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Page créée en janv. 2015
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La Vierge présentant l'Enfant Jésus par Eugène-André Oudinot (1810-1887)

Nous sommes ici dans le quartier de Popincourt, dans l'est de Paris. Au XVIIe siècle, on y construisit une chapelle pour le couvent des Annonciades du Saint-Esprit, dédiée à Notre-Dame de Protection. Rattachée à la paroisse Sainte-Marguerite en 1788, elle devient elle-même paroisse en 1791, cette fois consacrée à saint Ambroise. Décrétée bien national par l'État révolutionnaire, elle est vendue en 1797, puis rachetée par la Ville en 1811. Sous le Second Empire, de par la volonté de Napoléon III, Paris se transforme. On perce les grands boulevards. L'aspect du quartier de Popincourt en est bouleversé. Pour répondre au besoin cultuel d'une population qui s'accroît, une grande église est construite tout à côté de la chapelle. Celle-ci reste en fonction pendant les travaux, puis sera détruite pour laisser place à un square, toujours présent.
C'est l'architecte Théodore Ballu (1817-1885), déjà en charge de la construction de l'église de la Sainte-Trinité dans le 9e arrondissement, qui est choisi pour le projet. Les travaux, commencés en 1865, s'achèvent en 1869. Le style en est le roman du XIIe siècle, mâtiné de style gothique : un style hybride qui a reçu l'appellation de «style Second Empire» et qui est loin du faste du néo- Renaissance choisi pour la Sainte-Trinité et son quartier huppé (voir encart plus bas).
Au niveau artistique, l'église Saint-Ambroise ne recèle pas de grandes richesses. À part quelques sculptures de saints et de saintes, du XIXe siècle, sur la façade et dans le sanctuaire lui-même, on note la présence de quatre grandes toiles marouflées du peintre Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898) dans le transept. Ces toiles, de l'année 1876, sont données dans cette page. Elles illustrent des épisodes de la vie de saint Ambroise et de saint Augustin. .

«Saint Ambroise interdisant l'entrée de l'église à l'empereur Théodose» par Jules–Eugène Lepneveu (1819–1898)
Vue d'ensemble de la nef de l'église Saint-Ambroise
La nef de l'église Saint-Ambroise vue depuis l'entrée.
Vue d'ensemble de l'église Saint-Ambroise
L'église Saint-Ambroise.
La chapelle dédiée à Notre-Dame de Protection s'élevait, jusqu'aux années 1860, à la place
du petit square que l'on voit devant l'église. Les deux clochers culminent à 68 mètres.
La façade est ornée de médaillons dont quatre sont reproduits sur la droite ---»»»
Statue du prophète Jérémie par F. Taluet
Statue du prophète Jérémie par F. Taluet
sur la façade de l'église.
Statue du prophète Éžéchiel par J. Cambos
Statue du prophète Ézéchiel par J. Cambos
sur la façade de l'église.
Saint Ambroise
Saint Ambroise
Peinture en lave émaillée sur le tympan du portail central (partiel)
Œuvre de Guiseppe Devers (1823-1883).
Statue du prophète Isaïe par H.–A. Jacquemart
Statue du prophète Isaïe par H.-A. Jacquemart
sur la façade de l'église.
Allégorie de l'éloquence
Allégorie de l'éloquence.
Peinture en lave émaillée sur le tympan du portail gauche
Œuvre de Guiseppe Devers (1823-1883)
MÉDAILLONS SUR LA FAÇADE
Calice
Calice
Encensoir
Encensoir
Chapeau de cardinal
Chapeau de cardinal
Ciboire
Ciboire
Allégorie de la théologie
Allégorie de la théologie.
Peinture en lave émaillée sur le tympan du portail droit
Œuvre de Guiseppe Devers (1823-1883).
La nef et le bas–côté droit.
La nef et le bas-côté droit. L'église fait 87 mètres de long.
Les bas-côtés ne possèdent chacun que deux chapelles latérales. Hormis le baptistère
et la chapelle des morts, les deux autres chapelles latérales sont à trois pans,
comme la chapelle Saint-Denis donnée juste au-dessous.
LES CHAPELLES LATÉRALES DE LA NEF
Les fonts baptismaux sont ornés des attributs des évangélistes
Les fonts baptismaux sont ornés des attributs des Évangélistes.
La chapelle latérale droite Saint–Denis
Chapelle latérale Saint-Denis.
Saint Denis (atelier Maréchal, entre 1866 et 1869)
Saint Denis (atelier Maréchal, entre 1866 et 1869)
Tous les vitraux sont l'œuvre de Charles-Raphaël Maréchal.
Vitrail de saint Denis
Vitrail de saint Denis.
Charles-Raphaël Maréchal (Années 1860).
Élévations droites dans la nef
Élévations droites dans la nef.
L'élévation fait vingt mètres de haut.
Le triforium s'ouvre par une série de baies triples en plein cintre.
Statue de sainte Rita
Statue de sainte Rita.
Auteur anonyme.
Vitrail à motifs géométriques
Vitrail à motifs géométriques
dans les chapelles.

