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Page créée en sept. 2022
Dol-de-Bretagne
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Tombeau de Thomas James, détail

Dol-de-Bretagne, à l'est de Saint-Malo, compte aujourd'hui moins de six mille habitants, mais son passé ecclésial est riche. Après avoir été pillée en 1203, la ville connut un XIIIe siècle de paix qui favorisa la production artisanale et agricole. Proche de la côte, les Dolois pratiquaient le commerce maritime, notamment avec l'Angleterre et malgré les interdits royaux. Sur terre, ils profitaient d'un important axe de circulation tout proche entre la Bretagne du nord et la Normandie. Sa richesse venait aussi des pèlerins en route pour le Mont-Saint-Michel ou venus à Dol vénérer les reliques de Samson, premier primat de Bretagne et saint très populaire.
Jusqu'à l'importante étude d'Anne-Claude Le Boulc'h sur la cathédrale Saint-Samson parue en 1999, on situait le début de la construction de l'édifice juste après l'incendie de 1203 provoquée par les troupes de Jean sans Terre ; de même, on embrassait l'élévation de la nef dans une seule période.
On distingue maintenant mieux les événements malgré l'absence de sources historiques.
Les routiers du roi Plantagenêt s'emparent des reliques doloises en 1203. Elles seront gardées par l'archevêque de Rouen. En 1223, l'évêque de Dol les récupère à sa demande. Les temps sont apaisés ; le pèlerinage doit affirmer la puissance du diocèse : il est temps d'élever une imposante cathédrale de style gothique qui fera la fierté des membres du chapitre. Le monument fera 93 mètres de long et prendra la place de l'ancien, de style roman, le long du rempart sud-ouest.
La construction démarre par la nef vers 1245, les vestiges romans de la tour nord étant réutilisés pour la nouvelle tour. Le premier niveau (grandes arcades et bas-côtés) est l'œuvre d'un premier maître resté inconnu. Un deuxième maître, tout aussi inconnu, mais certainement d'origine anglaise, est chargé des deux niveaux supérieurs. Il donne à l'ensemble un fort accent anglo-normand. La nef est achevée vers 1275-1280, ainsi qu'une bonne partie du côté ouest du transept, ce qui permet vraisemblablement la célébration du culte. La fin du transept, le chœur et les chapelles latérales sont l'affaire d'un troisième maître d'œuvre, dont on ne sait rien non plus, dans les dernières décennies du XIIIe siècle. En 1301, cette moitié orientale est pratiquement achevée. Fidèle au goût anglais, le troisième maître a créé un chevet plat et un déambulatoire rectangulaire. Le chevet est creusé d'une vaste baie permettant d'illuminer le sanctuaire. Vers 1290, la baie reçoit la célèbre maîtresse-vitre de Dol, qui est toujours en place.
Au début du XIVe siècle, une chapelle d'axe est ajoutée, puis des salles annexes (sacristie, salle capitulaire). Le grand porche sud est bâti à cette même époque, de même que la poursuite de l'élévation de la tour sud.
En 1700, pour installer un grand orgue, la grande baie occidentale est partiellement murée. Trois baies plus modestes la remplacent, défigurant la façade d'origine.
À la Révolution, la cathédrale devient temple de la Raison, puis écurie et entrepôt. Un jeu de paume est même installé dans le transept, avec des conséquences fâcheuses sur les verrières des bras nord et sud (voir l'historique des vitraux de Saint-Samson). L'édifice a été classé monument historique dès la première liste de 1840. Prosper Mérimée y a pris une part active (voir plus bas des extraits de sa communication au ministre de l'Intérieur en 1836).
La cathédrale Saint-Samson est le plus grand édifice gothique de Bretagne. Son style très pur, très dépouillé ne laisse place à aucune sculpture, à aucun chapiteau élaboré. Le peu de statues, de tableaux, voire de tombeaux que l'on y voit a été rajouté dans les siècles suivants. Dans le bras nord du transept, le tombeau de l'évêque Thomas James, réalisé en 1507, inaugure l'arrivée en Bretagne du style Renaissance.
Ajoutons qu'en août 1944 l'édifice a été sauvé de la destruction grâce à l'entremise de belligérants de bonne volonté. Les vitraux du XIXe siècle ont ainsi tous survécu au conflit, tout comme les tympans du XIIIe siècle (qui n'avaient pas été déposés contrairement à la grande verrière orientale, mise à l'abri en 1942).

Verrière de la baie 100, XIIIe siècle, lancette de l'histoire d'Abraham
Vue d'ensemble de la cathédrale Saint-Samson
Vue d'ensemble de la cathédrale Saint-Samson.
La cathédrale de Dol est célèbre pour la pureté de ses lignes et sa sobriété austère.
Un détail saute aux yeux du visiteur : les colonnettes en délit (nord et sud) sur les colonnes monocylindriques du vaisseau central.
La cathédrale Saint-Samson vue depuis le nord-ouest
La cathédrale Saint-Samson vue depuis le nord-ouest.
Au premier plan : la tour nord, renforcée vers 1520 d'un appareil extérieur.
Le contrefort nord-ouest qui la soutient présente alternativement un plan carré et un plan en triangle.
Sur la partie centrale de la façade, la marque d'une grande verrière, supprimée vers 1700, est bien visible.
Sculpture de Nominoé dans le jardin devant la cathédrale
Sculpture de Nominoé
dans le jardin devant la cathédrale.

Nominoé (vers 800-851).
Il est considéré comme le père fondateur d'une Bretagne unifiée et indépendante.
Refusant la tutelle de l'archevêque de Tours sur la Bretagne, il fonde la province ecclésiastique doloise en déposant les cinq évêques fidèles à l'aire tourangelle.
Après ce schisme, Nominoé, selon certains historiens, s'empara du titre de roi de Bretagne et fut couronné par l'archevêque de Dol en 850.

Le jardin devant la cathédrale
Le jardin devant la cathédrale.
Sculpture en granit dans le jardin devant la cathédrale
Sculpture en granit dans le jardin devant la cathédrale.
Les remparts de Dol-de-Bretagne
Les remparts de Dol-de-Bretagne.
Les remparts de Dol-de-Bretagne
Les remparts de Dol-de-Bretagne.
La municipalité de Dol a créé une agréable promenade le long des remparts de la ville.
La cathédrale de Dol vue depuis le chemin qui mène au Mont-Dol
La cathédrale de Dol et ses 93 mètres de long vus depuis le chemin qui mène au Mont-Dol.
La tour sud de la façade ouest
La tour sud de la façade ouest.
Sa partie basse a subi une consolidation vers l'année 1700.

Le côté nord de la cathédrale vu depuis le chevet. ---»»»
Les chapelles latérales sont surmontées d'un muret crénelé,
rappelant le rôle défensif joué par l'édifice
qui était situé tout près du rempart sud-ouest.

Architecture extérieure (1/4). Une fois écarté l'aspect massif, austère du monument, différentes parties de la cathédrale de Dol peuvent susciter l'intérêt. On se souviendra qu'elle était autrefois, sur son côté nord, toute proche des remparts qui entouraient la ville. Il fallait donc que ce côté se présentât comme un complément du système défensif, ce qu'illustrent les créneaux sur les chapelles nord (photo ci-dessous).
Le visiteur entre par le portail de la façade ouest. Il faut reconnaître que cette façade, largement décriée, se rapproche plus du blockhaus que de l'élément cultuel de l'ère gothique. Les tours nord et sud s'imposent de leur masse presque aveugle et prennent en étau la partie centrale. Cette dernière n'est ouverte que de trois petites fenêtres en plein cintre : c'est le résultat des transformations du tout début du XVIIIe siècle quand on dressa un buffet d'orgues contre la façade. Le Moyen Âge y avait creusé une haute fenêtre dont le pourtour est encore bien visible. À travers une vaste verrière, la lumière inondait toute la nef.
Le portail ouest et son appareil tout simple remplacent un ancien porche hors œuvre à trois arcades, vraisemblablement supprimé lui aussi lors de l'installation de l'orgue. Ce porche «devait comporter un étage, accessible depuis un étroit passage latéral dans la tour nord», écrivent Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult dans Bretagne gothique (Picard, 2010). Pourquoi ce porche, qui ne gênait en rien l'orgue, a-t-il été supprimé ? Sans apporter de réponse, les deux historiens rappellent le contexte dolois à l'époque : «Il est vrai que cette partie de la cathédrale, expliquent-ils, située sous l'Ancien régime dans un cul-de-sac formé par le coude de l'enceinte urbaine ne fut guère privilégiée.»
Les étages apparents des tours ne se correspondent pas. D'ailleurs les marques de séparation horizontale de la tour sud (donnée ci-contre) ne correspondent pas non plus à ses étages intérieurs.
La tour nord possède un soubassement roman, bien visible à l'intérieur de l'édifice. Vers 1520, il menaçait ruine. L'évêque Mathurin de Plédran le fit renforcer à l'extérieur sur la totalité de son pourtour et en profita pour y faire graver ses armes (que la Révolution martela). De puissants contreforts consolidèrent l'élévation. Celui de l'angle nord-ouest présente une étonnante alternance de plans carrés et de plans en triangle (voir photo du haut). Tous les étages de cette tour sont ornés de bas-reliefs de style gothique Renaissance, ce qui est considéré comme exceptionnel en Bretagne. ---»» Suite 2/4

La cathédrale vue depuis le chevet

Architecture extérieure (2/4). ---»» La tour sud comprend quatre étages, tous bâtis à différentes époques. Celui du bas inclut les vestiges de la cathédrale romane, mais date, pour l'essentiel, du XIIIe siècle. Au-dessus, l'étage est orné d'arcatures aveugles en tiers-point.
Les deux premiers étages de cette tour ont été renforcés, au sud et à l'est «par un massif de consolidation, exécuté de 1699 à 1701, grâce à une subvention de 23.000 livres votée par les États de Bretagne», écrit René Couffon pour le Congrès archéologique de 1968. L'étage suivant est du XVe siècle. Quant au clocher (quatrième étage) il remonte à la première moitié du XVIe siècle. Son décor d'arcatures en plein cintre, aveugles ou ajourées, est typique de l'époque.
Les différences très nettes entre l''élévation de la nef et celle du chœur engagent à faire le tour de l'édifice, ce que la topographie du lieu permet facilement. La coupure dans les époques de construction est évidente. Au couple assez sobre des fenêtres de la nef (qui sont à deux lancettes et oculus surmonté d'une simple baie en tiers-point) a succédé, dans le chœur, un appareil à l'ornementation plus recherchée : un couple de baies en tiers-point à trois lancettes surmonté d'un tympan riche d'un quadrilobe et deux trilobes. Mais, quel que soit le travail réalisé sur les baies, la pierre de granit impose sa grisaille austère.
Deux éléments sont à noter sur le côté sud : le «petit porche» et le portail sud.
Le petit porche date de la seconde moitié du XIIIe siècle. Il donnait un peu d'ampleur au portail privé réservé à l'évêque. Au XVe, sous l'épiscopat de l'évêque Cœuret, il fut profondément modifié. Le prélat en profita pour faire graver ses armoiries dans un écusson tenu par deux lions et surmonté de la tiare papale et du chapeau d'évêque. Une nouvelle modification eut lieu au début du XVIe ; la dernière date de l'année 1906. ---»» Suite 3/4

Ornementations sculptées sur la tour nord
La tour nord est restée inachevée
La tour nord est restée inachevée.
Ponctuée de petites fenêtres, un escalier à vis s'élève jusqu'au dernier étage.

