Accueil
Histoire navale
Céramique
Bibliographie
Les Grands Thèmes
  PATRIMOINE
Châteaux, palais,
  Eglises, monuments
Est Ouest Sud-Ouest Nord IdF Sud-Est Centre-OuestCentre-Est
RÉGIONS


 Contact
Page créée en avril 2013
Vitrail du Martyre de sainte Agathe (partiel)

L'église Saint-Jean-au-Marché est constituée de deux parties bien différentes. La nef et ses bas-côtés ont été construits au XIIIe siècle en style gothique. La voûte de la nef culmine à 14 mètres. Le chœur, qui culmine à 21 mètres, est du XVIe siècle (le style des piliers y est différent, celui des nervures des voûtes aussi). Saint-Jean s'insère totalement dans l'histoire des foires de Champagne au Moyen Âge (d'où son appellation «au Marché»). Dressée au centre de la ville, l'église était enveloppée d'un essaim de petites maisons qui servaient d'échoppes. Pour l'agrandir, la fabrique dut faire preuve de patience et les racheter une à une. Ce qui prit plusieurs décennies. L'église, dans son ensemble, est dédiée à saint Jean-Baptiste, mais quelques ornements rappellent saint Jean l'évangéliste.
L'église Saint-Jean-au-Marché a bénéficié d'une restauration récente (vers 2009). On découvre maintenant un magnifique édifice tout blanc présentant quelques chefs-d'œuvre de la sculpture troyenne du XVIe siècle (dont une Déploration) et de très beaux vitraux Renaissance (les numéros des baies indiqués dans cette page sont ceux du Corpus Vitrearum). Saint-Jean-au-Marché est la seule église de Troyes à posséder un retable monumental. De style italien, il arbore deux belles toiles du peintre troyen et natif de la paroisse Pierre Mignard, un artiste qui fut très apprécié par Louis XIV.
Rappelons enfin que c'est à Saint-Jean (qui ne comprenait alors que la nef et ses bas-côtés) qu'eut lieu, en juin 1420, le mariage du roi d'Angleterre Henri V avec Catherine de France, fille de Charles VI et d'Isabeau de Bavière. Le Traité de Troyes donnait le trône de France au monarque anglais à la mort de Charles VI.

Saint Jean dans la Déploration (statuaire troyenne du XVIe siècle)
Vue d'ensemble de la nef de l'église Saint-Jean-au-Marché
Vue d'ensemble de la nef de l'église Saint-Jean-au-Marché à Troyes.
Vue de l'église et de sa façade occidentale
Vue de l'église et de sa façade occidentale.
La façade occidentale
La façade occidentale.
Sculpture gothique à thème floral
Sculpture gothique à thème floral
avec oiseaux qui picorent des fruits
(trumeau du portail nord).
«««--- À droite du portail, il y avait une tour-clocher
qui abritait deux cloches. Elle est tombée en 1911.
Le côté nord avec ses fenêtres gothiques, ses pilastres, ses galbes et ses gargouilles (XVIe siècle)
Le côté nord avec ses fenêtres gothiques, ses pilastres, ses galbes et ses gargouilles (XVIe siècle).
Décoration foisonnante sur le chœur (XVIe siècle)
Décoration foisonnante sur le chœur (XVIe siècle).
Gargouille. Ici, un animal monstrueux ailé
Gargouille. Ici, un animal monstrueux ailé.
Le portail nord
Le portail nord
Décoration sur le côté sud, un lion
Décoration sur le côté sud, un lion.
Culot en gothique flamboyant sur le côté nord
Culot en gothique flamboyant sur le côté nord.

L'agrandissement de Saint-Jean-au-Marché. À l'époque des foires, les maisons enserraient la nef. Pour agrandir l'église, le chapitre dut, une à une, les racheter à leur propriétaire. La complexité de ces rachats est, à elle seule, un sujet d'études pour les historiens. L'affaire n'est pas mince : les dates de rachat conditionnent la période de construction du chœur. Si l'érudit L. Pigeotte a pu tabler, en 1882, sur une construction du chœur déjà commencée en 1506, les travaux sur la topographie de l'église menés par P. Piétresson en 1929 ont montré que la construction était en fait plus tardive. En 1506, des maisons qui occupaient la place du chœur étaient encore louées ou n'avaient pas été acquises par la fabrique. Le nouveau chœur n'a pas pu être bâti avant 1519-1520.
Source : «Le vitrail à Troyes : le chantier et les hommes (1480-1560)», Danielle Minois, Corpus Vitrearum