Architecture. Elle se veut romane. La nef est scandée de gros piliers cylindriques ornés de chapiteaux à thème floral. Les piliers portent des arcades en plein cintre décorées de «pointes de diamant». L'architecte a fait choix de colonnes engagées au-dessus des chapiteaux. Celles-ci sont interrompues par un autre chapiteau à l'endroit où elles reçoivent les arcs qui descendent de la voûte.
Ce choix stylistique a pour effet de casser l'élancement de l'élévation, ce qui n'a pas trop d'importance car la nef est assez large et ne donne pas lieu à une sensation d'écrasement.

LE TRANSEPT, SES DEUX ROSES ET LES QUATRE TOILES DE JULES-EUGÈNE LENEPVEU
Chapiteau à thème floral dans la nef
Chapiteau à thème floral dans la nef.
Saint Augustin
Saint Augustin
Vitrail dans le transept
Charles-Raphaël Maréchal (années 1860).
Saint Denis
Saint Denis
Vitrail dans le transept
Charles-Raphaël Maréchal (années 1860).
La Sainte Famille
La Sainte Famille
Vitrail dans une chapelle
Charles-Raphaël Maréchal (années 1860).
Les croisillons du transept reçoivent les chapelles Saint–Ambroise et Saint–Augustin
Les croisillons du transept reçoivent les chapelles Saint-Ambroise et Saint-Augustin.
À l'arrière-plan : la chapelle Saint-Ambroise.
Ces deux chapelles sont enrichies chacune de deux toiles marouflées de Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898), d'une rose et de deux baies à personnage.
«Saint Ambroise interdisant l'entrée de l'église  à l'empereur Théodose»
«Saint Ambroise interdisant l'entrée de l'église à l'empereur Théodose».
Toile marouflée de Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898)
dans le croisillon droit du transept.
«Saint Ambroise interdisant l'entrée de l'église  à l'empereur Théodose»
«Saint Ambroise interdisant l'entrée de l'église à l'empereur Théodose».
Détail : le visage autoritaire de saint Ambroise.
Toile marouflée de Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898).