«««--- Ensemble de bas-reliefs gothiques sur un étage de la tour nord.
Portail de la façade ouest
Le portail très sobre de la façade ouest montre clairement
qu'on a jadis supprimé un porche à trois arcades.
Élévation nord du chœur et ses baies à trois lancettes et à tympan à remplage
Élévation nord du chœur et ses baies à trois lancettes et à tympan à remplage.
Élévations nord de la nef
La nef : Élévations du premier et du second niveau.
Sur les deux niveaux, les baies sont plus simples
que celles du chœur.
Une gargouille sculptée dans le granit (bras sud du transept)
Une gargouille sculptée dans la pierre de granit
(bras sud du transept).
Élévation de second niveau et contreforts du chœur
Le chœur : Élévation de second niveau et contreforts.
Le remplage des tympans comprend un quadrilobe et deux trilobes.
Les armoiries sur le «Petit porche»
Les armoiries de l'évêque Étienne Cœuret sur le
«petit porche» contiennent un semis de cœurs.

Le «petit porche» était réservé à l'évêque, le palais épiscopal se situant juste en face. Toutefois, Anne-Claude Le Boulc'h, dans son étude très fouillée sur la cathédrale de Dol (1999), signale que, d'après des sources anciennes, ce passage était en fait une galerie couverte. Quant au petit porche, il aurait été d'accès libre pour tout le monde.

Le portail sud dit «Petit porche» était réservé à l'évêque
Le portail sud dit «petit porche» était réservé à l'évêque.

Selon l'historien René Couffon, ce porche, à l'origine, a servi de modèle
au porche nord de la cathédrale Saint-Corentin à Quimper.
Le porche Saint-Magloire dans le bras sud du transept
Le porche Saint-Magloire termine le bras sud du transept.

Architecture extérieure (4/4). ---»» Sur les trois côtés, les écoinçons et les voussures recevaient un décor sculpté, riche de statuettes et de bas-reliefs. S'y trouvaient illustrées la Vie du Christ, celle de saint Samson, de saint Judicaël, de sainte Catherine, de Nominoé, auxquelles il faut ajouter celles d'autres rois et de saints bretons. Tout ce décor a été détruit à la Révolution et refait en 1898. Au XXe siècle, au sud et à l'est, les statuettes des voussures ont été remplacées par de simples moulures.
Au XIIIe siècle, fidèle à l'influence anglaise, la cathédrale se terminait, à l'est, par un chevet plat, orné d'une grande verrière plus vaste que celles des bras du transept. Au XIVe, une chapelle d'axe, dédiée à l'origine à saint Samson, mais à présent au Saint-Sacrement, a été ajoutée. Cette chapelle gothique modifie totalement l'aspect du chevet qui est cependant toujours soutenu par deux grands arcs-boutants. Sans doute l'objectif de cet ajout était-il de contrebuter le chevet.
Sources : 1) Congrès archéologique de France, Haute-Bretagne, 1968 ; 2) Bretagne gothique de Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult; 3) La cathédrale de Dol d'Anne-Claude Le Boulc'h.

Architecture extérieure (3/4). ---»» En 1968, pour le Congrès archéologique tenu en Haute-Bretagne, René Couffon, sans doute dépité, écrit qu'«il fut décoré de feuillages dans le plus pur style Viollet-le-Duc.» Et il ajoute : «Il serait fort opportun de lui rendre son aspect primitif, ce qui paraît aisé, le porche nord de Saint-Corentin à Quimper s'en étant très fortement inspiré.» Le problème est que, sur le côté nord de la cathédrale de Quimper, outre une petite porte, il y a deux vrais portails : l'un, avec une seule arcade, termine le bras nord du transept ; l'autre est un porche secondaire, avec deux arcades. René Couffon doit faire référence au second. Voir ces deux portails plus bas.
Les baies des bras nord et sud du transept reçoivent d'imposantes verrières. On y voyait jadis des vitraux anciens que la Révolution a cassés. Depuis les années 1880, ont pris place des créations de l'atelier manceau Jacquier et Küchelbecker (Vie de sainte Anne et Vie de saint Magloire).
Le bras sud se terminait à l'origine par deux portes jumelles encadrées par un petit porche en berceau (voir plan). Le grand porche qui le précède maintenant (photo à gauche), bâti au XIVe siècle, a été renforcé peu après sa construction par deux lourds massifs recevant colonnettes, gâbles et statues (ces dernières ont disparu). Ce grand porche, dédié à Saint-Magloire, s'ouvrait par trois grandes arcades semblables à celle que l'on voit toujours au sud (photo ci-dessous) : arcade en tiers-point ; voussures moulurées ; scènes sculptées dans les écoinçons. Sous l'épiscopat d'Étienne Cœuret (début du XVe siècle), les côtés est et ouest ont été murés dans leur partie basse et ornés d'un remplage gothique. ---»» Suite 4/4

Le porche Saint-Magloire
Le porche dit «Saint-Magloire» vu du côté sud.
Au fond, les portes jumelles datent du XIIIe siècle.
Ce passage est en général fermé. L'entrée dans la cathédrale se fait par le portail de la façade ouest.
Voussures et écoinçon sculptés dans le porche Saint-Magloire
Voussures et écoinçon sculptés dans le porche Saint-Magloire (côté nord).
Détruit à la Révolution, l'ensemble a été refait en 1898.
Écoinçon sculpté du porche Saint-Magloire, face sud
Écoinçon sculpté du porche Saint-Magloire, côté sud.
Détruites à la Révolution, les saynètes ont été refaites en 1898.
Les statuettes dans les voussures (refaites en 1898) ont été supprimées au XXe siècle.
CATHÉDRALE SAINT-CORENTIN À QUIMPER ---»»»
Deux porches sur le côté nord.

Selon l'historien René Couffon, le «petit porche» de la cathédrale de Dol ressemblait vraisemblablement, à l'origine, au porche à deux arcades ci-contre, à l'extrême-droite.
La face ouest du porche Saint-Magloire
Le côté ouest du porche Saint-Magloire a été muré sous l'épiscopat
d'Étienne Cœuret (début du XVe siècle) et un remplage ajouté sous l'arcade.

Porche du bras nord du transept.
Cathédrale Saint-Corentin à Quimper.

Porche occidental sur le côté nord.
Cathédrale Saint-Corentin à Quimper.
LA NEF ET LES BAS-CÔTÉS
Élévations sud de la nef de la cathédrale Saint-Samson
Élévations sud de la nef de la cathédrale Saint-Samson.
Face au vaisseau central, les colonnettes en délit sont reliées à la pile monocylindrique par trois queues de pierre.

Architecture de la nef (1/2). La cathédrale de Dol est réputée pour la pureté de ses lignes, tout comme pour son austérité. Richesse des formes, dégradés des tiers-points, rétrécissement des arcades à mesure que l'on monte d'étage, dépouillement étudié de la pierre, «arcades dans les arcades» au deuxième niveau apportant une petite touche romane : quelle élégance dans l'élévation de la nef ! Tout y est pour satisfaire l'œil. Le visiteur admire immédiatement la beauté de l'ordonnancement que ne vient atténuer aucune surcharge.
Une fois élevé le premier niveau de la façade, les bâtisseurs continuèrent par la nef, probablement vers 1245-1250. Son premier niveau s'étale sur six travées (sans compter le vestibule entre les deux tours). Le maître d'œuvre en est inconnu. Le style choisi (colonnes monocylindriques et fenêtres des bas-côtés à deux lancettes surmontées d'un oculus) trahit une forte influence normande. Il n'a pas réalisé les niveaux supérieurs, mais qu'avait-il prévu ? Les historiens ne le savent pas. Peut-être une prolongation du style normand avec des murs peu épais, sans galerie de circulation, et des fenêtres hautes simples laissant un important plein de mur.
L'arrivée d'un deuxième maître bouleversa le projet. Influencé par le style anglais, celui-ci modifia le premier niveau pour l'adapter à l'idée architecturale qu'il voulait imposer dans les niveaux supérieurs. Prosper Mérimée, qui connaissait la cathédrale de Salisbury, visita Saint-Samson en 1835 et ne s'y trompa pas : le style anglais était très présent (voir plus bas). L'architecte fit entourer les colonnes monocylindriques de la nef par quatre colonnettes en délit disposées en croix. Étant au niveau des yeux, cet ajout, très voyant, modifie grandement le style de l'ensemble.
Le deuxième maître a pu inclure facilement sa modification du côté de la nef et du côté de l'arcade : prolongement de la colonnette jusqu'à la retombée des voûtes ; ajout d'une moulure sous l'arcade. En revanche, du côté du collatéral, il a dû se contenter d'un pis-aller fort curieux : la colonnette en délit ne débouche sur rien ! Voir photo en gros plan plus bas.
Ce n'est pas tout car, de son côté, dans les collatéraux, la retombée des voûtes présente une liaison un peu bâclée. Dans leur ouvrage Bretagne gothique, Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult soulignent le travail réalisé par le premier maître du côté des murs gouttereaux (colonnes encastrées dans des gaines bien visibles), et remarquent qu'«en face, faute de place, les nervures des voûtes retombent maladroitement, à l'étroit sur les tailloirs des piles de la nef.». Par chance, cette liaison disgracieuse est nettement au-dessus de la hauteur des yeux. ---»» Suite 2/2

Bas-relief rappelant la sauvegarde de la cathédrale en 1944
Bas-relief rappelant la sauvegarde
de la cathédrale en août 1944.
Bénitiers en granit dans l'avant-nef
Bénitiers en pierre des XIVe et XVe siècles
dans le vestibule.

Bénitier avec ornementation florale ---»»»

Une bonne action. Dans les guerres, il se trouve toujours des hommes de bonne volonté pour éviter les bains de sang et les destructions. C'est en 2008 que l'on apprit que les Américains avaient prévu, en août 1944, de pilonner Dol pour prendre la ville.
Grâce à l'initiative du colonel US Robert Foster de la 83e division d'infanterie, un homme sans aucun doute sensible aux vieilles pierres, la ville et la cathédrale furent sauvées.
Celui-ci ordonna au sergent Pusta et au caporal O'Donnel de se porter en avant et d'aller trouver le maire de Dol par intérim. Objectif : le convaincre de discuter avec l'ennemi retranché dans la place pour trouver un accord d'évacuation.
En pleine nuit, ils allèrent parlementer avec l'officier allemand qui commandait la troupe d'occupation. L'officier ennemi accepta d'évacuer la ville dans la direction de son choix «sans reddition et dans l'honneur», sauvant la cathédrale d'une destruction certaine.
Sources : 1) article de Pierre-Yves Leprince dans la presse locale ; 2) plaque du souvenir dans l'église.

Bénitier avec ornementation florale
Saint Gilles blessé et sa biche Saint Roch et son chien
L'élévation à trois niveaux dans la nef
L'élévation à trois niveaux dans la nef.

