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L'abbaye-aux-Dames à Caen se compose
de deux parties : l'église de la Trinité et les bâtiments
conventuels.
L'église de la Trinité a été fondée
par la reine Mathilde vers 1060 en même temps que son époux,
Guillaume le Bâtard (futur Guillaume le Conquérant),
fondait l'Abbaye-aux-Hommes
et l'église Saint-Etienne. L'église de la Trinité
est un chef-d'uvre d'art roman normand. Sa nef dépouillée
s'orne de magnifiques élévations à deux niveaux.
Son chur sans déambulatoire abrite le tombeau de la
reine Mathilde depuis le 1er novembre 1083.
Les bâtiments conventuels sont le siège du Conseil
Régional de Basse-Normandie depuis 1986.
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La façade occidentale de l'église de la Trinité
date du XIXe siècle.
A noter, tout en haut des tours, la présence d'une balustrade
et de gargouilles (non visibles) ajoutés sous Louis XIV
pour cacher l'inachèvement des tours. |
Cette image des bâtiments conventuels (la cour du cloître)
vus depuis le parc Michel d'Ornano est traditionnelle à Caen. |
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Ces bâtiments du XVIIIe siècle
abritent un couvent de surs bénédictines
jusqu'à la Révolution. A partir de 1791 ils
sont affectés à l'armée (logement des
troupes, fourrage, atelier d'habillement). En 1809, l'abbaye-aux-Dames
devient dépôt de mendicité (ce qui entraîna
beaucoup de dégradations) et le reste jusqu'en 1818.
En 1821, la ville de Caen achète l'abbaye. Elle devient
hôpital ; les surs augustines s'y installent pour
soigner les malades. En 1909, elle devient hospice ; les surs
servantes de Jésus remplacent les Augustines. L'hospice
est fermé en 1984.
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Le tympan du fronton a été sculpté au XIXe siècle.
La plus grande partie de la façade
ouest est issue des travaux de restauration menés par Ruprich-Robert
au XIXe siècle.
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La cour d'honneur de l'abbaye-aux-Dames.
Le Conseil Régional de Basse-Normandie occupe les bâtiments
conventuels depuis 1986.
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Sous la Restauration, il y eut
un intérêt nouveau pour les anciens monuments
du Moyen-Âge, intérêt qui allait être
ardemment défendu par Prosper Mérimée
sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire. L'abbaye-aux-Dames
de Caen, au vu de son passé prestigieux, put bénéficier
d'un programme de sauvegarde. Vers 1820, la découverte
du cercueil de la reine Mathilde, sous l'emplacement du cénotaphe
du XVIIIe siècle que la Révolution avait détruit,
confirma l'importance de l'édifice.
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Vue de la nef de l'église de la Trinité. On voit que
les élévations de gauche et de droite se composent de
deux niveaux : grandes arcades en plein cintre surmontées d'une
rangée d'arcatures aveugles (rangée souvent assimilée
à un niveau à part entière). L'étage supérieur
est percé de fenêtres hautes inondant la nef de lumière. |
La chaire à prêcher de la Trinité.
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Ci-dessus, le chur avec, au premier plan, le tombeau de la reine
Mathilde.
Les os de la tombe correspondent à une femme d'une taille de
1,50m. L'analyse au carbone 14 a confirmé qu'ils étaient
bien du XIIe siècle.
A gauche, en haut : la chaire à prêcher de la Trinité.
L'abat-voix bénéficie d'une belle sculpture en bois.
A gauche, un exemple de chapiteaux - assez simples - des colonnes
de la nef. |
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Contrairement à celles de la nef, les colonnes du chur
sont dotées de magnifiques chapiteaux, vraisemblablement sculptés
au XIIe siècle. Leur décor est lié au bestiaire
de l'Orient. On voit
au-dessus un «éléphant» ciselé par
un sculpteur sur pierre qui n'avait jamais dû voir d'éléphant.
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Autre chapiteau sur une colonne du chur.
On y trouve des animaux exotiques ou fantastiques. |
Prosper
Mérimée, inspecteur général des
Monuments historiques, est à Caen en juin 1841. Il
confie ses impressions à son ami et «patron»
Ludovic Vitet :
«Toutes les réparations récemment exécutées
à Caen, notamment à l'Abbaye aux dames m'ont
paru bien mauvaises et très prétentieuses. À
l'Abbaye aux dames on a supprimé les bases des colonnes
de la façade et on a fait les chapiteaux les plus vilains
du monde.
L'Abbaye aux dames est située sur une place où
personne ne passe que les malades qu'on porte à l'hôpital.
Le conseil municipal voudrait avoir là une place à
l'instar de Paris, et projette pour agrandir celle-ci
de démolir une église de St Gilles, laquelle,
commencée à l'époque romaine, et restaurée
et retouchée à différentes reprises reste,
ce nonobstant, quelque chose d'original et de très
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élégant. Ce sont
de très basses arcades en plein cintre surmontées
de galeries gothique fleuri, et de fenêtres flamboyantes.
Un professeur d'archéologie ne pourrait trouver un
monument plus propre à exercer ses élèves.
Le détruire serait un meurtre.»
Source : «La naissance des
Monuments historiques, la correspondance de Prosper Mérimée
avec Ludovic Vitet (1840-1848)», Éditions du
Comité des travaux historiques et scientifiques, Ministère
de l'Éducation nationale.
Nota : L'église Saint-Gilles (en face de l'Abbaye-aux-Dames)
fut bel et bien détruite. À l'heure actuelle,
ses maigres restes servent de vestiges romans et agrémentent
un (tout) petit jardin public.
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La fresque qui décore la voûte en cul-de-four date du
début du XVIIIe siècle. Elle représente l'Assomption.
«««--- À GAUCHE
Une vue célèbre de l'église de la Trinité
: le chur illuminé. Cliquez sur l'image pour l'afficher
en gros plan. |
A droite et à gauche de
l'image du chur, on voit deux élévations
blanches : c'est le doubleau qui constitue le chur à
proprement parler. On pense donc que l'abside (la partie illuminée
et légèrement jaune) serait de construction
postérieure.
L'abside se distingue par une double rangée de fenêtres
et l'aménagement d'une galerie de circulation au niveau
supérieur. Au niveau inférieur (le sol), il
n'y a pas de galerie car il n'est pas possible de se glisser
entre le mur et les colonnes. Il y a donc eu volonté
d'harmonisation entre les deux niveaux en visant avant tout
l'intérêt artistique et la nécessité
de faire entrer un maximum de lumière.
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La nef vue depuis le chur. Les deux niveaux d'élévations
(avec le «niveau» médian d'arcatures aveugles)
est bien visible.
Comme bien souvent dans l'art roman, on remarquera l'absence totale
de chapelles latérales. |
Elévations du transept nord.
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La crypte «Saint-Nicolas-sous-terre» de la Trinité.
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Un exemple de chapiteau roman de la crypte.
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La présence de cette crypte
est une énigme pour les historiens. Est-ce une première
église? Ou est-ce tout simplement une nécessité
architecturale pour remédier à la déclivité
du terrain quand on a décidé, au XIIe siècle,
d'allonger le chur et de construire l'abside? Le fait
qu'elle soit étroite, pas complétement enterrée
et qu'elle n'ait jamais fait l'objet de pèlerinages
importants conforte cette dernière thèse.
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