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Page créée en août 2011
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Statue de la Vierge de Ferdinand Parpan

Ce quartier du 12e arrondissement de Paris a vu sa population croître fortement après la guerre de 14. En 1928, on y décide la construction d'un nouveau lieu de culte. L'architecte Paul Tournon (1881-1964) se voit chargé des plans. L'église est achevée en 1935 ; la paroisse est confiée aux Eudistes (saint Jean Eudes est le fondateur de la congrégation de Jésus et Marie). L'église du Saint-Esprit a été bâtie dans le cadre des Chantiers du Cardinal, une œuvre sociale religieuse créée en 1931 visant à l'édification d'églises et de bâtiments paroissiaux dans Paris et sa banlieue.
L'architecte s'est inspiré des églises byzantines et de l'ancienne basilique Sainte-Sophie de Constantinople. Le bâtiment est en béton armé, son intérieur (hormis le vaisseau central) demeure sombre. Plusieurs photos de cette page ont été éclaircies. Les parois de béton sont couvertes de très belles fresques modernes... que l'on ne voit pas ! - à part celle de l'abside (comme dans la photo ci-dessous) parce qu'elle domine la chapelle axiale dévolue aux fidèles venus prier.
Soyons honnête : la forte pénombre donne parfois au béton une agréable apparence de pierre. Par endroits, le visiteur a l'impression de se retrouver dans la base de sous-marins allemands de Lorient (tout en béton) ou... dans la Rome antique (ce qui est une sensation très dépaysante). Quoi qu'il en soit, pour ce qui est de l'architecture et de l'atmosphère qu'elle dégage, l'église du Saint-Esprit, à Paris, est absolument unique !

La nef
Vue d'ensemble de la nef.
Le petite surface des vitraux ne suffit absolument pas à éclairer l'ensemble de l'église.
Les bas-côtés (là où se trouvent les fresques) sont toujours dans une pénombre prononcée.

La décoration de l'église. L'architecte Paul Tournon fit appel à des groupements d'artistes catholiques, tels que L'Arche ou Les Ateliers d'art sacré. On note ainsi la participation aux chantiers de l'église du Saint-Esprit de Louis Barillet, Paul Louzier et Jean-Hébert Stevens pour les vitraux, de Jean Gaudin et Marcel Imbs pour les mosaïques, de Carlo Carrabezolles pour les sculptures, de Raymond Subes pour la ferronnerie et de Jean Dunand pour le mobilier liturgique.
Les Ateliers d'art sacré ont été créés en 1919 par Maurice Denis (1870-1943) et Georges Desvallières (1861-1950). Leur but était non seulement «de former et d'instruire» (selon les mots de Denis), mais également «de produire des œuvres d'art pour le service de Dieu». Leur méthode : innover dans les différents arts (peinture, sculpture, vitrail et mobilier).

Pour l'église du Saint-Esprit, les nombreuses fresques sont toutes rattachées à une idée unique : la diffusion de l'Esprit-Saint dans l'histoire humaine. Elles relatent les grandes étapes de l'Histoire de l'Église depuis la Pentecôte jusqu'au XXe siècle, divisée en deux grands thèmes : l'Histoire de l'Église militante et l'Histoire de l'Église triomphante.
À noter que, pour assurer l'unité de la décoration, l'architecte Paul Tournon a imposé une taille unique pour tous les personnages et la couleur rouge comme coloris de fond.
Source : «Paris d'église en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4
Voir plus bas le texte sur les matériaux et l'appréciation de l'époque sur les fresques.
Terminons en ajoutant qu'il faut vraiment que toutes les lumières soient allumées pour voir l'ensemble des fresques. Ou alors munissez-vous d'une torche électrique comme dans les grottes, sinon vous sortirez de l'église, déçu de n'avoir rien vu.

La façade
La façade, avenue Daumesnil (Paris, 12e arr.).
Le clocher culmine à 75 mètres.
Fresques dans le narthex
Fresques dans le narthex (Intelligence et volonté).
Le chevet
Vue d'ensemble de l'église depuis le chevet.
Le béton armé est recouvert de briques rouges de Bourgogne. On remarque une série de statues sur le toit.
Le narthex et ses fresques
Le narthex et ses fresques en camaïeu gris
des époux Untersteller.
«««---À GAUCHE
Fresques des trois facultés de l'âme : Intelligence, volonté, sensibilité. Complétées par des fresques illustrant les quatre éléments : eau, air, terre et feu
Statues sur le sommet
Statues sur le toit
(Œuvres de Sarrabezolles, Martin, etc.)
À gauche : «Infirmière» de Georges Serraz.