Architecture de la nef (2/2). ---»» Autre problème : comment relier les quatre colonnettes à la pile monocylindrique ? Le maître a opéré sur deux plans : esthétique et structurel.
Pour l'esthétique, il a créé des queues de pierre installées au niveau de tambours sculptés résolument plus minces que les autres. Ces queues produisent un lien visuel entre les éléments d'architecture, mais ne servent en rien la solidité de l'ensemble. Pour le structurel, donc pour la jointure des cinq éléments verticaux, le seul moyen était d'utiliser des tirants métalliques.
Dans son étude très fouillée sur la cathédrale, Anne-Claude Le Boulc'h écrit en 1999 : «Ces derniers [les tirants] disposés sur trois niveaux, relient les quatre colonnes flanquant le noyau [la pile centrale] les unes aux autres, de manière à éviter tout déversement. Nous avons ici un bel exemple d'utilisation du fer dans la construction gothique.» S'agit-il vraiment de relier toutes les colonnettes au «noyau» ? Une observation attentive (voir les deux photos plus bas) permet d'en douter.
Il est clair que le deuxième maître voulait renforcer la résistance des colonnes monocylindriques pour réaliser une élévation selon ses plans. Le renfort étant loin d'être parfait, il a dû veiller à adapter la structure de l'élévation. Sur des parois murales assez minces, la répartition des charges est astucieusement menée. «Les arcades principales [au niveau du triforium] sont en effet doublées, en retrait de leurs rouleaux, écrivent Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, par d'autres arcs qui, travaillant à la manière de petites voûtes, répartissent les charges et soulagent les parties inférieures de l'élévation.» Le même système est adopté au troisième niveau. Remarquons que cette pratique des «arcades dans les arcades» rappelle l'art roman.
Enfin, les choix du premier maître (murs peu épais) ont influencé l'aspect global du triforium. Le deuxième maître a dû y pratiquer un enfoncement assez large derrière les colonnettes montantes pour créer un passage coupé par des fausses portes. Un système similaire a été adopté au troisième niveau : petites arcades pour contribuer à la répartition des charges et création de passages normands à travers l'embrasure des fenêtres.
Le miracle de cette architecture doloise est que les impératifs structurels, loin de dégrader la beauté esthétique de l'ensemble, y contribuent fortement...
Qu'en est-il de la lumière ? La nef n'est éclairée que par les fenêtres des bas-côtés et celles, plus réduites, du troisième niveau. C'est peu. Il faut rappeler qu'il y avait à l'origine une grande verrière sur la façade occidentale, suffisante pour apporter un éclairage apte à unifier les trois niveaux d'élévation. De plus, Anne-Claude Le Boulc'h le souligne, cette source de lumière faisait ressortir les volumes et les creux d'une paroi «travaillée avec soin». L'historienne termine son commentaire sur les fenêtres hautes par une remarque sur l'équilibre général de la nef, un équilibre qui jouait sur les oppositions : «Cette verrière occidentale très monumentale, écrit-elle, rompait le rythme ternaire de l'élévation puisqu'elle occupait une hauteur équivalente à celle des deux niveaux supérieurs des murs gouttereaux.»
Sources : Bretagne gothique de Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, éditions Picard, 2011 ; 2) La cathédrale de Dol d'Anne-Claude Le Boulc'h, Presses universitaires de Rennes, 1999.

«««--- Baie 15 : Vitrail des saints Roch et Gilles, détail.
Atelier Henry Ely, Nantes, 1876.

1) Saint Gilles, protégeant sa biche, reçoit une flèche ;
2) Saint Roch et son chien.

Tirant métallique pour renforcer l'assemblage
Tirant métallique en haut d'une pile de la nef.
Le tirant métalllique lie à la pile la colonnette située sous l'arcade,
mais pas la colonnette qui est en face du vaisseau central.
Queue de pierre et tirant métalllique
Queue de pierre et tirant métallique en bas d'une pile de la nef.
Le tirant métallique disparaît au niveau de la colonnette de l'arcade.
Il ne semble pas lier cette colonnette à la pile.
Élévation dans la nef : le deuxième niveau
Élévation dans la nef : le deuxième niveau est un triforium aveugle.
Le système d'arcatures répartit les charges pour soulager le premier niveau de l'élévation.
Élévation dans la nef : le troisième niveau
Élévation dans la nef : le troisième niveau.
Comme le deuxième, il est conçut pour répartir les charges et soulager le premier niveau.
Plan de la cathédrale Saint-Samson
Plan de la cathédrale Saint-Samson.

Le chœur est à chevet plat et déambulatoire,
typique de l'art gothique anglais.

Nef : entre 1245-1270 ;
Transept et chœur : entre 1270 et 1300 ;
Chapelle axiale : premier tiers du XIVe siècle.
Vitrail du XIXe siècle
Baie 15 : Vitrail des saints Roch et Gilles.
Atelier Henry Ely, Nantes, 1876.
Chaire à prêcher du XIXe siècle
Chaire à prêcher
Fin du XIXe siècle.
Partie arrière de la chaire à prêcher
Partie arrière de la chaire à prêcher.
Fin du XIXe siècle.
Bénitier à sculpture en godrons
Bénitier en marbre rouge à sculpture en godrons.
XVIe siècle.
La cuve de la chaire à prêcher
La cuve de la chaire à prêcher (fin du XIXe siècle).
Vitrail du XIXe siècle : Saint Magloire fait construire son église
Baie 15, détail : Saint Gilles fonde le monastère Saint-Gilles-du Gard.
Atelier Henry Ely, 1876.
L'ange de l'abat-son de la chaire à prêcher
L'ange de l'abat-son de la chaire à prêcher.
Fin du XIXe siècle.

Dol-de-Bretagne contre Tours (1/2).
La rivalité ecclésiastique médiévale entre Dol-de-Bretagne et Tours est sans doute un épisode de l'histoire de la Bretagne peu connu des Bretons. Il faut dire que Dol, avec moins de six mille habitants à l'heure actuelle, très loin derrière Rennes, Quimper ou Nantes, est loin de rappeler sa grandeur passée.
Tout part du VIe siècle. Quittant le Pays de Galles, le moine Samson vient en Armorique, au mont Dol et y fonde une abbaye-évêché. Surgit ensuite la Vita Samsonis, une compilation de légendes et de mystères sur laquelle les historiens planchent toujours. Cette Vita prétend que le roi mérovingien aurait consacré Samson Archepiscopatum totius Britanniae. L'événement est loin d'être sûr, néanmoins il va asseoir la volonté métropolitaine de Dol à régenter l'Église de Bretagne.
Vers 816-819, le roi carolingien Louis le Pieux réforme l'Église : rôles et statuts des clergés régulier et séculier sont redéfinis. Cinq circonscriptions diocésaines voit le jour : Alet, Dol, Saint-Pol-de-Léon, Quimper et Vannes, toutes suffragantes de l'archevêché de Tours (c'est-à-dire sous son 'autorité). Mais un certain Nominoé (vers 800-851), qui a été missus de Louis le Pieux en Bretagne, relève la tête car, dans la province, commence à naître un sentiment d'unité et une volonté d'autonomie. Conséquence : à la mort de Louis, les velléités séparatistes de l'épiscopat breton s'opposent au nouvel empereur Charles le Chauve et à ses successeurs. Le concile de Coitlouh, en 849, en est une illustration majeure.
Nominoé accusait les cinq évêques bretons de corruption. La voie légale pour les destituer passait par les évêques carolingiens, mais Nominoé transgressa la règle : il chassa les cinq évêques au cours du concile et les remplaça par cinq autres... aussitôt excommuniés par le pape puisque non consacrés par leur archevêque de tutelle, à Tours.
En 850, Nominoé enfonça le clou et se fit couronner roi par l'archevêque de Dol.
Le pallium était au cœur de la querelle. C'est une petite étoffe blanche, toujours d'actualité, portée en haut de la chasuble des plus hauts dignitaires de l'Église et insigne de la dignité papale ou métropolitaine. L'accorder ou pas ? C'était le pape qui décidait. Une des raisons qui le poussaient à refuser était la taille de la province bretonne : cinq évêchés, c'était peu. En 851, cependant, les comtés de Rennes et de Nantes vinrent s'y rajouter : le périmètre métropolitain s'affirmait. Pourtant, il restait un écueil : à qui donner le pallium ? Rennes et Nantes, soumises à Tours, étaient trop récentes dans l'aire bretonne et Dol, pour le Saint-Siège, n'était pas légitime. Or, parmi les cinq évêchés bretons, seul l'évêque dolois n'était pas excommunié... Un nœud inextricable. ---»» Suite 2/2 à droite.

Oculus de la baie 23 : un ange tient un écu aux armes de Bretagne
Oculus de la baie 23 : un ange tient un écu aux armes de Bretagne.
Milieu du XVe siècle.
Vitrail du XIXe siècle
Baie 10 : Vitrail des saints Sébastien, Michel et Louis.
Atelier Henry Ely, 1876.
Saint Louis porte la couronne d'épines à la Sainte Chapelle