Vie de saint Ambroise (339-397). C'est l'une des vies les plus pittoresques de la Légende dorée de Jacques de Voragine. Là, pas de supplice, pas de massacre, pas de décapitation à la chaîne, juste quelques démons froussards que la stature morale du saint intimide.
Ambroise est étudiant en lettres à Rome, puis devient avocat. Il montre tant de brio au prétoire que l'empereur Valentinien l'envoie gouverner les provinces de Ligurie et d'Émilie. Il arrive donc à Milan, en pleine querelle populaire : catholiques et ariens se déchirent pour élire un nouvel évêque. Ambroise intervient et rétablit le calme, mais la foule le choisit alors pour le siège épiscopal.
Étonné, il veut marquer son refus et décide de faire peur. De retour au tribunal, il condamne des prévenus à des peines corporelles, ce qui était contraire à ses habitudes. Mais la foule persiste et l'acclame : «Que la faute de ton péché retombe sur nous!» Alors il utilise les grands moyens et fait venir ostensiblement des prostituées chez lui, l'air de dire : «Vous voyez, je ne suis pas digne d'être évêque!». Mais la foule hurle de plus belle : «Que la faute de ton péché retombe sur nous!» Désespéré, Ambroise part se cacher. Il est retrouvé, reçoit le baptême (car il n'était que catéchumène) et, huit jours plus tard, on le coiffe de la mitre d'évêque de Milan.
À cette époque, le catholicisme est la religion officielle de l'empire romain. Il n'y a donc plus de persécutions. Le récit de Jacques de Voragine est une suite de petites histoires édifiantes où se manifestent toute l'intelligence, la piété et l'autorité d'un homme qui sera déclaré Docteur de l'Église romaine. C'est aussi l'histoire de son combat contre l'arianisme, que défend Justine, la mère de l'empereur.
Au nombre des petites histoires, on trouve celle-ci, traduite par Teodor de Wyzewa : «Telle était sa compassion que, lorsque quelqu'un lui racontait un de ses péchés, il en pleurait si amèrement que le pécheur était forcé de pleurer avec lui.»
Le récit qu'illustre le tableau de gauche est donné dans la Légende dorée. Les habitants de la ville de Thessalonique se sont révoltés et ont tué des fonctionnaires. Sur le conseil d'Ambroise, l'empereur Théodose pardonne. Mais des courtisans aiguisent sa malice et, sur son ordre, plusieurs habitants de la ville sont mis à mort. L'apprenant, Ambroise interdit à l'empereur l'accès de son église. Quand celui-ci rétorque que le roi David lui-même avait commis un adultère et un meurtre, l'évêque répond : «Tu l'as imité dans ses erreurs, imite-le maintenant dans sa pénitence». Et l'empereur Théodose fit pénitence. Source : La Légende dorée de Jacques de Voragine, éditions Diane de Selliers, trad. Teodor de Wyzewa.

La rose de la chapelle Saint-Ambroise
La rose de la chapelle Saint-Ambroise est dédiée au Sacré-Cœur.
Atelier Charles-Raphaël Maréchal (années 1860).

Que s'est-il réellement passé à l'entrée de la cathédrale de Milan (1/2) ?
Le grand spécialiste des mentalités à l'époque de l'Empire romain tardif, l'historien irlandais Peter Brown, donne des clés pour replacer la situation dans un contexte réaliste.
Le début de l'histoire est exact : au début des années 390, 7000 habitants de Tessalonique, coupables de révolte, ont bel et bien été massacrés sur ordre de l'empereur Théodose.
Il faut ici faire appel à deux concepts clés de l'empire tardif : la paideia et la parrhésia.
La paideia lie un comportement à une culture. Le comportement, c'est la maîtrise totale de soi en geste et en parole, autrement dit une modération permanente. La culture est celle des lettres classiques et du service des Muses.
Cette attitude de philosophe instruit, expert en rhétorique grecque, conduit à s'extraire de la masse humaine, souvent ignorante et violente. Elle place dans l'élite de sa ville l'homme qui se voue à la paideia, lui ouvrant la voie vers le pouvoir municipal, voire régional ou impérial. La paideia relie entre eux ces hommes de bonne volonté : un «réseau» informel se forme par le biais de la philia, «l'art soigneusement cultivé de l'amitié» (Brown).
Il s'agit bien d'un réseau interne car, tout cultivés qu'ils soient, les hommes de la paideia, à l'extérieur de leur cercle, doivent savoir tenir leur langue. Ils ne disposent pas du courage qui donne accès à la liberté de parole. Peter Brown l'explique aisément : «Pour rester efficaces, les notables [ceux qui ont la paideia] devaient impérativement se maintenir dans le réseau de clientélisme qui liait les cités à l'administration impériale et, de là, à la cour.» La liberté de parole n'était permise qu'à «ceux qui savaient pouvoir compter sur l'amitié des grands» (Brown).
À cette liberté de parole correspond la parrhésia, qui découle de l'amitié [philia] placée aux plus hauts niveaux de la hiérarchie. La parrhésia fait passer un homme de la paideia un cran au dessus de ses commensaux. Très peu en jouissent. Dans chaque cité importante vit un sage, souvent un philosophe, qui dispose de la parrhésia. C'est l'homme qui compte dans la ville, l'homme qu'il faut rencontrer, une sorte d'intouchable qui a acquis, par sa sagesse et son savoir, le droit de critique, même envers l'empereur.
---»»» Suite 2/2 ci-dessous.

