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Notre-Dame de l'Annonciade et la Paix, XVIIe siècle

Tout part d'une abbaye de moniales fondée par le roi mérovingien Dagobert Ier au VIIe siècle en dehors du castrum qui définit la petite ville de Bordeaux à l'époque. Son église est dédiée à sainte Eulalie à la suite du don d'une relique de la sainte. Le monument est incendié par les Sarrasins en 732. Les chroniques parlent alors - sans précision - d'une nouvelle église construite.
En 1152, par le mariage d'Aliénor d'Aquitaine et d'Henri II Plantagenêt, le duché d'Aquitaine devient anglais. Ce même Henri II sera présent lors de la consécration en 1174 d'une nouvelle église bâtie pour accueillir les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Au XIIIe siècle, cet édifice roman est agrandi avec l'ajout des bas-côtés et d'un chevet.
Au début du XIVe, tout ou presque est reconstruit en style gothique. Il ne subsiste de l'ancien édifice roman que quelques chapiteaux dans le chœur de l'église actuelle. C'est aussi à cette époque qu'une troisième enceinte de protection vient enserrer Bordeaux, incluant enfin Sainte-Eulalie et ses dépendances.
À partir de 1476, nouvel agrandissement : la partie orientale est modifiée ; une abside pentagonale est ajoutée avec ses chapelles absidiales nord et sud. La chapelle Saint-Clair, la sacristie et la flèche du clocher datent de cette époque. Les travaux de fond continuent : reconstruction des piles ; remontage d'une partie des voûtes de la nef.
À la Révolution, l’église est transformée en entrepôt pour les œuvres d'art saisies dans les églises de Bordeaux. Le cimetière qui longe l'église est détruit. Le culte est rétabli en 1796.
En 1864, l’architecte Gustave Alaux reconstruit le clocher mis à mal par la foudre.
Au tout début du XXe siècle, la façade occidentale, assez pauvre, fait place à une création néogothique conçue par l’architecte Lucien Magne. Cette nouvelle façade vient fermer une travée supplémentaire rajoutée à la nef à l'ouest.
Au niveau de l'architecture, l'église Saint-Eulalie paraît assez banale. Cependant, les nombreuses œuvres d'art (tableaux, bas-relief et vitraux des XIXe et XXe siècles) rendent l'édifice intéressant. Une large partie en est donnée ici.
Le visiteur curieux regardera attentivement la chapelle Saint-Clair qui porte la mémoire de la Procession des Corps-Saints instituée par le cardinal de Sourdis en 1624.

Charlemagne désigne les premières pierres de la chapelle

L'église Sainte-Eulalie vue depuis l'avant-nef.

ASPECT EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINTE-EULALIE


L'église et son clocher néogothique de 53 mètres des années 1863-1864.
La base du clocher est du XIIe siècle.

Le côté sud de l'église et ses contreforts.
Quatre anciens enfeux reposent sous les arcades.

La façade occidentale est une création néogothique de l'architecte Lucien Magne vers 1901-1903.
À droite, la porte gothique date de 1371. Elle a été conservée.

Trois statues ornent les vantaux de la porte principale.
De gauche à droite : sainte Jeanne de Valois, sainte Eulalie et sainte Jeanne de Lestonnac.
Sculpteur Gaston Veuvenot Leroux, 1901.

Gros plan sur les bas-reliefs de style Art nouveau choisi par le bâtisseur de la façade actuelle,
l'architecte Lucien Magne au tout début du XXe siècle.
Sainte-Eulalie est la seule église de Bordeaux dotée d'une ornementation Art nouveau.

Porte sur le côté nord dite «des Pèlerins»
Fin du XVe siècle.