La nef du XIIIe siècle
La nef du XIIIe siècle
Les arcades en arc brisé reposent sur des chapiteaux gothiques. Les colonnes engagées donnant sur la nef montent sans interruption jusqu'à
la naissance des voûtes. L'effet d'élévation en est accentué, ce qui n'est pas un mal compte tenu de l'étroitesse de la nef.
Statue de sainte Barbe
Statue de sainte Barbe
Calcaire polychromé, vers 1550
Bas–côté nord avec la peinture murale au fond
Bas-côté nord avec la peinture murale au fond
Statue de saint Michel combattant le démon
Statue de saint Michel combattant le démon
(vers 1500)
La chaire à prêcher sculptée en 1840 par Jeanson
La chaire à prêcher sculptée en 1840 par Jeanson
Chaire : saint Jean-Baptiste sur le dosseret (partiel)
Chaire : saint Jean-Baptiste sur le dosseret (partiel)
Tableau : «Saint Jean de Matha délivrant les captifs»
Tableau : «Saint Jean de Matha délivrant les captifs»
par Pierre Thomas Le Clerc, 1783
Le Martyre de saint Sébastien (baie 14)
Le Martyre de saint Sébastien (baie 14)
(XVIe siècle)
Saint Sébastien entouré de saint Claude et saint  Henri (baie 14)
Saint Sébastien entouré de saint Claude et saint Henri (baie 14)
(XVIe siècle)
Peinture murale du Jugement dernier (fin du XVe siècle)
Peinture murale du Jugement dernier (fin du XVe siècle)
et statue de saint Michel combattant le démon (vers 1500).
Peinture murale du Jugement dernier Le Père Céleste
Peinture murale du Jugement dernier Le Père Céleste
La chaire à prêcher : Apôtres et vertus théologales (ici, la Foi et l'Espérance) sur la cuve
La chaire à prêcher : Apôtres et vertus théologales (ici, la Foi et l'Espérance) sur la cuve.

À DROITE ---»»»
Tableau : «Saint François de Sales» par Musgnier, 1660
«Saint François de Sales» par Musgnier, 1660

Marguerite Bourgeoys. L'église Saint-Jean expose une statue contemporaine d'une jeune femme dénommée Marguerite Bourgeoys dont il est intéressant de connaître la vie et l'œuvre. Elle naît à Troyes en 1620 et elle est baptisée à l'église Saint-Jean-au-Marché. Son père est maître-chandelier, ce qui le place dans la petite bourgeoisie troyenne. À la suite du décès de sa mère, à dix-huit ans, elle doit s'occuper de ses treize frères et sœurs. À vingt ans, elle se sent appelée par la religion, ce qui la conduit à enseigner dans les faubourgs de sa ville, sous l'égide des chanoinesses de Saint-Augustin. En 1635, la France est entrée dans la guerre de Trente Ans et Marguerite Bourgeoys se dévoue au service des miséreux et des malades. Innovatrice, elle essaie d'intégrer un cloître en prônant un «mouvement religieux actif et concret» [Czmara, cf source], mais les portes se ferment. Alors, bien conseillée, elle construit son destin : elle optera pour «le service du prochain dans une vie vagabonde» [Czmara, cf source]. Et ce sera en Amérique du Nord. Par son action va naître la première congrégation non cloîtrée de cette région du monde (les membres sont liés à leur Ordre par des vœux simples, et non solennels comme pour les réguliers).
En 1641, Marguerite part au Canada. Le sieur de Maisonneuve, avec qui elle embarque, écrit à un correspondant : «J'amène une excellente fille qui sera d'un puissant secours au Montréal. Au reste, c'est encore un fruit de cette Champagne qui semble vouloir donner à ce lieu plus que toutes les autres provinces réunies ensemble» (cité par J.-C. Czmara, cf source). Elle y fera trois séjours malgré des conditions de vie très rudes : le froid, les vivres qui n'arrivent pas, les Indiens Iroquois toujours menaçants. En 1653, elle crée la première école française dans la petite ville canadienne de Ville-Marie. Elle en est la première institutrice. Son modèle pédagogique est saint Pierre Fourier, mort en 1640, et fondateur de la congrégation Notre-Dame. Le principe de base est double : acquérir le savoir fondamental (dont le calcul, même pour les jeunes filles) et apprendre un métier pour pouvoir gagner sa vie. L'école est gratuite, ouverte à tous et à toutes, et la famille est impliquée dans l'enseignement des enfants. Notions très innovantes pour l'époque, surtout si l'on y ajoute l'émulation, concrétisée par la présence du tableau noir qui fait son apparition dans les salles de classe. Dans son livre «Troyes de A à Z», Jean-Claude Czmara le rappelle : le but suprême est d'inscrire l'amour de Dieu dans les cœurs. Ce n'est pas tout : à l'école va s'ajouter un l'hôpital. En 1657, Marguerite fonde la chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours, toujours présente dans le vieux Montréal.
En France, la politique de peuplement en Amérique du Nord se précise : à partir de 1663, huit cents jeunes filles orphelines, dotées par Louis XIV et appelées «filles du Roy» embarquent pour le Canada (notamment à partir de la Rochelle) pour fonder une famille. En 1672, Marguerite Bourgeoys revient en France et repart avec des enseignantes. Enfin, en 1698, les sœurs, qui jusqu'ici sont restées laïques, prononcent leurs premiers vœux. La congrégation Notre-Dame, créée par Pierre Fourier, reçoit ainsi ses premières femmes séculières. J.-C. Czmara ajoute : «Une école pour les filles autochtones ainsi qu'une école d'arts ménagers sont en place dans la "réserve des Sulpiciens de la Montagne." Il faut également se consacrer à la formation des adultes, les femmes de colons notamment.» On remarquera à droite la présence d'une petite iroquoise parmi les trois enfants.
En janvier 1700, Marguerite Bourgeoys s'éteint à Ville-Marie, à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Elle est béatifiée à Rome en 1950 et canonisée par le pape Jean-Paul II en 1982. Elle est la première sainte du Canada.
Source : «Troyes de A à Z» de Jean-Claude Czmara, éditions Alan Sutton.

