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Page créée en fév. 2018
Partie haute de la tour-clocher de la collégiale

Léonard est le saint patron des prisonniers. La collégiale Saint-Léonard est donc l'église d'un pèlerinage organisé autour du culte de cet ermite du VIe siècle. La tradition raconte que, sur le versant opposé à la vallée où notre moine s'était retiré, le roi Théodebert possédait une villa. Ayant obtenu par ses prières la délivrance de la reine, en péril de mort, Léonard reçut en récompense une portion de forêt et y bâtit une chapelle, Notre-Dame de sous les Arbres. Le nom du lieu, Nobiliacum, devint Noblat. D'autres moines vinrent partager sa vie austère. En 559, il fut enseveli dans son oratoire. Bientôt une bourgade grandit alentour. Au IXe siècle, une église plus vaste fut construite, à l'emplacement de l'actuelle. Le culte de saint Léonard, intercesseur des prisonniers et des parturientes, s'étoffa au XIe siècle. Maint croisé, délivré des geôles turques, vint y prier et suspendre ses fers en ex-voto. Richard Cœur de Lion honora le lieu de ses prières après son retour de captivité en Autriche. Le culte de Léonard se répandit en Occident (Belgique, Allemagne, Italie).
Au XIe siècle, le prévôt de Saint-Léonard entreprit de restaurer le monastère. La communauté des moines se transforma en collège de chanoines. L'église fut restaurée et agrandie au cours des XIe et XIIe siècles. Malheureusement, la Révolution a détruit les archives capitulaires si bien que retracer, de manière sûre, les étapes de la reconstruction n'est plus possible. Il ne reste que des chroniques et des mémoires épars. La nef et le transept utilisèrent les murs de l'ancien bâtiment. Suivirent, au XIIe siècle, le clocher et le grand chœur avec son déambulatoire. La bourgade de Saint-Léonard fut attaquée et pillée à plusieurs reprises (1183 & 1204). Les troupes d'Henri II Plantagenêt s'en emparèrent en 1372. On ne sait rien des éventuels dommages sur l'église. En 1575, elle fut sauvée d'une volonté incendiaire des Calvinistes qui tenaient garnison dans la ville. À la toute fin du XVIe siècle, d'importants travaux (notamment de consolidation) furent menés dans l'abside et le chœur et en transformèrent la physionomie. Enfin, dans les années 1880, les deux travées occidentales de la nef ont été reprises, tout comme les étages supérieurs du clocher dont le manque de solidité inquiétait.
La collégiale est avant tout une église de pèlerinage, bien souvent en concurrence artistique et cultuelle avec l'ancienne église Saint-Martial de Limoges (voir encadré). À cet égard, même si son aspect général ne présente aucune homogénéité, son déambulatoire à sept chapelles rayonnantes demeure d'une taille respectable : il fallait de la place pour la circulation des pèlerins venus y vénérer les reliques du saint. Les sept absidioles, pendant extérieur de ces chapelles, tiennent à l'évidence un grand rôle dans la beauté du monument, déjà célèbre par sa magnifique tour-clocher.

Partie d'un chapiteau du rez-de-chaussée du clocher-porche
Vue de la nef de la collégiale depuis le portail occidental
Vue de la nef de la collégiale depuis le portail occidental (XIe et XIIe siècles).
Le chevet roman de la collégiale et sa suite d'absidioles
Le chevet roman de la collégiale et sa pittoresque suite d'absidioles.
Ce magnifique chevet semble disproportionné par rapport au reste de l'édifice.
La nef du côté sud est cachée par la sacristie et ses dépendances
La nef du côté sud est cachée par la sacristie et ses dépendances.
Nef et chœur donnent l'impression d'être deux bâtiments séparés.
La façade occidentale a été construite dans le second quart du XIIIe siècle
La façade occidentale a été construite dans le second quart du XIIIe siècle.
Elle a probablement remplacé une façade antérieure qui datait d'une époque
primitive où l'église était couverte d'un plafond.

