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Page créée en sept 2021
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«;Marie-Madeleine pénitente» de Johannes MOREELSE , détail

Avec sa superficie à taille humaine le musée des Beaux-Arts de Caen ne doit être négligé par aucun visiteur de la ville. Certes, il n'est pas aussi étendu que son voisin le musée des Beaux-Arts de Rouen, mais la qualité de ses tableaux est de la même étoffe. Logé dans un bâtiment moderne au sein de l'enceinte du château et tout près du musée de Normandie, il présente une succession de galeries agréablement aménagées. Cette page propose des extraits des importantes collections italiennes, françaises, flamandes et hollandaises du XVIe au XIXe siècle.
Historiquement, le premier musée ouvre ses portes à Caen en 1809. La volonté du pouvoir impérial est d'exposer, dans quinze villes de province, les toiles confisquées aux émigrés ou acquises lors des guerres révolutionnaires et napoléoniennes. Caen est du nombre et le musée s'installe dans une aile de l’ancien séminaire des Eudistes. Les collections s'enrichissent tout au long du XIXe siècle. En 1811, ce sont 35 peintures qui sont attribuées à Caen par le ministre de l’Intérieur. En 1853, la ville accepte un legs de 141 tableaux dont la plupart viennent de la galerie de Jean Regnault de Segrais. En 1858, nouveau legs : celui de la baronne de Montaran qui offre des œuvres de François Boucher, de Théodore Gudin et une de Pierre Mignard.
En 1872, le musée voit arriver le très important legs de la collection Mancel. Bernard Mancel est un libraire caennais qui a acheté à Rome en 1845 une grande partie de la collection du cardinal Fesch, oncle de Napoléon Ier. Cette collection, riche de plus de 50 000 œuvres, recèle des trésors : estampes de Dürer, de Rembrandt, de Callot et une trentaine de toiles dont la Vierge à l'Enfant de Rogier van der Weyden.
Au début du XXe siècle, la conservation s'oriente davantage vers l'achat d'œuvres régionalistes «d’intérêt exclusivement local» lit-on sur le site Web du musée. Malheureusement, en novembre 1905, les bâtiments, devenus vétustes, sont la proie des flammes. Une partie des collections part en fumée. Des œuvres des écoles hollandaise et flamande sont perdues. Bien évidemment, dans les presses régionale et nationale, cet incendie fait scandale. On exige que le musée soit réorganisé. Ce qui ne sera fait qu'en 1970...
Au début de la seconde guerre mondiale, une bonne partie des collections (dont la collection Mancel) sont mises à l'abri au prieuré Saint-Gabriel, à l’abbaye de Mondaye et au château de Baillou. Mais le sort s'acharne encore sur les Beaux-Arts caennais. Lors des bombardements de juin et juillet 1944, l’ancien séminaire des Eudistes, où se trouve toujours le musée, est en grande partie détruit. La plupart des œuvres qui n'ont pas été mises à l'abri sont détruites : tableaux, dessins, meubles, objets d'art, sculptures. Auxquelles il faut rajouter les archives, les inventaires et les cadres... Ce qui reste est entreposé dans les ruines de l’hôtel d'Escoville et du musée Langlois.
Dans les années 1960, un nouveau bâtiment est construit dans l'enceinte du château. Il ouvre ses portes en 1970. La conservation entame alors une politique d’acquisition centrée sur les écoles françaises, italiennes et flamandes du XVIIe siècle. En 1982, saluant leur importance ainsi que la vitalité de la politique d'acquisition, le musée est promu musée classé.
Si vous passez à Caen, ne manquez pas ce musée des Beaux-Arts. Il contient peu de sculptures, mais offre aux visiteurs des tableaux dignes d'intérêt dans un espace très étudié. Les différentes vues des salles incluses dans cette page pourront en convaincre les amateurs d'art.

«Pietà» de Luis de MORALÈS (1509-1586), détail
Une salle de l'École française
Une salle des peintures de l'École française.
Au premier plan à gauche, un bronze d'Antoine-Louis BARYE : Le Lion au serpent.
L'entrée du musée
L'entrée du musée.
Une salle d'art moderne.
Une salle d'art moderne.
Le Parc des sculptures au–dessus de l'entrée du musée
Le Parc des sculptures au-dessus de l'entrée.
FLANDRES - ÉCOLES DU NORD
Une salle des Écoles du Nord
Une salle des Écoles du Nord.

Le cachet du musée. La photo ci-dessus donne une idée assez précise de l'aspect du musée des Beaux-Arts de Caen. Il a été créé dans un ensemble de béton avec, pour seul objectif, sa fonctionnalité : assurer un espace suffisant pour admirer les nombreux tableaux qui garnissent les murs. On peut en conclure qu'il n'a pas de «cachet». À ce titre, il rejoint les musées français des Beaux-Arts construits dans le même but, comme le très riche musée de Rouen.
Ceux qui aiment se retrouver dans une atmosphère pittoresque en visitant un musée pourront se diriger vers le musée d'Arras, logé dans l'ancienne abbaye Saint-Vaast dotée d'un très beau cloître, le musée Lambinet de Versailles, logé dans un hôtel particulier de 1750 ou encore le musée de Chaumont dont une partie se trouve dans les salles basses d'un château, des salles dont le voûtement est soutenu par de pittoresques grosses piles en parasol.

«La Vierge et l'Enfant avec sainte Barbe, sainte Catherine et sainte Madeleine» ---»»»
Maniériste anversois. Vers 1505-1515. Huile sur bois.
«La Vierge et l'Enfant avec sainte Barbe, sainte Catherine et sainte  Madeleine»
«Le Dénombrement de Bethléem»
«Le Dénombrement de Bethléem»
Pieter BRUEGEL LE JEUNE dit d'ENFER (1564-1638)
Huile sur bois.

«Le Dénombrement de Bethléem». Le thème du dénombrement (avec la présence de Marie et Joseph) se superpose au paiement de la dîme à l'empereur Charles-Quint.
Cette œuvre est une copie du tableau de Pieter Bruegel l'Ancien, daté de 1566 et exposé au musée royal des Beaux-Arts de Bruxelles. Source : note affichée dans le musée.

«La Vierge et l'Enfant avec sainte Barbe, détail
«La Vierge et l'Enfant avec sainte Barbe,
sainte Catherine et sainte Madeleine» détail.
Maniériste anversois. Vers 1505-1515.
Huile sur bois.

Le maniérisme a fait des doigts de
sainte Barbe des doigts qui font peur !
«La Vierge et l'Enfant»
«La Vierge et l'Enfant»
Rogier de la Pasture ou Rogier van der WEYDEN (1399/1400-1464)
Huile sur bois.