La nef et l'orgue de tribune vue du chœur
Statue de Marguerite Bourgeoys avec un groupe d'enfants
réalisée par Geneviève Bourdet
Les âmes du Purgatoire (baie 7)
Les âmes du Purgatoire (baie 7)
Vitrail-tableau d'E. Babouot, 1879
Clé de voûte
Clé de voûte
Tête de saint Jean-Baptiste dans la nef
Le bas–côté sud avec ses cloches et vue vers le déambulatoire
Le bas-côté sud avec ses cloches et vue vers le déambulatoire
Les deux cloches sont tombées en 1911, lors de l'effondrement de la tour-clocher (à côté du portail occidental).
La plus grosse, Guillemette, date de 1524. La plus petite, Henriette, possède de belles sculptures sur sa fonte. Elle date de 1902.
Gros plan sur les sculptures de la petite cloche, Henriette (1902)
Gros plan sur les sculptures de la petite cloche, Henriette (1902)
Détail d'une frise Renaissance
Détail d'une frise Renaissance
sur un vitrail
Clé de voûte, 1524
Clé de voûte, 1524
Saint Julien l'Hospitalier dans sa barque
La Visitation
La Visitation
Groupe calcaire, traces de polychromie (vers 1525)

Le groupe de la Visitation, daté aux alentours de 1525 et attribué à Nicolas Halins, est une des plus belles pièces de l'église. Élisabeth et Marie sont parées de vêtements Renaissance d'une grande complexité. Outre les plis et les broderies très recherchés des deux robes, le sculpteur a ajouté des détails d'une précision surprenante. On pourra ainsi noter une aumonière et un trousseau de clés à la ceinture d'Élisabeth, un livre de prières pour la Vierge et un fil de perles dans ses cheveux.
Cette magnifique sculpture Renaissance est curieusement posée sur une console de pierre ornée de feuilles d'acanthe gothiques et dominée par un double dais à pinacle.
Source : panneau dans l'église

Tourelle d'escalier en pierre dans le bas–côté sud
Tourelle d'escalier en pierre dans le bas-côté sud
  Chapelle de Jean Vestier avec le groupe de la Visitation
Chapelle de Jean Vestier avec le groupe de la Visitation
et le vitrail de la «légende de sainte Agathe, vierge et martyre»
«Saint Augustin»
«Saint Augustin»
par Pierre Thomas Le Clerc, 1784

La plupart des tableaux de l'église Saint-
Jean-au-Marché sont classés au titre
des Monuments historiques.

Dans son ouvrage du Corpus Vitrearum, Danielle Minois nous apprend que le vitrail de saint Agathe, dans la chapelle Vestier, a dû être posé entre 1528 et 1536, peu après la construction de ladite chapelle, vraisemblablement financée par la famille Vestier. Sans doute vers la seconde moitié du XVIe siècle, le réseau du remplage a été totalement modifié, transformant l'ensemble du vitrail.
La légende de sainte Agathe est traitée en grisaille et jaune d'argent sur verre blanc. C'est là qu'on trouve le panneau, fort répandu dans les ouvrages sur les vitraux, d'une Agathe, seins nus, fouettée par deux hommes (cf ci-dessous). Sur le plan de la logique, on remarquera que la sainte a le dos contre un large poteau auquel elle est attachée. Si bien qu'on ne voit pas trop, à part le poteau, ce que les bourreaux, placés derrière elle, peuvent frapper !