«Saint Ambroise interdisant l'entrée de l'église  à l'empereur Théodose»
«Saint Ambroise interdisant l'entrée de l'église à l'empereur Théodose».
Toile marouflée de Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898).

Le gros plan montre le visage surpris et effrayé de Théodose.
Son épouse, affligée par l'interdiction, porte la main à son visage.
Le peintre a représenté le couple impérial couvert de bijoux.

  L'autel de la chapelle Saint-Ambroise
Chapelle Saint-Ambroise
dans le transept droit avec la toile de Jules-Eugène Lenepveu.
Voir une toile sur le même thème à l'église Saint-Gervais-Saint-Protais à Paris.
 

Que s'est-il réellement passé à l'entrée de la cathédrale de Milan (2/2) ?
---»» Si l'on replace ce phénomène dans l'Angleterre du XVIe siècle en l'inversant, c'est la jeune reine Élisabeth Ière qui donne à Lord Cecil le droit de la reprendre.
Une femme pouvait disposer de la parrhésia. Ce fut le cas d'Hypathie d'Alexandrie au début du Ve siècle. À cette époque, les chrétiens, souvent violents, voulaient que la parrhésia fût systématiquement entre les mains de l'évêque de la cité. Le bouillant évêque Cyrille d'Alexandrie, écarté par le préfet romain au profit d'Hypathie, décida de se débarrasser de sa concurrente, déjà âgée. Hypathie fut lapidée devant une église de la ville par une foule chrétienne surexcitée.
Revenons à Ambroise et au IVe siècle. L'évêque de Milan ne disposait pas de la parrhésia. Peter Brown écrit : «Récemment établi et devenu de lui-même porte-parole d'une faction pro-nicéenne intransigeante, l'Ambroise de la fin des années 370 et du début des années 380 n'avait pas d'ascendant garanti sur la conscience d'un empereur.»
Le massacre de Thessalonique s'est produit au début des années 390, suscitant le courroux de l'évêque. Vers la fin de la décennie, Ambroise avait mûri, son influence s'était renforcée. Il pouvait oser la parrhésia envers l'empereur, mais savait aussi qu'il lui fallait en respecter les codes. Ambroise défiant Théodose à l'entrée de sa cathédrale n'est qu'un mythe.
Dans une longue lettre, l'évêque décida de s'adresser à l'empereur en adoptant le ton d'un guide spirituel, c'est-à-dire d'«endosser délibérément le rôle du philosophe» (Brown). Si cette lettre fâcha l'empereur, ce dernier dut, pour des raisons politiques, calmer le jeu. Il voulait tenir sa cour à Milan et devait en accepter les règles. C'étaient d'abord une procession du palais à la cathédrale d'Ambroise, puis des cadeaux impériaux offerts au sanctuaire, enfin la communion (puisque Théodose était baptisé). «C'est la majesté du cérémonial impérial elle-même, écrit Peter Brown, qui liait Théodose à l'Église catholique.»
Et il ajoute : « Regagner un rôle de premier plan dans la grand-messe solennelle à la cathédrale de Milan valait bien une pénitence.» Comme quoi la lettre de l'évêque avait dû porter, mais avec les formes.
Peter Brown écrit que l'empereur «dut probablement renoncer à diriger la procession impériale en grande tenue» et assister, pendant plusieurs semaines, à l'office dominical sans ses insignes royaux. Théodose attendit l'arrivée de ses deux fils pour parader sans retenue.
L'habile Ambroise avait réussi à tempérer la colère de Théodose et à tenir le rôle d'arbitre de la grâce impériale.
En fin de compte, que s'est-il passé à l'entrée de la cathédrale de Milan ? Rien. Si l'évêque avait barré le chemin de l'empereur à l'entrée de sa cathédrale, comme le conte la Légende dorée, une sanction d'exil long et lointain l'aurait vraisemblablement frappé.
Sources : 1) Pouvoir et persuasion dans l'Antiquité tardive de Peter Brown, Le Seuil, 1998; 2) Le monde de l'Antiquité tardive de Marc Aurèle à Mahomet de Peter Brown, éditions de l'Université de Bruxelles, 1995; 3) Les chrétiens et la culture de Sébastien Morlet, éditions Les Belles Lettres, 2016.