La façade occidentale a été réalisée dans le second quart du XIIIe siècle. Elle se compose d'un large portail à multiples ressauts, dépourvu de tympan et encadré de deux niches trilobées qui ont perdu leurs statues. La façade est coupée en deux par une corniche soulignée par une série de corbeaux. La baie supérieure affiche des ébrasements à multiples ressauts, à l'image du portail. Pour l'historien Éric Sparhubert, «cette belle composition monumentale est sans doute l'un des exemples les plus raffinés d'un type de façade qui commença à se développer en Limousin vers 1200 et qui est associé au nouvel art de bâtir gothique.»
Source : Congrès archéologique de France tenu en Haute-Vienne en 2014, article sur la collégiale d'Éric Sparhubert.

Un «corbeau» sous la corniche de la façade occidentale
Un «corbeau» sous la corniche de la façade occidentale.
Série de chapiteaux romans à thème floral au deuxième étage du clocher–porche
Série de chapiteaux romans à thème floral au deuxième étage du clocher-porche.
Voussures et chapiteaux du côté sud
Voussures et chapiteaux du côté sud.
Les feuilles sculptées sont très délabrées.
Le clocher-porche de la collégiale
Le clocher-porche de la collégiale
est le plus célèbre clocher du Limousin.
Chapiteaux romans au deuxième étage de la tour–clocher
Chapiteaux romans au deuxième étage du clocher-porche.

Le clocher de la collégiale Saint-Léonard . En 1921, l'historien René Fage écrivait que «le clocher de Saint-Léonard est le type le plus complet et le plus élégant du clocher roman limousin.» C'est d'abord une tour de plan carré qui s'élève sur trois niveaux. Le carré devient octogone au quatrième niveau. Le tout est surmonté d'une petite flèche en pierre à huit pans. Chaque face des étages carrés s'ouvre sur deux fenêtres en plein cintre. Enfin, le point le plus caractéristique de ce clocher repose dans la transition du carré à l'octogone : elle se concrétise par un gable massif et pointu, étendu sur deux niveaux et ouvert d'une large fenêtre. Notons que les étages de la tour sont en retrait les uns par rapport aux autres, «ce qui lui donne l'allure d'un pinceau» [Loubatière]. À l'évidence, le clocher-porche, par sa hauteur et sa stature, servait à signaler l'église de pèlerinage. Sa construction ne doit pas être postérieure au milieu du XIIe siècle.
Ce clocher-porche n'est pas situé à l'ouest, mais se dresse sur le flanc nord, là où se trouve l'accès principal du monument. Le rez-de-chaussée possède un caractère véritablement triomphal, à la mode romaine. Ce genre de portail double était exceptionnel à l'époque romane. Huit piliers entourent une pile centrale. Les voûtes sont en arc brisé peu marqué. Enfin, l'intérêt de ce rez-de-chaussée réside dans ses très beaux chapiteaux romans, encore bien conservés. Les historiens les font remonter, au plus tard, au début du XIIe siècle. On en donne un large aperçu ci-dessous.
Sources : Congrès archéologiques de France à Limoges en 1921 et en Haute-Vienne en 2014 ; Limousin roman, éditions Zodiaque, 1960 ; Bible de l'art roman de Jacques Loubatière.

LE SOUBASSEMENT DU CLOCHER-PORCHE ET SES CHAPITEAUX ROMANS
Le soubassement du cloche-porche et ses chapiteaux
Un homme au milieu d'entrelacs
Un homme au milieu d'entrelacs.
CHAPITEAUX ROMANS DU CLOCHER-PORCHE
Deux oiseaux affrontés
Deux oiseaux affrontés.
Deux animaux et un homme sur la droite
Deux animaux et un homme sur la droite.
Un homme dressé de toute sa stature
Un homme dressé de toute sa stature.
Deux guerriers avec leurs boucliers
Deux guerriers avec leur bouclier.
Thème floral
Chapiteau à thème floral.

«««--- À GAUCHE
Le rez-de-chaussée du cloche-porche et ses chapiteaux romans.

Un homme au milieu de deux boucs
Un homme entre deux boucs.
Un homme barbu
Un homme barbu.
CHAPITEAUX ROMANS
DU CLOCHER-PORCHE
La voûte du clocher–porche avec ses chapiteaux romans
La pile centrale, la voûte du clocher-porche et ses chapiteaux romans.
LA NEF DE LA COLLÉGIALE SAINT-LÉONARD
La nef et le bas-côté nord vus depuis le chœur
La nef et le bas-côté nord vus depuis le chœur.