  Le Martyre de sainte Agathe (baie 6), 1ère moitié  du XVIe siècle
Le Martyre de sainte Agathe (baie 6), 1ère moitié du XVIe siècle
Groupe de la Visitation (vers 1525)
Groupe de la Visitation (vers 1525)
Détail : Élisabeth
  Groupe de la Visitation (vers 1525)
Groupe de la Visitation (vers 1525)
Détail : Marie
La voûte de la nef en vue perspective
La voûte de la nef en vue perspective
avec son admirable variété dans la disposition des liernes et tiercerons.
Le Martyre de sainte Agathe (baie 6)
Le Martyre de sainte Agathe (baie 6)

La légende de sainte Agathe, vierge et martyre. Agathe, de famille noble, est convoitée par le consul Quintien, «débauché, avare et idolâtre». Mais elle est chrétienne et refuse de sacrifier aux dieux. Alors il la fait attacher à un chevalet pour être torturée et ordonne qu'on lui torde les seins, puis qu'on les lui arrache. Et Agathe lui dit : «Tyran cruel et impie, n'as-tu pas honte de couper, chez une femme, ce que tu as toi-même sucé chez ta mère? Mais sache que j'ai d'autres mamelles dans mon âme, dont le lait me nourrit, et sur lesquelles tu es sans pouvoir!» (La Légende dorée de Jacques de Voragine, traduction de Theodor de Wyzewa)

La nef et l'orgue vus depuis le chœur
La nef et l'orgue vus depuis le chœur.
La légende de saint Sébastien (baie 10) : l'empereur Dioclétien et sa cour
La légende de saint Sébastien (baie 10) : l'empereur Dioclétien et sa cour.
Tableau «Le Martyre de sainte Martine» de Jean Tassel (1608–1667)
Tableau «Le Martyre de sainte Martine» de Jean Tassel (1608-1667)
Vitrail de la légende de saint Sébastien (baie 10)
Vitrail de la légende de saint Sébastien (baie 10)
Saint Sébastien devant l'empereur Dioclétien.
Saint évêque (vers 1520)
Saint évêque (vers 1520)
Statue adossée, polychromée et dorée.

La légende de saint Sébastien. Ce vitrail a été offert par la famille de Sébastien Mauroy en 1556. Il est traité en grisaille et jaune d'argent, mais n'est pas entier. On sait que Sébastien a été percé de flèches puis soigné par sainte Irène et saint Polycarpe. Le panneau ci-dessous mémorise les donateurs pour la postérité. Celui qui les présente est sans doute saint Jean l'évangéliste. Le premier (à gauche) est Jean Mauroy. Il est suivi de ses frères Henri, Claude, Hugues, Jacques, Christophe et Nicolas.
Source : «Le vitrail à Troyes : le chantier et les hommes (1480-1560)», Danielle Minois, Corpus Vitrearum.

Statue de saint Bernard
Statue de saint Bernard
vers 1560
Tableau : «La Cène», anonyme, vue partielle (1618)
Tableau : «La Cène», anonyme, vue partielle (1618)
Cette «Cène» a la particularité de présenter les apôtres allongés
sur un divan, à la manière romaine.
La légende de saint Sébastien (baie 10)
La légende de saint Sébastien (baie 10)
La fratrie des donateurs
Les Docteurs de l'Église (baie 106), XVIe siècle dans les parties hautes du chœur
Les Docteurs de l'Église (baie 106), XVIe siècle dans les parties hautes du chœur.
Saint Augustin
Saint Augustin
dans la baie 106
XVIe siècle
Registre du bas de la baie 102 : La Foi, l'Espérance, la Charité et la Justice
Registre du bas de la baie 102 : La Foi, l'Espérance, la Charité et la Justice

Les verrières des baies hautes du chœur ne sont guère nombreuses. Sur le côté nord, une tempête, survenue le 11 août 1691, les a toutes brisées. On sait seulement qu'elles représentaient les Histoires de saint Loup et d'Attila. On trouve actuellement, au sud, une verrière des Docteurs de l'Église encadrant le Baptême du Christ. Date et donateur ne sont pas clairement identifiés. En revanche, les vertus théologales auxquelles il faut ajouter le Justice ont été offertes en 1576 par le curé de Saint-Jean.
Dans la baie d'axe (100) on peut admirer une magnifique crucifixion (voir plus bas) qui date du deuxième tiers du XVIe siècle.
Source : «Le vitrail à Troyes : le chantier et les hommes (1480-1560)», Danielle Minois, Corpus Vitrearum.