Les vitraux de l'église Saint-Ambroise.
Tous les vitraux sont l'œuvre de l'atelier de Charles-Raphaël Maréchal. Ils ont été créés entre 1866 et 1869.
Mises à part les trois roses, ils se présentent de deux manières : soit c'est une baie à un personnage représentant un saint ou une sainte, ou, dans l'abside, le Christ et les apôtres ; soit c'est une baie historiée à trois médaillons sur un fond de figures géométriques colorées. Le médaillon historié évoque des scènes de la vie de la Vierge, de la vie de Joseph ou de celle de sainte Geneviève. Les deux autres médaillons reçoivent un ange tenant un phylactère. Certains visages de saints sont très beaux et sont représentés en gros plan dans cette page.

La rose de la chapelle Saint–Denis, dans le transept gauche
La rose de la chapelle Saint-Denis, dans le transept gauche,
est dédiée au Père Céleste. Ici, détail du médaillon central.
Atelier Charles-Raphaël Maréchal (années 1860).
«Saint Augustin réconciliant les catholiques et les donatistes»
«Saint Augustin réconciliant les catholiques et les donatistes»
Toile marouflée de Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898).
«Saint Augustin faisant cesser l'usage entre parents de se battre pour s'exercer à la guerre
«Saint Augustin faisant cesser l'usage entre parents
de se battre pour s'exercer à la guerre»
Toile marouflée de Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898).
«Saint Ambroise livrant les vases sacrés de son église pour le rachat des prisonniers»
«Saint Ambroise livrant les vases sacrés de son église pour le rachat des prisonniers» Toile marouflée de Jules-Eugène Lenepveu (1819-1898).
Saint Augustin, détail
Saint Augustin, détail
Vitrail dans la chapelle Saint-Augustin.
Charles-Raphaël Maréchal (années 1860).
Sainte Élisabeth, détail
Sainte Élisabeth, détail.
Vitrail dans la chapelle Saint-Ambroise.
Atelier Charles-Raphaël Maréchal (années 1860) .
La chapelle Saint-Augustin dans le transept gauche
Chapelle Saint-Augustin dans le transept gauche.
Par souci d'économie et conformément aux instructions de Napoléon III, la décoration de l'église, en 1869, était sobre. Elle l'est toujours.
Le Sacré–Cœur dans le médaillon central de la rose de la chapelle Saint–Ambroise
Le Sacré-Cœur dans le médaillon central de la rose de la chapelle Saint-Ambroise
Atelier Charles-Raphaël Maréchal (années 1860).
LE CHŒUR DE L'ÉGLISE SAINT-AMBROISE
Le chœur avec son baldaquin qui apporte une touche byžantine à l'ensemble
Le chœur avec son baldaquin de style byzantin.
Statue de sainte Jeanne de France

