du monde
romain. Mais il faut croire qu'aucun lecteur ne cillait en
lisant cette prose. Évidemment Barthélemy ne
saurait passer les miracles sous silence : «Par son
glorieux commandement, les démons étaient chassés
des corps qu'ils obsédaient, et ceux que fatiguaient
les souffrances de la maladie se félicitaient d'obtenir
aussitôt, - grâce à la salutaire prière
d'Austremoine, - la guérison qu'ils souhaitaient. La
vue était rendue aux aveugles ; à ceux qui souffraient
de la faim de toutes choses, étaient accordées
les joies d'un abondant soulagement ; aux riches se révélaient
les exemples de la libéralité, - par la vue
des très riches aumônes d'Austremoine ; aux pauvres,
Austremoine montrait les droits de la patience que glorifie
l'enseignement de l'Évangile et que Dieu a enrichie
de ses dons ; - en un mot, l'homme du Seigneur se faisait
tout à tous pour les gagner tous.» Ensuite, Barthélemy
nous offre un résumé décoiffant des qualités
du saint : «(...) c'était un éminent docteur,
un partisan assidu de la justice, un amateur de la vérité
; un flambeau de sainteté, un vaillant orateur, un
magnifique fondateur d'églises ; fondé dans
l'humilité, il était d'une patience exemplaire,
d'une libéralité immense, miroir de chasteté
et paré de tout ce qui peut honorer un homme.»
Enfin, après avoir gouverné le pontificat de
la ville de Clermont pendant trente-six ans, Austremoine décida
d'abandonner entièrement les affaires terrestres. Il
nomma Urbicus pour lui succéder. Notre auteur continue
: «(...) il se rendit dans une solitude, objet de ses
désirs, située au midi de Clermont ; et il y
construisit un Monastère à l'endroit qu'on appelle
Yciodorus (Issoire) afin d'y vaquer d'autant plus librement
au service du Seigneur, qu'il était plus éloigné
de l'agitation des hommes.» En poursuivant son récit,
Barthélemy fait bien sûr sienne l'histoire de
la décapitation d'Austremoine. Dans un premier temps,
le saint obtient la conversion au christianisme du fils du
«Prince des Juifs». Celui-ci, furieux, jette son
fils dans un puits, puis se venge de l'apôtre : il est
flagellé par ses gens, décapité et jeté
dans le même puits. Pour finir - édification
oblige -, les miracles se multiplient : l'âme d'Austremoine
paraît portée aux cieux sous la forme d'une colombe
; une source d'eau claire jaillit là où son
sang a maculé le sol ; quant à l'eau du puits,
elle est source de prodiges : tous les malades qui en boivent
sont guéris de leurs maux.
Au XIXe siècle, ce genre de récit, que l'on
qualifiera sans peine de mythologique, trouvait encore des
lecteurs passionnés. En dehors des nombreux faits inventés,
on est frappé, à sa lecture, par le manque systématique
de précisions et le flou entretenu par le narrateur.
Un flou qui cache en fait de profondes incohérences.
Mais l'essentiel est d'édifier, pas de convaincre.
Devant tant de candeur (heureusement rejetée par les
rédacteurs actuels des livrets sur les édifices
édités par les paroisses), on se rassurera par
l'aveu que fait Charles Barthélemy lui-même dans
son étude sur Godescard au début de l'édition
de 1860. En cherchant des souscripteurs pour ses Annales,
il rapporte avoir reçu des réponses comme :
«Ayant déjà Godescard, je ne puis m'abonner
à votre nouvelle Vie des Saints, etc.».
Il ne cache pas qu'il en a été mortifié.
Sources : 1) Les Vies de tous
les Saints de France, Annales de la France, sous la direction
de Charles Barthélemy, Tome Ier, 1860 ; 2) L'abbatiale
Saint-Austremoine éditée par la Paroisse,
2004.
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Panneau illustrant la vie d'un saint, XIXe siècle.
(Aucune information n'a été trouvée
sur ce vitrail) |
«««---
À GAUCHE
Sainte Véronique essuie la face de Jésus.
Huile sur toile, époque indéterminée
(copie?) |
|

L'orgue de tribune est l'uvre du facteur Callinet
(1870). |
«««---
À GAUCHE
Le chur vu depuis le milieu de l'allée
centrale.
En haut de l'image, on a l'impression que les restaurateurs
du XIXe siècle ont peint de fausses arcades
sur le mur
ouest de la coupole, mais ce sont bien des vraies
! |
|
|
|

Vitrail à scènes historiées, XIXe siècle.
Aucune information n'a pu être trouvée
sur ces panneaux qui illustrent
visiblement la vie d'un saint.
Est-ce un compagnon de saint Austremoine? |

