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Page créée en janv. 2016
Chaumont
musée d'Art
et d'Histoire
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«Allégorie de l'hiver», huile sur toile, Pays-Bas, 17e siècle, détail

La ville de Chaumont possède deux petits musées assez pittoresques. Le musée d'Art et d'Histoire, présenté dans cette page, n'a que cinq salles, mais vaut la visite par son cachet incomparable. Il est en effet situé dans les anciennes salles basses du château de Chaumont et bénéficie, par-là, d'impressionnantes et magnifiques voûtes en pierre qui créent une atmosphère propre à la contemplation d'œuvres d'art ou d'œuvres antiques. On trouve dans le musée des éléments très anciens, comme la cuirasse de Marmesse de l'âge de Bronze, des mosaïques et des gisants.
Chaumont, c'est la ville des Bouchardon, père et fils, Jean-Baptiste et Edme. Une salle leur est dédiée. Quelques-unes de leurs créations sont données ici. Chaumont, c'est aussi la ville du peintre de paysages François-Alexandre Pernot (1793-1865). Cinq toiles de cet artiste peu connu sont données ci-dessous et un long encadré est consacré à sa vie.
Enfin, c'est à Chaumont que, pendant plus d'un demi-siècle, a prospéré la ganterie Tréfousse, disparue en 1973. On donne quelques images de la salle qui lui est consacrée ainsi qu'un long exposé sur son activité.
En conclusion, si vous passez à Chaumont, il ne faut pas rater le musée d'Art et d'Histoire ainsi que le musée de la Crèche qui lui est associé (le billet d'entrée, très modique, est couplé).

Le Père céleste dans le retable des Ursulines de J.-B. Bouchardon
Une des salles basses de l'ancien château.
Une des salles basses de l'ancien château des comtes de Champagne.
On ne peut pas dire que le musée d'Art et d'Histoire de Chaumont manque de cachet...
Le donjon, tout près du musée.
Le donjon, tout près du musée.
Le bastion triangulaire qui le prolonge a été construit
au XVIe siècle. Donjon et salles basses (dont celles
du musée) ont fait office de prison jusqu'en 1886.
Mosaïque représentant une panthère et un  serpent.
Mosaïque représentant une panthère et un serpent.
Dernier quart du IIe siècle.
La Charité, vertu théologale ---»»»
Fragments du tombeau de Claude de Lorraine.
Œuvre de Dominique Florentin, Albâtre, 1550-1552.
La cuirasse de Marmesse du musée de Chaumont.
La cuirasse de Marmesse du musée de Chaumont.
IXe et VIIIe siècles avant J.-C.
À DROITE ---»»»
MUSÉE D'ARCHÉOLOGIE NATIONALE
À SAINT-GERMAIN-EN-LAYE
Vitrine des sept cuirasses de Marmesse.
IXe et VIIIe siècles avant J.-C.
La Charité, vertu théologale
Gisant de Jean Ier de Châteauvillain, dit l'aveugle (†1313),  pierre calcaire.
Gisant de Jean Ier de Châteauvillain, dit l'aveugle (†1313), pierre calcaire.
Ce gisant provient de l'église Saint-Bercaire de Châteauvillain.

La cuirasse de Marmesse. En 1974, lors de travaux de terrassement, trois cuirasses antiques, emboitées les unes dans les autres, ont été découvertes à Marmesse (Haute-Marne). On récupéra ensuite les fragments d'autres cuirasses et, en 1980, des fouilles archéologiques permirent de compléter le lot. Ces cuirasses, toutes découvertes à Marmesse, constituaient sans doute un dépôt votif près d'une source. Leur datation reste imprécise. Seuls des éléments typologiques et stylistiques peuvent aider les spécialistes. Un élément semble néanmoins sûr : elles datent de la période charnière qui vit l'humanité passer de l'Âge du Bronze à l'Âge du Fer.
D'après l'article du site Internet du musée d'Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye, le décor des cuirasses est identique à celui que l'on trouve sur des casques étrusques ou encore sur des vaisselles italiennes, hongroises et danoises des IXe et VIIIe siècles avant J.C. Évidemment, c'est insuffisant pour conclure à une origine lointaine de ces cuirasses, mais cela prouve au moins que les idées et les formes artistiques circulaient en Europe. Après restauration, les cuirasses ont pris le chemin du musée de l'Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye. L'une d'entre elles a néanmoins été attribuée au musée d'Art et d'Histoire de Chaumont.
Sources : site Web du musée d'Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye + panneau du musée.