Églises de riches, églises de pauvres (1/3).
Les quatre toiles marouflées de Jules-Eugène Lepneveu datent de 1876. Nous ne savons pas qui les a financées, ni qui a décidé de les exposer dans le transept de Saint-Ambroise. L'église ayant été construite de 1863 à 1869, on est porté à penser qu'à son achèvement le transept ne devait comporter aucune toile et donc paraître très pauvre. Ce qui nous amène à un débat qui agita les milieux architecturaux et artistiques au XIXe siècle : comment construire des églises avec économie? Le Second Empire créa d'ailleurs en 1866 une commission chargée d'étudier officiellement ce problème et de proposer une solution. Il ne faut pas oublier que, à cette époque, le christianisme est religion d'État. C'est donc l'administration qui détient la maîtrise d'ouvrage... et qui ouvre son porte-monnaie. Et elle entend le faire sans gaspillage.
Rappelons que la Révolution a porté un coup presque fatal à l'Église de France, notamment dans la vente et la destruction des bâtiments cultuels. Dès 1790, l'Assemblée Constituante, sur proposition de Talleyrand, confisque tous les biens de l'Église. Dans toutes les villes, les paroisses subissent un redécoupage drastique qui aboutit à une diminution notable du nombre des édifices cultuels. Beaucoup sont vendus et réutilisés comme grange ou atelier. Ce qui frappe d'ailleurs les voyageurs étrangers.
Dans un article de 1969 paru dans la Revue d'Histoire de l'Église de France, Berthier de Sauvigny relate les réactions de ces voyageurs : «On est frappé péniblement de trouver ici et là des édifices vénérables abandonnés à des usages profanes ; à Toulouse, les chapelles des Dominicains et des Jacobins sont utilisées, en 1829, comme des écuries et des manèges ; à Dijon, l'église de Saint-Jean-l'Évangéliste sert de marché et l'on peut voir des hommes emballer de la laine à l'endroit où s'élevait le maître-autel.» Ce même auteur rappelle qu'à Paris, en 1832, il ne restait que trente-six églises ouvertes au culte (sur une superficie beaucoup moins étendue qu'aujourd'hui il est vrai puisque les arrondissements extérieurs ne seront intégrés à la capitale qu'en 1860).    ---»» Suite 2/3 ci-dessous.

Statue de saint Ambroise
STATUES DE PART ET D'AUTRE DU CHŒUR
«««--- Sainte Jeanne de France
par Louis Noël (1920).
Saint Ambroise ---»»»
par Gérard Vincent (1980).
Le maître–autel du XIXe siècle
Le maître-autel du XIXe siècle est orné de quatre prophètes associés à deux anges thuriféraires.

Églises de riches, églises de pauvres (2/3).
---»» Bref, il faut reconstruire car la population s'accroît. C'est le cas notamment dans les campagnes et dans les quartiers neufs des villes.
Dans ce débat envenimé qui cherchait le moyen de bâtir au moindre coût des édifices cultuels de différente taille surgit une polémique concernant l'opposition entre les quartiers riches et les quartiers pauvres.
Cette querelle prend sa source dans un désaccord profond entre les styles d'architecture à retenir : néo-classicisme ou gothique classique? (Le gothique classique étant le gothique de Philippe Auguste à saint Louis, par opposition au gothique flamboyant, jugé frivole et écarté d'office).
Le néo-classicisme, luxueux, est rejeté par certains comme reflet du paganisme. Le néo-gothique, sobre et austère, correspond à l'image du stoïcisme religieux, pilier du vrai catholicisme.
Évidemment la sobriété coûte moins cher à bâtir que le luxe. Cela tombe bien car le chrétien par excellence, c'est le pauvre ! Ainsi s'exprime l'historien et homme politique Charles de Montalembert (1810-1870). Dans un article de la Revue d'Histoire de l'Église de France cité en source, l'historien Jean-Michel Deniaud nous précise la pensée de Montalembert : «Car le pauvre (...) n'aime pas les églises somptueuses dont la richesse peut lui rappeler la médiocrité de sa condition ; il lui faut au contraire une construction simple et d'une ornementation discrète.»
La voie était ouverte à d'autres qui appliquèrent une discrimination sociale aux styles architecturaux : les églises riches dans les quartiers riches, les églises pauvres dans les quartiers pauvres.
---»» Suite 3/3 plus bas.