La crosse de l'abbé et son armoirie
sur le balcon du grand orgue. |
|
LA PEINTURE DU
JUGEMENT DERNIER (XVe SIÈCLE) |
|

Peinture du Jugement dernier, XVe siècle, dans l'ancienne chapelle
des catéchismes. |

Le Jugement dernier : les damnés sont engloutis dans la gueule
du Léviathan.
XVe siècle, auteur anonyme. |

Les élus louent le Christ à l'heure du Jugement
(XVe siècle). |
Le
Jugement dernier, XVe siècle.
C'est une peinture murale du XVe siècle
à ne surtout pas rater si vous passez à
Issoire et qui se trouve dans l'ancienne chapelle des
catéchismes (qui héberge la boutique).
Elle permet d'admirer l'imagination d'un artiste de
cette époque. En haut, le Christ (ci-contre à
droite) se tient assis entre la Vierge et saint Jean-Baptiste.
Il est adoré par des élus (ci-contre à
gauche). Au-dessous, c'est la fin du monde. Les tombeaux
s'ouvrent et les ressuscités en sortent. L'archange
saint Michel repousse un démon qui voulait s'approcher
d'un groupe de justes réunis en adoration. Quant
au monde infernal, sa description est terrible. Le Léviathan,
qui symbolise l'entrée des enfers, engloutit
les âmes nues, impuissantes à résister
au flot qui les submerge. Des damnés purgent
déjà leur peine sur une roue où
ils sont rôtis.
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Le Christ-Juge (XVe siècle). |
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Le Jugement dernier : saint Michel terrasse un démon.
Peinture du XVe siècle, détail. |
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Vue d'ensemble de la crypte du XIIe siècle. |

Plan de la crypte |
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À GAUCHE
La châsse de saint Austremoine (XIIIe siècle).
En bas, la scène illustre la visite des Saintes
Femmes au Tombeau
En haut, l'Apparition du Christ à Marie-Madeleine. |
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La
crypte de l'abbatiale est assez vaste. Son
plan correspond à celui de l'abside de l'église
(voir plan ci-contre). Quatre colonnes centrales sans
chapiteau délimitent un petit sanctuaire, tandis
que huit colonnes, toujours sans chapiteau, dessinent
le déambulatoire. Un point distingue la crypte
de celles des autres églises romanes importantes
de la région : son déambulatoire
reçoit vingt-deux colonnes (avec chapiteaux)
sur le mur extérieur (voir photo
plus bas). La crypte possède cinq chapelles rayonnantes
voûtées en berceau. Deux d'entre elles
finissent en cul-de-four.
Enfin, on peut trouver, dans cet environnement rempli
d'histoire, des marques de tâcheron sur les pierres
du chevet ou sur les piliers. Par bonheur, les décorateurs
du XIXe siècle n'ont pas touché à
cet endroit. On peut donc admirer une architecture intacte.
Enfin, on n'oubliera pas de jeter un il aux chapiteaux
romans à feuillage qui scandent le pourtour du
déambulatoire et dont certains sont reproduits
ici.
Une petite châsse du XIIIe siècle est exposée
derrière une grille. Elle a été
achetée au XIXe par l'abbé Daguillon,
curé de l'église, pour abriter les reliques
de saint Austremoine. Elle est couverte d'émaux
champlevés de Limoges illustrant la visite des
Saintes Femmes au tombeau et le Noli me tangere
du Christ à Marie-Madeleine.
Source : Brochure de la
paroisse.
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Vue de la crypte avec la statue en bois d'un évêque. |

Vitrail de la crypte |

Statue d'un évêque bénissant (XVe ou XVIe
siècle). |
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CHAPITEAUX
ROMANS
DE LA CRYPTE |
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Le déambulatoire de la crypte.
Vingt-deux colonnes ornent son mur extérieur.
On en aperçoit deux dans la partie droite de la photo. |
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L'autel de la crypte et la statue d'Henri Charlier. |

Notre-Dame du Précieux Sang, détail.
uvre d'Henri Charlier, XXe siècle. |

Une absidiole de la crypte voûtée en berceau
avec sa fenêtre romane. |

La nef et l'orgue de tribune vus depuis la croisée du transept. |
Documentation : «L'abbatiale Saint-Austremoine»,
brochure réalisée par la Paroisse Saint-Austremoine
(Éditions Gaud)
+ Congrès archéologique de France tenu à Clermont-Ferrand
en 1924, article sur l'abbatiale d'Issoire par Charles Terrasse
+ «Les Vies de tous les saints de France» sous la direction
de Ch. Barthélemy, Versailles 1860
+ «Auvergne romane» du chanoine Bernard Craplet, éditions
du Zodiaque, collection La nuit des temps, 4e édition de 1972. |
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