La nef de la collégiale est voûtée en berceau, à l'exception de la travée occidentale voûtée d'arêtes (et entièrement reprise à la fin du XIXe siècle). Seules les deux travées les plus proches de la croisée possèdent un bas-côté, d'ailleurs fort étroit, ce qui rend leur voûte très singulière. Pour l'historien François Deshoulières, les murs de la nef remontent en partie à l'église du XIe siècle. Ils ont été réutilisés lors de la reconstruction de la nef, intervenues à deux reprises au XIIe siècle.

Plan de la collégiale
Plan de la collégiale et points remarquables.
Maquette de la collégiale
Maquette de la collégiale dans l'entrée de l'église.
La grande différence de hauteur entre la nef et le chœur donne l'impression
de deux bâtiments juxtaposés.
Vitrail moderne de la façade occidentale ---»»»
Vitrail de la façade occidentale
Emplacement présumé du tombeau de saint Léonard
Emplacement présumé du tombeau de saint Léonard.
Léonard est le saint patron des prisonniers. Il est souvent
associé aux chaînes fermées d'un verrou.
Chapiteau roman dans la nef Chapiteau roman dans la nef Chapiteau roman dans la nef
TROIS CHAPITEAUX ROMANS DANS LA NEF
L'avant-nef et la voûte de la travée occidentale
Avant-nef et voûte de la travée occidentale.
La travée occidentale a été reprise au XIXe siècle.
«Crucifixion» ---»»»
Tableau anonyme du XVIIe siècle.
Arcade romane au nord avec ses deux portes
Arcade romane sur le côté nord avec ses deux portes,
elles-mêmes sous des arcades en plein cintre.
La voûte, très singulière, du bas-côté  nord
La voûte, très singulière, du bas-côté nord.
Statue de saint Roch dans une niche
Statue de saint Roch dans une niche.
Pierre polychrome, XVIe siècle.
«Crucifixion»
«Le Baptême du Christ»
«Le Baptême du Christ»
par B. Seiglière, 1729.
LE CHŒUR, LA CROISÉE ET LE TRANSEPT
La croisée et le bras sud du transept vus depuis le transept nord
La croisée et le bras sud du transept vus depuis le bras nord.
Les baies de la coupole bénéfient d'une ornementation minimaliste
Christ en croix dans le bras sud du transept.
Bois, XIVe-XVe siècle.

Architecture. Les archives capitulaires de la collégiale ont été détruites à la Révolution. En observant, dans la photo ci-dessus, la succession de grandes arcades qui sépare la croisée du bras sud (idem dans le bras nord), on comprend que les architectes aient eu du fil à retordre pour retracer l'historique de l'église et les phases successives de sa construction.
Cette fameuse suite d'arcades irrégulières qui sépare le carré du transept des croisillons a pour but de racheter la différence de niveau entre les croisillons et la coupole. Elle assure, de façon assez spectaculaire, la jointure entre ces deux éléments.
Le transept a été établi sur des murs du XIe siècle. Plus tard, il a été repris pour permettre l'ajout des coupoles dans chacun des deux bras. L'architecture de ces bras n'a rien d'homogène : l'emplacement des fenêtres n'y est pas symétrique et les formes de l'arcature sur les murs nord et sud sont bien différentes.
Huit fenêtres en plein cintre éclairent la coupole de la croisée. L'ornementation est assurée par les seuls chapiteaux des colonnettes qui les séparent. Il n'y a nulle voussure limousine sur les arcades des baies, qui restent nues.