Vue du déambulatoire et de ses nombreuses peintures murales représentant les apôtres
Vue du déambulatoire et de ses nombreuses peintures murales représentant les apôtres,
œuvres d'Alphonse Jacquier et François Perrodin (fin du XIXe siècle).
Statue d'Aaron sur le maître-autel
Bas-relief d'Aaron sur le maître-autel
(XIXe siècle)
Statue d'Abel sur le maître-autel
Bas-relief d'Abel sur le maître-autel
(XIXe siècle)

Églises de riches, églises de pauvres (3/3).
---»» Il en fut ainsi de l'architecte Théodore Ballu (1817-1885) qui éleva La Trinité dans un luxueux style néo-Renaissance. L'endroit s'y prêtait : les environs de la gare Saint-Lazare étaient à l'époque un quartier huppé. Dans le même temps (les années 1860), il bâtit l'église Saint-Ambroise dans un néo-roman très dépouillé. Et Jean-Michel Leniaud prend soin de préciser : «Il ne s'agit pas là d'une coïncidence fortuite, mais d'une attitude dûment réfléchie, dont au reste, on félicita l'architecte.»
Dans cette course effrénée à l'économie, les défenseurs des deux écoles (néo-classique et néo-gothique) luttèrent à coups de chiffres. Plus précisément, il s'agissait de brandir un coût de construction rapporté au mètre carré le plus bas possible. Bien évidemment, on le prétendait toujours inférieur à celui supporté par l'école adverse ! L'un des bénéfices de cette querelle est que les historiens disposent aujourd'hui des chiffres sur lesquels asseoir leur jugement. Les calculs de l'époque montraient ainsi que le coût de la luxueuse Trinité revenait à 3,950 millions de francs

pour 3000 mètres carrés, soit 1315 F le m2, et les non moins luxueuses Saint-Augustin et Saint-Vincent-de-Paul à 2000 F le m2 chacune. Quant à Saint-Ambroise, avec ses 4500 mètres carrés de superficie, sa charpente métallique et ses murs érigés avec une nouvelle technique d'appareillage, son coût ne s'élevait qu'à 550 F le m2. Une autre église parisienne fit l'admiration des contemporains : Saint-Jean-Baptiste de Belleville. Ces 578 F au m2 (pour une dépense totale de 950 000 francs) incluaient même des améliorations importantes intervenues au cours de la construction, améliorations qui n'avaient pratiquement pas modifié le devis initial.
Sources : 1) Les constructions d'églises sous le Second Empire : architecture et prix de revient par Jean-Michel Leniaud (Revue d'histoire de l'Église de France, tome 65, n°175, 1979) ; 2) La vie catholique en France sous la Monarchie constitutionnelle, vue par les voyages américains par Guillaume Berthier de Sauvigny (Revue d'histoire de l'Église de France, tome 55, n°155, 1969)

«Epistolae sancti Pauli»
«Epistolae sancti Pauli»
Médaillon dédié à saint Paul dans le déambulatoire.
Saint Jean
Saint Jean
Médaillon dans le déambulatoire.
Saint Philippe
Saint Philippe
Médaillon dans le déambulatoire.
Statue de saint Ambroise, détail
Statue de saint Ambroise, détail
par Gérard Vincent (1980) dans le chœur.
Saint Pierre
Saint Pierre
Vitrail dans l'abside
Atelier de Charles-Raphaël Maréchal.
Saint Matthieu
Saint Matthieu
Vitrail dans l'abside
Atelier de Charles-Raphaël Maréchal.
Un ange tenant un phylactère
Un ange tenant un phylactère
dans le vitrail de sainte Elisabeth (médaillon inférieur)
Atelier de Charles-Raphaël Maréchal, années 1860.
Saint Marc, détail
Saint Marc, détail.
Saint Luc, détail
Saint Luc, détail.
Le déambulatoire droit et la chapelle absidiale Sainte-Geneviève
Le déambulatoire droit et la chapelle absidiale Sainte-Geneviève.
Le baldaquin et le maître-autel dans le chœur
Le baldaquin et le maître-autel dans le chœur.
Le baldaquin est présenté comme étant une réplique (en taille réduite)
de celui de l'église Saint-Ambroise de Milan.
«««--- Deux figures d'apôtres dans l'abside :
Saint Marc et saint Luc
Atelier de Charles-Raphaël Maréchal, années 1860.
Statue de sainte Jeanne de France, détail
Statue de sainte Jeanne de France, détail
par Louis Noël (1920), dans le chœur.
Saint Martin, détail
Saint Martin, détail
Vitrail dans le transept
Atelier Charles-Raphaël Maréchal, années 1860.
Saint Martin, vitrail dans le transept
Saint Martin, vitrail dans le transept
Atelier Charles-Raphaël Maréchal, années 1860.
LES CHAPELLES ABSIDIALES
La chapelle axiale de la Vierge
La chapelle axiale de la Vierge.
Cette chapelle n'est pas confinée dans une suite de chapelles rayonnantes,
mais fait partie intégrante de l'abside. Elle bénéficie donc d'une importante verrière.
La Vierge présentant l'Enfant Jésus
La Vierge présentant l'Enfant Jésus
par Eugène-André Oudinot (1810-1887).
La Mort de la Vierge
La Mort de la Vierge.
Vitrail dans la chapelle de la Vierge
Atelier Charles-Raphaël Maréchal, années 1860.