La statue de sainte Eulalie
orne le trumeau de la porte ouest
(sculpteur Gaston Veuvenot Leroux, 1901).
Le chevet vu du nord avec ses niches abritant des statues. ---»»»

Architecture extérieure.
Elle n'a rien pour vraiment séduire le visiteur. La façade occidentale est une reconstruction totale des années 1901-1903. La grande baie centrale abrite un vitrail moderne de Jeanne d'Arc qui offre au moins l'avantage de ne pas être caché, à l'intérieur, par un orgue. Seule, la porte gothique, sur la droite, est ancienne (1371).
La brochure de l'Office de Tourisme écrit au sujet de cette façade : «Le décor choisi, d'inspiration naturaliste avec ses frises de roses stylisées et ses épis de maïs, s'inscrit dans le courant "Art nouveau" en plein essor à Bordeaux» Les dais qui coiffent les trois statues entourant les vantaux de la porte centrale sont tout à fait originaux.
Second point intéressant : la série de niches qui enrichit le chevet de l'église. Protégées par un grillage resserré, elles abritent des statues datées pour la plupart de la fin du XVe siècle. En effet, le chevet a été enrichi d'une abside à cinq pans en 1476.
L'une de ces statues retient l'attention : la Vierge allaitante. L'ouvrage sur l'église publié aux éditions Bière rappelle que le Concile de Trente (1545-1563) interdit de montrer le sein de la Vierge. Compte tenu de son style plutôt archaïque, cette statue pourrait donc remonter au XIIIe ou au XIVe siècle.
Quant au clocher, c'est une reconstruction néogothique du Second Empire. Il culmine à 53 mètres. Sa base est restée romane.


Quatre statues dans leurs niches sur le côté nord.
Les deux niches de gauche (fin du XVe siècle) ont un sommet en gothique flamboyant.
Elles sont visiblement postérieures aux deux niches de droite dont le sommet est un simple trilobe surmonté d'une accolade ornée de choux frisés.
Au centre, la grande baie à trois lancettes est celle de la chapelle de la Vierge.

Vierge allaitante.
Avant le Concile de Trente (XIIIe siècle?)

Saint Jacques.

Un évêque avec sa mitre.
Quatrième quart du XVe siècle.

Un pèlerin.
Quatrième quart du XVe siècle.

Vierge à l'Enfant.
Quatrième quart du XVe siècle.

Vierge allaitante, détail.
Avant le Concile de Trente (XIIIe siècle?)

Qui était sainte Eulalie ?
Est-ce réalité ? Est-ce légende ? Pour les hagiographes, Eulalie s'inscrit dans cette population de vierges martyres qui ont défié les autorités romaines.
Dans Les église de Bordeaux (éd. Delmas, 1953) l'abbé Brun nous donne sa version des faits.
Elle est née à Merida, en Estramadure, sous l'empereur Dioclétien (284-305). À douze ans, d'une foi chrétienne ardente, elle est maintenue enfermée par ses parents qui craignent, en cette époque de persécution, quelque imprudence de sa part.
Elle s'échappe et court devant les juges crier son mépris des idoles. Repoussant menaces et flatteries, elle est livrée au bourreau qui lui inflige toutes sortes de supplices. Elle meurt étouffée.
Rappelons que, sur le plan historique, «mépriser les idoles», dont faisaient partie les divinités tutélaires de Rome, signifiait se déclarer adversaire de l'Empire et souhaiter sa destruction. Les autorités ne pouvaient tolérer l'existence d'une «cinquième colonne» déclarée...


Sainte Eulalie ?
Quatrième quart du XVe siècle.

LA NEF ET SES CHAPELLES LATÉRALES


La nef et la suite de piles qui la sépare du bas-côté nord.

Plan de l'église Sainte-Eulalie.

L'ange, de l'Annonciation
par un élève de Simon Vouet (1590-1649), 2e moitié du XVIIe siècle.

La Vierge de l'Annonciation
par un élève de Simon Vouet (1590-1649), 2e moitié du XVIIe siècle.

Le Christ en croix sur une pile nord de la nef.
XVIIIe siècle ?

«Charlemagne précédant les châsses
des Corps Saints portés à Sainte-Eulalie»
Auteur inconnu, quatrième quart du XVIIe siècle.

Chaire à prêcher.
La cuve est du XVIIe siècle, l'abat-son, du XVIIIe.