Pesée des âmes par l'archange saint Michel
Pesée des âmes par l'archange saint Michel
Clé de voûte du XIIIe siècle
Bas–côté sud vu depuis la nef avec trois verrières et la cloche Henriette (1902)
Bas-côté sud vu depuis la nef avec trois verrières et la cloche Henriette (1902)
La Vierge dans la Déploration
L'expression triste, peinte sur le visage de la Vierge,
rappelle la «griffe» du maître de Chaource.
Clé de voûte Vierge à l'Enfant
Clé de voûte représentant une Vierge à l'Enfant (XIIIe siècle)/
La Déploration (vers 1515–1530)
La Déploration (vers 1515-1530)

Le groupe de la Déploration est une magnifique pièce sculptée en calcaire, avec des traces de polychromie, datée de la période 1515-1530. Dans le Nouveau Testament, la Déploration est un épisode qui intervient entre la Descente de croix et la Mise au tombeau. Cet épisode est en général synonyme de pleurs et de lamentations.
Ce groupe sculpté, taillé dans un seul bloc de pierre et qui tient dans un parallélépipède parfait peut être considéré comme un chef d'œuvre. Malheureusement, le nom de son auteur n'est pas une chose sûre. Certains historiens l'attribuent au sculpteur Jacques Bachot, d'autres au maître de Chaource. Ne serait-ce d'ailleurs pas le même artiste? Aucun document ne permet de l'affirmer. La Vierge et Marie-Madeleine pleurent Jésus tandis que saint Jean soutient Marie dans sa douleur.
La caractéristique du maître de Chaource est de sculpter des visages empreints d'une profonde réflexion, parfois trahissant une grande tristesse, et de communiquer cette concentration spirituelle à tous ceux qui contemplent le visage de la statue. Voir à ce sujet, dans l'église Sainte-Madeleine à Troyes, la sainte Marthe du maître de Chaource et le commentaire joint. On retrouve cette caractéristique sur le visage de saint Jean et, plus encore, dans l'expression toute pensive de la Vierge qui se rapproche de celui de la sainte Marthe.
Source : panneau dans l'église Saint-Jean

Saint Jean dans la Déploration
Saint Jean dans la Déploration/
Les Jugements de Salomon (baie 18)
Les Jugements de Salomon (baie 18)

La vraie mère a pris l'apparence d'une femme du peuple, sans
bijou et avec une capuche grossière sur les cheveux, tandis que
la mauvaise mère est peinte parée de pierreries.
Le roi Salomon dans le célèbre Jugement
Le roi Salomon dans le célèbre Jugement.

Le vitrail des Jugements de Salomon est l'un des plus connus de l'église Saint-Jean-au-Marché. Il a été offert avant la fin septembre 1511 par Jean Menisson, négociant en sel et posé en 1512. On ne sait pas qui en est l'auteur, mais Danielle Minois mentionne que, à cette époque, Lyevin Varin, qui travaillait avec son neveu Jean I Macadré, était le verrier attitré de l'église. En sont-ils les auteurs?
Le vitrail présente deux jugements du roi Salomon. Dans les lancettes, on trouve le jugement légendaire de l'enfant réclamé par les deux mères. Dans la partie haute (soufflet et mouchettes), on assiste à un jugement pour un vol de pommes qui pourrait trouver son origine dans une tradition populaire troyenne.
Source : «Le vitrail à Troyes : le chantier et les hommes (1480-1560)», Danielle Minois, Corpus Vitrearum.

Les Jugements de Salomon : la mauvaise mère
Les Jugements de Salomon : la mauvaise mère
Les Jugements de Salomon : la vraie mère
Les Jugements de Salomon : la vraie mère
Les Jugements de Salomon : la mauvaise mère et les courtisans
Les Jugements de Salomon : la mauvaise mère et les courtisans.
Le bas–côté sud et la grille du chœur vus depuis le déambulatoire sud
Le bas-côté sud et la grille du chœur vus depuis le déambulatoire sud.
Nativité et Baptême du Christ (baie 22), vers 1540
Nativité et Baptême du Christ (baie 22), vers 1540.
Le Baptême du Christ (baie 22)
Le Baptême du Christ (baie 22)
On remarque de nombreuses étoiles montées en chef-d'œuvre.
Vitrail de la vie de saint Jean-Baptiste, 1536 (baie 20)
Vitrail de la vie de saint Jean-Baptiste, 1536 (baie 20).
Salomé apporte la tête de Jean-Baptiste à Hérode et  Hérodiade
Salomé apporte la tête de Jean-Baptiste à Hérode et Hérodiade.
Vie de saint Jean-Baptiste (1536)
«Ecce Homo»
«Ecce Homo»
Calvaire polychromé (1530-1540)
La Décollation de Jean–Baptiste
La Décollation de Jean-Baptiste
Vitrail de la vie de saint Jean-Baptiste
«Saint François de Sales devant le pape Clément VIII», anonyme (XVIIe siècle)
«Saint François de Sales devant le pape Clément VIII», anonyme (XVIIe siècle)
Détail d'une frise Renaissance
Détail d'une frise Renaissance

