Accueil
Histoire navale
Céramique
Bibliographie
Les Grands Thèmes
  PATRIMOINE
Châteaux, palais,
  Eglises, monuments
Est Ouest Sud-Ouest Nord IdF Sud-Est Centre-OuestCentre-Est
RÉGIONS


 Contact
Page créée en mars 2012
Chapiteau : Daniel dans la fosse aux lions

Au Moyen Âge, l'église abbatiale Notre-Dame du Bourg-Dieu comptait parmi les plus grandes églises romanes de France. Au départ, en 917, Ebbe le Noble, prince de Déols, céda de nombreuses terres aux religieux. Lui-même s'installa dans un castrum de l'autre côté de l'Indre pour mieux lutter contre les invasions hongroises et normandes. Son fils fit encore mieux : il vécut dans la nouvelle forteresse de Château-Raoul. À ses pieds, un village se constitua : le futur Châteauroux.
La construction de l'abbaye connut plusieurs étapes jusqu'au XIVe siècle. À ce titre elle fut un témoin du mouvement artistique d'où naquit la sculpture gothique du XIIIe siècle. En 991, le premier édifice est rebâti. Le chœur est consacré par le pape Pascal II en 1107. Suivent les clochers de la façade ouest, la nef, le transept et le narthex. En 1211, le clocher de la croisée s'écroule. Il faudra trente ans pour le rebâtir. Principale pièce d'une très riche abbaye sur le chemin du pélerinage de saint Jacques de Compostelle, l'église abbatiale était immense : 113 m de long, sept clochers, déambulatoire avec sept chapelles rayonnantes. Plus petite que Cluny, sa maison mère, elle dépassait néanmoins l'abbatiale de Saint-Denis (103 m). Entre 250 et 300 personnes y vivaient - sur deux hectares -, dont une centaine de moines. 150 églises ou prieurés lui étaient rattachés. Les guerres de Religion sonnèrent le début de ses malheurs. Puis survint la sécularisation en 1628 au profit du prince de Condé. L'abbaye devint une carrière de pierres jusqu'au XIXe siècle.

Sculpture de sagittaire sur le clocher
Vestige du dernier clocher de la façade occidentale
Vestige du dernier clocher de la façade occidentale
La chambre des cloches dans la tour-clocher et ses fenêtres romanes
La chambre des cloches dans la tour-clocher et ses fenêtres romanes
Modillon du clocher
Modillon du clocher
Modillon du clocher
Modillon du clocher

La destruction de l'abbaye. La guerre de Cent Ans et les guerres de Religion marquent le début des malheurs de l'abbaye. Les Protestants s'emparent de Déols à trois reprises : en 1567, 1569 et 1589. Ils saccagent le monastère et mettent le feu à l'église abbatiale. Une partie du chœur est détruite, mais, selon les sources, le clocher de la croisée, le narthex et les quatre clochers de la façade n'ont pas trop souffert.
Le 16 mars 1628, l'abbaye est sécularisée au profit du Prince de Condé. Celui-ci en fait une carrière de pierres. Il faut réparer les domaines du duché détruits ou endommagés et les paysans s'y emploient. On ne comptera plus les maisons, fermes, ponts et même châteaux construits avec les pierres de l'abbaye. Les sources indiquent que, vers 1643, le clocher central et une partie des voûtes de la nef n'existaient déjà plus. En 1673, le narthex était rasé. Comble d'ironie, la Révolution ne toucha pas aux ruines. À l'emplacement de l'abbaye, on voyait déjà une route, des maisons et des jardins.
Au début du XIXe siècle, d'importants vestiges subsistaient : le porche nord et ses sculptures, les deux clochers de la façade occidentale, la partie de la chapelle Notre-Dame des Miracles et le grand escalier de pierre qui y conduisait.
Source : «Église Saint-Étienne de Déols», brochure de l'Office du Tourisme.