La coupole de la tour-lanterne
La coupole de la tour-lanterne s'élève sur quatre pendentifs.
Sur les huit ouvertures, deux sont bouchées par l'élévation du chœur.
Le croisillon nord du transept
Le croisillon nord du transept et son ouverture en plein cintre.
Vitrail moderne dans l'abside
Vitrail moderne dans l'abside.
Le chœur et sa suite de piliers irréguliers
Le chœur et sa suite de piliers irréguliers.
Un pilier sur deux a été renforcé au tout début du XVIIe siècle. Et le pilier central a été ajouté.
Le maître-autel
Le maître-autel dans le chœur de Saint-Léonard.
Le grillage abrite deux chasses et une coupe de la fin du XIXe siècle.
La coupe contient le crâne de saint Léonard, présenté à la vénération
des fidèles à l'occasion des Ostensions.
Chapiteaux romans dans le chœur
Chapiteaux romans dans le chœur.
Saint Léonard
Saint Léonard.
La Vierge à l'Enfant
La Vierge à l'Enfant
dans un panneau du maître-autel
À DROITE ---»»»
Une pile du chœur, renforcée par un «chemisage» à la fin du XVIe ou
au tout début du XVIIe siècle pour parer tout risque d'éboulement.
Les baies de la coupole bénéfient d'une ornementation minimaliste
Les baies de la coupole bénéfient d'une ornementation minimaliste.
Ici, pas de voussure limousine.
Piéta dans le bras nord du transept
Piéta dans le bras nord du transept.
Pierre polychrome, XVIe siècle.
Vue d'ensemble du chœur et de l'abside
Vue d'ensemble du chœur et de l'abside.

Architecture du chœur et de l'abside. Le chœur se compose de deux travées voûtées en berceau plein cintre. La voûte en cul-de-four de l'abside a été refaite au XVIIe siècle et les piliers renforcés. «Avant les reprises du XVIIe siècle, le rond-point était un périmètre élégant, défini par de graciles colonnes aux arcs surhaussés qui ouvraient largement sur le déambulatoire» [Sparhubert].
Au début du XVIIe, deux des six colonnes qui portent les arcades furent enrobées dans des piles carrées. Une colonne supplémentaire fut même ajoutée entre les deux colonnes centrales (c'est la colonne cachée par l'étendard bleu à fleurs de lys au-dessus de la statue de saint Léonard). Le but était de renforcer la structure pour parer à un ébranlement de l'édifice.
Un point architectural intéressant est la différence entre l'élévation nord et celle du sud. Au sud (voir photo plus bas), la travée du chœur possède une grande arcade surmontée d'une tribune couverte d'un demi-berceau. La tribune s'ouvre sur le sanctuaire par une baie géminée. Cette architecture (XIIe siècle) est directement inspirée des grandes églises à tribunes, dites églises de pèlerinage.
Un autre point doit retenir l'attention du visiteur, c'est la suite de fenêtres sans ornementation (et assez austères), ouvertes «au nu du mur» qui scande le bas du cul-de-four dans l'abside ainsi que la travée orientale du chœur (voir les deux photos ci-dessus). Ces fenêtres constituent ce qu'on appelle un clair-étage. Dans son article pour le Congrès archéologique de France tenu en Haute-Vienne en 2014, l'historien Éric Sparhubert met les choses au point : contrairement à l'opinion de certains archéologues du passé, ce clair-étage n'a pas été introduit lors des reprises du début du XVIIe siècle. Les ouvertures en plein cintre du clair-étage ont été agrandies à cette occasion, mais pas créées. Éric Sparhubert établit une comparaison historique intéressante avec l'église Saint-Martial de Limoges (aujourd'hui disparue) : cette disposition de petites fenêtres, au nu du mur et à la naissance de la voûte dans l'abside, ainsi que la présence d'une tribune dans la travée étaient justement la caractéristique de Saint-Martial, grande église de pèlerinage dédiée au plus grand saint du Limousin - et antérieure à Saint-Léonard. Cette disposition aurait été reprise vers 1130-1150 pour la construction de l'abside de la collégiale en dépit de son caractère dépassé et démodé (il faut reconnaître que son aspect est assez frustre). Alors pourquoi cet emprunt? Éric Sparhubert privilégie le contexte de surenchère entre sanctuaires. Imiter l'architecture de Saint-Martial, c'était rehausser le prestige de Léonard et placer ce saint local au niveau des plus grands ! C'est une explication recevable. Il n'y a pas de raison de rejeter un argument historiciste.
Source : Congrès archéologique de France tenu en Haute-Vienne en 2014, article sur la collégiale d'Éric Sparhubert.