La verrière de la vie de saint Jean-Baptiste a été offerte en 1536. Elle est incomplète ; on ne connaît pas l'identité de son donateur, qui apparaissait peut-être dans un registre tout en bas qui a disparu. Le vitrail a été restauré par le verrier Jean Soudain en 1560.
En grisaille et jaune d'argent sur du verre blanc, la verrière présente quelques très belles scènes de la vie de Jean-Baptiste décapité sur l'ordre du roi Hérode Antipas. On pourra admirer la belle grisaille sur le visage et le chapeau de l'homme dans l'image au-dessous.
Source : «La vitrail à Troyes : le chantier et les hommes (1480-1560)», Danielle Minois, Corpus Vitrearum.
Voir l'histoire de la décollation de Jean-Baptiste dans la page dédiée à l'église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-d'Angely.

Dans la Légende dorée, le roi Hérode Antipas  redoute la réaction
Dans la Légende dorée, le roi Hérode Antipas redoute la réaction
du peuple, qui soutient Jean-Baptiste, s'il le fait tuer.
Vitrail de la Vie de saint Jean-Baptiste
Travail à la grisaille
Beau travail à la grisaille pour peindre
cet homme et son couvre-chef
dans le vitrail de la Vie de saint Jean-Baptiste
Déambulatoire sud avec la chapelle de Jean Vestier à droite, suivie de la chapelle Saint–Joseph
Déambulatoire sud avec la chapelle de Jean Vestier à droite, suivie de la chapelle Saint-Joseph
Au fond, la chapelle de la Vierge avec son autel du XIXe siècle
Le Sacre de Louis le Bègue
Le Sacre de Louis le Bègue
par Charles Levêque, 1872 (baie 116)
Le Sacre de Louis le Bègue
Le Sacre de Louis le Bègue
Détail de la lancette centrale
Elévations sud, XIIIe siècle
Elévations sud, XIIIe siècle

La légende raconte que Louis le Bègue aurait été sacré roi par le pape Jean VIII, en l'an 878, dans l'église Saint-Jean l'Évangéliste (qui a précédé l'église Saint-Jean-au-Marché). En 1872, le peintre verrier de Beauvais, Charles Levêque, a illustré la scène dans un vitrail d'après les fragments d'une verrière de 1549-1550, sur le même thème, qui subsistait.

La Crucifixion, vitrail Renaissance (baie 10bis)
La Crucifixion, vitrail Renaissance (baie 10bis)

Ce vitrail Renaissance ne figure pas dans le volume du Corpus Vitrearum de Danielle Minois. Il est noté 10bis pour cette raison. La verrière rassemble des éléments composites du deuxième tiers du XVIe siècle. Le thème en est l'enfance du Christ et sa Passion. On y trouve une magnifique Crucifixion parsemée d'étoiles montées en chef d'œuvre (verre incrusté dans le verre principal sans que le plomb qui l'entoure soit relié au réseau de plomb qui tient la verrière).

Le Christ dans la Crucifixion (baie 10bis)
Le Christ dans la Crucifixion (baie 10bis)
Saint Jean dans la Crucifixion (baie 10bis)
Saint Jean dans la Crucifixion (baie 10bis)
Les larrons dans la Crucifixion (baie 10bis)
Les larrons dans la Crucifixion (baie 10bis)
Les larrons dans la Crucifixion (baie 10bis)
Vue d'ensemble du retable du chœur de l'église Saint-Jean
Vue d'ensemble du retable du chœur de l'église Saint-Jean
Œuvre de Michel Noblet réalisée de 1665 à 1667 et embellie de deux tableaux de Pierre Mignard, premier peintre de Louis XIV.
Le maître–autel de l'église Saint–Jean–au–Marché
Le maître-autel de l'église Saint-Jean-au-Marché
Le tabernacle a été commandé au sculpteur François Girardon en 1691.
«Le Père céleste» par Pierre Mignard
Naissance de la Vierge (baie 4)
Naissance de la Vierge (baie 4 )
XVIe siècle
«««--- À GAUCHE, Partie haute du retable
«Le Père Céleste» par Pierre Mignard
Le tableau vient apporter l'élément foncé indispensable pour
faire ressortir la blancheur du second étage du retable.