Architecture intérieure.
L'église Sainte-Eulalie présente un vaisseau central, terminé par une abside à cinq pans, et deux bas-côtés aboutissant chacun à un chevet plat (voir plan ci-dessus). Les voûtes, toutes sur croisées d'ogives, étant pratiquement d'égale hauteur, l'édifice est souvent décrit comme une église-halle à trois nefs. Cependant, la faible hauteur des piles ne permet guère de s'en rendre compte. En 1953, l'abbé Lebrun dans son ouvrage Les églises de Bordeaux rappelle toutefois que le sol d'origine a été rehaussé conduisant à une hauteur des voûtes actuelle de 13 mètres.
Long de 50,8 mètres sur 21,0 de large, l'ensemble correspond à deux périodes de construction : le XIIIe siècle et le début du XIVe pour la nef ; le chœur et la dernière travée vers l'est (l'avant-chœur) étant des XIVe et XVe siècles. La construction de l'abside a démarré en 1476.
Sur son aspect, le même abbé Lebrun porte, en 1953, un jugement plutôt négatif : «L'ensemble est assez lourd et inélégant, écrit-il, et la décoration est en général fort pauvre.» Il cite néanmoins l'opinion de l'archéologue Jean-Auguste Brutails qui présentait l'édifice comme «un témoin précieux pour l'histoire de bâtir dans nos pays.»
Saint-Eulalie est ainsi le type local de l'église gothique à trois nefs à peu près d'égale hauteur dont le prototype régional est la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers bâtie par Henri II Plantagenêt et Aliénor d'Aquitaine au XIIe siècle.
Déjà, en 1861, Charles Marionneau, dans sa Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de la ville de Bordeaux avait lui aussi porté un avis négatif sur l'église, mais il en avait donné l'explication en écrivant : «Le sol de cette église a été surhaussé; il en résulte un aspect lourd, inharmonieux dans les proportions des piliers qui soutiennent les voûtes.»
On ne peut qu'être d'accord : une observation attentive de la grande photo de la nef donnée en haut de page donne l'impression qu'il manque un bon mètre et demi de hauteur pour rendre l'édifice attrayant. L'église est «trop courte sur pattes».


La cuve de la chaire à prêcher est du XVIIe siècle.

Chapelle du Sacré-Cœur (ex chapelle Saint-Roch)
Bas-côté nord.

La chapelle du Sacré-Cœur.
Au-dessous d'un vitrail moderne représentant le Sacré-Cœur apparaissant à Marguerite-Marie Alacoque à Paray-Le Monial, cette chapelle expose un précieux retable daté du XIVe ou du XVe siècle. Il illustre trois scènes de la Passion du Christ.
On l'a découvert après la Révolution, dans des boiseries, caché derrière l'autel de la Vierge. Sculpté en bas-relief, il possède encore de nombreuses traces de polychromie.


Retable de la Passion : Le Baiser de Judas, la Crucifixion et la Flagellation.
Bas-relief du XIVe ou du XVe siècle.

Notre-Dame de l'Annonciade et de la Paix
Bois de chêne polychrome, XVIIe siècle.
Le retable et la statue, installés en 1890, se trouvent
devant l'ancienne porte des Lépreux.

Notre-Dame de l'Annonciade et de la Paix ou Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.
Cette statue en bois de chêne installée devant l'ancienne porte des Lépreux (aujourd'hui murée) est datée du XVIIe siècle. Elle aurait été sculptée par le maître Jean III Daurimon (vers 1617-1699).
Avant la Révolution, elle ornait l'autel de la chapelle du couvent des Annonciades.
Une bonne âme l'a cachée pendant la Terreur. Retrouvée, elle fut rachetée et offerte à l'église Sainte-Eulalie en 1808.


Notre-Dame de l'Annonciade ---»»»
et de la Paix, détail.


Retable de la Passion, détail : le Baiser de Judas.
XIVe ou XVe siècle.

Le Martyre de sainte Eulalie
Auteur inconnu, XVIIe siècle.

Sainte Marguerite avec la croix et le lys.
XIXe siècle.

Sainte Lucie et sa paire d'yeux, détail.
XIXe siècle.