Un pilier du chœur, renforcé à la fin du XVIe siècle
Vierge à l'Enfant en bas-relief
Vierge à l'Enfant en bas-relief
Pierre, XIVe siècle.
Chapiteau dans le chœur
DEUX CHAPITEAUX DANS LE CHŒUR
Chapiteau dans le chœur
Élévation sud dans le chœur ---»»
Cette élévation sud, avec grande arcade et tribune, remonte aux années 1130-1150.
Elle correspond à l'architecture limousine du XIIe siècle des grandes églises à pèlerinage.
Élévation sud dans le chœur
LES STALLES DU XVe SIÈCLE DANS LE CHŒUR
Accoudoir : femme avec la tête penchée
Accotoir : femme à la tête penchée.
Accoudoir : moine tenant un livre ouvert
Accotoir : moine tenant un livre ouvert.
Vue partielle des stalles avec deux jouées
Vue partielle des stalles du XVe siècle avec deux jouées sculptées au premier plan.
QUATRE ACCOTOIRS
Accoudoir : ange tenant un écusson
Accotoir : ange tenant un écusson.
Accoudoir : tête d'un homme barbu
Accotoir : tête d'un homme barbu.
Miséricorde Homme et son bâton
Miséricorde : Homme et son bâton.
SEPT MISÉRICORDES
Tête de moniale
Tête de moniale.
Un homme mangeant
Un homme mangeant.
Tête d'homme à large chapeau
Tête d'homme caricaturée.

Les stalles du chœur remontent au XVe siècle (peut-être les dernières décennies). Elles proposent une série intéressante d'accotoirs et de miséricordes sculptés. Dans le passé, certaines figures ont été jugées peu adaptées à un lieu saint. On en donne quelques extraits ici.

Dragon à longue queue
Dragon à longue queue.
Dragons ailés et affrontés
Dragons ailés et affrontés.
Chauve-souris
Chauve-souris.
Le maître-autel et le chœur
Le maître-autel et le chœur avec son alternance de piles d'origine et de piles avec chemisage.
LE DÉAMBULATOIRE DE LA COLLÉGIALE SAINT-LÉONARD ET LES CHAPELLES RAYONNANTES

Le déambulatoire est riche de sept chapelles rayonnantes (datées vers le milieu du XIIe siècle), alors que la majorité des grandes églises à pèlerinage de la région n'en ont que cinq. Chacune des chapelles possède trois fenêtres en plein cintre ornées de voussures limousines. La voussure médiane retombe sur une colonnette engagée. À la jonction se tient un petit chapiteau roman sans tailloir qui s'appuie sur une astragale. Il représente un animal ou une petite scène historiée. Quelques exemples en sont donnés ci-dessous. Entre les fenêtres, une colonne monte juqu'à l'arcature qu'elle joint par un chapiteau, cette fois avec un tailloir. Les intervalles entre les chapelles bénéficient aussi d'une large ouverture (ornée d'une statue d'un évangéliste). En bref, les liaisons architecturales, l'ornementation des fenêtres, les autels, les statues confèrent à cet endroit une réelle élégance, en phase avec le statut d'église de pèlerinage.
La voûte mérite aussi une observation attentive. Rejetant la série de doubleaux associés à des arcs marquant l'entrée des chapelles, l'architecte a choisi un berceau annulaire à pénétrations, point d'orgue de ce nouveau style permettant une interpénétration de l'espace et de la lumière. Sources : Congrès archéologiques de France à Limoges en 1921 et en Haute-Vienne en 2014 ; Limousin roman, éditions Zodiaque, 1960.

Le déambulatoire sud
Le déambulatoire sud.
Sur la voûte, l'arc doubleau signale la fin de la travée du chœur.
Chapiteau roman et voussure limousine dans la chapelle axiale
Chapiteau roman et voussure limousine dans la chapelle axiale.
Le déambulatoire sud et la chapelle axiale
Le déambulatoire nord.
La chapelle du curé d'Ars
La chapelle axiale
La chapelle axiale
et ses fenêtres à voussures limousines.
Statue de la Vierge à l'Enfant
Statue de la Vierge à l'Enfant
Les arcades d'une chapelle rayonnante
Les arcades «limousines» d'une chapelle rayonnante.
Chapiteau sans tailloir dans une voussure limousine
Chapiteau et son astragale dans une voussure limousine.
Chapiteau sans tailloir dans une voussure limousine
Chapiteau et son astragale dans une voussure limousine.
Statue de saint Jean au-dessous d'une baie du déambulatoire
Statue de saint Jean ornant
une baie dans le déambulatoire.
Chapiteaux romans
Chapiteaux romans autour du chœur.
Chapiteau sans tailloir dans une voussure limousine
Chapiteau et son astragale dans une voussure limousine.
Chapiteau roman dans une baie
Chapiteau roman dans une baie d'une chapelle rayonnante.
La voûte du déambulatoire
La voûte en berceau annulaire à pénétrations
dans le déambulatoire.
Chapiteau roman : un bonhomme accroupi
Chapiteau roman : un bonhomme accroupi.
Le déambulatoire vu depuis la chapelle axiale
Le déambulatoire vu depuis la chapelle axiale.