Dol-de-Bretagne contre Tours (2/2).
---»» An 865 : première demande officielle de pallium par le prince breton Salomon et premier refus du pape, Nicolas Ier. À cette époque où politique et religion sont liées, faire de la Bretagne un archevêché, c'est immanquablement renforcer l'autorité du prince. Refuser est un geste de défiance.
Pour forcer la main du pape, les moines bretons s'activèrent. Une redite de la première Vita enrichie de préoccupations politiques fut rédigée dans un monastère. Cette Vita secunda rappelait que l'autorité archiépiscopale sur toute la Bretagne avait été conférée, quelques siècles plus tôt, à Samson par l'empereur carolingien. Mais rien n'y fit.
Le refus de 865 ouvrit une querelle de plus de deux siècles : Tours va réclamer sans cesse le retour des évêchés félons sous son autorité ; l'évêque de Dol et le roi de Bretagne vont réclamer au pape le pallium et tout faire pour soustraire l'Église bretonne à la mainmise tourangelle.
Le Xe siècle breton, marqué par les invasions scandinaves, reste obscur. Un certain Wicohen s'est déclaré archevêque malgré les plaintes de Tours. Son successeur, Junguenée, commença, quant à lui, à démembrer les biens de son église, suivi par l'archevêque Juhel qui fit pis : nombreux délits et dispersion des biens à des fins de clientélisme.
Au XIe siècle, la réforme grégorienne s'attaqua aux maux où était tombée l'Église ; elle arracha aux princes les prérogatives d'ordre religieux qu'ils s'étaient attribuées. À Dol, Grégoire VII fit chasser Juhel. Son remplaçant, l'évêque Even, reçut le pallium (enfin !), le temps que le Vatican examine le bien-fondé des revendications de Tours. Grégoire VII voulut aussi récupérer les biens d'Église dispersés : il exigea des évêques bretons qu'ils se soumettent à l'archevêque de Dol. Dans son étude sur la cathédrale Saint-Samson, Anne-Claude Le Boulc'h le souligne : «C'est ainsi, écrit-elle, que, pour la première fois, le Saint-Siège reconnut canoniquement la métropole bretonne.»
En fait, pour ce qui est du pallium, Rome ne tranchera pas : ce sera tantôt oui, tantôt non, selon l'évêque de Dol en place, malgré les protestations de Tours.
Au XIIe siècle, la politique surgit dans la querelle. Henri II Plantagenêt soutient Dol ; les rois de France soutiennent Tours. L'opposition entre Capétiens et Plantagenêts place le duché dans une situation difficile En Armorique, les seigneurs ne s'occupent plus des querelles d'Églises et peu d'évêques soutiennent Dol. Henri II Plantagenêt s'éteint en 1189, son fils Richard Cœur de Lion, en 1199. Très vite, son frère, Jean sans Terre, s'embourbe dans les arcanes de la succession bretonne, précipitant le duché du côté de Philippe Auguste. Enfin, le 1er juin 1199, le pape Innocent III promulgue une sentence qui se veut définitive : Dol est déclaré suffragant de Tours. Les liens entre la Bretagne et la France en sont renforcés.
Malgré tout, le clergé dolois veut affirmer son indépendance et sa fierté bretonne. Mettant à profit la présence de nombreuses reliques, il fait entreprendre, vers 1245, la construction de Saint-Samson. Pour l'historienne Anne-Claude Le Boulc'h, son appel à des maîtres anglais pour élever la majeure partie de l'édifice, ou, tout au moins, à des maîtres très influencés par le style anglais serait un pied de nez à l'autorité de l'archevêque de Tours. Elle écrit : «En effet, entre les années 1240 et la fin des années 1260, le chœur de la cathédrale de Tours était en construction, et il avait été conçu, notamment pour les parties hautes, selon les dernières innovations de l'art rayonnant. Les commanditaires de la cathédrale de Dol cherchèrent peut-être à rivaliser avec leur église métropolitaine, en faisant construire un édifice aussi imposant, mais faisant référence à un tout autre vocabulaire architectural.»
Malgré la sentence du pape Innocent III, la querelle entre Tours et Dol va continuer. Dans son ouvrage Quand les cathédrales se mesuraient entre elles, paru en 2021, l'historien et théologien Yves Blomme prend le contrepied de la voie apaisée entre les deux cités défendue jusque-là par ses confrères. À ses yeux, en effet, profitant des divergences d'opinion entre les papes, voire des oppositions, qui finissent par rendre caducs les verdicts de Rome, les évêques dolois vont continuer encore longtemps à se qualifier d'archiepiscopus Dolensis. En 1299 par exemple, Boniface VIII, adversaire acharné de Philippe le Bel, édicta une bulle extrêmement favorable à leurs prétentions.
La verrière orientale de la cathédrale, posée vers 1290, illustre, dans sa septième lancette, cette rivalité et ce désir d'affirmation des évêques bretons. Yves Blomme le souligne : chacun des six panneaux de cette lancette montre un archevêque entouré de six évêques (voir une illustration plus bas) ; le prélat au centre porte le pallium et tient la croix archiépiscopale ; de plus, il est auréolé. Chacun des six panneaux comprend donc, en son centre, l'un des six premiers évêques canonisés de la métropole doloise : Samson, Magloire, Budoc, Leucher, Thuriau et Géneré. Chaque archevêque est entouré de ses suffragants : les évêques de Quimper, Léon, Alet, Tréguier, Saint-Brieuc et Vannes. Yves Blomme conclut : «Nous avons donc affaire à une représentation historicisante de la primauté de Dol, exécutée à l'heure où le conflit avec l'archevêque de Tours reprenait un ton virulent, car la verrière est vraisemblablement antérieure à la sentence de Boniface VIII de 1299.»
Depuis le VIe siècle, l'évêché de Dol était très éparpillé : on comptait 33 enclaves en Bretagne et en Normandie. Ces enclaves étaient regroupées en sept doyennés, le premier étant bien sûr celui de Dol.
La Révolution supprima l'évêché de Dol et répartit les enclaves dans les évêchés créés ou subsistant dans le nouveau découpage. Ainsi, en 1790, Rennes est promue métropole et évêché départemental d'Ille-et-Vilaine, incluant le doyenné de Dol. Le Concordat de 1801 ne rétablit pas l'évêché dolois. C'en est fini des rêves de gloire. «Dol est incorporé au diocèse de Rennes. En 1880, les archevêques de Rennes joignent à leurs titres celui d'évêque de Dol», écrit Jean-Paul Duquesnoy dans l'Atlas historique des diocèses de France (Archives & Culture, 2020)
Sources : 1) La cathédrale de Dol d'Anne-Claude Le Boulc'h, Presses universitaires de Rennes, 1999 ; 2) Quand les cathédrales se mesuraient entre elles de Yves Blomme, Ausonius Éditions, 2021.


«««--- Baie 10, détail :
Saint Louis porte la couronne d'épines à la Sainte Chapelle.
Atelier Henry Ely, 1876.
La pesée des âmes
Saint Louis rendant la justice
Baie 10, détails (atelier Henry Ely, 1876) :
En haut : La pesée des âmes ;
en bas : Saint Louis rendant la justice.
Bas-côté sud avec sa suite de piles rompues
Bas-côté sud.
La suite de colonnettes «rompues» est ici bien visible.
Suite des piles séparant la nef du bas-côté nord avec les raccords grossiers des retombées d'ogives
Le bas-côté nord et sa voûte d'ogives.
On note les raccords grossiers des retombées d'ogives vers le vaisseau central.

Irrégularités architecturales (1/2).
En voulant modifier l'aspect général de la nef pour le rapprocher du style anglais, le deuxième maître d'œuvre dut accepter des concessions fâcheuses.
La photo de droite montre la disposition des tombées d'ogives dans les bas-côtés. Parmi les quatre colonnettes rajoutées tout autour de la pile cylindrique élevée par le premier maître (et qui ont toutes, selon l'historienne Anne-Claude Le Boulc'h, une très haute qualité de granite), celle qui se trouve du côté du collatéral reste dans le vide (flèche jaune), ce qui est assez disgracieux. Les nervures elles-mêmes retombent sur le tailloir de la pile sans aucun souci de continuité (flèches bleues). Heureusement pour le maître, cette jonction brutale est au-dessus de la hauteur des yeux.
Au premier plan, la colonnette a été prolongée d'un bandeau mouluré sous l'arcade. La trace de l'ajout est assez nette.
Pour les historiens, le premier maître d'œuvre, influencé par le style normand, voulait mettre en place une ornementation digne de ce nom, notamment dans les chapiteaux du vaisseau central.
Le deuxième maître a opté pour le dépouillement, ce qui a commencé par la casse des parties des chapiteaux contre lesquelles les quatre colonnettes devaient s'appuyer... Les chapiteaux des nouvelles colonnettes ne sont qu'une succession de crochets.
---»» Suite 2/2 ci-dessous.

Chapiteau dans le bas-côté sud avec ses retombées d'ogives
Chapiteau dans le bas-côté sud avec ses retombées d'ogives.
Chemin de croix : Jésus est descendu de la croix
Chemin de croix : Jésus est descendu de la croix.
L'Archange Michel terrassant le démon
L'Archange Michel terrassant le démon
(dessin d'après Raphaël).
Baie 10, atelier Henry Ely, 1876.
Baie 17, détail : Jésus au jardin des Oliviers
Baie 17, détail : Jésus au jardin des Oliviers.
Atelier Henri Ely, Nantes, 1873.

Irrégularités architecturales 2/2).
---»» Dans son rapport au ministre de l'Intérieur en 1835, Prosper Mérimée porte une analyse intéressante sur ces quatre colonnettes. Après avoir parlé de la colonnette qui fait face au vaisseau central, Mérimée écrit : «Dans les bas-côtés, même décoration ; seulement, on le sent bien, la colonnette est infiniment moins élevée, et n'arrive qu'à la hauteur de la naissance des arcades inférieures. Ces colonnettes si frêles sont de granit, probablement bien garnies d'une armature de fer. Je prise peu les tours de force, et celui-ci a un défaut majeur, c'est qu'on ne s'en aperçoit pas au premier abord. En effet, la colonnette est si près du pilier et de la muraille qu'on peut l'y croire engagée ; ce n'est qu'en la touchant, pour ainsi dire, qu'on reconnaît la difficulté vaincue. Or, ce me semble, le premier mérite d'un tour de force, si tant est qu'il y ait du mérite à faire une chose inutile, c'est d'étonner le spectateur. Ici, l'étonnement ne vient qu'avec la réflexion. À tout prendre, ce long fil de pierre suspendu entre la voûte et le pavé ne nuit pas à l'effet général et remplace parfaitement la longue ligne verticale qui sépare les travées dans tous les temples gothiques.»
Source : Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France de Prosper Mérimée, 1836.

Chemin de croix : Jésus rencontre les filles de Jérusalem
Chemin de croix : Jésus rencontre les filles de Jérusalem.

Sculpture en granit. Les colonnes «rompues» en délit sont la plupart du temps laissées avec leur section supérieure «sèche». Mais il arrive qu'un artisan, sans doute ému par le vide et peut-être aussi par l'incongruité de ce choix architectural, ait embelli cette section avec une petite sculpture. C'est ce que montrent les photographies ci-contre et ci-dessous.

Colonne rompue en délit surmontée d'un personnage (bas-côté)
Colonnette «rompue» en délit surmontée d'un personnage.
Le tirant métallique de liaison est ici bien visible.
Personnage sculpté sur une colonne en délit rompue
Personnage (prophète?) sculpté dans le granit
au sommet d'une colonnette «rompue» en délit.


Baie 17 : Vitrail de la Passion ---»»»
Atelier Henri Ely, Nantes, 1873.
Vitrail de la Passion, XIXe siècle
Le bas-côté nord
Le bas-côté nord aboutit à la chapelle Notre-Dame.
LE TRANSEPT
La croisée et l'autel de messe. Au fond, le tombeau de Thomas James
La croisée du transept et l'autel de messe créé au XXe siècle.
Au fond, le tombeau de l'évêque Thomas James dans le bras nord du transept.
La pile orientale, où se trouve le Christ en croix, est plus massive que la pile occidentale visible ci-dessous.
L'autel de messe et la première travée de la nef
L'autel de messe et la première travée de la nef.
La pile occidentale de la croisée (ci-dessus) est moins massive que la pile orientale (visible dans la photo à droite).

Pourquoi trois maîtres d'œuvre ?
La disparition des sources historiques relatives à la construction de Saint-Samson empêche les archéologues de dresser une histoire précise et rigoureuse du monument. La seule solution est de se livrer à un examen architectural en profondeur. Anne-Claude Le Boulc'h est la première à l'avoir fait. Elle a concrétisé ses résultats dans sa thèse de doctorat soutenue en 1998.
De son analyse minutieuse du bâti, de l'observation des raccords de maçonnerie, de la différence des styles, elle a déduit une succession possible d'étapes menées par des maîtres d'œuvre supposés différents.
Ces reconstructions historiques reposent avant tout sur la logique. Voir le problème similaire posé par la nef de l'église Saint-Jacques à Reims. À Saint-Samson, on ne sait rien de la succession de ces trois maîtres et des interruptions dans la construction. Y a-t-il eu renvoi ? maladie ? décès ? changement d'avis de la part du chapitre ? succession d'un fils à son père ? Mystère.

Vitrail de la Vie de sainte ANNE (Küchelbecker Le Mans, 1887)
Baie 216 : Vitrail de la VIE de SAINTE ANNE
Atelier Jacquier et Küchelbecker, Le Mans, 1887.
Bras sud du transept.