En septembre 1844, Prosper Mérimée passe à Déols et nous donne un court témoignage de ce qu'il voit de l'abbaye dans une lettre à Ludovic Vitet, président de la Commission des Monuments historiques : «J'ai trouvé Mr Joly [l'architecte Joly-Leterme] au Bourg Dieu près de Châteauroux. Il y a là une très belle tour romane, et quelques débris d'église qui font vivement regretter la perte du reste. On a démoli en 1830 pour empêcher de tomber. Rien n'eût été plus facile, m'a-t-on dit, que de restaurer. Aujourd'hui la tour appartient à la ville, qui ne paraît pas l'apprécier beaucoup. Il y aurait quelques petites réparations à y faire, dont il faudra nous charger. Mr Joly en prépare le devis.»
Source : «La Naissance des Monuments historiques, la correspondance de Prosper Mérimée avec Ludovic Vitet (1840-1848)», édité par le Ministère de l'Éducation nationale, comité des travaux historiques et scientifiques.

Sachant que les deux clochers de la façade occidentale étaient encore debout au début du XIXe siècle, on peut déduire de la lettre de Mérimée que l'avant-dernière tour a été détruite en 1830 pour des raisons de sécurité.

La maquette de l'abbaye au XIIIe siècle
La maquette de l'abbaye au XIIIe siècle
exposée à l'Office de Tourisme de Déols
La porte d'entrée du clocher et ses sculptures romanes
La porte d'entrée du clocher et ses sculptures romanes
Modillons du clocher
Modillons rieurs sur le clocher

La maquette. Elle s'inspire du dessin de Joachim Deviert de 1612 et du plan réalisé par Jean Hubert et Jacques Barge en 1924 après une étude minutieuse du terrain. L'exactitude n'étant pas possible, la maquette restitue néanmoins l'ampleur des volumes et donne une idée de l'importance de l'abbaye Notre-Dame de Déols au XIIIe siècle.

Maquette de l'abbaye : la façade et ses clochers
Maquette de l'abbaye : la façade et ses clochers
Colonnette sur la tour clocher
Colonnette sur la tour-clocher
Sculpture avec emblème du Sagittaire
Vestige d'arcades gémellées au milieu des fleurs
Vestige d'arcades gémellées au milieu des fleurs
Chapiteau à feuillages
Chapiteau à feuillages
Chapiteau avec des animaux fabuleux sur le clocher
Chapiteau avec des animaux fabuleux sur le clocher
Chapiteau : Daniel dans la fosse aux lions
Chapiteau : Daniel dans la fosse aux lions
Chapiteau de feuillages (XIVe siècle) dans le cloître ou une salle voisine
Chapiteau de feuillages (XIVe siècle) dans le cloître ou une salle voisine
Musée Bertrand, Châteauroux
Chapiteau de la tour-clocher
Chapiteau de la tour-clocher
Fenêtre romane aveugle avec voussure sculptée
Fenêtre romane aveugle avec voussure sculptée
Le clocher (XIIe siècle) et les emplacements des piliers de la nef dans le jardin
Le clocher (XIIe siècle) et les emplacements des piliers de la nef dans le jardin
Vestige d'arcade gothique au niveau du collatéral nord
Vestige d'arcade gothique au niveau du collatéral nord
Voussure d'une fenêtre romane sur la tour-clocher
Voussure d'une fenêtre romane sur la tour-clocher

