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En 1080, le comte de Joigny fait venir
des moines de la Charité-sur-Loire pour qu'ils créent
un prieuré et développent ainsi l'économie
du bourg. L'église Notre-Dame, située hors les murs
du château, est incluse dans le prieuré. Jean Vallery-Radot
dans son article du Congrès Archéologique de France
rapporte que, selon Davier (qui fait uvre d'historien de Joigny
avec ses Mémoires écrites vers 1723), l'église
Saint-André n'est autre que l'ancienne priorale romane Notre-Dame.
Elle aurait changé de dédicace vers 1398 en raison
d'une chapelle ou d'une confrérie Saint-André qui
aurait servi pour l'office de la paroisse. L'église actuelle
comprend donc des éléments du XIe siècle (nef
et mur sud), ce qui fait d'elle la doyenne des églises de
Joigny. Le chur, réservé aux moines, a aujourd'hui
disparu, tout comme le chevet.
Au cours du XVIe siècle, de vastes transformations vont agrandir
l'édifice : construction du bas-côté nord gothique
et de sa chapelle «absidiale» à l'est - le mur
nord étant remplacé par une rangée d'arcades
; travée supplémentaire vers l'ouest, fermée
par une façade ; tour carrée avec portail Renaissance
pour clore le nouveau bas-côté nord.
L'église abrite le gisant,
du XIIIe siècle, d'un comte de Joigny, une piéta
et une très belle Vierge
à l'Enfant de la fin du XVIe siècle. Les vitraux,
également remarquables, étaient à l'origine
du XVIe siècle. Il n'en reste plus guère : ils ont
été abondamment restaurés vers la fin du XIXe
siècle avec les méthodes de l'époque qui éliminaient
tout cachet ancien. On note malgré tout une belle
Vierge des Litanies entourée des prophètes et
un Arbre de Jessé
très riche, mais aux deux tiers refait en 1876. Le reste
des vitraux date du XIXe siècle. Cette page donne la plupart
des vitraux de l'église.
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Vue d'ensemble de l'église Saint-André. |
Architecture.
La dissymétrie de l'édifice frappe dès
l'entrée. Le vaisseau central, au premier plan, correspond
à la nef de l'ancienne priorale du XIe siècle,
dédiée à Notre-Dame. Ainsi le mur de
droite sur la photo ci-dessus, avec ses quatre fenêtres,
dont deux petites ouvertures romanes, date vraisemblablement
de 1085, année où Richer, archevêque de
Sens, consacra l'église Notre-Dame.
Dans le courant du XVIe siècle, on entreprit de vastes
travaux dans l'édifice. Le bas-côté nord
(à gauche) a été construit à cette
occasion, après destruction du mur, remplacé
par la rangée de belles arcades en pénétration
que l'on voit ci-dessus. Le mur du chur, derrière
le maître-autel, a aussi été construit
au XVIe siècle, lors de ces vastes transformations.
L'ancien chur, où se réunissaient les
chanoines, a disparu.
Source : Congrès archéologique
de France, 116e session,
1958, Auxerre, article «Saint-André» par
Jean Vallery-Radot.
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La façade a été reconstruite au XVIe siècle.
La tour carrée s'élève sur la première
travée du bas-côté nord. |
Le portail de la tour nord est de style Renaissance.
Le linteau abrite un beau bas-relief illustrant
des épisodes de la vie de saint André. |
Comparution de saint André devant le proconsul.
Bas-relief sur le linteau du portail nord (détail). |
Vue d'ensemble du bas-relief du portail nord : Scènes de la
vie de saint André (XVIe siècle).
Comparution de saint André devant le proconsul ; le Martyre
de saint André ; saint André prêche depuis la
fenêtre de sa prison. |
Saint André prêche depuis sa prison.
Détail du bas-relief sur le linteau du portail nord, XVIe siècle.
(Le grillage de fer de la petite fenêtre a résisté
à l'épreuve du temps.) |
Détail du portail du vaisseau central.
Cette façade a été construite au XVIe siècle
quand
on a allongé la nef d'une travée vers l'ouest. |
Vue d'ensemble de l'église depuis le bas-côté
nord.
Au premier plan, le bas-côté, voûté d'ogives,
est du XVIe siècle. Le mur à l'arrière-plan,
avec quatre ouvertures (dont deux petites fenêtres romanes),
serait celui de l'ancienne priorale et remonterait à 1085.