Sainte Lucie.
D'après la légende, Lucie s'arracha elle-même les yeux pour ne pas succomber à la tentation. Selon d'autres textes, ils lui furent arrachés lors de son martyre sous l'empereur Dioclétien.
Curieusement, le vitrail ci-dessus montre la sainte regardant ses yeux déposés sur un plateau. Pour le cartonnier, Lucie avait-elle donc une paire d'yeux de rechange ?

Les vitraux de l'église Sainte-Eulalie (2/2).
---»» Dans les années 1920, l'atelier Gustave-Pierre Dagrant à Bordeaux réalisa quatre verrières pour l'église dans un style moderne : le Baptême du Christ ; le Sacré-Cœur de Jésus ; Thérèse Martin devant le pape Léon XIII ; et, dans la façade ouest, Jeanne d'Arc.
Ce dernier illustre deux épisodes cruciaux de la vie Jeanne d'Arc : Jeanne entend des voix ; Jeanne au bûcher.


Le bas-côté nord et la chapelle du Sacré-Cœur
avec vue sur la tribune occidentale.


La Vierge, reine des martyrs
Auteur anonyme, premier quart du XIXe siècle.

«««--- Sainte Lucie et sa paire d'yeux.
Archétype des vitraux des bas-côtés.

Les vitraux de l'église Sainte-Eulalie (1/2).
On ne sait rien des vitraux du passé. La vitrerie actuelle remonte, au plus tôt, au XIXe siècle.
Dans les bas-côtés, une série de mandorles encastrées dans un luxueux environnement floral éclaire la nef. Chaque mandorle reçoit un saint ou une sainte, souvent associé(e) à ses attributs, le tout dans le style très classique de la fin du XIXe siècle. On ne connaît pas l'atelier qui a réalisé cette vitrerie.
Les chapelles et le chœur offrent des vitraux plus intéressants. La plupart sont tous donnés dans cette page.
Ils sont dus en majorité à l'atelier bordelais de Joseph Villiet. Réalisés en 1854-1855, on trouve le vitrail de la Procession des Corps Saints dans la chapelle Saint-Clair, un vitrail sur le thème traditionnel de l'Adoration de l'Enfant-Jésus par les mages et les bergers dans la chapelle absidiale de la Vierge et un vitrail sur la vie de saint Roch.
Dans l'abside polygonale qui termine le chœur, les cinq pans reçoivent, en baie 0, une représentation de la Trinité associée à sainte Eulalie et saint Clair, puis, en baies 1 et 2, des personnages de l'Ancien Testament (Abraham et Jacob), eux-mêmes associés aux Évangélistes et aux saints martyrs de Lectoure. Assis ou debout sous des dais riches de multiples croix, les cartons de l'atelier Villiet sont d'excellente facture.
À noter aussi le vitrail assez sophistiqué de la Sainte Famille regroupant la Vierge, l'Enfant-Jésus et le petit Jean-Baptiste dans un oculus de la chapelle de la Vierge.
Vers la fin du XIXe siècle, l'atelier Villiet fut repris par un élève de Joseph Villiet, Henri Feur. En 1889, ce dernier réalisa un autre vitrail de la Sainte Famille, avec Jésus, Marie et Joseph, visible dans la chapelle absidiale Saint-Joseph. On pourra y remarquer les trois mandorles terminales des lancettes qui illustrent des scènes de la vie de Joseph : son Mariage avec Marie ; la Mort de Joseph et la Fuite en Égypte.
---»» Suite 2/2 ci-dessous


Sainte Jeanne de Valois, reine de France, s'inclinant devant l'Enfant-Jésus
Tableau signé «J. Mazoyer, inve et pinxit/A1666».

Sainte Anne, détail.
XIXe siècle.

La nef et le bas-côté sud orné d'imposantes toiles d'auteurs anonymes.

L'Adoration des rois d'après Pierre-Paul Rubens.
Copie exécutée par un peintre anonyme.

«Enfant Jésus Roy de nos cœurs»
Antoine Leblond de Latour (1635-1706), XVIIe ou tout début du XVIIIe siècle.

Vitrail de l'Annonciation, partie centrale.

Jésus marchant sur les eaux
Copie anonyme d'une toile de Giovanni Lanfranco (XVIIIe siècle).