Les abbayes en ruine. La campagne anglaise regorge de vestiges romans ou gothiques des vieilles abbayes d'Outre-Manche. La Reformation d'Henri VIII a causé leur perte.
En Angleterre, au XIVe siècle, l'attrait de l'idéal monastique décline fortement, phénomène que la Peste noire de 1348 accentuera encore. Seuls quelques moines vivent dans les abbayes. Les abbés eux-mêmes ont souvent été conduits, de par leurs obligations de gestionnaires des lieux, à se séculariser. Sous Henri VII (1485-1509), on se mit à penser qu'on pourrait utilement rebâtir le paysage monacal : fermer les plus petites abbayes et envoyer les moines dans les plus grandes pour les repeupler. Ceci fut fait en partie. L'Acte de Suppression des monastères pris par Henri VIII en 1536 s'attaqua aux petites abbayes, qui furent fermées. Les terres qu'elles possédaient passèrent sous l'autorité royale. Si le motif officiel était de lutter contre des lieux présentés comme des repères du vice, l'Acte fut en fait motivé par le besoin d'argent. Les envoyés de la Couronne soldèrent les comptes, renvoyèrent les serviteurs, vendirent biens et bétails et installèrent de nouveaux tenanciers. Les métaux précieux, les fournitures d'autel, les cloches, les plombs servant à la toiture, tout ce qui avait de la valeur devint propriété du roi. L'hostilité naquit un peu partout. Et surtout dans le nord du pays où elle prit la forme du «Pèlerinage de Grâce», rébellion qui fut réprimée dans le sang.
Vers la mi-1537, le roi durcit sa politique. Les moines de moins de 24 ans furent expulsés de toutes les abbayes. Aux autres il fut interdit de partir. Les moines furent incités à la délation contre leurs supérieurs, quitte à inventer... Une période de forte agitation s'ensuivit. Le but fut rapidement atteint : les abbés rendirent les lieux à la Couronne les uns après les autres. Vers octobre 1538, c'était presque au rythme de vingt monastères par mois! Il n'était plus question de «réforme» : l'État cherchait ouvertement à supprimer le monachisme et à renvoyer les moines à la vie civile avec une pension. Thomas Cromwell envoya ses agents forcer la main des abbés réticents, quitte à les exécuter quand ils s'obstinaient à ne pas rendre leur abbaye... La dernière à céder fut celle de Waltham en mars 1540. Après cette date, il n'y eut plus aucun monastère en Angleterre. À noter que cette absence allait entraîner la disparition de tous les pèlerinages. La dévotion des Anglais allait prendre une tournure nouvelle.
Faisons les comptes : tout ce qui était précieux avait été confisqué par la Couronne. Les fournitures d'autel, les habits, les chandeliers avaient rejoint les coffres royaux. Les cloches avaient été refondues sous forme de canons dans l'atelier de la Tour de Londres. Le plomb utilisé pour les charpentes avait été arraché des toits et souvent refondu sur place pour en faciliter le transport. Tandis que le bois des toits était utilisé comme combustible pour les fours... Privés de toiture et d'entretien, les bâtiments se délabrèrent rapidement. Évidemment les villageois des environs vinrent se servir en pierres, utilisant les monastères comme des carrières. Et, comme à Déols, on ne compta plus les pierres utilisées pour les routes et les maisons. D'anciens cloîtres, ou certaines parties, devinrent des manoirs ou des églises paroissiales, mais beaucoup restèrent à l'état de ruines. Néanmoins les quatorze grandes cathédrales qui étaient desservies par des moines furent sauvegardées.
Source : «Dissolution of monasteries», A Pitkin Guide - ISBN 0 85372 617 5

Maquette de l'abbaye dans l'Office de Tourisme
Maquette de l'abbaye dans l'Office de Tourisme
Le chevet de l'église abbatiale avec ses sept chapelles rayonnantes
Vestige du cloître (XIVe siècle) et des galeries couvertes
Vestige du cloître (XIVe siècle) et des galeries couvertes, ouvertes sur l'espace intérieur (aujourd'hui espace vert)
Vestige d'arcades avec trace de voûtement
Vestige d'arcades avec trace de voûtement
et chapiteau à têtes de feuilles
Vestiges du cloître (XIVe siècle)
Vestiges du cloître (XIVe siècle)
Chapiteau à tête de feuilles (cloître)
Chapiteau à tête de feuilles (cloître)
Il symbolise l'incorporation du paganisme
dans l'Église catholique.
Chapiteaux à tête de feuilles (cloître)
Chapiteaux à tête de feuilles (cloître)
Chapiteaux à tête d'ange (cloître)
Chapiteaux à tête d'ange (cloître)
Les anciens bâtiments religieux
Les anciens bâtiments religieux
À partir de 1843, ils ont accueilli un orphelinat . En 1973, la municipalité y installa la maison d'enfants de Déols.
Un bâtiment ancien de style gothique parmi les vestiges
Un bâtiment ancien de style gothique parmi les vestiges

Documentation : Feuillet sur l'histoire de l'abbaye + brochure «L'abbaye Notre-Dame de Déols» disponible à l'Office du Tourisme
PATRIMOINE CARTEPATRIMOINE LISTERetourner en HAUT DE PAGE