Vitrine des sept cuirasses de Marmesse au musée de Saint-Germain-en-Laye
Fragments du tombeau de Claude de Lorraine, premier duc de Guise.
Fragments du tombeau de Claude de Lorraine, premier duc de Guise.
Œuvre de Dominique Florentin, albâtre, 1550-1552.
Retable représentant la vie de saint Jean–Baptiste. Pierre calcaire, vers 1540.
Retable représentant la vie de saint Jean-Baptiste. Pierre calcaire, vers 1540.
Cinq scènes : Apparition à Zacharie ; Naissance de saint Jean ; Baptême du Christ ; Prédication de saint Jean ; Décollation de saint Jean.
Provient d'un ancien maître-autel de la basilique Saint-Jean-Baptiste de Chaumont.
Le Baptême du Christ par saint Jean-Baptiste.
Le Baptême du Christ par saint Jean-Baptiste.
Pierre calcaire, XVe siècle. Provient de l'église
Saint-Michel de Chaumont (démolie).
Vue d'une salle basse et de sa magnifique voûte d'arêtes.
Vue d'une salle basse et de sa magnifique voûte d'arêtes.
Des fragments du tombeau de Claude de Lorraine tapissent le mur du fond.
Deux «Vierge à l'Enfant» du XIVe siècle.
Deux «Vierge à l'Enfant» du XIVe siècle.
Pierre calcaire polychrome. Provient de la chapelle de Buxereuilles.
Sainte Marthe, XVIIe siècle
Sainte Marthe, XVIIe siècle
Pierre calcaire. Provient de l'ancien hôpital de Chaumont.
La tarasque apprivoisée par sainte Marthe.
La tarasque apprivoisée par sainte Marthe.
Pierre calcaire, XVIIe siècle.
«Vue de Châteauvillain»
«Vue de Châteauvillain»
François-Alexandre Pernot (1793-1865), huile sur toile.
Voir un modèle du genre (dont la tarasque a disparu) : la Sainte Marthe du Maître de Chaource à l'église Sainte-Madeleine à Troyes.
LA GRANDE SALLE ET LES TABLEAUX DE FRANÇOIS-ALEXANDRE PERNOT (1793-1865)
Vue d'ensemble de la grande salle et de ses tableaux.
Vue d'ensemble de la grande salle et de ses tableaux.

François-Alexandre Pernot (1793-1865) (1/2).
Né à Wassy en Haute-Marne, ce peintre peu connu est initié au dessin par son père, maître horloger. Le jeune garçon poursuit sa formation chez un graveur de Joinville, puis chez un peintre de Saint-Dizier. En 1811, à l'âge de dix-huit ans, il vient à Paris suivre les cours de Jean-Christophe Bertin, peintre spécialisé dans le paysage composé. Cet enseignement va s'étaler sur plusieurs années, son point d'attache restant Wassy.
À Paris, la marquise de Simiane l'introduit auprès des milieux légitimistes. Sa première lithographie, le tombeau de Louis XVI, y est appréciée. En 1817, Pernot échoue au Prix de Rome de paysage historique et part en Suisse, en «voyage pittoresque». Admiratif devant les paysages alpins, il réalise la toile du château de Saint-Maurice (voir plus bas). Il revient et se marie. Il aura trois enfants. En 1824, il part en Écosse et y réalise de nombreuses vues, réunies peu après dans un recueil de lithographies qui sera très apprécié par la duchesse d'Angoulême. En 1826, il est nommé maître des dessins des pages du roi par Charles X. Sous la Monarchie de Juillet, il reçoit une médaille d'or au Salon en 1839 et la Légion d'honneur en 1846. Pernot fréquente les cercles à la mode, dont celui de Lamartine, et continue ses voyages (bords du Rhin, Italie, régions françaises). Il acquiert une fascination pour les vieilles pierres, les ruines, les églises, tous les monuments du passé. «Dès 1834, il dessine les vieux quartiers de Paris voués à la démolition. Le préfet de la Seine remarque son travail et lui commande de nouveaux dessins», apprend-on sur ---»» 2/2

Saint Jean au tombeau, statue du XVIIe siècle. (Élément d'une mise au tombeau)
Saint Jean au tombeau, statue du XVIIe siècle. (Élément d'une Mise au tombeau?)
«Intérieur de la basilique Saint-Jean de Chaumont»
«Intérieur de la basilique Saint-Jean de Chaumont»
Œuvre attribuée à François-Alexandre Pernot (1793-1865), huile sur toile.
Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant
Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant
Groupe sculpté du début du XVIe siècle.