Le maître-autel s'est enrichi d'un tabernacle à la demande de l'évêque, plus de vingt ans après l'achèvement du retable. Il a été commandé en 1691 à un artiste d'origine troyenne, François Girardon. Le tabernacle suit l'esprit versaillais qui avait cours à cette époque : des marbres de couleur rose et bleu soulignent habilement la dominante blanche de l'ensemble et surtout les éléments en bronze doré (plaques, médaillons et chapiteaux des colonnettes).
Source : «L'église Saint-Jean-au-Marché», Parcours du Patrimoine

L'enfant Jésus tenant la croix
l'enfant Jésus tenant la croix
dans le tabernacle de François Girardon
Saint Jean-Baptiste
Saint Jean-Baptiste
dans le tabernacle de François Girardon
Tableau du retable : «Le Baptême du Christ» par Pierre Mignard
Tableau du retable : «Le Baptême du Christ» par Pierre Mignard
Partie haute du retable avec l'abside
Partie haute du retable avec l'abside
Vitrail de la Crucifixion dans l'abside (baie 100)
Vitrail de la Crucifixion dans l'abside (baie 100)
Cet imposant vitrail, dans l'axe de la nef, remonte à l'an 1555. On en ignore l'auteur.

Le retable du chœur a été dessiné en 1663 par Michel Noblet. Il était architecte des ouvrages publics de Paris ainsi que directeur et garde des fontaines de la capitale. Le maçon et le sculpteur retenus par Noblet commencèrent leurs travaux en 1665 et tout était terminé en mars 1667. Les deux tableaux qui viennent embellir cette architecture sont des œuvres de Pierre Mignard, premier peintre du roi, réalisées en 1666-1667.
On peut souligner le magnifique équilibre de ce retable : le marbre noir (et la couleur noire) dominent le premier niveau tandis que le second niveau, à forte dominante blanche, se fond dans l'environnement architectural des baies hautes de l'abside et dans la lumière qui en émane. La sculpture centrale du fronton triangulaire est un pélican et ses trois petits censés lui manger le ventre, symbole du Christ qui donne sa chair pour sauver le monde.
Source : «L'église Saint-Jean-au-Marché», Parcours du Patrimoine.

Vitrail de l'Annonciation, 1522 (baie 2)
Vitrail de l'Annonciation, 1522 (baie 2)
Vitrail de l'Annonciation : un donateur présenté par saint Nicolas
Vitrail de l'Annonciation : un donateur présenté par saint Nicolas.
Culot Renaissance dans le registre du bas
Culot Renaissance dans le registre du bas
du vitrail de l'Annonciation (baie 2)
L'archange Gabriel dans le vitrail de l'Annonciation (baie 2)
L'archange Gabriel dans le vitrail de l'Annonciation (baie 2)
Ce vitrail est moderne.
Chapiteau sur le revers du retable du maître-autel
Chapiteau sur le revers du retable du maître-autel.
L'orgue de tribune, dû à René Cochu, date de 1806.
L'orgue de tribune, dû à René Cochu, date de 1806.
Retable près de la sacristie
Retable près de la sacristie, dans le chevet.
Tableau «Saint Jacques le Majeur»
Tableau «Saint Jacques le Majeur»
Auteur inconnu
Baie 1 dans le chevet : assemblage de verrières des 16e et 17e
Baie 1 dans le chevet : assemblage de verrières des 16e et 17e.
Sainte Catherine
Sainte Catherine
dans la baie 1 du chevet
XVIe-XVIIe siècle
Chapelle Saint-Éloi dans le chevet avec le vitrail de la baie 1
Chapelle Saint-Éloi dans le chevet avec le vitrail de la baie 1 (au centre).
Statue du Bon Pasteur, bois peint, XVIIe siècle
Statue du Bon Pasteur, bois peint, XVIIe siècle.
Baie 1 : La Crucifixion Statue d'une Vierge de Pitié
Statue d'une Vierge de Pitié
Calcaire avec restes de polychromie (1500-1510)

«««--- À GAUCHE
Baie 1 : La Crucifixion
Panneau central du vitrail
XVIe siècle
Partie centrale de la Cène dans le chevet
Partie centrale de la Cène de Linard Gontier (?) dans le chevet.
Le Christ occupe un panneau à lui tout seul. Les postures des apôtres indiquent qu'il vient d'annoncer que l'un d'entre eux allait le trahir.