Cette œuvre est la moitié d'un diptyque exposé aux Musées Royaux de Bruxelles. L'autre moitié représente le donateur en prière, Laurent Froimont.

Pourquoi il faut visiter les musées. Le tableau de Pieter Bruegel le Jeune ci-dessus recèle quelques détails dignes d'intérêt.
Mais on ne les découvre qu'en mettant quasiment le nez sur la toile ! Il n'est pas possible de les voir en regardant la photographie du tableau dans un livre d'art. D'où l'intérêt d'entrer dans les musées des Beaux Arts dès qu'on se trouve dans une ville que l'on visite.
La toile de Pieter Bruegel illustre le dénombrement de Bethléem, mais aussi le recouvrement de la dîme. Quoi de plus intéressant que la tête goguenarde du collecteur d'impôt, un brin provocatrice, qui reçoit les pièces d'un paysan qui, lui, affiche une mine piteuse !
La toile du baptême du Christ par Lambert Sustris donnée plus bas montre aussi un détail savoureux : une jeune femme aux seins nus se prélasse sur un rocher sous le soleil tandis que le Sauveur du monde et Fils de l'Homme est en train de se faire baptiser à côté ! Encore un détail que vous ne verrez pas dans la reproduction de ce tableau dans un livre d'art...

«Le Dénombrement de Bethléem», détail.
«Le Dénombrement de Bethléem», détail.
Pieter BRUEGEL LE JEUNE dit d'ENFER (1564-1638).
Huile sur bois.
«Intérieur d'église»
«Intérieur d'église»
Hendrick II van STEENWYCK (1580-1649).
Huile sur cuivre doublé de bois.

La note du musée indique que le tableau représente vraisemblablement une variation de l'intérieur de la cathédrale d'Anvers.
Voir un autre intérieur d'église du même artiste au musée des Beaux-Arts de Cambrai.
«Intérieur d'église», détail.
«Intérieur d'église», détail.
Hendrick II van STEENWYCK (1580-1649).

Cette partie de la toile représente une messe dans une chapelle privée, sûrement la propriété d'un haut dignitaire.
«Portrait de jeune femme»
«Portrait de jeune femme»
Cornelis JANSSENS van CEULEN (1593-1661)
Huile sur toile.
«Figure d'apôtre en prière»
«Figure d'apôtre en prière»
Jacob JORDAENS (1593-1678). Huile sur bois.
«Portrait de femme»
«Portrait de femme»
Abraham van den TEMPEL (1622/1623-1672). Huile sur toile.
Il devait faire bien froid dans les logements
pour être aussi couverts...
«Le Baptême du Christ»
«Le Baptême du Christ»
Lambert SUSTRIS (1515/1520 - après 1568)
Huile sur toile.
«Le Baptême du Christ», détail.
«Le Baptême du Christ», détail.
Lambert SUSTRIS (1515/1520 - après 1568).

La présence d'un nu féminin est originale dans une scène du baptême du Christ.
«Paysage avec convoi attelé»
«Paysage avec convoi attelé»
Frederick de MOUCHERON (1633-1686)
Huile sur toile.
«L'Assomption de la Vierge»
«L'Assomption de la Vierge»
Pierre Paul RUBENS (1577-1640). Huile sur cuivre.

Très inspiré par ce thème, Rubens a réalisé
une dizaine de versions de l'Assomption.
«Intérieur d'un laboratoire d'alchimiste»
«Intérieur d'un laboratoire d'alchimiste»
Thomas WYCK (vers 1616-1677)
Huile sur bois.
«Marie-Madeleine pénitente»
«Marie-Madeleine pénitente»
Johannes MOREELSE (vers 1603-1634)
Huile sur bois.
«Vanité»
«Vanité»
Jan Davidsz de HEEM (1606-1684)
Huile sur bois.
«Intérieur de cuisine» ---»»»
Hendrick Maertensz SORGH (1610/1611-1670).
Huile sur bois.
L'existence de ce genre de tableau est fort utile
pour les historiens de la vie quotidienne.
«La Continence de Scipon»
«La Continence de Scipon»
Claes Cornelisz MOEYAERT (vers 1590-1655). Huile sur toile.

Seconde guerre punique, après la bataille de Carthagène. Le général romain victorieux rend à Allucius,
prince des Celtibères, sa fiancée retenue prisonnière.
«Abraham et Mélchisédec»
«Abraham et Mélchisédec»
Pierre Paul RUBENS (1577-1640).
Huile sur bois transposée sur toile.

«Abraham et Mélchisédec». Le grand-prêtre Melchisédec, qui représente le pouvoir spirituel, accueille Abraham qui représente le pouvoir temporel. Melchisédec bénit son hôte et lui offre du pain et du vin en sacrifice. Cette rencontre autour du symbole eucharistique préfigure la Cène.
Cette toile est un témoin de l'engagement de Rubens en faveur de la Contre-Réforme qui réaffirme la valeur du sacrement de l'Eucharistie face aux critiques des protestants.
Source : note affichée dans le musée.

«Intérieur de cabaret»
«Intérieur de cabaret»
Adriaen van OSTADE (1610-1685).
Huile sur bois.
«Intérieur de cuisine»
«Paysage avec trois figures, un lac et un château»
«Paysage avec trois figures, un lac et un château»
Jan Frans van BLOEMEN dit L'ORIZZONTE (1656-1749)
Huile sur toile.
«Saint Jérôme»
«Saint Jérôme»
École flamande (1ère moitié du XVIIe siècle)
Huile sur bois.
Cette toile est parfois attribuée à Artus Wolffort.
ÉCOLE FRANÇAISE
Une salle de l'École française.
Une salle de l'École française.
«Le Vœu de Louis XIII», précédemment appelé «Notre–Dame de Pitié»
«Le Vœu de Louis XIII précédemment dit Notre-Dame de Pitié»
Philippe de CHAMPAIGNE (1602-1674)
Huile sur toile.

«L'Homme à la figue». Cette toile, l'une des premières de Simon Vouet, possède un léger parfum de scandale. Ce jeune homme, habillé en femme et au regard malicieux, fait avec les doigts de sa main droite le signe obscène de la far la fica : le pouce est placé entre l'index et le majeur. Geste que l'on associera avec la figue coupée en deux dans la main gauche... Simon Vouet illustre là les fêtes débridées de l'élite romaine.
Source : note affichée dans le musée.