À l'entrée de la nef, la tribune (que l'on voit en sombre)
se trouve dans la travée ouest rajoutée au XVIe siècle
pour agrandir l'église. |
La chaire à prêcher est du XIXe siècle. |
Scènes de la vie de saint André, XIXe siècle.
Vitrail de la baie 6.
On remarque la même
scène que sur le linteau du portail nord : Saint André
prêche depuis sa fenêtre tandis qu'un gardien tape dans
la porte pour rentrer et empêcher l'apôtre de parler. |
Statue de saint Léon, XIXe siècle. |
La cuve de la chaire à prêcher est typique du XIXe siècle. |
Saint André prêche depuis sa prison.
Détail du vitrail de la baie 6 (XIXe siècle). |
La chapelle des fonts dans la première travée de l'église.
Cette travée a été bâtie au XVIe s. pour
agrandir l'église vers l'ouest. |
Le Christ et les pèlerins d'Emmaüs
dans une fenêtre romane du mur sud.
Vitrail de l'atelier Vermonet-Pommery, Reims 1893. |
Vitrail de la baie n°9.
Le tympan, avec les vendangeurs et les putti,
remonte aux années 1530.
Le corps des lancettes est du XIXe siècle et illustre
la parabole des ouvriers de la onzième heure.
La grisaille bleue illustre la parabole des vignerons homicides
(ou infidèles).
Voir plus
bas l'énoncé de ces paraboles. |
Pierre tombale d'un ancien prieur de Notre-Dame. |
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Ce gisant du XIIIe siècle est celui d'un comte de Joigny
(la base Palissy donne le nom
du comte Guillaume). Il est accompagné de deux anges
porteurs de cierges. |
Le chef du gisant du XIIIe siècle.
(Le visage a été refait.) |
Le bas-côté nord et ses vitraux Renaissance (copieusement
restaurés ou partiellement refaits au XIXe siècle).
On remarquera que les voûtes d'ogives tombent en pénétration
sur les colonnes. |
Tympan du vitrail de la baie 9 : putti et vignerons (vers 1530). |
Détail des vignerons dans le soufflet central du tympan
du vitrail de la baie 9 (vers 1530).
Le quartier de l'église Saint-André était
celui des vignerons.
La corporation des vignerons joviniens a vraisemblablement offert
ce vitrail (soufflet du tympan) au XVIe siècle. |
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La parabole des vignerons homicides.
Détail de la baie n°9, XIXe siècle. |
La parabole des vignerons homicides.
Détail de la baie n°9, XIXe siècle. |
La parabole
des ouvriers de la onzième heure.
Cette parabole, assez connue et que l'on trouve dans l'évangile
de Matthieu, a ouvert la voie aux réflexions les plus
diverses, mais aussi aux élucubrations intellectuelles
et à l'art de couper les cheveux en quatre. Rappelons
brièvement l'histoire. Le propriétaire d'une
vigne cherche des travailleurs. Au premier groupe de gens
rencontré, il propose un denier pour travailler toute
la journée dans ses vignes. Trois heures après,
nouveau groupe de gens et proposition d'aller travailler dans
la vigne (sans préciser le salaire toutefois). Idem
à la sixième heure, la neuvième heure
et la onzième heure. À la douzième heure
sonne l'heure de la paie. Les derniers arrivés passent
les premiers à la caisse et reçoivent un denier.
Et ainsi pour tous les groupes, y compris celui de la première
heure qui a trimé dans la vigne toute la journée.
D'où, comme on s'en doute, de véhémentes
protestations d'injustice de sa part. Comment les théologiens
ont-ils justifié un pareil mode de rémunération?
Évidemment par une série d'allégories
plus alambiquées les unes que les autres. L'explication
suprême étant que le denier représente
le Royaume des cieux, c'est-à-dire la récompense
des justes et que la justice de Dieu ne se discute pas. Nous
laissons aux internautes intéressés le soin
d'aller chercher sur le Web les interprétations qui
ont été données à cette parabole.
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La parabole
des vignerons homicides (ou infidèles).
Cette parabole est beaucoup moins connue que celle des ouvriers
de la onzième heure. On la trouve dans l'évangile
de Matthieu, de Marc et de Luc. Le propriétaire d'un
terrain y plante une vigne, l'enclot, y creuse un pressoir
et y bâtit une tour. Il donne ensuite sa vigne en fermage
à des vignerons et part en voyage. Quand l'heure de
la vendange est venue, il envoie des serviteurs recevoir les
fruits qui lui reviennent. Mais les vignerons les repoussent,
certains sont même tués. Le propriétaire
en envoie alors d'autres qui, à leur tour, sont outragés,
voire assassinés. Idem pour le troisième groupe.