François-Alexandre Pernot (2/2).
---»» le panneau du musée de Chaumont qui lui est dédié. Ce qui aboutira à un nouveau recueil de lithographies. Cependant, dès avant 1830, les Français prennent conscience de l'importance de la sauvegarde du patrimoine national et de la nécessité de placer cette action dans l'orbite de l'État. À cet effet, en 1835, Guizot crée le Comité Historique des Arts et Monuments. Son but : inventorier tous les monuments de France, les décrire, les dessiner et donner des instructions pour leur conservation. Il est placé sous la présidence de Victor Cousin. On y trouve des gens comme Ludovic Vitet, Prosper Mérimée, Victor Hugo ou encore Édouard Didron. Le Comité nomme des correspondants et François-Alexandre Pernot est l'un d'eux. En fait, ce comité a vu trop grand. Il doit rapidement réduire ses ambitions à une simple énumération des monuments. Plus tard, c'est la Commission des Monuments historiques, rendue célèbre par l'action de Mérimée, qui se chargera de l'inventaire monumental.
La Révolution de 1848 prive François-Alexandre Pernot de ses soutiens et, cette même année, l'une de ses filles meurt. Il se plonge dans les recherches historiques et passe beaucoup de temps en Haute-Marne. Dessins et études sont présentés

lors de Congrès. Mais, quand l'État a besoin d'illustrations pour une statistique monumentale de la Haute-Marne, ce n'est pas Pernot qui est choisi, mais Émile Sagot (qui fait d'ailleurs partie de l'équipe de dessinateurs du baron Taylor). Pour Pernot, la désillusion est grande. Les dernières années de sa vie sont cruelles : en 1861, son épouse meurt ; en 1865, c'est sa dernière fille. Cette même année, il est emporté par le choléra. Ses collections seront dispersées lors d'une vente aux enchères après décès.
La peinture de François-Alexandre Pernot n'est pas celle d'un romantique. Malgré sa passion pour la nature, on ne décèle dans sa griffe ni émotion, ni exaltation. Sa touche artistique reste celle du classicisme. La notice du musée qui lui est consacrée précise d'ailleurs : «Son goût pour l'introduction dans ses paysages de scènes historiques traitées à la manière de scènes de genre dénote plutôt une légère influence du style Troubadour».

Sources : panneau dans le musée + Congrès archéologique de France, 97e session, Paris, 1934, article de Paul Léon : Les principes de la conservation des monuments historiques, évolution des doctrines.

«Le château et le donjon de Chaumont»
«Le château et le donjon de Chaumont»
de François-Alexandre Pernot (1793-1865), huile sur toile.
Dans les deux toiles on trouve, au premier plan, un soldat montant la garde.
«Vue au clair de lune du pont et du château de Saint–Maurice dans le Valais»
«Vue au clair de lune du pont et du château de Saint-Maurice dans le Valais»
de François-Alexandre Pernot (1793-1865), huile sur toile.
«Léda et le cygne»
«Léda et le cygne»
de Jean-François de Troy (1679-1752), huile sur toile.
«Le passage de la duchesse d'Angoulême à Chaumont le 8 septembre 1828»
«Le passage de la duchesse d'Angoulême à Chaumont le 8 septembre 1828»
de François-Alexandre Pernot (1793-1865), huile sur toile.
Madame Royale (future duchesse d'Angoulême) avait été traitée avec beaucoup de respect
dans l'auberge (au centre) lors de son départ pour l'Autriche en 1795.
Sainte Marie-Madeleine au tombeau.
Sainte Marie-Madeleine au tombeau.
Statue du XVIIe siècle.
(Élément d'une Mise au tombeau?)
«Le passage de la duchesse d'Angoulême à Chaumont le 8 septembre 1828», détail.
«Le passage de la duchesse d'Angoulême à Chaumont le 8 septembre 1828», détail.
François-Alexandre Pernot (1793-1865), huile sur toile.
«La fruitière et le galant»
«La fruitière et le galant»
Italie du Nord (?)
Fin du XVIe siècle, début du XVIIe siècle.
«Allégorie de l'hiver», huile sur toile.
«Allégorie de l'hiver», huile sur toile.
Pays-Bas espagnols, XVIIe siècle.
Le Couronnement de la Vierge, XVIIe siècle, bois polychrome, École allemande.
«La Création» de Paul de Vos (1595-1678).
«La Création» de Paul de Vos (1595-1678).
Huile sur toile, deuxième tiers du XVIIe siècle.
«Hercule et Omphale» de Luca Ferrari (1605-1654)
«Hercule et Omphale» de Luca Ferrari (1605-1654)
Huile sur toile (vers 1652-1653).
«««--- À GAUCHE
Le Couronnement de la Vierge, XVIIe siècle, bois polychrome, École allemande.
LA SALLE DES BOUCHARDON
La pièce consacrée à la famille Bouchardon dans les salles basses du château.
La pièce consacrée à la famille Bouchardon dans les salles basses du château.