«L'Annonciation»
«L'Annonciation»
Philippe de CHAMPAIGNE (1602-1674)
Huile sur toile.
«L'Homme àla figue»
«L'Homme à la figue»
Simon VOUET (1590-1649)
Huile sur toile.
«Saint Charles Borromée donnant la Communion»
«Saint Charles Borromée donnant la Communion»
Pierre MIGNARD (1612-1695)
Huile sur toile.
«La Samaritaine»
«La Samaritaine»
Philippe de CHAMPAIGNE (1602-1674)
Huile sur toile.

«Saint Charles Borromée donnant la Communion». Ce thème religieux est très populaire au XVIIe siècle. Charles Borromée, archevêque de Milan, est resté dans sa ville pendant la peste de 1576. Ce qui lui coûtera la vie. Sa conduite, jugée exemplaire et sans cesse rappelée dans les peintures, incarne la piété et la charité. Cette esquisse a été réalisée à l'occasion du concours pour l'ornement du maître-autel de l'église San Carlo ai Catinari de Rome. Charles Borromée s'est aussi beaucoup investi dans la Contre-Réforme.
Source : note affichée dans le musée.

«La Sibylle d'Érythrée»
«La Sibylle d'Érythrée»
École française ?
Vers 1630-1640.

Très belle œuvre caravagesque marquée par
différentes influences artistiques,
ce qui rend son attribution très difficile.
«La Sibylle d'Érythrée», détail.
«La Sibylle d'Érythrée», détail.
«Portrait du graveur Benoît I Audran»
«Portrait du graveur Benoît I Audran»
Joseph VIVIEN (1657-1734)
Huile sur toile.
«Chaumière près d'une rivière»
«Chaumière près d'une rivière»
Jean PILLEMENT (1728-1808)
Huile sur toile.
«Pastorale ou Berger gardant ses moutons»
«Pastorale ou Berger gardant ses moutons»
François BOUCHER (1703-1770)
Huile sur toile.

«Portrait de jeune femme inconnue». La note du musée indique que les Souvenirs de madame Vigée Lebrun, qui donnent la liste de ses œuvres, ne permettent pas d'identifier ce modèle.

«David insultant Goliath après l'avoir vaincu»
«David insultant Goliath après l'avoir vaincu»
Jean-Jacques LAGRENÉE (1739-1821)
Huile sur toile.
«Portrait de jeune femme inconnue»
«Portrait de jeune femme inconnue»
Louise Élisabeth VIGÉE LEBRUN (1755-1842)
Huile sur toile, 1755.
«Portrait du frère François Romain, architecte»
«Portrait du frère François Romain, architecte»
François JOUVENET (1664-1749)
Huile sur toile.

Le dominicain François Romain, originaire de Gand, fut appelé par Louis XIV pour assister Jacques Gabriel dans la construction du pont Royal. L'impétuosité de la Seine en accroissait la difficulté.
Source : note affichée dans le musée.

«Moïse exposé aux eaux»
«Moïse exposé aux eaux»
Robert LE VRAC dit TOURNIÈRES (1667-1752)
Huile sur bois.

Tournières est un peintre local puisqu'il est né et mort à Caen.
«Salomon fait transporter l'arche dans le Temple»
«Salomon fait transporter l'arche dans le Temple»
Blaise-Nicolas LE SUEUR (1716-1783)
Huile sur toile.
«Jésus chassant les marchands du Temple»
«Jésus chassant les marchands du Temple»
Simon JULIEN (1735-1800)
Huile sur toile, 1798.
«Le Soleil couchant» ou «Vue des environs de Dieppe»
«Le Soleil couchant» ou «Vue des environs de Dieppe»
Antoine LEBEL (1705-1793)
Huile sur toile.
«Assomption de la Vierge»
«Assomption de la Vierge»
Charles De la FOSSE (1636-1716).
Une salle de l'École française.
Une salle de l'École française.
«Portrait de chanoine»
«Portrait de chanoine»
Jean-Baptiste JOUVENET (1644-1717)
Huile sur toile, 1696.

Antoine Lebel a d'abord travaillé dans l'atelier de François Boucher, puis est devenu paysagiste. Le Soleil couchant ci-contre lui vaudra d'être reçu à l'Académie royale de peinture et de sculpture. La toile rappelle à l'évidence le style de Claude Gellée, dit le Lorrain. Source : note affichée dans le musée.

«Hermione rejetant Oreste»
«Hermione rejetant Oreste»
École française. Vers 1800-1810
Huile sur toile.

«Hermione rejetant Oreste» (1/2).
Cette toile, acquise par le musée à l'Hôtel Drouot en 1966, pose un problème d'interprétation. Lors de la vente, elle s'intitulait : Tableau représentant un guerrier romain avec deux femmes et son auteur restait anonyme. Françoise Debaisieux, la conservatrice du musée des Beaux-Arts de Caen qui acheta l'œuvre à l'époque, y reconnaissait une scène tirée de l'Andromaque de Racine, quand Oreste, au dernier acte, vient annoncer à Hermione qu'il a tué Pyrrhus conformément à sa demande.
Notons tout de suite que le bas de la toile, très dégradé, a bénéficié d'une excellente restauration réalisée par Normandie Patrimoine (Centre régional de conservation-restauration des biens culturels de Basse Normandie).
La conservatrice publia aussitôt cette acquisition dans la Revue du Louvre en l'attribuant à Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833) sous le titre : Oreste annonçant à Hermione la mort de Pyrrhus. De prime abord, on ne voit pas à quel autre peintre rattacher ce tableau très expressif de l'école néo-classique. En effet, le baron Guérin a déjà réalisé un Phèdre et Hippolyte et un Andromaque et Pyrrhus, tous deux au musée du Louvre (et donnés plus bas).
Dans une brochure de 2008, centrée sur ce tableau, Patrick Ramade, à l'époque lui aussi conservateur en chef du musée des Beaux-Arts de Caen, remet en cause cette attribution. Au terme d'une analyse savante, il y voit plutôt la patte d'un élève de Girodet. Ce brillant dessinateur a déjà illustré des scènes d'Andromaque dans la luxueuse édition de Didot en 1801. L'argument principal retenu par Patrick Ramade tient dans la nature du tableau lui-même et peut se résumer en deux questions antagonistes : le tableau est-il l'illustration d'une scène précise d'une tragédie ou propose-t-il la «synthèse de plusieurs scènes afin de mieux restituer les caractères des personnages» [Ramade] ?
Le conservateur nous donne sa réponse : les grands tableaux d'histoire de Guérin sur les œuvres de Racine (rappelés plus haut) offrent une conception personnelle des tragédies sans en illustrer un moment précis.    Suite --»» 2/2