Alors il envoie son fils, persuadé qu'on l'écoutera.
Vain espoir. Les vignerons, voyant en lui l'héritier,
le tuent pour garder l'héritage. Alors Jésus
- qui raconte l'histoire aux pharisiens de Jérusalem
- leur demande ce que va faire le maître. Réponse
: faire périr tous ces infidèles et mettre à
leur place des vignerons qui lui donneront les fruits qu'il
attend. Mais Jésus les tance : le fils rejeté
est la pierre angulaire sur laquelle va se construire l'uvre
de Dieu (annonçant par-là la Résurrection).
Et il ajoute : le Royaume de Dieu vous sera enlevé
(les pharisiens étaient persuadés de faire le
bien et d'assurer ainsi leur salut) pour être confié
à un peuple qui saura en produire les fruits. Les serviteurs
sont les prophètes ; les pharisiens, les vignerons
homicides, tandis que le peuple qui sera élu est constitué
de ceux qui savent ouvrir leur cur à Dieu. Cette
parabole, très sibylline, est là encore amplement
commentée sur Internet.
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Le VITRAIL DE
LA VIERGE DES LITANIES, VERS 1530 et restauré en 1879 |
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Vitrail de la Vierge des Litanies, baie n°7.
Vers 1530 et restauré en 1879. |
Le Père céleste bénissant, vers 1530 (la
restauration semble peu importante ici).
Détail du vitrail de la baie n°7. |
Le
vitrail de la Vierge des litanies est l'un
des plus beaux et des plus originaux de l'église.
Comme son voisin, le vitrail de l'Arbre
de Jessé, donné plus bas, il a été
fortement restauré au XIXe siècle, en
1879 exactement, par les verriers parisiens Lusson et
Lefèvre. À cette époque, on ne
faisait pas dans la dentelle lors des restaurations
: toute trace due à la patine des siècles
était récurée impitoyablement.
Un bon vitrail restauré devait avoir l'air neuf.
Ici, la moitié inférieure des lancettes
porte nettement la griffe du XIXe si bien que cette
très belle composition ne rentre pas dans le
catalogue des chefs-d'uvre des maîtres verriers
de la Renaissance.
Toutefois, pour les historiens, le tympan semble moins
touché par le XIXe siècle que les trois
lancettes. Dans celle du centre, la Vierge se tient
sur le globe terrestre, entourée de quatre emblèmes
des litanies. Autour d'elle, les prophètes se
succèdent : au centre, Isaïe avec une inscription
relative à Jessé ; à gauche, Daniel,
Salomon et deux autres prophètes ; à droite,
Osée, Ézéchiel, Michel et Jérémie.
Ils tiennent tous un phylactère rappelant leurs
prophéties. On note une profusion d'étoiles
montées en chef-d'uvre. Source : Corpus
Vitrearum, Les vitraux de Bourgogne, Franche-Comté
et Rhône-Alpes,
éditions du CNRS, 1986.
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Les prophètes Daniel et Salomon
Détail de la baie n°7 (vers 1530, restauré
en 1879). |
VITRAIL
DE LA BAIE 5, VERS 1540 |
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Le Père céleste
Tympan de la baie n°5, vers 1540. |
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Jérémie dans la lancette droite du vitrail de
la Vierge des Litanies
Baie n°7. Le visage paraît peu restauré. |
La Vierge entourée par quatre emblèmes des Litanies.
Baie n°7, vers 1530, restauré en 1879. |
VITRAIL
DE LA BAIE 5, VERS 1540 |
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Le tympan Renaissance de la baie n°5, vers 1540. |
Le
tympan de la baie n°5. Selon le Corpus
Vitrearum, cet ensemble, daté aux alentours
de 1540, est bien conservé. Au-dessous du Père
céleste, deux anges musiciens s'époumonent
à la flûte. L'un est donné en gros
plan ci-dessous. Les têtes de lancette, avec leur
architecture et leur couple de putti sont également
Renaissance . Anciennement, le corps des lancettes recevait
un vitrail du XIXe siècle consacré à
la vie de la Vierge. Source : Corpus
Vitrearum.
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Un ange musicien dans le tympan Renaissance de la baie n°5
(vers 1540). |
«««---
À GAUCHE
Statue de saint Roch dans le côté droit de
la nef.
Art populaire, XIXe siècle. |
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Statue de sainte Catherine d'Alexandrie.
