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L'église Saint-Séverin
est un joyau de l'architecture de style gothique flamboyant du XVe
siècle. A la fin XIIe siècle, l'Université
de Paris, créée par Philippe Auguste, attire maîtres
et étudiants de toute l'Europe. L'Ile de la Cité est
surpeuplée ; la rive gauche les accueille. Avec l'église
Saint-Julien,
Saint-Séverin devient la paroisse des étudiants et
le siège des assemblées générales de
l'Université. Vers 1230, on décide de construire plus
grand ; un nouveau sanctuaire est élevé. Un incendie
le détruit en partie vers 1448. Mais la guerre de Cent Ans
va bientôt s'achever par une victoire totale des troupes françaises
(hormis Calais, tout le territoire est libéré) et
une reprise économique s'amorce. Saint-Séverin sera
rebâtie avec une certaine magnificence ; le chantier va se
poursuivre jusqu'au XVIIe siècle.
La Révolution ne l'endommage pas. Si Saint-Julien,
toute proche, devient magasin à sel, Saint-Séverin
devient dépôt de poudre, puis entrepôt de fourrage
et de cloches. L'église est rendue au culte en 1803.
Si vous visitez Paris, ne manquez pas cette église magnifique
avec sa superbe verrière, ses double-collatéraux et
son double déambulatoire. Tout cela nous vient tout droit
du XVe siècle et dégage une atmosphère médiévale
envoûtante.
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Vue d'ensemble de la nef de l'église Saint-Séverin.
Les trois premières travées de la nef datent du XIIIe
siècle (on en voit le dernier pilier, à droite et à
gauche, au premier plan) : ce sont des colonnes monocylindriques à
chapiteaux floraux.
Puis suivent les quatre dernières travées (gothique
du XVe siècle) : arcades ogivales plus étroites que
dans les premières travées et colonnes à gorges.
En clair : le premier tiers de l'église date du XIIIe siècle.
Le reste de la nef, le double déambulatoire et l'abside remontent
au XVe siècle, après la guerre de Cent Ans. |
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Vue de l'église Saint-Séverin dans le Quartier latin
depuis le sud. L'arbre sur la droite est dans
un jardin qui jouxte l'église et qui repose sur un ancien
charnier médiéval.
«««-- Photo de gauche : le portail ouest qui date
du XIIIe siècle. Il est de style gothique et comprend, de
chaque côté,
six colonnettes sculptées de guirlandes de feuillage. Le
tympan est une représentation de «La Vierge à
l'Enfant recevant les honneurs de deux anges». Auteur : Josph-Marius
Ramus (1805-1888). Cette sculpture illustre l'Espérance (image
ci-dessous).
Ci-dessous, à gauche, tympan du portail nord : «Saint
Martin partageant son manteau avec un pauvre», de Jacques-Léonard
Maillet (1823-1895). La sculpture illustre la Charité. A
l'origine, ce portail était l'entrée principale de
l'église.
Saint-Séverin était la première étape
du pèlerinage vers Compostelle, au départ de Notre-Dame.
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L'histoire
architecturale de Saint-Séverin
Sur le site, au XIXe siècle, les archéologues
ont découvert des sarcophages mérovingiens, vestige
d'un ancien cimetière. Il y avait donc une chapelle à
cet endroit très tôt au Moyen Age.
Le point de départ est la présence d'un ermite
nommé Séverin qui se serait établi là
au VIe siècle (non loin d'un oratoire dédié
à saint Martin). A sa mort, une chapelle est érigée,
qui lui est consacrée. Les Normands la détruisent
au IXe siècle. Elle est reconstruite à la fin
du XIe en style roman. Vers la fin du XIIIe siècle,
l'édifice était constitué d'une nef à
six travées, avec bas-côtés et chevet
plat. Avec une tour-clocher attenante au bas-côté
nord. Il nous en reste les trois premières travées
et le niveau inférieur de la tour.
Après la guerre de Cent Ans, l'archiprêtre de Saint-Séverin,
Guillaume d'Estouteville, fait entreprendre des modifications
majeures (selon certaines sources, l'incendie qui aurait endommagé
une grande partie de l'église n'est pas certain). Les
travaux s'étalent de 1450 jusque vers 1470. L'église
acquiert sa forme actuelle à cinq nefs. Entre 1489 et
1495, le reste de l'édifice est achevé : le chur,
le double déambulatoire et les chapelles rayonnantes.
C'est de cette époque aussi que date la célèbre
colonne torse. L'église Saint-Séverin reflète
alors le plus pur style gothique flamboyant parisien. |
Au début du XVIe siècle
sont ajoutées les chapelles latérales nord et
sud. Enfin, au grand siècle, c'est la Grande Mademoiselle
qui fait office de maître d'ouvrage. Elle fait modifier
le chur dans un style classique, qui plait au roi. Louis
XIV est son cousin et elle espère ainsi revenir en
grâce après la Fronde de 1652 et son parti-pris
pour son autre cousin, le prince de Condé. Elle fait
également ériger la chapelle Mansart.
L'orgue. On est certain de l'existence d'un orgue à
Saint-Séverin depuis 1521. Cependant c'est au XVIIIe
siècle que sera installé le superbe buffet. Il
date de 1745 et il est l'uvre de deux artisans : le menuisier
François Dupré et le sculpteur J. François
Pichon. (En 1960, l'orgue a été intégralement
restauré par le facteur Alfred Kern.)
En 1837, nouvelle vague de restaurations. La façade occidentale
reçoit le portail actuel. Il provient d'une ancienne
église de l'Ile de la Cité, toute proche de Notre-Dame
et remonte au XIIIe siècle. (C'est la première
fois que la toute nouvelle direction des Monuments historiques
réalise un déménagement d'une partie du
patrimoine national.) Enfin les chapelles latérales sont
confiées aux pinceaux de jeunes artistes, dont Jean-Hyppolite
Flandrin qui y fait ses premières armes avec le succès
que l'on connaît. La confection de ces peintures murales
va s'étaler sur plusieurs décennies comme le montre
l'Arbre de Jessé
dans une chapelle rayonnante qui date de 1858 (voir plus bas).
De cette époque aussi date l'ensemble des vitraux des
chapelles latérales et du premier étage de l'élévation,
au niveau du triforium. Ainsi que ceux de la claire-voie dans
l'abside.
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Vue du double collatéral sud et des vitraux historiés
du XIXe siècle.
On remarquera que les chapelles latérales sont assez sobres. |