La Vierge présentant l'Enfant Jésus est un thème qui a inspiré les sculpteurs du XIXe siècle.
On pourra en voir un autre exemple à l'église Saint-Vincent-de-Paul (Paris 10e), dû au ciseau d'Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887).

Médaillon «La Nativité»
Médaillon : «La Nativité»
Médaillon «La Fuite en Égypte»
Médaillon : «La Fuite en Égypte»
Médaillon «La Sainte Famille»
Médaillon : «La Sainte Famille»
CI-DESSUS, TROIS MÉDAILLONS ILLUSTRANT LA VIE DE LA VIERGE ET DE JOSEPH DANS LA CHAPELLE DE LA VIERGE (Atelier Maréchal, années 1860)
L'autel de la chapelle axiale de la Vierge avec la statue d'Oudinot
L'autel de la chapelle axiale de la Vierge avec la statue d'Oudinot.

La chapelle absidiale droite Sainte–Geneviève
La chapelle absidiale droite Sainte-Geneviève.
L'autel est surmonté d'une belle statue de la sainte incarnant la Foi,
l'une des trois vertus théologales.

La verrière de la chapelle Sainte-Geneviève contient trois baies
réalisées par l'atelier Maréchal (entre 1866 et 1869).
Le médaillon central de chacune de ces baies illustre un épisode de la vie de la sainte :
- Geneviève gardant ses moutons (voir à droite) ;
- Geneviève rencontrant l'évêque saint Germain ;
- Geneviève en prière.
Médaillon «La Déposition»
Médaillon : «La Déposition»
Vitrail de la chapelle de la Vierge (atelier Maréchal)
Médaillon «La Mort de Joseph»
Médaillon : «La Mort de Joseph»
Vitrail de la chapelle Saint-Joseph (atelier Maréchal)
Sainte Geneviève représentant La Foi
Sainte Geneviève représentant La Foi.
Auteur anonyme.
À DROITE ---»»»
La rose occidentale, détail.
Elle reçoit la colombe qui symbolise le Saint Esprit.
La Vierge présentant l'Enfant Jésus, détail
La Vierge présentant l'Enfant Jésus, détail.
par Eugène-André Oudinot (1810-1887).
Médaillon «Sainte Geneviève et ses moutons»
Médaillon «Sainte Geneviève et ses moutons»
Atelier Maréchal, années 1860.
La rose occidentale, détail
Le Christ entre saint Pierre et saint Paul
Les vitraux centraux de l'abside : le Christ entre saint Pierre et saint Paul.
Atelier Maréchal, années 1860.
L'orgue de tribune est un Merklin-Schutze de 1869
L'orgue de tribune est un Merklin-Schutze de 1869.
La nef vue du chœur
La nef vue depuis le chœur.

Documentation : «Paris d'église en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4
+ Site de la paroisse + «La Légende dorée» de Jacques de Voragine, éditions Diane de Selliers
+ «Pouvoir et persuasion dans l'Antiquité tardive» de Peter Brown, Éditions du Seuil, 2003.
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