«««--- Chapelle rayonnante dédiée au curé d'Ars.
LE SÉPULCRE
Le Sépulcre
Le Sépulcre et son environnement très exigu.
Chapiteau du Sépulcre
Le Sépulcre et le clocher-porche sur le côté nord de la collégiale.
Pilier et voûte du Sépulcre
Piliers et voûte demi-sphérique du Sépulcre.
Chapiteau du Sépulcre
Chapiteau du Sépulcre
Aucune astragale (sorte de bandeau inférieur)
ne le relie à la colonne.

La chapelle du Sépulcre de la collégiale Saint-Léonard est source de mystères. C'est une petite rotonde, sur le côté nord de l'église, nichée entre le clocher-porche et le bras nord du transept. Aucune ouverture ne la relie directement à l'église. Seul un objectif à focale très courte permettrait de prendre une photographie d'ensemble de son intérieur car il accuse 7,87 mètres de diamètre, sans recul possible (!) Et encore, l'opérateur serait gêné par quelques-uns des huit piliers qui occupent son espace circulaire !
Son architecture semble très archaïque : colonnes trapues, chapiteaux rustiques et sans astragale, voûte en berceau scandée de doubleaux rudimentaires, coupole demi-sphérique.
De quand date cette chapelle? Certains archéologues l'ont prise pour un ancien baptistère et ont fait remonter sa construction au début ou au milieu du XIe siècle. Mais les fouilles n'ont trouvé trace d'aucune piscine baptismale. Pas de trace non plus d'un éventuel tombeau de saint Léonard. Pour René Fage, elle semble avoir été bâtie «en souvenir et en imitation du Saint-Sépulcre de Jérusalem», sans doute à l'initiative d'un chevalier de retour de Palestine. Abandonnée depuis le XVIIIe siècle, elle a été restaurée après 1879. Sa partie nord a été reconstruite.
A-t-elle été bâtie avant ou après le clocher-porche? En 1921, René Fage prend en compte des considérations architecturales extérieures pour conclure qu'elle est postérieure au clocher. Il ajoute «qu'il eût été impossible de creuser les fondations du clocher sans démolir une partie de la chapelle.» Il déclare néanmoins la discussion ouverte. Depuis cette époque, les études, parfois polémiques, se sont succédé sur ce sujet.
En 2014, Éric Sparhubert, dans la dernière publication en date de la collégiale, défend la thèse opposée et se montre catégorique : «La rotonde est, en revanche, antérieure au clocher-porche, écrit-il, car son absidiole ouest a été entaillée lors de la construction de ce dernier ; les maçonneries de la partie supérieure, qui mordent légèrement sur les chapiteaux de l'arcade limitrophe, ont pour leur part, été grossièrement refaites.» Pour cet historien, la chapelle du Sépulcre date du XIe siècle «sans qu'il soit possible d'avancer une datation plus précise» car ce style architectural «a subsisté en Limousin jusqu'à la fin du siècle.»
Depuis la fin du XIXe siècle, la rotonde est utilisée comme baptistère.
Sources : Congrès archéologiques de France à Limoges en 1921 et en Haute-Vienne en 2014 ; Limousin romain, éditions Zodiaque, 1960.

La nef vue du chœur
La nef vue du chœur.

Documentation : Congrès archéologique de France tenu à Limoges en 1921, article sur la collégiale par René Fage et François Deshoulières
+ Congrès archéologique de France tenu en Haute-Vienne en 2014, article sur la collégiale par Éric Sparhubert
+ Limousin roman, éditions Zodiaque, Collection La nuit des temps, 1960
+ Saint-Léonard de Noblat, Presses Universitaires du Limousin, 1995
+ Bible de l'art roman de Jacques Loubatière, éditions Ouest-France, 2010.
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