«Hermione rejetant Oreste» (2/2).
Ils se classent donc dans la seconde catégorie. En effet, son tableau Andromaque et Pyrrhus ne correspond à aucune scène de la pièce. Jamais Racine ne met en présence Pyrrhus, Oreste, Andromaque, Astyanax et Céphise, la confidente d'Andromaque représentée dans la partie gauche. Même chose pour Phèdre et Hippolyte. Jamais Thésée, Phèdre et Hippolyte ne sont en présence (mise à part la très courte scène 4 de l'acte III qui n'est qu'un intermède). Ces toiles sont bien des interprétations d'auteur pour résumer en un dessin la trame de la tragédie.
À propos de la toile énigmatique d'Hermione rejetant Oreste, Patrick Ramade écrit : «Notre peintre se contente, lui, d'illustrer un moment de l'action, qui malgré son caractère dramatique n'en demeure pas moins purement narratif.» Françoise Debaisieux, en effet, attribuait le tableau à un moment très précis de la tragédie : quand Oreste se présente devant Hermione au tout début de la scène 3 de l'acte V. Dans une note, elle illustrait la scène par ces propos d'Oreste : Vous seule avez poussé les coups... Ce à quoi Hermione répond : Tais-toi perfide / Et n'impute qu'à toi ton lâche parricide.
Une étude de la pièce de Racine conduit à remettre en question cette interprétation factuelle. Reprenons le dernier acte à son début.
À la scène 1, Hermione, est en proie au doute : elle ne sait pas si elle veut vraiment la mort de Pyrrhus qu'elle aime et qui la repousse. Elle a envoyé Oreste le tuer, ce qu'elle regrette sans le regretter vraiment :

    Où suis-je ? Qu'ai-je fait? Que dois-je faire encore ?
    Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore?

.À la scène 2, surexcitée par son désir de vengeance, elle interroge sa confidente Cléone qui revient du mariage de Pyrrhus et d'Andromaque (mais qui n'en a pas vu le dénouement) pour s'assurer que sa vengeance est assouvie. Elle en doute et s'en lamente, rappelant le rôle si important de sa mère, Hélène, dans le déclenchement de la guerre de Troie. Le génie racinien met dans ses lèvres ces vers assez extraordinaires :

    Quoi ? sans qu'elle employât une seule prière,
    Ma mère en sa faveur arma la Grèce entière ?
    Ses yeux pour leur querelle, en dix ans de combats,
    Virent périr vingt rois qu'ils ne connaissaient pas ?

    Et moi je ne prétends que la mort d'un parjure,
    Et je charge un amant du soin de mon injure,
    Il peut me conquérir à ce prix sans danger,
    Je me livre moi-même, et ne puis me venger ?


Son état de surexcitation meurtrière est à son paroxysme. Survient Oreste qui déclare :

    Madame, c'en est fait, et vous êtes servie :
    Pyrrhus rend à l'autel son infidèle vie.

    Il est mort ?

                   Il expire ; et nos Grecs irrités
    Ont lavé dans son sang ses infidélités.

Suit une longue tirade d'Oreste pour décrire l'assassinat de Pyrrhus par les Grecs qu'Oreste a amenés avec lui. Le jeune homme précise bien qu'il n'a pu porter le moindre coup et d'ailleurs s'en excuse. En conséquence, son épée ne peut porter de traces de sang :

    L'infidèle s'est vu partout envelopper,
    et je n'ai pu trouver de place pour frapper.


À aucun moment de la scène, Hermione n'est susceptible de présenter un visage horrifié à la vue d'une épée ensanglantée. La prise de conscience de la mort de Pyrrhus est progressive. Le visage très expressif peint par l'artiste inconnu ne correspond pas à son état d'esprit quand survient Oreste. C'est toujours la haine envers Pyrrhus qui l'anime, associée au désir de mort. Lors de la longue description du meurtre qui suit dans la bouche d'Oreste, Racine lui donne tout le temps de ruminer son erreur et de prendre le parti contraire, mettant bien en évidence l'inconstance d'une femme déchirée entre deux desseins.
Pour autant, la toile est-elle l'interprétation personnelle d'un peintre qui, dans un seul dessin, entend résumer la trame de la pièce ? Certainement pas. Il y manque bien des faits et des personnages. Ce qui nous renvoie à l'hypothèse raisonnable d'un élève de Girodet comme auteur de la toile, un auteur qui aurait un peu «forcé» sur le déroulement de la scène.
Source : «Hermione rejetant Oreste, Musée des Beaux Arts de Caen, L'œuvre en question - 5», 2008.

«Andromaque et Pyrrhus»
«Andromaque et Pyrrhus»
1810
Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833)
********* MUSÉE DU LOUVRE *********
«Phèdre et Hippolyte»
«Phèdre et Hippolyte»
Salon de 1802
Pierre-Narcisse Guérin (1774-1833)
********* MUSÉE DU LOUVRE *********
«Le Lion au serpent»
«Le Lion au serpent»
Antoine-Louis BARYE (1796-1875)
Bronze.
«Groupe allégorique en l'honneur du dauphin
«Groupe allégorique en l'honneur du dauphin
Louis-Charles de France»
Biscuit en pâte dure, Manufacture Locré, 1791.
«Hermione rejetant Oreste», détail.
«Hermione rejetant Oreste», détail.
École française. Vers 1800-1810
Huile sur toile.

Groupe allégorique ---»»»
Il représente le dauphin Louis-Charles de France chevauchant un chien. Louis-Charles est le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, «l'enfant du Temple» et éphémère Louis XVII. Il est entouré ici de putti et des figures de Junon, Cérès et de l'Amour.
Ce biscuit en pâte dure est dédié à M. Roucelle, architecte des bâtiments de la Guerre et de la Marine. Il est daté du 18 décembre 1791.
Source : note affichée dans le musée.

«L'Abside de l'église Saint-Pierre à Caen»
«L'Abside de l'église Saint-Pierre à Caen»
François D'HERBÈS (1805-1877)
Huile sur toile, 1861.
«Les Petits patriotes»
«Les Petits patriotes»
Philippe-Auguste JEANRON (1809-1877)
Huile sur toile, 1830.

«Les Petits patriotes». Au XIXe siècle, Philippe-Auguste Jeanron fut l'un des tenants de l'«art social». À ce titre, la toile les Petits patriotes fut sa première œuvre exposée. Cette toile se veut une image des Trois Glorieuses des 27, 28 et 29 juillet 1830 qui chassèrent Charles X du pouvoir. Ces gamins de Paris, débraillés et jouant déjà avec les armes, annoncent le futur Gavroche de Victor Hugo. Ils sont devenus depuis un symbole de la République.
Source : note affichée dans le musée.