Saint Louis

Sainte Catherine d'Alexandrie

Sainte Jeanne de Valois


La Résurrection
Toile authentique anonyme ou copie.
XVIIe siècle ?


L'Ascension
Toile authentique anonyme ou copie.
XVIIe ou XVIIIe siècle.

Les grandes toiles de l'église à l'origine inconnue.
L'église Sainte-Eulalie possède cinq grandes toiles illustrant la vie du Christ dont l'origine est incertaine. Si l'on est à près certain de leur époque d'origine (le XVIIe ou le XVIIIe siècle), on a longtemps pensé qu'elles venaient de l'ancienne église des Carmes d'avant la Révolution.
En effet, les autorités révolutionnaires décidèrent en 1793 de transformer Sainte-Eulalie en un entrepôt d'œuvres artistiques saisies dans les églises de la ville. Après la Révolution, ces œuvres furent rendues aux édifices propriétaires. Quand ces derniers n'existaient plus (ce qui était le cas du couvent des Grands-Carmes), elles restèrent à Sainte-Eulalie. En 1861, l'historien Charles Marionneau put ainsi généraliser l'origine de ces cinq toiles et les attribuer aux Carmes. Toutefois, des études postérieures ont montré que certaines d'entre elles n'avaient pas été entreposées à Sainte-Eulalie.
Les historiens s'interrogent sur leurs auteurs. Ces toiles sont-elles des copies de tableaux de maîtres ? C'est ce qu'avance Charles Marionneau pour qui ces tableaux n'ont pas grande valeur. «Tous ces ouvrages manquent d'originalité, accusent des plagiats évidents; ils sont d'une exécution facile, mais d'un faire plein de mollesse et d'une harmonie un peu monotone», écrit-il dans sa Description des œuvres d''art de la ville de Bordeaux en 1861.
La base Palissy ne va pas aussi loin et les présente, en majorité, comme des toiles authentiques d'auteurs inconnus.
L'Ascension et la Résurrection, données ci-dessus, font partie du lot des cinq.


La Résurrection, détail, XVIIe siècle ?


Le bas-côté sud aboutit à la chapelle absidiale Saint-Joseph.
Comme le vaisseau central, les bas-côtés sont voûtés d'ogives.

«««--- Vitrail du Sacré-Cœur de Jésus
Ce vitrail glorifie les morts de la guerre 14-18.
Atelier Gustave-Pierre. Dagrant à Bordeaux.
Le Sacré-Cœur dardant de ses rayons le soldat mourant n'est pas du meilleur effet.


Vitrail du Baptistère : le Baptême du Christ
Atelier Gustave-Pierre Dagrant à Bordeaux.
(L'intervalle entre les deux lancettes a été réduit pour les besoins de la mise en page.)

Les visages agacés ou dubitatifs des assistants à la scène entre le pape et Thérèse Martin.

Thérèse de Lisieux devant le pape Léon XIII à Rome en 1887.
Atelier Gustave-Pierre Dagrant à Bordeaux.
Le père de la sainte, Louis Martin (canonisé avec son épouse en 2015)
a été baptisé à Sainte-Eulalie de Bordeaux le 28 octobre 1823.

Thérèse Martin devant le pape Léon XIII.
Dans Histoire d'une âme, Thérèse, alors carmélite, raconte en détail sa rencontre avec le pape pour obtenir le droit d'entrer au Carmel avant l'âge légal. Elle a littéralement harcelé le Saint Père dans un épisode resté mémorable. Il faut saluer le cartonnier de l'atelier Dagrant qui a bien rendu l'atmosphère de la scène avec l'attitude implorante de la future sainte et la gêne de l'assistance. Son père, Louis Martin, en costume noir, avec sa main au menton, a l'air très dubitatif ; le grand vicaire, en robe rouge, est agacé par l'insistance de la jeune fille ; les deux prélats à gauche et à droite paraissent interloqués par la longueur de l'audience ; quant au pape, il essaie de garder son calme...
On sait que la jeune fille de quinze ans dut être expulsée quasiment manu militari par deux gardes suisses qui la saisirent chacun par un bras et la transportèrent à l'extérieur de la salle d'audience. Ses pieds ne touchaient plus le sol !
Voir le long encadré de cette histoire à la page de l'église Sainte-Thérèse à Rennes.