Pour éviter les fientes de pigeon, elles sont protégées par des grilles. Résultat : de la rue, on ne les voit pas...
Les fêtes du mois d'avril
Les fêtes du mois d'avril
(Lucien Gibert)
Les fêtes du mois de septembre
Les fêtes du mois de septembre
(Noël Feurstein)
Les fêtes du mois d'octobre
Les fêtes du mois d'octobre
(Noël Feurstein)
Les fêtes du mois de novembre
Les fêtes du mois de novembre
(Noël Feurstein)
Le côté gauche de l'église est orné d'une suite de bas-reliefs illustrant les mois de l'année et les fêtes religieuses qui y sont rattachées.
Ces bas-reliefs sont dus à différents artistes (Gibert, Huntzinger, Guignier, Feurstein, etc.)
Vue de la nef
La nef et les élévations du côté droit.
La photo a été éclaircie.
La coupole
La coupole possède un diamètre de 22 mètres et culmine à 33 mètres.
Statue rendant hommage au cardinal Verdier
Statue rendant hommage au cardinal Verdier, créateur des «Chantiers du Cardinal» en 1931.
Fresque de saint Jean Fresque de saint Jean et de son aigle sur la voûte.

Fresques de la chapelle des Confesseurs ---»»»
À gauche, «Saint Louis» (Robert-Albert Génicot)
À droite : «Saint François et saint Dominique» (Raymond Virac)
Cliquez sur le vitrail de Virac pour l'afficher en gros plan.
Fresques dans et autour de la chapelle gauche du vestibuleCliquez pour l'afficher en gros plan
Fresque de saint Marc
Fresque de saint Marc et de son lion sur la voûte.

À DROITE ---»»»
Cliquez pour afficher la fresque en grand format. ---»»»
Fresque «Sainte Catherine de Sienne»
Fresque «Sainte Catherine de Sienne» (Marthe Flandrin, 1904-1987).
Le bas-côté gauche
Le bas-côté gauche (éclairé par un flash).
LE CHEMIN DE CROIX DE GEORGES DESVALLIÈRES (1893-1962)
Chemin de croix de Georges Desvallières
Chemin de croix
«Jésus est dépouillé de ses vêtements»
(Toile marouflée de Georges Desvallières)
Chemin de croix de Georges Desvallières
Chemin de croix
«Jésus console les filles d'Israël»
(Toile marouflée de Georges Desvallières)
Chemin de croix de Georges Desvallières
Chemin de croix
«Jésus est cloué sur la croix»
(Toile marouflée de Georges Desvallières)

Vitrail «Avé Jésus et Marie»
La qualité des vitraux n'est pas ce qui compte
le plus dans l'église du Saint-Esprit.
Élévations gauches dans la nefCliquez pour affiche en gros plan la fresque «Grégoire VII»
Élévations gauches dans la nef (photo très éclaircie).
On remarque la présence de grandes fresques derrière les colonnes qui séparent le vaisseau central du bas-côté
Ici : «L'Évangélisation de l'Ancien Monde» d'Henri Marret et Louis Bouquet
Premier niveau : «Grégoire VII» et «Charlemagne» (Marret) ; deuxième niveau : «Le Concile d'Éphèse» (Bouquet).
Fresque : «Le Concordat de Worms»
Fresque dans la chapelle des Confesseurs :
«Le Concordat de Worms» (Mle Roisin)
Cliquez sur l'image pour afficher la fresque en gros plan.
Vitrail au milieu d'une fresque
Vitrail «Hortus Conclusus»
Ce genre de vitrail sépare en deux
les grandes fresques des bas-côtés.
Fresque «Vatican I»
Fresque dans la chapelle du Travail :
«Ste Bernadette, Pie IX, Vatican I» (André-Hubert Lemaître)
Cliquez sur l'image pour afficher la fresque en gros plan.
Fresque «Le Concile d'Ephèse»
Fresque : «L'Évangélisation de l'Ancien Monde» d'Henri Marret (1878-1964)
Partie gauche : «Grégroire VII»
Cliquez sur l'image pour afficher la fresque en gros plan.
Fresque «Le Concile d'Ephèse»
Fresque : «L'Évangélisation de l'Ancien Monde» d'Henri Marret (1878-1964).
Partie droite : «Charlemagne»
Fresque «Les hospitaliers»
Vitrail au milieu d'une fresque
Vitrail «Sanctus Spiritus»