Art populaire, XIXe siècle. |
Le bas-côté nord vu de l'entrée, avec ses vitraux
Renaissance restaurés (Arbre de Jessé à gauche,
Vierge des Litanies à droite). |
Le bas-côté nord et
ses voûtes d'ogives du XVIe siècle. |
VITRAIL DE L'ARBRE
DE JESSÉ, VERS 1530 et restauré en 1876 |
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L'Arbre de Jessé (vers 1530 et restauré 1876).
Vitrail de la baie n°11.
Les deux tiers inférieurs des lancettes ont été
refaits en 1876. |
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Les rois de Juda Abiam, Asa et Joram
Arbre de Jessé de la baie n°11. |
Le Christ en croix dans le chur.
4e quart du XVIe siècle. |
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Piéta de la fin du XVe siècle. |
La Crucifixion (1560, restauré en 1892).
Tympan du vitrail de la baie 2. |
Statue Saint André
sur le mur du chur. |
Piéta de la
fin du XVe siècle, détail ---»»» |
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VITRAIL
DE LA BAIE 2, TYMPAN RENAISSANCE |
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Scènes de la Passion du Christ (vitrail de la baie n°2). |
Le
vitrail de la Passion. Les trois ajouts du
tympan illustrent le Portement de croix, la Crucifixion
et la Résurrection. Ils datent de 1560 (le millésime
figure d'ailleurs sur le tombeau, voir plus
bas). Le tympan a été très
restauré en 1892.
Les trois lancettes inférieures (Jardin des Oliviers,
Flagellation et Ecce Homo) sont une création
de l'atelier rémois Vermonet en 1892.
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Notre-Dame-de-la-Merci.
Pierre, fin du XVIe siècle - Début du XVIIe.
La Vierge présente la cédule
de son rachat à un prisonnier. |
Jeanne dans Orléans libéré du siège
anglais.
Vitrail des scènes de la vie de Jeanne d'Arc.
Atelier Vermonet, Reims, 1899. |
CHAPELLE
ABSIDIALE NORD, XVIe SIÈCLE |
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Statue de la Vierge sous un dais, au-dessus de l'autel.
XIXe siècle. |
Vitrail de la Vie de la Vierge.
Atelier Vermonet-Pommery, Reims, 1894. |
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Notre-Dame-de-la-Merci, détail.
Fin du XVIe siècle - Début du XVIIe. |
Jeanne entend ses voix.
Vitrail des scènes de la vie de Jeanne d'Arc.
Atelier Vermonet, Reims, 1899. |
Jeanne au bûcher.
Vitrail des scènes de la vie de Jeanne d'Arc, détail.
Atelier Vermonet, Reims, 1899. |
CHAPELLE
ABSIDIALE NORD, XVIe SIÈCLE |
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Vitrail de l'Enfance du Christ.
Atelier Vermonet-Pommery, Reims, 1894. |
Vitrail de l'Enfance du Christ, détail.
Atelier Vermonet-Pommery, Reims, 1894. |
L'abbé Millot,
curé de l'église, s'est fait
représenter sur le vitrail, avec une nonne
et, sans doute, les deux donateurs.
Ce panneau date de 1892. |
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La Résurrection (1560, restauré en 1892).
Tympan du vitrail de la baie 2.
(Le millésime 1560 est inscrit sur le tombeau.) |
Vitrail des scènes de la vie de Jeanne d'Arc.
Atelier Vermonet, Reims, 1899. |
CHAPELLE
ABSIDIALE NORD, XVIe SIÈCLE |
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La chapelle de l'absidiole nord date du XVIe siècle.
Elle est surmontée d'une belle voûte d'ogive à
liernes et tiercerons. |
Vitrail de la Vie de la Vierge, détail (atelier Vermonet-Pommery,
Reims, 1894).
Aurélie Dailland, au centre, est sûrement la donatrice,
accompagnée de parents agenouillés. |
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Vitrail de la Vie de la Vierge, détail.
Atelier Vermonet-Pommery, Reims, 1894. |
Vue de la nef depuis la voûte. |
Vitrail de la Vie de la Vierge, détail.
Atelier Vermonet-Pommery, Reims, 1894. |
Documentation : Congrès archéologique
de France, 116e session, 1958, Auxerre, article «Saint-André»
par Jean Vallery-Radot
+ «À la découverte de Joigny», brochure
éditée par l'Association Culturelle et d'Études
de Joigny + base Palissy
+ Corpus Vitrearum, Les vitraux de Bourgogne, Franche-Comté
et Rhône-Alpes, éditions du CNRS, 1986. |
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