LA CHAPELLE SAINT-CLAIR


La chapelle Saint-Clair et sa grille en fer forgé,
œuvre de Blaise Charlut en 1751.
La chapelle a été aménagée en 1639 pour recevoir les châsses
contenant les corps des sept saints martyrs.

La Procession des Corps Saints
Vitrail de l'atelier Joseph Villiet, 1861.
Don des trois familles Monbadon, de Vassal et de la Mothe.

La chapelle Saint-Clair ou chapelle des Corps-Saints.
Située au sud, dans ce qui pourrait être le transept de l'église, la chapelle est fermée par une belle grille en fer forgé, datée de 1751, due à Blaise Charlut, serrurier à La Réole.
La chapelle, créée au XVe siècle, a été remaniée au XVIIe siècle, puis restaurée à la fin du XIXe. Elle abrite les reliques des saints martyrs de Lectoure : Clair, Géronce, Sever, Blylas, Polycarpe, Jean et Justin.
Selon la légende, Clair serait venu d'Afrique au IVe siècle pour évangéliser l'Aquitaine. Il fut mené de force au temple de Diane, mais refusa de sacrifier aux divinités et se mit à prier. Les statues des idoles tombèrent alors à terre et se brisèrent. Six compagnons le suivirent dans son supplice.
Le crâne de saint Clair est enfermé dans le buste d'évêque en bois peint et doré, dit buste de Saint-Augustin. Les reliques des autres martyrs sont contenues dans des châsses en bois.
Objet de la ferveur populaire, ces reliques ont donné lieu à la Procession des Corps Saints instituée par le cardinal de Sourdis en 1624, entre la cathédrale Saint-André et Sainte-Eulalie. La procession a été supprimée en 1880.
La chapelle conserve aussi la moitié du bâton merveilleux de saint Roch dont l'attouchement passait pour guérir les malades. L'église Saint-Eulalie a longtemps été une église affectée aux lépreux.


La chapelle Saint-Clair date du XVe siècle.

Vitrail de la Procession des Corps-Saints.
Ce vitrail historié de l'atelier Joseph Villiet, posé en 1861, se rapporte aux martyrs de Lectoure, c'est-à-dire à saint Clair et à ses six compagnons. Dans un premier temps, leurs reliques ont été rapportées à Bordeaux. Une partie sera plus tard transférée à Lectoure.
Dans le premier registre du vitrail, l'évêque Alcuin se tient au côté de Charlemagne coiffé d'une couronne et qui tient une grande épée de la main gauche. Il y aussi «des barons échappés au désastre de Roncevaux» [Charles Marionneau], des prélats et quelques femmes de la Cour. Tous assistent à la bénédiction des premières pierres de la chapelle qui doit recevoir les reliques des martyrs de Lectoure. Charlemagne désigne de la main une pierre au sol, devant lui, que l'évêque bénit de sa main droite.
Le registre supérieur (ci-dessous) illustre la Procession des Corps-Saints instituée par le cardinal de Sourdis en 1624. Le cardinal, en robe rouge, tient à la main le bâton de saint Martial. Il est assisté des évêques de Périgueux et de Limoges. Ces trois hauts prélats se tiennent sous un dais tenu par des moines. Devant eux, les châsses contenant les reliques des Saints Martyrs sont portées par des Grands et des religieux.
À l'avant, «les jurats de Bordeaux, les membres du Parlement, des laïques, des prêtres, précèdent les évêques (...)», écrit Charles Marionneau. En tête, le cartonnier a fait fait figurer un gendarme en grand costume. Il ouvre la marche et, se retournant, vérifie la bonne dignité du cortège.
Au tympan, saint Clair se dresse dans le soufflet sommital. Il est accompagné, dans les soufflets et les mouchettes, de ses six compagnons. Tous tiennent la palme du martyre.
Source : Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de la ville de Bordeaux par Charles Marionneau, 1861.