«««--- Fresque
«L'Église étend ses bienfaits à toute l'Europe» de Marguerite Hanin
Cliquez sur l'image pour afficher
la fresque en gros plan.
Fresque dans le vestibule gauche
Fresque «Saint Louis» dans la chapelle des Confesseurs
de Robert-Albert Génicot
«Bénis soient tous les pacifiques» (partiel)

La chapelle des Confesseurs est visible plus haut. Cliquez ici.
LE CHŒUR, L'ABSIDE ET LES CHAPELLES ABSIDIALES
Le chœur et son ciborium
Le chœur de l'église du Saint-Esprit avec son ciborium.
Le ciborium est couvert d'une cloche octogonale qui évoque la Résurrection.
Statue de la Vierge de Ferdinand Parpan
Le chœur
Statue de la Vierge créée par Ferdinand Parpan
La chaire à prêcher de Roger Prat
La chaire à prêcher de Roger Prat.
Elle présente une belle décoration stylisée sur le dosseret.
Croix trinitaire de Jean Dunand
Croix trinitaire de Jean Dunand
dans le chœur.
La chapelle axiale
La chapelle axiale
Chapelle absidiale Saint-Joseph
Chapelle du Travail (ou de la Sainte Famille)
avec sa fresque «La Sainte Famille» d'Henri Charlier
et son haut-relief dû à Jacques Martin.
Fresque «La Pentecôte»
Chapelle axiale, fresque de Maurice Denis : «La Pentecôte»
Cliquez sur l'image pour afficher la fresque en gros plan.

Fresque «La Pentecôte» de Maurice Denis.
Ce dessin en aplat est composé de trois registres superposés. En haut : les apôtres, disposés autour de Marie, reçoivent le don de l'Esprit Saint. Au centre : saint Paul, entouré des Pères des Églises d'Orient et d'Occident, bénissent les fidèles. Le registre inférieur illustre les sacrements et l'Église de 1930. Ajoutons que l'idée de Maurice Denis de choisir comme cadre l'arène d'un cirque romain (qui épouse la forme de l'abside) est tout à fait troublante. Effet garanti quand on se trouve devant !

Chapelle absidiale gauche du Sacré-Cœur
Chapelle absidiale gauche «des Martyrs»
Fresques : à gauche, «Saint Pierre et saint Paul» (Henri de Maistre) ; à droite, «Les actes des Apôtres» (Pauline Peugniez)
Cliquez sur l'image pour afficher la fresque en gros plan.
Bas-relief représentant la mort de saint Joseph
Chapelle absidiale droite dite «du Travail»
Splendide haut-relief représentant la mort de saint Joseph. Œuvre du sculpteur Jacques Martin (1885-1976).
Indiscutablement l'une des plus belles œuvres exposées dans l'église.


«La mort de saint Joseph» de Jacques Martin, détail.


«La mort de saint Joseph» de Jacques Martin, détail.

Jacques Martin (1885-1976).
Né à Marseille, il entre dans un atelier de sculpture à 15 ans. En 1908, il suit les cours de l'École supérieure des Beaux-Arts de Paris. Il y est élève du sculpteur Jules Coutan et du graveur Auguste Patay. En 1914, il est premier Grand Prix de Rome. Il expose au Salon des artistes français (médaille de bronze en 1925). Il fait alors partie du groupement catholique L'Arche. Il a réalisé des grands médaillons, des monuments au morts, des statues de saints et de saintes, la Vierge de la place Saint-Jacques à Metz.
Source : «L'église du Saint-Esprit» de Micheline Tissot-Gaucher (Lys Éditions Amatteis).

Fresque «La Pentecôte»
Abside, fresque de Maurice Denis : «La Pentecôte»
En haut : les apôtres réunis autour de Marie. En bas : Les Pères de l'Église rassemblés autour de saint Paul.
Cliquez sur l'image pour afficher la fresque en gros plan
Fresque «La Pentecôte»
Fresque de Jean Dupas dans le bas-côté droit
«Christophe Colomb, Concile de Trente et Renaissance»
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan.
Fresque «La Pentecôte»
Abside, fresque de Maurice Denis : «La Pentecôte»
Partie basse : Les sacrements et l'Église de 1930.
Cliquez sur l'image pour afficher la fresque en gros plan.