Les vitraux de la cathédrale Saint-Samson (1/2).
Les églises de Bretagne sont riches de vitraux de l'époque Renaissance, mais rares sont ceux antérieurs au XVe siècle. Saint-Samson en possède quelques-uns, d'où son intérêt historique.
L'édifice a reçu des vitraux au fur et à mesure de sa construction. D'après le Corpus Vitrearum, le premier parti, arrêté vers 1280, a été de poser des verres colorés dans la grande baie orientale et les bras du transept. Les baies de la nef et du chœur auraient reçu des grisailles claires. Puis le XIVe siècle a enrichi la vitrerie de quelques œuvres de son cru, en plus de quelques restaurations.
Aucune de ces créations ne nous est parvenue sans dommages. Le XIXe siècle a abondamment complété, voire modifié, ce qui était tombé entre ses mains. Seule la grande baie orientale (baie n°100), appelée maîtresse-vitre, conserve globalement son vitrage d'origine. À part quelques tympans anciens (baies n°8, 11, 14), à part aussi deux baies partiellement du XIIIe siècle dans le bras sud du transept (n°211 et 212) qui affichent des évêques sans auréole, le reste provient des ateliers du XIXe siècle. Le principal est celui de Jacquier et Küchelbecker, au Mans, auteur des grandes verrières nord et sud du transept (Vie de sainte Anne et Vie de saint Magloire), Dans la chapelle d'axe, la vitrerie (dix saints archevêques de Dol) est due à René Échappé en 1857 (baies 0, 1 et 2) ; dans les chapelles latérales du chœur et la façade ouest, à Henry Ely ; dans la chapelle Notre-Dame, à Édouard Didron.
Comment les vitraux du passé ont-ils été détruits au cours des âges ? Lors des guerres de Religion, les huguenots ont détruit. Au XVIIIe siècle, les clercs eux-mêmes ont eu la main lourde parce qu'ils voulaient de la lumière dans leurs églises et que le concept de patrimoine à sauvegarder n'existait pas. On sait que la Révolution a aussi beaucoup cassé, les jets de pierre constituant pour les vandales la plus rapide façon de détruire le verre.
Dans La grande verrière de la cathédrale Saint-Samson (éditions Yellow Concept, 2019) Christiane Paurd cite un prêtre de l'Oratoire de Rennes, Charles Robert (1856-1900), auteur en 1893 d'une étude sur les vitraux de Saint-Samson. Celui-ci rapporte que la maîtresse-vitre (baie n°100) a subi une dernière restauration en 1870 et que, avant cela, elle était recouverte d'un épais voile de poussière.
Plus intéressant encore, Charles Robert parle de la destruction des grandes verrières nord et sud du transept. Sous la Révolution, la cathédrale a servi d'écurie, de magasin à blé et de jeu de paume. Il écrit : «Il faut croire que c'est dans le transept qu'était installé le jeu de paume, et que c'est en grande partie aux coups de balle qu'est due la disparition complète des verrières qui décoraient les deux grandes fenêtres, sœurs de celle du chœur.» En effet, quel bel endroit pour le jeu ! On peut imaginer des spectateurs installés à l'est et à l'ouest, dans la nef et le chœur, et des balles qui s'écrasent contre les grandes verrières nord et sud du transept sous les applaudissements de la foule...
Cependant, cette interprétation doit être approfondie. La photo du transept donnée plus haut montre que les baies sont situées très en hauteur. Comment une balle (qui n'était évidemment pas en caoutchouc) peut-elle les atteindre en rebondissant ? Seule solution : le faire exprès, c'est-à-dire viser la verrière, pour rire..
---»» Suite 2/2 à droite.

Statue de l'Éducation de la Vierge
L'Éducation de la Vierge
XIXe siècle ?

Baie 216, détail : Parce qu'ils
n'ont pas d'enfant, le grand-prêtre
refuse l'offrande d'Anne et de
Joachim (qui s'en vont dépités).

Architecture du transept.
Le transept et le chœur, commencés vers 1270, sont l'œuvre d'un troisième maître, lui aussi inconnu. Celui-ci a achevé le transept en respectant les travaux menés par ses prédécesseurs, mais il a conçu, pour l'ensemble transept et chœur, un autre style d'élévation. Ce troisième maître a néanmoins respecté les proportions adoptées dans la nef et en a appliqué les mêmes règles de sobriété.
On observera (voir plan) que les deux piles orientales de la croisée sont plus massives que les deux piles occidentales. Ce que montrent bien les deux photos ci-contre. Les piles à l'ouest appartiennent à la première campagne de construction. Pourquoi le troisième maître a-t-il bâti, à l'est, des piles plus puissantes ? Envisageait-il d'élever une haute tour au-dessus de la croisée ou poursuivait-il simplement un but esthétique ? Il est vrai que le nombre plus important de colonnettes dans cette pile plus large autorise une mouluration plus riche dans la grande arcade ouvrant sur le chœur. Pour ce qui est de l'élévation au-dessus de la croisée (photo plus haut), quatre piles comme celles qui sont à l'ouest auraient visiblement suffi pour supporter le petit massif que l'on y voit.
Le transept est percé au nord et au sud de deux vastes baies avec de beaux remplages du XIIIe siècle. Les vitraux insérés dans ces baies ont été cassés à la Révolution (voir l'histoire du jeu de paume dans l'encadré sur les vitraux). On y voit à présent deux créations de l'atelier nantais Jacquier et Küchelbecker datées des années 1880 (baies 215 et 216).
L'aile nord du transept abrite le tombeau de Thomas James alors que l'aile sud est percée d'une double porte débouchant sur le grand porche Saint-Magloire. En 1968 (Congrès archéologique de Haute-Bretagne), l'historien René Couffon écrit que le tombeau n'a vraisemblablement jamais pris la place d'une porte car «cette aile faisait partie de la défense extérieure de la forteresse que constituait la cathédrale et était percée d'archères à sa base.» Ajoutons, à ce sujet, que les chapelles latérales nord du chœur sont surmontées de créneaux comme dans un château-fort.
Source : Congrès archéologique de France, Haute-Bretagne, 1968.

Le bras nord du transept
Le bras nord du transept et la première travée du chœur.
La pile orientale de la croisée (ci-dessus) est plus massive
que la pile occidentale (visible dans la photo à gauche)
Chapiteaux à thème floral sur le pile nord-est de la croisée
Chapiteaux à thème floral sur le pile nord-est de la croisée.
L'autel de messe et ses bas-reliefs contemporains
L'autel de messe et ses bas-reliefs contemporains.
Cet autel date de 1963. Il est en terre cuite réfractaire sans moulage.
Le sculpteur, Claude Gruet, a travaillé en taille directe sur la matière.
On peut y voir saint Samson voguant vers Dol-de-Bretagne
et saint Magloire parlementant avec les Anglais.
La voûte du transept
La voûte du transept.

Les vitraux de la cathédrale Saint-Samson (2/2).
---»» Dans les années 1880, en réalisant les deux grandes verrières du transept, l'atelier manceau Jacquier et Küchelbecker signa la perte des vestiges du XIIIe siècle qui n'avaient pas été brisés.
La maîtresse-vitre a été très peu dégradée. Pour Charles Robert, c'est vraisemblablement dû à la présence de la chapelle d'axe qui a éloigné les «gamins casseurs de vitres» et leurs lance-pierres... Dépité, le prélat signale d'ailleurs que ces «gamins» ont percé «tout récemment encore» plusieurs verrières modernes de la nef et du transept...
En 1942, la maîtresse-vitre sera déposée et mise à l'abri. En août 1944, au plus fort de la percée d'Avranches par laquelle se déversent les chars de la IIIe armée américaine du général Patton, aucune verrière restée en place ne sera détruite grâce à la bonne volonté des belligérants : les Américains donnèrent aux Allemands encerclés le droit d'évacuer la ville dans l'honneur et de rejoindre leurs lignes (voir plus haut).
Sources : 1) Corpus Vitrearum, les Vitraux de Bretagne, Presses universitaires de Rennes, 2005; 2) La grande verrière de la cathédrale Saint-Samson, éditions Yellow Concept, 2019.

LE TOMBEAU DE THOMAS JAMES
Le tombeau de Thomas James
Le tombeau de l'évêque Thomas James date de 1507.
Bas-reliefs Renaissance sur le tombeau
Bas-reliefs Renaissance sur le tombeau.

Rencontre à la Porte dorée. Célèbre épisode de l'Ancien Testament : les deux époux, Anne et Joachim, se retrouvent après avoir eu, chacun de leur côté, la vision d'un ange leur annonçant qu'ils auront bientôt un enfant et leur demandant de se rendre à la Porte dorée, l'une des portes de Jérusalem.
Cet enfant sera Marie. La présence d'un mendiant (qui a l'air en pleine santé) venant harceler le couple est anachronique dans cette scène. L'auteur du carton avait-il une idée de ce qu'était la mendicité au Moyen Âge et, plus loin encore, aux temps anciens ?

La Rencontre à la Porte dorée
Baie 216, détail : La Rencontre à la Porte dorée
Vitrail de la Vie de sainte Anne
Atelier Küchelbecker, Le Mans, 1887.
Bras sud du transept.
Baie 216, détail : L'Annonce de l'ange à Anne
Baie 216, détail : L'Annonce de l'ange à Anne.

Le tombeau de l'évêque Thomas James, évêque de Dol de 1482 à 1504, est l'œuvre de deux artistes florentins débutants : les frères Antoine et Jean Juste, visiblement sollicités par recommandation. Le commanditaire du tombeau, neveu du défunt évêque, avait séjourné à Rome avec son oncle auprès du pape Sixte IV.
Cette œuvre, terminée en 1507, est l'une des premières de la Renaissance en France.
Là où Prosper Mérimée voyait une «pureté de style, encore si rare en France au commencement du seizième siècle», l'historienne Denise Rober-Maynial, pour le Dictionnaire des églises de France en 1966, dénote une certaine naïveté dans l'interprétation qui s'explique par l'extrême jeunesse de l'auteur. Elle ajoute qu'il y avait une statue de l'évêque sous le baldaquin à caissons, mais elle a disparu à la Révolution. Sous les niches, les deux statues de la Foi et de la Justice ont été mutilées à la même époque.
Sources : Congrès archéologique de France, Haute-Bretagne, 1968 & Dictionnaire des églises de France, éditions Robert Laffont.

Baie 216, détail : L'Éducation de la Vierge
Baie 216, détail : L'Éducation de la Vierge.
Vitrail de la Vie de saint Magloire (Küchelbecker, Le Mans, 1884)
Baie 215 : Vitrail de la VIE DE SAINT MAGLOIRE
Atelier Küchelbecker, Le Mans, 1884.
Bras nord du transept.
Le tombeau de Thomas James : le fronton Renaissance
Le tombeau de Thomas James : le fronton Renaissance.
Vitrail de la Vie de saint Magloire, détail
Baie 215, détail : Après avoir guéri Loïescon, saint Magloire reçoit
de ce dernier la moitié de l'île de Sercq. Il y fonde un monastère.
Baie 215, détail : Saint Magloire renonce à l'épiscopat
Baie 215, détail : Saint Magloire renonce à l'épiscopat.
Atelier Küchelbecker, Le Mans, 1884.