La Procession des Corps-Saints, registre du haut :
Une légende indique : «Comment le cardinal de Sourdis institua la procession des Corps Saints.»
Atelier Joseph Villiet à Bordeaux, 1861.

La Procession des Corps Saints, détail :
saint Clair dans le soufflet sommital du tympan.

Le buste dit de Saint-Augustin contient les reliques de saint Clair.
Chapelle Saint-Clair.

La Procession des Corps Saints, détail :
un gendarme en grand costume ouvre la Procession (XIXe siècle).

La Procession des Corps-Saints, registre du bas :
Charlemagne désigne les premières pierres de la chapelle, ausitôt bénies par l'évêque Alcuin qui se tient à côté de lui.
Atelier Joseph Villiet à Bordeaux, 1861.

LE CHŒUR ET SES DEUX CHAPELLES ABSIDIALES NORD ET SUD


Le chœur de l'église Sainte-Eulalie.

Le chœur de l'église Sainte-Eulalie possède encore des chapiteaux romans du XIIe siècle (au premier plan). Il se termine par une abside bâtie sur cinq pans à partir de 1476, Yves de Campanhe, bénéficier de l'église, apportant les fonds.
Le mobilier actuel (autel, ambon et pupitre), créé par l'artiste Dominique Kaeppelin, date des années 2009 et 2010. L'orgue de chœur, dû au facteur français Commaille, est de la fin du XIXe siècle


Le soubassement du maître-autel représente la Trinité.
Les bas-reliefs de la Trinité sont de Dominique Kaeppelin (2009-2010).

Baie 0, détail : sainte Eulalie et saint Clair
Atelier Joseph Villiet, 1854-1855.

Détail du vitrail :
le crosseron de la crosse du saint
évêque Clair
est orné du
Couronnement
de la Vierge.

Baie 4, détail : Le roi David et Moïse
Atelier Joseph Villiet, 1854-1855.

Baie 0, détail : La Trinité
La colombe du Saint-Esprit se trouve au tympan (non visible ici).
Atelier Joseph Villiet, 1854-1855.

Le chœur et la chapelle absidiale sud dédiée à saint Joseph.
La fresque murale, sur l'élévation sud de la chapelle, est rendue illisible
par les dégradations du temps.

Baie 2, détail : Abraham et Jacob.
Atelier Joseph Villiet, 1854-1855.

LA CHAPELLE ABSIDIALE SUD DÉDIÉE À SAINT JOSEPH


La chapelle absidiale sud Saint-Joseph.

Vitrail de la Sainte Famille, détail : la Vierge.

L'arrière-plan du vitrail de la Sainte Famille.
Dans un vitrail, les arrière-plans de paysage en camaïeu de bleus ou de gris apportent un indéniable sens de la profondeur aux scènes du premier plan. À la Renaissance, il était courant de voir les cartonniers s'appliquer à dessiner de très jolies scènes, parfois sophistiquées, en bleu ou en gris à l'arrière d'une scène principale. On pourra ainsi se reporter au vitrail de la Vie de la Vierge à l'église Notre-Dame de l'Assomption à Villeneuve-sur-Yonne.
L'arrière-plan en camaïeu de gris-vert proposé par l'atelier d'Henri Feur dans la Sainte-Famille (donné ci-dessous) est bien moins travaillé. D'une manière générale, le XIXe siècle consacre moins d'énergie aux paysages d'arrière-plan, les donateurs semblant vouloir se focaliser sur la scène du premier plan.


Vitrail de la Sainte Famille.
Atelier Henri Feur (successeur de Joseph Villiet), Bordeaux 1889.

Vitrail de la Sainte Famille, détail : le paysage à l'arrière-plan.
Atelier Henri Feur (successeur de Joseph Villiet), Bordeaux 1889.

Vitrail de la Sainte Famille, détail : trois épisodes de la vie de Joseph dans le haut des lancettes (le Mariage de la Vierge, la Mort de Joseph et la Fuite en Égypte).
Atelier Henri Feur (successeur de Joseph Villiet), Bordeaux 1889.