La fresque et le stick B dans les années 1930. Pour réaliser les décors muraux, l'architecte Paul Tournon imposa la technique médiévale de la fresque qui avait été retrouvée au début du XXe siècle par Paul Baudoin. Maurice Denis, en charge du grand décor de l'abside, peu à l'aise avec la fresque qu'il n'avait guère pratiquée, opta pour une nouvelle méthode et un nouveau matériau : le stick B.
Rappelons qu'on ne peint pas de n'importe quelle façon sur un support comme le béton, le ciment ou la pierre. Les peintures habituelles du commerce risqueraient de ne pas durer plus de quelques jours... Dans la méthode de la fresque, on applique d'abord, sur le matériau brut, un crépi qui va servir de lien entre le mur et l'enduit qui, lui-même, va recevoir la peinture. Ce crépi est un enduit assez grossier. L'enduit où l'on va peindre est un mortier fait de chaux grasse et de sable. Il doit être frais quand on y applique la peinture. L'artiste peint à l'eau et à la chaux. L'avantage de cette méthode est que, une fois l'enduit bien sec, l'ensemble de la fresque fait partie intégrante du mur car la chimie vient ici en aide à l'artiste. Bien sûr, au cours de la dessication, la peinture pénètre dans l'enduit, mais le point le plus important est la formation d'une couche cristalline de carbonate de chaux sur la peinture. Qui est ainsi protégée. La qualité de cette protection et sa pérennité dépendent évidemment de la qualité du travail du peintre. Le travail d'équipe demandé par Paul Tournon imposa des contraintes techniques rigoureuses lors du chantier : esquisses, cartons multiples, préparation du mortier, de l'enduit, des couleurs, etc. L'artiste doit aussi faire ses preuves comme ouvrier chimiste.
Maurice Denis utilisa la technique du stick B, mise au point par Pierre Bertin, ancien élève des Arts Décoratifs, et Alice Lapeyre. Le rendu du stick B est très voisin de celui de la fresque. La peinture est ici un produit émulsionné à la résine et on peut l'appliquer sans peine sur de grandes surfaces. Celles-ci doivent être

préalablement encollées par le peintre. Le stick B possède un double avantage sur la technique de la fresque : sa gamme chromatique est plus étendue et il possible de faire des retouches après séchage. Il y a malheureusement un inconvénient de taille : certaines couleurs peuvent changer complètement d'aspect une fois sèches. Mais le stick B reste plus simple que la fresque bien que l'absence de matériau intermédiaire entre le mur et la peinture ait, à l'époque, soulevé les craintes de l'architecte.

L'appréciation de l'œuvre. L'ensemble des fresques de l'église du Saint-Esprit fit l'objet d'une critique acerbe. On lui reprocha son côté compliqué qui rendait nécessaire un document explicatif. Il est vrai qu'il faut connaître à fond l'histoire de l'Église catholique pour s'y repérer... Le côté «amoncellement», «enchevêtrement» de dessins accessoires fut aussi souligné. Enfin, un ecclésiastique très en cour, le père Régamey, critiqua le manque de lien entre les différents dessins, jugés d'ailleurs peu intéressants. Plus sévère, il écrit dans la revue Art sacré en 1938 (texte cité par les sources) : «Il me semble que ce n'est là que le cas le plus criant d'un vice qui est général dans les arts académiques : l'impuissance à prendre un parti, le manque de caractère des éléments dont aucun n'est arrivé à un parfait accord avec lui-même ne peuvent faire ensemble qu'une cacophonie, quelque unité artificielle qu'on leur impose.»
Rappelons ici que cette critique vous paraîtra hors de propos si vous visitez l'église : elle est tellement sombre que le seul décor mural visible est celui de l'abside peint par Maurice Denis...
Source : «Églises parisiennes du XXe siècle» Action Artistique de la Ville de Paris, article «Le Décor mural, de l'enthousiasme au murmure» par Martine Chenebaux-Sautory.

Le chœur et le ciborium
Le chœur dominé par les grandes structures de béton de l'abside.
A l'arrière-plan et au centre, la fresque de Maurice Denis : «La Pentecôte»
La façade de l'église vue du chœur
La nef de l'église du Saint-Esprit vue du chœur avec ses grandes élévations en béton armé.
Au-dessus de la grande porte centrale : la stèle en mémoire du cardinal Verdier (voir plus haut).
L'orgue de l'église du Saint-Esprit est un orgue «complémentaire» installé dans la tribune droite et quasiment invisible depuis la nef.

Documentation : «Paris d'église en église», Massin éditeur
+ «L'église du Saint-Esprit» de Micheline Tissot-Gaucher, Lys Éditions Amatteis.
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