«Bonaparte pardonnant aux révoltés du Caire»
«Bonaparte pardonnant aux révoltés du Caire»
Pierre Narcisse, baron GUÉRIN (1789-1863)
Huile sur papier marouflé sur toile.
«Le Retour du fils prodigue»
«Le Retour du fils prodigue»
François-André VINCENT (1746-1816)
Huile sur toile.
«Matelots sortant du port de Saint-Valéry»
«Matelots sortant du port de Saint-Valéry»
Eugène ISABEY (1803-1886).
«Le port de Caen»
«Le port de Caen»
Stanislas LÉPINE (1835-1892)
Huile sur toile, vers 1875-1880.
«Buste de Madame Albert Guérin»
«Buste de Madame Albert Guérin»
Albert GUÉRIN (1874-1960)
Marbre, 1904.

Le musée possédait une première œuvre d'Albert Guérin,
«Le dernier ami», qui a été détruite
lors des bombardements de 1944.
«Une carrière à Caen»
«Une carrière à Caen»
Stanislas LÉPINE (1835-1892)
Huile sur toile.

La pierre de Caen. Est-ce, comme le suggère la note du musée, la carrière à ciel ouvert du faubourg Saint-Julien au nord du château que Stanislas Lépine a représentée sur la toile donnée à gauche ? Ce peut être aussi celle de Vaucelles ou de Calix, les deux autres carrières urbaines à ciel ouvert en dehors de celles du château.
Ces carrières, qui sont presque toutes dans le centre habité, creusent des pentes artificielles dans le paysage urbain. Elles sont arrivées jusqu'à notre époque très dégradées, excepté celles plus récentes des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.
Quelle était la qualité du matériau extrait ? L'historien Giovanni Coppola écrit : «Ces carrières offrent dans l'ensemble un matériau de mauvaise qualité et des blocs de petite dimension en raison des micro-diaclases qui se trouvent en surface et des effets de la pluie ou du gel sur les bancs de surface.»
Comment s'y faisait l'extraction ? La méthode la plus pratiquée consistait à creuser dans le sol pour parvenir au niveau de la pierre saine, puis à y délimiter une superficie selon la taille de cette pierre et sa composition. Les carriers mettaient ensuite à profit, parmi les fissures naturelles de la roche, celles qui étaient dans le sens de la coupe. Ils y glissaient des coins en bois ou en fer et les forçaient avec une massette. Le bloc se détachait ; on faisait la même chose sur la pierre du dessous ainsi mise à nu et, de proche en proche, on finissait par trouver une roche de la qualité recherchée.
Voir l'encadré sur la pierre de Caen à la page de l'église Saint-Pierre dans la même ville.
Source : Architecture normande au Moyen Âge, Éditions Charles Corlet & Presses Universitaires de Caen, Colloque de Ceristy-la-Salle, 1997, article sur la Pierre de Caen par Giovanni Coppola.

«La Plage de Deauville»
«La Plage de Deauville»
Eugène BOUDIN (1824-1898)
Huile sur toile, 1893.
«Paysage aux lavandières»
«Paysage aux lavandières»
Eugène BOUDIN (1824-1898)
Huile sur toile, 1873.
ÉCOLES ITALIENNES
«Crucifixion avec la Vierge et saint Jean»
«Crucifixion avec la Vierge et saint Jean»
Barnaba DA MODENA (actif à Gènes et Pise entre 1361 et 1383)
Tempera sur bois.
Une salle de l'École italienne du XVIe siècle.
Une salle de l'École italienne du XVIe siècle.
«Vierge àl'Enfant avec saint Jean-Baptiste»
«Vierge àl'Enfant avec saint Jean-Baptiste»
Giovanni Antonio SOGLIANI (1492-1544)
Huile sur bois.

«Le Mariage de la Vierge». Le Pérugin faisait-il des économies dans le choix de ses modèles ? Il est aisé de remarquer, dans le gros plan donné ci-contre, que trois des visages féminins sont ceux de la même personne ! L'un est de face. Celui de droite est vu légèrement de biais. Enfin la Vierge, à gauche, présente le visage de profil. Question : une belle jeune femme de l'entourage du peintre lui avait-elle tapé dans l'œil ?...

«Vierge à l'Enfant entre saint Georges et saint Jacques»
«Vierge à l'Enfant entre saint Georges et saint Jacques»
Giovanni Battista CIMA dit CIMA DA CONEGLIANO (vers 1469-vers 1517).
Triptyque sur bois transposé sur toile, vers 1510-1511.
«Le Mariage de la Vierge»
«Le Mariage de la Vierge»
Pietro VANNUCCI dit LE PÉRUGIN (vers 1448-1523)
Huile sur bois, 1504.
«Le Mariage de la Vierge», détail
«Le Mariage de la Vierge», détail.
Pietro VANNUCCI dit LE PÉRUGIN (vers 1448-1523).
Huile sur bois, 1504.
«Saint Jérôme dans le désert»
«Saint Jérôme dans le désert»
Pietro VANNUCCI dit LE PÉRUGIN (vers 1448-1523).
Peinture sur bois.
«Saint Jérôme dans le désert», détail.
«Saint Jérôme dans le désert», détail.
Pietro VANNUCCI dit LE PÉRUGIN (vers 1448-1523).
Peinture sur bois.

Le lion et le chapeau cardinalice
sont les attributs de saint Jérôme.
«Paysage du Latium avec bergers, troupeaux et château»
«Paysage du Latium avec bergers, troupeaux et château»
Gaspard DUGHET (1615-1675)
Huile sur toile.

Selon Tite-Live, Coriolan, menaçant de détruire Rome, reçut dans son camp sa mère Volumnie et son épouse Véturie venues le supplier d'épargner la Ville.

«La Cène»
«La Cène»
Jacopo ROBUSTI dit LE TINTORET (1518-1594). Huile sur toile.

«La Cène». La toile représente l'interrogation des apôtres après que le Christ leur a dit : «L'un d'entre vous me livrera». À gauche, Juda, penché, est déjà à l'écart.
«La Descente de croix». Le Tintoret a fait figurer beaucoup de monde dans cette descente de croix. Au premier plan, saint Jean et les trois Maries, demi-sœurs de la Vierge, tentent de réconforter la mère du Crucifié qui s'est évanouie de douleur. Deux hommes descendent le corps de Jésus tandis que Joseph d'Arimathie et Nicodème déploient le linceul. À droite, l'homme en prière est peut-être le commanditaire du tableau.
Source : note affichée dans le musée.