Prosper Mérimée à Dol-de-Bretagne.
Mérimée passe à Dol en 1835 et rédige une longue étude sur la cathédrale. Avant de parcourir la France au titre d'inspecteur général de la Commission des Monuments historiques, l'écrivain avait voyagé en Angleterre, attiré par l'architecture religieuse. En 1835, il rédige, pour son ministre de tutelle, un long rapport sur ses déplacements.
Dans son étude sur Dol, il livre le témoignage intéressant d'un voyageur curieux et passionné : «Une observation qui ne peut échapper à quiconque à voyager en Angleterre, écrit-il, c'est la grande analogie qu'offre la cathédrale de Dol avec les premières églises gothiques de ce pays (early english style). La forme rectangulaire du chœur, la chapelle de la Vierge (Lady's chapel), la décoration intérieure, m'ont rappelé fortement l'une des plus belles et des plus imposantes cathédrales anglaises, celle de Salisbury. Ce rapport singulier de style et surtout de plan semble confirmer la tradition répandue en Bretagne, qui attribue à des architectes anglais la construction des principales églises de cette province. J'ai vainement cherché quelques-uns des noms de ces artistes, mais les rapports constans de commerce et de politique entre l'Angleterre et la Bretagne aux treizième et quatorzième siècles permettent de supposer que les deux pays ont employé les mêmes architectes, ou du moins des architectes de la même école.»
L'écrivain termine son étude par un appel pressant au ministre :
«L'état actuel de la cathédrale de Dol est assez satisfaisant quant à l'intérieur. Mais les balustrades de la galerie qui règne le long du toit, surtout celle de la tour centrale, sont horriblement mutilées. Les voûtes et le toit demandent aussi des réparations. Il n'y a point de paratonnerres sur cette belle église, et cependant on m'assure que c'est la foudre qui a causé les dégâts que je viens de signaler. Je n'en vois pas en effet d'autre explication probable, si ce n'est la malice des hommes ; car l'édifice, bâti presque en entier d'un granit extrêmement dur, semble défier les efforts du temps. Il serait bien à désirer que l'on établît des paratonnerres sur les plus importantes de nos églises ; mais si le gouvernement ne donne pas l'exemple, il est malheureusement probable que les communes se refuseront encore longtemps à les adopter. ---»»

Baie 215, détail : Saint Samson désigne sain Magloire pour lui succéder
Baie 215, détail : Saint Samson désigne
saint Magloire pour son successeur.

---»» Je ne saurais appeler trop instamment votre attention, Monsieur le ministre, sur l'élégante cathédrale de Dol ; et je crois remplir les vœux de tous les amis des arts, en vous priant de vouloir bien la faire comprendre au nombre des monumens à l'entretien desquels il est pourvu par des fonds spéciaux. L'abandonner aux faibles ressources de la ville de Dol, c'est en quelque sorte la condamner à une ruine inévitable.»
La cathédrale Saint-Samson sera classée monument historique dès 1840, dans la première liste établie par le ministère.
Source : Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France de Prosper Mérimée, 1836.

Baie 211 : deux évêques (vers 1265-1270)
Baie 211 : deux évêques non nimbés.
Vers 1265-1270 et 1890.
L'évêque de gauche a été totalement refait par l'atelier
Jacquier et Küchelbecker en 1890. La partie basse de l'évêque
de droite est également moderne.
Baie 212 : deux évêques (vers 1265-1270) et 1890
Baie 212 : deux évêques non nimbés.
Vers 1265-1270 et 1890.
Têtes de lancettes et soubassements armoriés sont modernes.
La tête de l'évêque de droite est moderne.
Baie 212 : deux évêques (vers 1265-1270), détail
Baie 212, détail : deux évêques non nimbés.
Vers 1265-1270 et 1890,
LE CHŒUR DE LA FIN DU XIIIe SIÈCLE
Vue générale du chœur depuis l'autel de messe dans la croisée du transept
Vue générale du chœur depuis l'autel de messe dans la croisée du transept.

Architecture du chœur.
Il faut s'arrêter un instant sur le plan du chœur : il est à chevet plat et à déambulatoire. Dans l'architecture gothique française, c'est un plan rare et original. C'est pourquoi son origine anglaise ne fait guère de doute. Cependant, dans les grands édifices anglais, on trouve la plupart du temps un arrière-chœur très étendu au-delà du maître-autel. Cet arrière-chœur est riche de tombeaux, de reliquaires et de chapelles seigneuriales.
Rien de cela à Dol : au-delà du maître-autel, il n'y a qu'une courte chapelle axiale à deux travées (voir photo plus haut). À la fin du XIIIe siècle, le troisième maître d'œuvre a donc associé les traditions des deux pays : selon le goût français, deux collatéraux bordés de chapelles ; selon le goût anglais, un déambulatoire de plan rectangulaire. Dans son ouvrage Quand les cathédrales se mesuraient entre elles, l'historien et théologien Yves Blomme se demande d'ailleurs si ces chapelles étaient bien prévues sur les plans d'origine. Ne seraient-elles pas une réponse à un besoin liturgique croissant, celui des messes privées ? Un tableau du peintre hollandais Hendrik II van Steenwick (1580-1649), au musée Lambinet de Versailles, montre, dans sa partie gauche, une messe privée dite dans une chapelle de bas-côté.
L'esthétique du chœur de Saint-Samson, bâti, comme le transept, vers 1270, ne peut qu'impressionner le visiteur, surtout s'il la compare à celle de la nef. On sent chez l'architecte une grande maîtrise des équilibres plastiques. Les cinq travées (en dehors du déambulatoire) sont séparées par des piles enrichies de dix colonnettes. Plus question de piles en délit. Les chapiteaux reçoivent des crochets fleuris, plus élaborés que ceux de la nef, trahissant une époque postérieure.
Le second niveau du chœur est beaucoup plus étudié, plus beau aussi, que celui de la nef. Chaque travée y est scindée en trois baies abritant un triforium aveugle. Il n'y a aucun ornement : c'est une véritable épure.
La dernière travée, la plus à l'est, est ajourée. Pour Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult (Bretagne gothique, 2011), cet ajourage correspond à un changement de parti en cours de chantier pour suivre une mode qui va s'imposer dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Il s'agit aussi d'apporter plus de lumière vers le maître-autel présent dans cette même travée. Enfin, le troisième niveau du chœur abrite une succession de grandes baies vitrées à quatre lancettes, ajoutant leur clarté à celle de la grande verrière orientale. ---»» Suite 2/2 à droite.

Le chœur vu depuis le déambulatoire avec ses piles enrichies de dix colonnettes
Le chœur vu depuis le déambulatoire avec ses piles enrichies de dix colonnettes.
Élévation nord du chœur
Élévation nord du chœur.
Les niveaux supérieurs n'ont plus rien à voir avec ceux de la nef.
Deuxième niveau : trois baies par travée abritant un triforium continu ;
Troisième niveau : grande fenêtre vitrée.

Architecture du chœur 2/2).
---»» La pureté des lignes et l'absence d'ornements, dans la nef et le chœur, ont plu à Prosper Mérimée lors de son passage à Dol en 1835. Il écrit en effet dans son rapport à son ministre de tutelle : «(...) on observera que la cathédrale de Dol réunit presque tous les caractères distinctifs du premier style gothique, ayant déjà reçu tout son développement, mais non encore corrompu par l'exagération, la prétention, et la manie des petits détails, qui précédèrent sa décadence.» Sources : 1) Congrès archéologique de France, Haute-Bretagne, 1968, article de René Couffon ; 2) Bretagne gothique de Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, éditions Picard, 2011.

Statue de la Vierge à l'Enfant dans l'arcade du chœur
Statue de la Vierge à l'Enfant.
XVe siècle.
Bois sculpté et peint
sur la colonne axiale du sanctuaire.
Chapiteau à thème floral dans le déambulatoire
Chapiteau à thème floral dans le déambulatoire.
Chapiteau à thème floral dans le déambulatoire
Chapiteau à thème floral dans le déambulatoire.
La voûte du chœur et de la nef vue depuis le maître-autel
La voûte du chœur et de la nef vue depuis le maître-autel.
Les voûtes sont quadripartites.
Le maître-autel du XVIIIe siècle
Le maître-autel du XVIIIe siècle.
Le maître-autel est l'œuvre de la maison Poussielgue-Rusand sur les plans du chanoine Brune. Il date de 1877.
À gauche : la chapelle Notre-Dame ; à droite : la chapelle d'axe dédiée au Saint-Sacrement.
LE STALLES DU XIVe SIÈCLE
Les stalles du chœur : le côté sud
Les stalles du chœur : le côté sud, que l'on voit ici, se termine par le trône épiscopal.
À l'arrière-plan, les chapelles latérales sud du chœur.
Les stalles : le trône épiscopal de François de Laval
Le trône épiscopal de François de Laval, évêque de Dol
de 1528 à 1554, termine le côté sud des stalles.
Tête humaine sur un accoudoir
Tête humaine sur un accoudoir.

Les stalles (1/2).
Il y en a plus de soixante-dix dans le chœur. Elles sont datées du XIVe siècle et dépourvues de dais.
Les jouées sont ornées d'arcs tréflés et de rinceaux ; des têtes humaines et d'animaux enrichissent les accoudoirs.
La côté méridional des stalles se termine par le trône épiscopal de François de Laval (1528-1554), fils naturel de Guy XVI et d'Anne d'Espinay, légitimé par François Ier en mars 1539. ---»» Suite à droite.

Tête humaine sur un accoudoir
Tête humaine sur un accoudoir.
Vue partielle des stalles et des jouées
Vue partielle des stalles et des jouées.
Nota : la jouée est l'élément vertical qui ferme une rangée de stalles.
 
Le trône épiscopal de François de Laval : détail des armoiries
Panneau avant du trône épiscopal de François de Laval.
Dans l'écu central se trouvent les armoiries de la famille des Montmorency-Laval.
La crosse qui surmonte le trône épiscopal
Trait original : une crosse surmonte
le trône épiscopal.

Les stalles (2/2).
---»» Un élément des stalles n'est pas banal : c'est la crosse d'évêque, en bois sculpté et doré, posée verticalement et dans son intégralité sur le dossier du trône. René Couffon, dans son article pour le Congrès archéologique de 1968, précise qu'elle soutenait auparavant la pyxide derrière le maître-autel du XVIIIe siècle.
Nota : la pyxide (ancêtre du ciboire) était une petite boîte, fermée par un couvercle, où l'on plaçait l'Eucharistie.

LES CHAPELLES LATÉRALES DU CHŒUR ET LEURS VITRAUX
Vitrail du XIXe siècle
Baie 13 : Vie de saint Gilduin de Chartres.
Atelier inconnu, vers 1930 ?
Baie 14, détail : Jésus chez Marthe et Marie
Baie 14, détail : Jésus chez Marthe et Marie.
«Une seule chose est nécessaire.»
Vitrail du pardon et de la Rédemption.
Atelier Henry Ely, Nantes, 1876.