LA CHAPELLE ABSIDIALE NORD DÉDIÉE À LA VIERGE (NOTRE-DAME AUXILIATRICE)


L'Adoration de l'Enfant-Jésus par les mages et les bergers.
Atelier Joseph Villiet, 1854-55.

L'Adoration de l'Enfant-Jésus, détail : les mages.

La chapelle absidiale nord est dédiée à Notre-Dame Auxiliatrice.

Statue moderne de Notre-Dame Auxiliatrice
dans la chapelle absidiale nord.

La Sainte Famille avec l'Enfant-Jésus et Jean-Baptiste, partie centrale.
Vitrail dans l'oculus de la chapelle absidiale nord dédiée à Notre-Dame Auxiliatrice
Atelier Joseph Villiet 1853-54.

VITRAIL DE LA FAÇADE OCCIDENTALE : JEANNE D'ARC


Vitrail de la façade occidentale, le tympan :
deux prélats sont agenouillés devant Jeanne d'Arc en gloire.
Atelier Gustave-Pierre Dagrant à Bordeaux, début du XXe siècle.

Les «voix» de Jeanne d'Arc : saint Michel avec sainte Marguerite ou sainte Catherine.
Atelier Gustave-Pierre Dagrant à Bordeaux.

Vitrail de la façade occidentale : Jeanne d'Arc entendant ses voix ; Jeanne d'Arc sur le bûcher.
Atelier Gustave-Pierre Dagrant à Bordeaux, début du XXe siècle.
Le bas du vitrail est malheureusement masqué par le garde-corps de la tribune.

VITRAIL DES ÉPISODES DE LA VIE DE SAINT ROCH


Vitrail de la vie de saint Roch.
Atelier Joseph Villiet à Bordeaux, milieu des années 1850.
Les murailles sont celles de la ville de Montpellier
dont saint Roch était originaire.

Vitrail de la vie de saint Roch, détail :
saint Roch, accompagné de son chien, part en pèlerinage.

Vitrail de la vie de saint Roch, détail :
saint Roch accueille un pauvre.

Vitrail de la vie de saint Roch.
Ce vitrail illustre des épisodes de la vie d'un saint plus ou moins légendaire et dont on ignore tout. A-t-il existé ? Est-il le résultat de la jonction entre les peurs médiévales face à la peste et le besoin d'un secours spirituel ? Son invention date en effet du XVe siècle et de la peste noire. Le Dictionnaire des saints et des grands témoins du christianisme (CNRS Éditions, 2019) rappelle en outre que le profil de ce saint correspond à celui «des pèlerins morts de maladie ou d'épuisement au cours de leur pieux voyage», des gens dont, à l'époque, on ne savait rien à part qu'ils étaient morts lors de leur pèlerinage. Le culte de saint Roch (que la légende fait naître à Montpellier) a été très actif dans la France du sud et en Italie.
Toutes ces raisons font de la Vita sancti Rochi de Francesco Diedo, parue au XVe siècle et matrice de la vie du saint telle qu'elle est répandue, un roman hagiographique.
On reconnaîtra dans le vitrail des scènes assez traditionnelles pour un saint : l'accueil d'un pauvre ; le départ en pèlerinage ; la prière dans le lieu saint ; la veillée auprès des pestiférés mourants. Les deux autres scènes sont propres à Vita sancti Rochi : pris pour un espion, saint Roch est jeté en prison ; la mort du saint, abandonné de tous, dans sa geôle.


L'église Sainte-Eulalie vue depuis le chœur.
Le vitrail du fond est consacré à Jeanne d'Arc.

Documentation : «Bordeaux, l'église Sainte-Eulalie», brochure de l'Office de Tourisme
+ «Les églises de Bordeaux» de l'abbé Pierre Brun, éditions Delmas, 1953
+ «Aquitaine gothique» de Jacques Gardelles, éditions Picard, 1992
+ «Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de la ville de Bordeaux» par Charles Marionneau, 1861
+ «Au cœur de Bordeaux L'église Sainte-Eulalie», éditions Bière, 2017
+ «Dictionnaire des saints et des grands témoins du christianisme», CNRS Éditions, 2019.
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