«La Vierge, les mains croisées sur la poitrine»
«La Vierge, les mains croisées sur la poitrine»
Francesco ALBANI (1578-1660)
Huile sur cuivre.
Francesco Albani, dit l'Albane, était un disciple
d'Annibal Carrache.
«Coriolan supplié par sa mère»
«Coriolan supplié par sa mère»
Francesco BARBIERI dit LE GUERCHIN (1591-1666)
Huile sur toile, vers 1640.
«La Descente de croix»
«La Descente de croix»
Jacopo ROBUSTI dit LE TINTORET (1518-1594)
Huile sur toile.
«Apparition du Christ à saint Pierre et saint Paul»
«Apparition du Christ à saint Pierre et saint Paul»
Paolo CALIARI dit VÉRONÈSE (1528-1588)
Huile sur toile.
«La Tentation de saint Antoine»
«La Tentation de saint Antoine»
Paolo CALIARI dit VÉRONÈSE (1528-1588)
Huile sur toile.
Antoine est tenté par une femme à moitié nue, puis agressé par un démon musculeux.
«L'Annonciation»
«L'Annonciation»
Paris BORDONE (1500-1571)
Huile sur toile, vers 1545-1550.
Cette jolie toile est plus un prétexte à peindre une architecture en perspective qu'un moyen d'exprimer la profondeur de sa foi.
C'est à se demander si l'archange Gabriel regarde la Vierge ou l'arcature panoramique...
Une salle de l'École française.
Une salle de l'École française.
«Le Mariage de la Vierge»
«Le Mariage de la Vierge»
Paris BORDONE (1500-1571)
Huile sur toile.
«La Madeleine au tombeau du Christ»
«La Madeleine au tombeau du Christ»
Pietro FACCINI (1562-1602)
Huile sur bois, années 1590.

«La Madeleine au tombeau du Christ». Ce magnifique tableau très expressif et tout en suggestions, montre une Marie-Madeleine désemparée à la vue du tombeau vide. Devant elle, deux anges gesticulent avec de grands gestes pour lui faire comprendre que son maître Jésus n'est plus là.
Les œuvres de Pietro Faccini sont rares : on n'en trouve qu'une trentaine dans le monde. Source : note affichée dans le musée.

«La Victoire de Tullus Hostilius sur les forces de Veies et de Fidena»
«La Victoire de Tullus Hostilius sur les forces de Veies et de Fidena»
Giuseppe CESARI dit LE CAVALIER D'ARPIN (1568-1640)
Huile sur bois.

«La Victoire de Tullus Hostilius». Cette imposante scène de bataille est une étude préparatoire pour l'une des immenses fresques illustrant l'histoire légendaire de Rome. Ces fresques ont été commandées au Cavalier d'Arpin pour le Palais des Conservateurs de Rome.
Source : note affichée dans le musée.

«Samson et Dalila»
«Samson et Dalila»
Giuseppe NUVOLONE (1619-1703)
Huile sur toile.
«Saint Sébastien»
«Saint Sébastien»
École Romaine, début du XVIIe siècle
Huile sur bois.
«Le Martyre de sainte Ursule et des onze mille vierges»
«Le Martyre de sainte Ursule et des onze mille vierges»
Scipione COMPAGNO (actif entre 1636 et 1658)
Huile sur cuivre.
Buste de la baronne de Montaran
Buste de la baronne de Montaran,
née Marie-Constance Moisson de Vaux (1796-1869)
Lorenzo BARTOLINI (1775-1850)
Marbre de Carrare.

«Le Martyre de sainte Ursule et des onze mille vierges». D'après la Légende dorée, ce martyre est l'œuvre des Huns et se situe à Cologne. Mais Scipione Compagno le représente près de Castelnuovo, dans la baie de Naples, dont il est originaire.
Source : note affichée dans le musée.

«Glaucus et Scylla»
«Glaucus et Scylla»
Salvator ROSA (1615-1673). Huile sur toile.

«Glaucus et Scylla». D'après les métamorphoses d'Ovide, le dieu marin Glaucus s'éprend de Scylla venue se baigner au bord de la mer. Il essaie de l'attraper, mais elle se dérobe.
Source : note affichée dans le musée.

«Le Martyre de sainte Ursule et des onže mille vierges», détail
«Le Martyre de sainte Ursule et des onze mille vierges», détail.
Scipione COMPAGNO (actif entre 1636 et 1658). Huile sur cuivre.

Ce genre de tableau est très utile aux historiens navals pour connaître la nature des navires dans les siècles passés.
On voit ici deux grands cogges à la poupe surélevée. Un dessin plein d'intérêt.

«Ecce Homo»
«Ecce Homo»
Gian Domenico TIEPOLO (1727-1804).
Huile sur toile.
«Remise de l'Ordre du Saint–Esprit par le duc de Saint–Aignan au prince Vaini
«Remise de l'Ordre du Saint-Esprit par le duc de Saint-Aignan au prince Vaini
en l'église Saint-Louis-des-Français, le 15 septembre 1737»
Giovanni Paolo PANNINI (vers 1691-1765).
Huile sur toile.
ESPAGNE ET ANGLETERRE
«Vue de Fontarabie»
«Vue de Fontarabie»
Luis PARET y ALCAZAR (1746-1799). Huile sur toile.

«Vue de Fontarabie». Par cette toile, Paret y Alcazar répond à la commande du roi Charles III d'Espagne qui voulait une série de toiles représentant les ports espagnols. Sans doute était-ce pour imiter la décision du roi Louis XV de France qui avait commandé la même chose à Joseph Vernet sur les ports de France.


Trois gros plans sur la «Vue de Fontarabie»
Trois gros plans sur la «Vue de Fontarabie»
Luis PARET y ALCAZAR (1746-1799)
Huile sur toile.
«Pietà»
«Pietà»
Luis de MORALÈS (1509-1586)
Huile sur bois transposée sur toile.
«New Mill»
«New Mill»
Joshua SHAW of BATH (1776-1861)
Huile sur bois, 1809.
«Le Couronnement d'épines»
«Le Couronnement d'épines»
d'après Jusepe RIBERA (1591-1652)
Huile sur toile.

Les forts contrastes d'ombre et de lumière marquent l'influence du Caravage.
«Pietà», détail
«Pietà», détail.
Luis de MORALÈS (1509-1586)
Huile sur bois transposée sur toile.
«Vue de l'église Saint-Pierre de Caen»
«Vue de l'église Saint-Pierre de Caen»
William FOWLER (actif à Londres de 1825 à 1867).