«Une seule chose est nécessaire» et «Une seule question suffit» (1/3).
Le vitrail ci-dessus, sans grand génie de conception, illustre néanmoins un jugement christique fondamental dans le développement socio-économique de l'Europe depuis le Moyen Âge jusqu'au chamboulement révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle.
Jésus chez Marthe et Marie :
L'histoire biblique est connue : Jésus est invité à Béthanie chez Lazard et ses deux sœurs, Marthe et Marie ; Marie écoute à genoux la parole de Jésus et sa sœur Marthe vient la trouver pour lui demander d'aider au cuisine (dans l'Évangile de Luc, Marthe s'adresse directement à Jésus). Le Christ la tance en lui répondant que le service de Dieu passe avant tout le reste : «une seule chose est nécessaire». Marie symbolise ainsi la vie contemplative, supérieure à toutes les autres.
Sur cette injonction s'est établi l'ordre hiérarchique des classes depuis le Moyen Âge : Clergé, Noblesse et, en dernier, Tiers État. Autrement dit, ceux qui prient (orantes), ceux qui combattent (milites) et ceux qui travaillent (laborantes).
Marthe, devenue depuis la sainte patronne des ménagères et des domestiques, est parfois représentée par les artistes dans une attitude plus énergique, voire autoritaire. La toile de Jacques de Létin (1597-1661) à l'église Sainte-Madeleine à Troyes en donne un exemple. Un meilleur exemple encore est donné dans une toile du XIXe siècle («Marie de Béthanie en prière») à l'église Sainte-Élisabeth à Paris : l'arrière-plan illustre carrément une âpre dispute entre Jésus et Marthe !
La femme adultère :
Cette histoire a été regardée comme le joyau du Nouveau Testament et ce n'est pas sans raison.
La scène de la femme adultère (voir à droite) montre une femme dont les bras sont ligotés derrière le dos. Adultère et prise sur le fait, elle est promise, selon la loi mosaïque, à la lapidation immédiate.
Scribes et pharisiens, prêts à exécuter la sentence, questionnent Jésus : «Et toi, qu'en dis-tu ?» Se tirant du piège, Jésus se baisse et trace des traits sur le sol. Mais les questions se multiplient. Alors il se redresse et leur répond : «Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre.» Ce qui revient à poser la question : «Qui d'entre vous n'a jamais péché?», ou plus généralement : «Vous êtes-vous regardés avant de juger les autres?» Il s'incline à nouveau et continue ses traits sur le sol. Les accusateurs qui l'entourent n'ont d'autre solution que de s'éloigner l'un après l'autre...
Jésus se redresse alors et constate qu'il est seul avec la femme. «Où sont-ils passés ? Personne ne t'a condamné ?», lui demande-t-il. «Personne, Seigneur.» Alors le Christ la renvoie en disant : «Je ne te condamne pas non plus. Va et ne pèche plus». Ce qui revient, comme le rappelle Alain Marchadour de l'Institut catholique de Toulouse (Jésus, l'Encyclopédie, éditions Albin Michel), à ôter la culpabilité et à ouvrir le chemin vers la liberté et la vie.
---»» Suite 2/3 à droite.

Chapelle latérale nord Saint-Gilduin
Chapelle latérale nord Saint-Gilduin.
Suite de chapelles latérales nord dans le chœur
Suite de chapelles latérales nord dans le chœur.
Au premier plan, la chapelle du Sacré-Cœur
Chapelle latérale sud dite «du Crucifix»
Chapelle latérale sud dite «du Crucifix».
Baie 14, tympan : un des trois trilobes consacrés à la résurrection des morts
Baie 14, tympan : un des trois trilobes consacrés à la résurrection des morts.
On voit que le même carton a été utilisé trois fois.

«Une seule chose est nécessaire» et «une seule question suffit» (2/3).
---»» Pourquoi Jésus trace-t-il sur le sol des traits qui n'ont, dans le récit biblique, aucune signification ? Pour faire patienter ? Pour narguer les accusateurs ? Aux yeux des théologiens, cette attitude est obscure. Pour certains, le Christ marque simplement son refus de répondre. Pour d'autres, il veut tourner en ridicule le souci des pharisiens de compter les péchés d'autrui.
On peut avancer une troisième explication : parce que, en se baissant, Jésus ne regarde plus personne ! S'il trace des traits quelconques, c'est pour donner le change.
Décryptons les faits. Jésus se penche vers le sol une première fois. En fait, c'est pour laisser à chacun la possibilité de pratiquer une introspection sans y être incité, de s'interroger sur sa hargne accusatrice et de comparer la faute de la femme adultère avec sa vie à lui.
Mais les pharisiens ne comprennent pas et continuent à le harceler de questions. Alors il se met debout et leur adresse le principe moral qu'ils ont été incapables de faire surgir eux-mêmes dans leur conscience. Comme vu plus haut, ce principe peut se généraliser en une question : «Vous ètes-vous regardés avant de juger les autres ?» C'est la question qui tue. (Essayez-la donc sur les gens de votre entourage qui critiquent les autres !) Et cette seule question fait mouche.
Jésus se rabaisse vers le sol et trace à nouveau des traits informes. Cette fois, il veut laisser le temps aux accusateurs de regarder - enfin ! - leur propre conduite. Pris à la gorge, ceux-ci n'ont d'autre solution que d'interroger leur conscience et de scruter leur vie personnelle. Mais le refus de Jésus de les regarder a une signification précise : ils doivent le faire sans sentir deux yeux inquisiteurs - les siens - pointés sur eux. L'examen de conscience, que seule la «question qui tue» a pu provoquer et qui, en principe, fait jaillir l'honnêteté qui sourd en tout homme de bonne volonté, doit rester un exercice personnel.
Un théologien pourrait ajouter que le refus du Christ de regarder les accusateurs est la marque de la liberté que Dieu accorde aux hommes. Sans nous contraindre d'aucune façon, Il attend de voir comment nous agissons. Ici, à ces hommes trop prompts à juger et à punir, le Christ envoie un signal fort et attend que leur conscience se mette en mouvement. Il ne se cache pas. Il rompt simplement le contact visuel pour les laisser libres.
---»» Suite 3/3 à droite plus bas.

Retable XIXe siècle d'une chapelle latérale nord
Retable du XIXe siècle
dans une chapelle latérale nord.
Baie 14 : Vitrail du pardon et de la Rédemption, 1876
Baie 14 : Vitrail du pardon et de la Rédemption
Atelier Henry Ely, Nantes, 1876.
Baie 11, vitrail àfigures géométriques et tympan de la fin du XIVe siècle
Baie 11, vitrail à figures géométriques avec tympan
de la fin du XIVe siècle donné en gros plan plus bas.
Baie 14, détail : Jésus et la femme adultère
Baie 14, détail : Jésus et la femme adultère.
«Une seule question suffit.»
Vitrail du pardon et de la Rédemption
Atelier Henry Ely, Nantes, 1876.

«Une seule chose est nécessaire» et «une seule question suffit» (3/3).
---»» L'auteur du carton a choisi de peindre Jésus traçant des traits sur le sol tout en regardant les hommes qui l'entourent. Ce n'est pas le meilleur choix. L'Évangile de Jean, qui est le seul à rapporter l'histoire de la femme adultère, ne fait pas mention de cette concomittance.
Jésus se penche pour laisser les accusateurs face à leurs consciences. C'est une véritable leçon de vie qui doit être rapprochée de l'attitude du Christ face à Marthe et Marie.
Dans les deux cas, le Christ énonce une sentence d'une haute valeur morale qui doit guider la vie de chacun : prise de conscience de l'obligation du service de Dieu d'un côté ; prise de conscience de son comportement personnel de pécheur de l'autre. En les juxtaposant, ces deux sentences se renforcent. À Dieu, le service : une seule chose est nécessaire ; au mortel, l'introspection : une seule question suffit.

Suite de chapelles latérales sud
Suite de chapelles latérales sud.
Ces chapelles, à l'ornementation moderne, constituent l'élément français du chœur.
Le déambulatoire rectangulaire à chevet plat en constitue l'élément anglais.
Chapelle latérale sud : Groupe sculpté d'une Piéta
Chapelle latérale sud : Groupe sculpté d'une Piéta.
Baie 11, détail du tympan : quadrilobe du Tétramorphe (fin du XIVe siècle)
Baie 11, détail du tympan : quadrilobe du Tétramorphe.
Fin du XIVe siècle.
Statue de saint Gilduin dans la chapelle éponyme
Statue de saint Gilduin
dans la chapelle éponyme.
XIXe siècle ?
LE DÉAMBULATOIRE ET SES TROIS CHAPELLES ORIENTALES
Baie 7 : Scènes de la Vie de Marie (Didron, 1882)
Baie 7 : Scènes de la Vie de Marie.
Atelier Édouard Didron, 1882.
Chapelle absidiale nord de la Vierge et sa voûte bombée
Chapelle absidiale nord Notre-Dame et son étonnante voûte bombée.
Baie 7, détail : La Naissance de la Vierge (Didron, 1882)
Baie 7, détail : La Naissance de la Vierge.
Atelier Édouard Didron, 1882.

Le déambulatoire doit être parcouru avec intérêt par le visiteur. Rappelons que le but du déambulatoire de Dol était de permettre la circulation des fidèles qui venaient vénérer les reliques de saint Samson exposées dans le sanctuaire. Sa partie plate terminale reflète l'inspiration anglaise du troisième maître d'œuvre (fin du XIIIe siècle).
Juste avant la chapelle axiale (rajoutée au premier tiers du XIVe siècle), la voûte du déambulatoire et l'arcade d'entrée dans la chapelle méritent un coup d'œil, et ceci à deux titres : d'une part, la voûte (donnée plus bas) montre un réseau avec une nervure qui serpente d'une pile à l'autre jusqu'à sa culée terminale et qui semble n'être là que pour la beauté de l'ensemble ; d'autre part, les chapiteaux de la pile sud de l'arcade d'entrée affichent des têtes humaines (photo plus bas).
Une place à part doit être réservée à la chapelle nord-est, celle de Notre-Dame (photo ci-dessus). Les historiens ont abondamment souligné l'étrangeté de sa voûte bombée (à la mode Plantagenêt), «établie sur quatre forts arcs-doubleaux, réalisation tout à fait exceptionnelle dans le contexte de la création bretonne de l'époque» [Bretagne gothique]. Elle est de plan carré et traverse le déambulatoire (voir plan). Quatre fenêtres, un peu plus hautes que celles des autres chapelles, y reçoivent des vitraux d'Édouard Didron de 1882, illustrant la Vie de la Vierge.
Quelques tympans, dans les chapelles latérales, ont encore des vitraux du XIIIe siècle.
Voir plus haut des extraits du tympan de la baie n°11 (le Père céleste et le tétramorphe) et, ci-dessous, des extraits de celui de la baie n° 8 (dont Jésus et le tétramorphe).

Autel de la Vierge et aspect du déambulatoire plat avec entrée dans la chapelle d'axe
Autel de la Vierge et aspect du déambulatoire plat avec entrée dans la chapelle d'axe.
La voûte bombée de la chapelle de la Vierge, exceptionnelle en Bretagne au XIIIe siècle
La voûte bombée de la chapelle de la Vierge est exceptionnelle en Bretagne, au XIIIe siècle.
Baie 8, un ange musicien dans le tympan
Baie 8, détail du tympan :
un ange jouant de la viole.
Chapelle sud-est du déambulatoire, vers 1420.
Baie 8, détail du tympan : le Tétramorphe
Baie 8, détail du tympan : le Tétramorphe.
Chapelle sud-est du déambulatoire, vers 1420.
Baie 8, détail du tympan : le Tétramorphe
Baie 8, détail du tympan : Ange de l'Annonciation.
Chapelle sud-est du déambulatoire, vers 1420.
La voûte du déambulatoire (partie centrale) et son curieux réseau
La voûte du déambulatoire (partie orientale) et son curieux réseau.
Reliquaire du XIXe siècle dans la chapelle axiale
Reliquaire du XIXe siècle dans la chapelle axiale.
Baie 0, détail : saint Samson
Baie 0, détail : saint Samson portant sa cathédrale.
Atelier René Échappé, 1857.
Chapelle des fonts baptismaux
Une tête humaine au-dessus d'un chapiteau du déambulatoire
Une étrange tête humaine au-dessus
d'un chapiteau du déambulatoire.
Fantaisie d'un tailleur de pierre ?
Déambulatoire : chapiteau près de la chapelle axiale
Déambulatoire : chapiteau du XIIIe siècle à l'entrée de la chapelle axiale.
Chapelle axiale dite «du Saint Sacrement»
Chapelle axiale dite «du Saint Sacrement».
Statue du Christ aux outrages dans la chapelle axiale
Statue du Christ aux outrages (XVIe siècle)
dans la chapelle axiale.
Chapelle axiale : statue de saint Samson sur l'autel
Statue (moderne?) de saint Samson
sur l'autel de la chapelle axiale.