Au chevet, la baie 0 au-dessus de l'autel du Saint-Ciboire, n'a été percée qu'en 1591. En effet, au début de la reconstruction du chœur, la fabrique n'avait pas encore acheté toutes les maisons qui en jouxtaient les murs. La partie basse du vitrail de la baie est composée de pièces hétéroclites. Le seul élément qui semble à sa place d'origine est la très belle Cène dans la moitié supérieure. Elle reproduit une gravure de Marc-Antoine Raimondi d'après un dessin de Raphaël. La tradition l'attribue au peintre verrier troyen Linard Gontier ou à son atelier, mais on n'en possède aucun élément de preuve. Elle est datée de 1631. L'image ci-dessus en donne la partie centrale.
Source : «Les vitraux de Troyes, XIIe-XVIIe siècle» de Danielle Minois (Guide Acanthe)

Le visage du Christ dans la Cène
Le visage du Christ dans la Cène
Groupe de l'Éducation de la Vierge
Groupe de l'Éducation de la Vierge
(quatrième quart du XVIe siècle)
Cette statue et son pendant (Marie-Madeleine)
ont été ajoutés au XIXe siècle de part
et d'autre de l'autel du Saint-Ciboire.

«««--- À GAUCHE
Saint Pierre dans la Cène
Saint Pierre dans la Cène
Chapelle du Saint-Ciboire et son retable du XVIIe siècle de François  Girardon
Chapelle du Saint-Ciboire et son retable du XVIIe siècle de François Girardon
Le retable contient de magnifiques hauts-reliefs et bas-reliefs de l'époque Renaissance.
Sous le fronton se trouvent trois haut-reliefs en albâtre datés vers 1540-1550.
Au-dessus, des bas-reliefs en marbre de la même époque.
Haut-relief du lavement des pieds (partiel), albâtre, 1540-1550
Haut-relief du lavement des pieds (partiel), albâtre, 1540-1550
Autel du Saint-Ciboire
Haut-relief de la Restitution des deniers, albâtre, 1540-1550
Haut-relief de la Restitution des deniers, albâtre, 1540-1550
Autel du Saint-Ciboire
Bas-relief du Portement de croix, marbre, 1540-1550
Bas-relief du Portement de croix, marbre, 1540-1550
Autel du Saint-Ciboire

Les hauts et bas-reliefs de l'autel du Saint-Ciboire conçu par Girardon sont de véritables chefs-d'œuvre. Toutes ces pièces sont datées des environs de 1540-1550. Les hauts-reliefs en albâtre, éléments admirables de la sculpture troyenne, semblent avoir été mis en place dès la création de ce retable car ils figurent dans les descriptions d'avant la Révolution. On y trouve la Cène, le Lavement des pieds et la Restitution des deniers. On peut les rattacher sans peine à l'influence italienne qui dominait alors (bon rendu de la perspective, scènes animées, visages expressifs, muscles saillants, etc.) Pour certains spécialistes, leur auteur en est Jacques Juliot, excellent sculpteur troyen du XVIe siècle. La Restitution des deniers (donnée ci-dessus) trahit très bien cette influence : Judas, déjà travaillé par le remords, exprime son désespoir par un mouvement presque endiablé devant un grand prêtre qui se tord les doigts. Les quatre bas-reliefs, au milieu du retable, sont en marbre et illustrent des scènes de la Passion (voir le Portement de croix ci-contre). Ils ne figurent pas dans les descriptions du retable d'avant la Révolution. Sans doute ont-ils été rajoutés au XIXe siècle. Source : «L'église Saint-Jean-au-Marché», Parcours du Patrimoine.

Haut–relief de la Cène (partiel), albâtre, 1540–1550
Haut-relief de la Cène (partiel), albâtre, 1540-1550
Autel du Saint-Ciboire
La nef et l'orgue de tribune vue du chœur
La nef et l'orgue de tribune vus du chœur.

Documentation : «Troyes en Champagne» de Didier Guy et Patrick Dupré, ISBN 2-913052-24-6 + «L'église Saint-Jean-au-Marché de Troyes» Collections «Parcours du Patrimoine»
+ «Le vitrail à Troyes : le chantier et les hommes» de Danielle Minois (Corpus Vitrearum) + «Les vitraux de Troyes, XIIe-XVIIe siècle» de Danielle Minois (Guides Acanthe)
+ «Troyes de A à Z» de Jean-Claude Czmara, éditions Alan Sutton.
PATRIMOINE CARTE PATRIMOINE LISTE Retourner en HAUT DE PAGE