Vitrail de la Sainte Famille et de Sainte Anne
visible dans une chapelle latérale (XIXe siècle).
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Vitrail nord au premier niveau de l'élévation (XIXe
siècle).
Le roi Saint-Louis, qui porte la couronne d'épine du Christ
sur un coussin, est entouré de trois autres saints.
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Vue sur la voûte et sur la superbe verrière de l'abside
et de l'élévation nord de Saint-Séverin.
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan dans la galerie des
vitraux. |

Le chur de Saint-Séverin entouré de la forêt
de colonnes du double déambulatoire (XVe siècle). Au
centre, une superbe colonne torse éclairée par une lumière
artificielle.
En arrière-plan, les vitraux contemporains de Jean-René
Bazaine (1904-2001) illuminent le déambulatoire. |

Vitraux de l'abside.
On remarquera la superbe voûte gothique sur croisée d'ogives
en étoile à multiples compartiments (XVe siècle).
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Les vitraux
de Saint-Séverin datent de plusieurs époques.
Dans la nef, au premier étage de l'élévation,
ils sont tous du XIXe siècle et dus à Emile
Hirsch (1832-1904). Au deuxième étage et au
niveau des trois premières travées, ils remontent
à la fin du XIVe siècle. Ils décrivent
des épisodes de la vie des Apôtres. Au niveau
des travées suivantes, ils sont du XVe siècle
et illustrent la vie de saints martyrs.
Dans les collatéraux, les magnifiques vitraux historiés
sont du XIXe siècle. On les doit à Emile Hirsh
et à Edouard-Amédée Didron (1836-1902).
Enfin, dans l'abside : au premier niveau (la claire-voie),
ils datent du XIXe siècle et relatent les événements
de la vie du Christ. Au deuxième niveau, ils remontent
au XVe siècle et sont consacrés à la
Vierge, au Christ, aux Apôtres et aux saints.
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Extrait des vitraux du XIXe siècle dans les chapelles latérales
:
«Apostolat en Provence de sainte Marie-Madeleine», 1876.
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |

Partie nord du déambulatoire avec ses chapelles rayonnantes et ses
vitraux contemporains.
Le premier déambulatoire (à droite sur la photo) est
souvent encombré de bancs. La circulation se fait vraiment
dans le second déambulatoire. Ce système de double déambulatoire
crée une forêt de piliers qui, associés à
un tissu
de nervures à liernes sur une voûte peu élevée
(photo à droite), ressemblent à une palmeraie. Un spectacle
saisissant.
Ci-contre, à droite, un motif de clé de voûte
original dans le bas-côté nord :
un homme et une femme dans une tour de château qui ont l'air
de se disputer (XVe siècle?). |
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Fresque de l'Arbre de Jessé sur le mur d'une chapelle rayonnante.
Elle date de 1858.
Au XIXe siècle, les chapelles de Saint-Séverin ont été
décorées de diverses peintures murales (comme celle
ci-dessus).
L'Arbre
de Jessé est une construction allégorique de la
généalogie de la Vierge.
«««---- à gauche, vitrail de la fin du XIVe
siècle : Saint Pierre tient la clé du Paradis, saint
Jean rédige. Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan.
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Vue du double collatéral de Saint-Séverin sur le côté
nord. L'atmosphère médiévale qui s'en dégage
vaut la visite... |

Écusson sur une clé de voûte du bas-côté
nord |

Une sculpture d'ange présentant des armoiries
sur une clé de voûte du collatéral nord. |

L'orgue de tribune, de style franco-germanique, est due à Claude
Ferrand, Le buffet (1745) , de style Louis XV, a été
sculpté par Jean-François Fichon. L'orgue dissimule
le vitrail de l'Arbre de Jessé qui date de 1500.
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Elévations du côté nord avec vue sur le double
collatéral.
On distingue bien les deux styles de piliers (XIIIe et XVe siècles). |
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Pour le charme de l'atmosphère médiévale
:
A gauche, deux chapelles latérales sud construites au
XVIe siècle
Ci-dessus : le déambulatoire avec ses vitraux contemporains
et sa fameuse colonne torse |
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Partie haute de la tribune d'orgue avec les sculptures de Jean-François
Fichon (1745). En arrière-plan, vue partielle de l'Arbre de
Jessé de 1500 |

Peinture du XIXe siècle au-dessus d'une porte du bas-côté
sud. Saint Jean-Baptiste montre à des paysans un homme qui
semble être Jésus. |
Documentation : «Paris d'église
en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4
et documentation présente dans l'église |
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