Les fonts baptismaux étaient autrefois dans la première chapelle sud du déambulatoire (voir plan). Cet endroit est désormais fermé. Ils sont à présent dans la chapelle sud-est du déambulatoire. C'est un lieu assez étroit, réalisé dans la première moitié du chantier entrepris par le troisième maître d'œuvre.



«««--- La chapelle des fonts baptismaux.
Baie 0 : Vitrail des quatre évêques
Baie 0 : Vitrail des quatre évêques.
Atelier René Échappé, 1857.
«La Circoncision», tableau dans la Chapelle des fonts baptismaux
«La Circoncision»
Tableau d'un peintre anonyme
dans la chapelle des fonts baptismaux.
LA GRANDE VERRIÈRE ORIENTALE OU «MAÎTRESSE VITRE» (Baie 100)
Baie 100 (1290-1300, vers 1400, 1870 et 1950)
La grande baie orientale ou maîtresse-vitre (baie 100).
Elle est datée de 1290-1300, puis a été restaurée vers 1400, en 1870 et en 1950.
Le registre du bas n'est pas entièrement dans la photo à cause de l'angle de vue.

La maitresse-vitre ou grande baie orientale (baie 100).
C'est la principale œuvre d'art de la cathédrale.
L'essentiel de cette verrière a survécu aux aléas de l'Histoire. À la Révolution, selon le prélat Charles Robert, elle aurait été préservée de la destruction par jets de pierre grâce à la présence de la chapelle axiale (voir plus haut).
La verrière a été exécutée vers 1290-1300, puis restaurée vers 1400. Cette restauration concernait essentiellement les panneaux du registre du bas (utilisation de jaune d'argent).
Une restauration importante a été entreprise par l'atelier Oudinot en 1870. Celui-ci a réalisé des pastiches pour combler les lacunes et remplacé les panneaux les plus endommagés. La verrière a été mise à l'abri en 1942. En 1950, l'atelier de Jean-Jacques Gruber l'a à nouveau restaurée. Seize panneaux nouveaux sont venus remplacer des créations de 1870. Enfin, une ultime restauration a eu lieu en 1982-83 par l'atelier Hubert de Sainte Marie.
Cette vaste verrière de 9,50 m sur 6,50 m présente une riche iconographie sur huit lancettes illustrant des vies légendaires. Le tympan est consacré au Jugement dernier.
Thème des lancettes de gauche à droite : Vie de sainte Marguerite d'Antioche ; histoire d'Abraham ; Enfance et Vie publique du Christ ; Scènes de la Passion (2 lancettes) ; Vie de saint Samson ; intronisation des premiers archevêques de Dol ; Vie de sainte Catherine d'Alexandrie.
Les vies de Marguerite, de Catherine et l'histoire d'Abraham se justifient par la présence de reliques dans la cathédrale. En ce qui concerne Abraham, Dol possédait une relique du chêne de Mambré.
À noter un détail rare : dans les scènes de la Passion, Judas, qui reçoit ses trente deniers, porte une auréole.
Les quinze panneaux individuels donnés plus bas (à l'exception de la Nativité ci-dessous) sont datés du XIIIe siècle (avec ou sans restauration).
Sources : 1) Corpus Vitrearum, les Vitraux de Bretagne, 2005 ; 2) La Grande Verrière de la cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne de Christiane Paurd, 2019.

Baie 100, détail : La Nativité (1950)
ENFANCE ET VIE PUBLIQUE DU CHRIST
Lancette n°3, 4e registre.
La Nativité (Atelier Gruber, 1950).
Joseph n'est pas désintéressé par la scène : il se repose, les yeux fermés.
Baie 100, détail du tympan : la rose du Christ-Juge
Baie 100, détail du tympan : la Rose du Christ-Juge.
La Rose est datée du XIIIe siècle.
Quelques anges dans les trilobes du pourtour ont été refaits en 1950.
Baie 100, détail du tympan : trilobe latéral avec le Christ tirant les hommes de l'Enfer
Baie 100, détail du tympan : quadrilobe latéral droit avec le Christ tirant les hommes de l'Enfer.
L'Enfer est représenté par le léviathan (un monstre de couleur verte), la gueule ouverte.
Vitrail du XIIIe siècle, peu restauré.
LA GRANDE VERRIÈRE ORIENTALE : PANNEAUX DU XIIIe SIÈCLE (peu ou pas restaurés)
Baie 100, détail : Flagellation de ste Marguerite, XIIIe
VIE DE SAINTE MARGUERITE
Flagellation de sainte Marguerite devant le gouverneur Olibrius.
Lancette n°1, 6e registre.
Panneau du XIIIe siècle restauré.
Baie 100, détail : Baiser de Judas, XIIIe siècle
SCÈNES DE LA PASSION
Baiser de Judas
Lancette n°4, 5e registre.
Panneau du XIIIe siècle avec restauration
partielle en 1870, puis dans la partie droite en 1950.
Baie 100, détail : Portement de croix, XIIIe siècle
SCÈNES DE LA PASSION
Portement de croix.
Lancette n°5, 2e registre.
Panneau du XIIIe siècle fortement complété
vers 1400 ; tête de Christ restaurée..
Baie 100, détail : Descente de croix, XIIIe siècle
SCÈNES DE LA PASSION
Déposition de croix.
Lancette n°5, 4e registre.
Panneau du XIIIe siècle intact.
Baie 100, détail : Maxence fait brûler vifs les philosophes convertis, XIIIe siècle
VIE DE SAINTE CATHERINE D'ALEXANDRIE
Maxence fait brûler vifs les philosophes convertis.
Lancette n°8, 3e registre.
Panneau du XIIIe siècle bien conservé.
Baie 100, détail : Marguerite surgit du corps du dragon, XIIIe siècle
VIE DE SAINTE MARGUERITE
Marguerite surgit du corps du dragon qui l'a avalée.
Lancette n°1, 3e registre.
Panneau du XIIIe siècle assez bien conservé.
Baie 100, détail : Annonce aux bergers, XIIIe siècle
ENFANCE ET VIE PUBLIQUE DU CHRIST
Annonce aux bergers
Lancette n°3, 3e registre.
Panneau du XIIIe siècle très bien conservé.
Baie 100, détail : La Cène, XIIIe siècle
SCÈNES DE LA PASSION
La Cène
Lancette n°4, 2e registre.
Panneau du XIIIe siècle très bien conservé
à l'exception des deux têtes à l'extrême-gauche, refaites.
Baie 100, détail : Intronisation de saint Magloire (en bas), XIIIe siècle ; Intronisation de saint Budoc, XIIIe siècle
INTRONISATION DES PREMIERS ARCHEVÊQUES DE DOL
Intronisation de saint Magloire (en bas)
Intronisation de saint Budoc (en haut)
Lancette n°7, 2e et 3e registres.
Panneaux du XIIIe siècle bien conservés.
Chaque archevêque, au centre, porte le pallium.
(Le pallium est l'étoffe blanche en haut de la chasuble.)
Baie 100, détail : Loth quitte Sodome, XIIIe siècle
HISTOIRE D'ABRAHAM
Loth quitte Sodome avec sa famille ; un ange les accompagne.
Lancette n°2, 2e registre.
Panneau du XIIIe siècle restauré.
Baie 100, détail : Adoration des mages, XIIIe siècle
ENFANCE ET VIE PUBLIQUE DU CHRIST
Adoration des mages
Lancette n°3, 5e registre.
Panneau du XIIIe siècle peu restauré.
Baie 100, détail : Judas reçoit ses trente deniers, XIIIe siècle
SCÈNES DE LA PASSION
Judas reçoit ses trente deniers.
Lancette n°4, 4e registre.
Panneau du XIIIe siècle bien conservé.
Détail remarquable et rare : Judas est auréolé.
Baie 100, détail : Vie de sainte Catherine, le supplice de la roue, XIIIe siècle
VIE DE SAINTE CATHERINE D'ALEXANDRIE
Le supplice de la roue.
Lancette n°8, 5e registre.
Panneau du XIIIe siècle très bien conservé.
Baie 100, détail : Samson franchit la Manche pour gagner l'Armorique, vers 1400
VIE DE SAINT SAMSON
Samson franchit la Manche pour gagner l'Armorique.
Lancette n°6, 2e registre.
Panneau restitué vers 1400, bien conservé.
L'orgue de tribune
L'orgue de tribune.
Le positif de l'orgue de tribune et son ornementation
Le positif de l'orgue de tribune et son ornementation.
Le buffet d'orgue date du milieu du XVIIe siècle.

Les grandes orgues de la cathédrale de Dol. Au XIIe siècle, la paroi occidentale était creusée d'une grande baie dont le contour est toujours apparent sur la façade extérieure. En 1700, pour installer un grand orgue sur la tribune ouest, on remplaça cette baie par trois baies verticales plus petites surmontées d'un oculus. C'est l'ouverture actuelle.
Le buffet d'orgue date du milieu du XVIIe siècle. L'orgue a été installé dans les années 1870, enrichi et restauré depuis.

Vue d'ensemble de la nef depuis la croisée
La nef et l'orgue de tribune de la cathédale Saint-Samson vus depuis la croisée du transept.
Sur cette photo, les queues de pierre liant les colonnettes aux piles monocylindriques sont très visibles.

Documentation : «Congrès archéologique de France, Haute-Bretagne, 1968», article de René Couffin sur la cathédrale
+ «Bretagne gothique» de Philippe Bonnet et Jean-Jacques Rioult, éditions Picard, 2011
+ «La cathédrale de Dol» d'Anne-Claude Le Boulc'h, Presses universitaires de Rennes, 1999
+ «Notes d'un voyage dans l'Ouest de la France» de Prosper Mérimée, 1836
+ «Dictionnaire des églises de France», éditions Robert Laffont, 1966
+ «La Grande Verrière de la cathédrale Saint-Samson de Dol-de-Bretagne» de Christiane Paurd, 2019
«Corpus Vitrearum, les Vitraux de Bretagne», Presses universitaires de Rennes, 2005
+ «Bretagne, Dictionnaire Guide du patrimoine», éditions du patrimoine, 2002
+ «Le Livre des saints bretons» de Bernard Rio, éditions Ouest-France, 2018
+ «Atlas historique des diocèses de France» de Paul Duquesnoy, éditions Archives & Culture, 2020.
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