«Vue de l'église Saint-Pierre de Caen» (1/3).
Dans un musée, on tombe parfois sur une toile très instructive car elle témoigne du passé d'une ville ou de celui d'un bâtiment modifié, voire disparu. C'est le cas de la Vue de l'église Saint-Pierre à Caen du peintre anglais William Fowler, un tableau réalisé avant les travaux d'assainissement des années 1850.
Caen a été surnommée la «Venise normande». Comme dans le delta du Rhône, mais à petite échelle, l'Orne et l'Odon se segmentent au sud de la ville et font couler leurs bras au milieu des maisons. L'Odon rejoint l'Orne, et continue ensuite vers le nord pour se jeter dans la Manche. L'Orne naît au sud, près de Sées, puis se divise en trois branches. Les travaux pour canaliser ce petit fleuve dans la ville de Caen ont commencé sous Louis XIV, mais, jusqu'au XXIe siècle inclus, les inondations ont sans cesse remis le chantier sur la table.
L'Odon, quant à lui, prend sa source près de Jurques, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Caen et se sépare en deux rivières à la hauteur de Fontaine-Étoupefour, dans la grande banlieue de la cité normande. Jadis, le Petit Odon et le Grand Odon évoluaient parallèlement à travers Caen, de l'ouest vers l'est. Le Petit Odon, qui coulait le plus au nord, passait entre l'Abbaye aux-Hommes et l'église Saint-Étienne-le-Vieux, puis rejoignait le Grand Odon à la hauteur de l'église Saint-Pierre. Le Grand Odon coulait plus au sud : il longeait les jardins de l'Abbaye aux-Hommes et suivait un cours parallèle à la rue Saint-Pierre actuelle. Après s'être enrichi des eaux du Petit Odon, il se jetait dans la Petite Orne, dans les quartiers est de la ville. «Robert Courteheuse, fils de Guillaume le Conquérant, écrit la documentaliste Christine Méry-Barnabé dans son ouvrage Caen de A à Z, avait fait creuser un canal entre l'Orne et l'Odon qui a porté jusqu'à son recouvrement le nom de canal Robert. Ce canal, qui permettait au Moyen Âge de naviguer jusqu'aux portes de l'Abbaye aux-Hommes, est devenu par la suite une simple rigole d'écoulement entre l'Orne et l'Odon.» ---»» Suite 2/3 ci-dessous.

«Vue de l'église Saint-Pierre de Caen», détail
«Vue de l'église Saint-Pierre de Caen»
Détail : les lavandières.

«Vue de l'église Saint-Pierre de Caen» (2/3).
Conséquence logique de la présence de ces rivières dans la ville : les habitants s'en servaient évidemment d'égouts, avec les odeurs nauséabondes que l'on imagine, les dépôts d'ordures cachés par la vase, sans oublier les bactéries et leur cortège d'épidémies. Le tableau de William Fowler le montre aisément : les Caennaises y lavent leur linge et tout le monde y jette à peu près ce qu'il veut. Dans leurs relations, des écrivains de passage s'offusquent ouvertement de ces «cloaques». À ce dangereux tableau il faut encore ajouter les inondations qui envahissent trop souvent les maisons et les échoppes, transformant des quartiers entiers de Caen en une véritable petite Venise. Plusieurs causes sont à redouter : d'abord l'automne ; puis un redoux brutal en hiver entraînant une fonte brutale des neiges ; enfin, de fortes pluies combinées à des marées de fort coefficient.
Pourtant la présence de ces bras de rivières ne fait pas que des malheureux. Les peintres romantiques y voient une merveilleuse source d'inspiration mêlant les cours d'eau, les arbustes et les vieilles pierres. En l'occurrence celles de l'église Saint-Pierre ! Christine Méry-Barnabé cite ainsi Théophile Gauthier qui relate dans un journal de voyage : «Si vous voulez voir Saint-Pierre dans toute sa beauté, il faut vous placer de l'autre côté du ruisseau qui baigne son chevet. C'est là que s'assoient les aquarellistes sur une pierre [...] Le cours d'eau obstrué de pierres, de tessons, de plantes aquatiques, d'oseraies qui ont pris racine sur la berge, forme un premier plan arrangé à souhait, à droite s'affaissent quelques vieilles maisons lézardées.»
Pour éradiquer cette pestilence et ce nid à bactéries arrive un homme énergique et déterminé : François Gabriel Bertrand (1797- 1875). Maire de Caen de 1848 à 1870, député de 1863 à 1869, il va lancer les travaux de recouvrement des deux Odons et bouleverser à jamais l'aspect de sa ville. Mettant à profit la loi d'expropriation de 1807, il fait raser les habitations vétustes qui entourent l'église Saint-Pierre et supprime une fois pour toutes les points de vue pittoresques chers aux romantiques. Exit saules, oseraies, vieux ponts et moulin ! Exit les vieilles pierres paresseuses que l'onde caresse sous le soleil !
Résultat immédiat : les poètes sont consternés ! Christine Méry-Barnabé relate quelques-unes de leurs réactions outrées. Ainsi Barbey d'Aurevilly qui regrette «les embellissements à contre-sens de cette malheureuse ville» ! Ainsi l'historien Gabriel Vanel qui prend le temps de ponctuer sa prose d'une touche romantique : «l'abside de l'église ne baigne plus dans l'eau ses fines sculptures», mais qui se console en maudissant «l'hygiène [qui] est trop souvent, je n'ose pas dire toujours, le contraire de l'intéressant et du pittoresque»...

Après l'épidémie de choléra qui frappe Caen en 1854, Bertrand fait accélérer les travaux : destruction d'immeubles malsains, élargissement de rues avec parfois pavage payé par les propriétaires riverains. En 1856, on creuse un puits artésien pour rechercher une eau plus pure. Malheureusement, cette eau sera porteuse de la typhoïde. En 1857, on réalise un nouveau réseau de captage et de distribution d'eau, suivi en 1859 de la construction d'un réservoir d'eau potable. L'éclairage au gaz se répand dans les quartiers de la ville. Notons un point intéressant : la publication entre 1849 et 1870 de règlements sur l'hygiène public (balayage de rues, écoulement des eaux de pluie, évacuation des eaux ménagères). En 1850, Bertrand inaugure un établissement gratuit de bains et lavoirs publics... qui sera pitoyablement mis en échec par la concurrence privée. Le bâtiment deviendra une caserne de pompiers.
Fatigué, malade, Bertrand renonce à toutes ses fonctions en 1870 et se retire à la campagne. Il meurt à Bellou-en-Houlme le 24 avril 1875. Il est enterré au cimetière Saint-Jean à Caen. Un boulevard de la ville porte son nom.

En 1883, le couvrement de l'Odon était achevé depuis longtemps quand la Société Française d'Archéologie vint en juillet tenir son Congrès annuel. Là, entre rapports d'experts et analyses savantes, fut organisée pour les participants une Promenade à Caen. Historiens et archéologues parcoururent la ville en s'arrêtant devant tous les monuments historiques. Eugène de Beaurepaire, secrétaire général de la Société, en rédigea un compte-rendu fort intéressant. Un siècle et demi plus tard, sa prose nous renseigne sur l'opinion de doctes messieurs vivant sous la IIIe République, Jules Ferry étant président du Conseil.
Après s'être extasié sur le magnifique chevet de l'église Saint-Pierre érigé au XVIe siècle par Hector Sohier (un bijou architectural, écrit-il), il s'attaque au problème du couvrement de l'Odon. Sa prose mérite d'être citée :
«Malheureusement, depuis qu'une voûte recouvre la rivière sur les bords de laquelle il s'élevait, ce bijou architectural a perdu une partie de sa valeur. On ne saurait trop regretter que la municipalité caennaise n'ait pas compris la nécessité de maintenir au pied de l'abside, non un fossé d'aspect triste et maussade, mais une nappe d'eau limpide dans laquelle elle eût pu se refléter tout entière en devenant ainsi plus gaie, plus lumineuse et plus grande. Même avec les transformations de voirie projetées, le problème à résoudre, s'il offrait quelques difficultés, n'était certainement pas insoluble, et il eût honoré l'artiste qui l'eût mené à bien et la ville qui en eût eu la noble préoccupation.»
---»» Suite 3/3 ci-dessous.

«Vue de l'église Saint-Pierre de Caen» (3/3).
---»» L'auteur cite ensuite un extrait du Bulletin de la Société des Antiquaires où le célèbre architecte de l'époque, Victor Ruprich-Robert, se plaint, dans un accès de romantisme, qu'au chevet de Saint-Pierre la merveilleuse union d'art entre l'eau et la pierre ait été brisée : «Vous vous souvenez de son élégant soubassement aux fines moulures se mirant alors dans l'Odon et actuellement enfoui dans le sol, malgré l'étroit fossé qui l'entoure, de ce mariage de la pierre et des eaux qu'un artiste du XVIe siècle avait cru rendre indissoluble. Eh bien ! cette union merveilleuse d'art a été brisée ! Était-il donc nécessaire, dans cette circonstance, de sacrifier à un besoin matériel, qui pouvait recevoir autrement satisfaction, la conservation d'un de ces chefs-d'œuvre d'architecture qui, eux, ne se remplacent pas.»
Beaurepaire termine sa critique du couvrement de l'Odon par une prose assez étonnante dans la France de Jules Ferry, dominée par le souci impérieux de l'Instruction publique : «Nous ne sommes malheureusement pas au bout de nos désastres. L'abside d'Hector Sohier, popularisée par la gravure, est à l'heure qu'il est gravement endommagée, et l'on peut prévoir le moment où, grâce à l'action du temps et à l'incurie des hommes, ce chef-d'œuvre de la Renaissance française n'existera plus qu'à l'état de souvenir. L'argent abonde, paraît-il, pour la construction de bâtisses scolaires, aussi dispendieuses qu'inutiles ; mais d'ici longtemps encore il fera défaut pour la restauration des œuvres immortelles qui forment le trésor incomparable des richesses d'art de notre pays.»
Heureusement qu'Eugène de Beaurepaire n'était pas là en juin 1944 pour voir le déluge de bombes anglaises s'abattre sur la ville...
Voir aussi l'article de Beaurepaire sur les peintures du chœur de l'église Saint-Michel de Vaucelles et le refus de l'Administration de prendre part au financemet de leur restauration.
Sources : 1) Caen de A à Z par Christine Méry-Barnabé, éditions Alan Sutton, 2006 ; 2) Congrès archéologique de France tenu à Caen en 1883, compte-rendu de la Promenade dans Caen par Eugène de Beaurepaire.

«Vue de l'église Saint-Pierre de Caen», détail
«Vue de l'église Saint-Pierre de Caen»
Détail : des passants regardent le reflet des pierres dans l'eau.
ART MODERNE
Une salle d'Art moderne.
Une salle d'Art moderne.
«Nu couché dans un paysage»
«Nu couché dans un paysage»
Henri LEBASQUE (1865-1937)
Huile sur toile, vers 1911-1912.
«Le Bassin du Roy au Havre»
«Le Bassin du Roy au Havre»
Albert MARQUET (1841-1927)
Huile sur toile 1906.
«Baigneuses»
«Baigneuses»
André LHOTE (1885-1962)
Huile sur toile.
«Femme nue assise»
«Femme nue assise»
Théo van RYSSELBERGHE (1862-1926).
Huile sur toile, vers 1900-1910.
«La Joueuse de boules», détail.
«Le Cannet au printemps»
«Le Cannet au printemps»
Henri LEBASQUE (1865-1937)
Huile sur toile, 1927.
«Le Balcon»
«Le Balcon»
René-Xavier PRINET (1861-1946)
Huile sur toile, 1905-1906.
«Au Balcon à Venise»
«Au Balcon à Venise»
Maurice DENIS (1870-1943)
Huile sur toile, 1907.
«La Joueuse de boules»
«La Joueuse de boules»
Jean-Léon GÉRÔME (1824-1904).
Marbre sculpté, patiné et rehaussé
de polychromie, vers 1902.
«««--- «La Joueuse de boules», détail.
Jean-Léon GÉRÔME (1824-1904).
Marbre sculpté et patiné.

Documentation : «Caen» de Xavier Barral i Altet, édition Jean-Paul Gisserot
+ Site du musée des Beaux-Arts de Caen
+ «Architecture normande au Moyen Âge», Éditions Charles Corlet & Presses Universitaires de Caen, Colloque de Ceristy-la-Salle, 1997
+ «Caen de A à Z» de Christine Méry-Barnabé, éditions Alan Sutton, 2006
+ «Hermione rejetant Oreste, Musée des Beaux Arts de Caen, L'œuvre en question - 5», 2008
+ «Congrès archéologique de France» tenu à Caen en 1883, compte-rendu de la Promenade dans Caen par Eugène de Beaurepaire.
+ panneaux d'information affichés dans le musée.
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