Les Bouchardon (1/2).
Jean-Baptiste Bouchardon (1667-1742), natif de la région du Puy-en-Velay, a commencé une carrière de sculpteur à Chaumont vers 1692. Il se marie cette même année. Œuvrant avant tout pour le clergé, il conçoit du mobilier liturgique (retables, chaires à prêcher, tabernacles, crucifix, lutrins, et bien sûr statues). Le mobilier le plus important de la basilique Saint-Jean-Baptiste de Chaumont est d'ailleurs de sa main. Bientôt la demande s'accroît et il crée son atelier. L'aînée de ses huit enfants, sa fille Jacquette, une fois parvenue à l'âge adulte, va l'assister sa vie durant.
D'après les historiens, Bouchardon s'est essentiellement consacré à la conception de ses modèles, laissant la réalisation à son atelier. Passionné d'architecture, il réalise de nombreux dessins de maisons, de châteaux et d'églises, à tel point qu'il accolera la mention «architecte» à son nom à partir de 1709. Toutefois ses dessins seront rares à se concrétiser : on ne lui attribue que des éléments d'architecture mineure (entrée d'abbaye, loge, maisons d'abbaye). Il réalise même un projet très détaillé pour la construction du nouvel hôpital de Chaumont (voir ci-contre) qu'un bienfaiteur se propose de financer. Et ses idées ont peut-être été utilisées par l'architecte Forgeot qui bâtira l'hôpital en 1748. Nommé «architecte de la ville», Bouchardon se retrouve chargé d'expertiser les différents bâtiments de Chaumont, ses églises et ses remparts.
Ce sculpteur, architecte et concepteur méconnu est resté un artiste régional, surtout connu à l'heure actuelle pour ses très nombreux retables, encore visibles dans les églises de la Haute-Marne et de l'Aube.
Son deuxième enfant, Edme Bouchardon (1698-1762), va bénéficier d'une renommée internationale. Il commence sa carrière dans l'atelier de son père. En 1719, l'année de ses vingt-et-un ans, celui-ci lui délègue une importante commande : la Lapidation de saint Étienne pour l'église du même nom à Dijon. Ce beau bas-relief a été déplacé en 1813 sur le portail ouest de la cathédrale Saint-Bénigne de Dijon où il est toujours visible. En 1721, il poursuit sa formation dans l'atelier parisien de Guillaume Ier Coustou et, en 1722, avec   ---»» 2/2

«Gédéon choisissant ses soldats en les regardant  boire»
«Gédéon choisissant ses soldats en les regardant boire»
Bas-relief en plâtre de l'atelier d'Edme Bouchardon.
En 1722, la terre cuite de ce bas-relief obtint le grand prix de sculpture
de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture.
Projet de façade pour l'hôpital de Chaumont (1716).
Projet de façade pour l'hôpital de Chaumont (1716).
Encre noire, lavis et aquarelle de Jean-Baptiste Bouchardon (1667-1742).
Christ en croix, 1ère moitié du XVIIIe siècle.
Christ en croix, 1ère moitié du XVIIIe siècle.
Bois sculpté, J.-B. Bouchardon (1667-1742).
Projet de retable pour l'église de Montier-en-Der, 1718.
Projet de retable pour l'église de Montier-en-Der, 1718,
par Jean-Baptiste Bouchardon (1667-1742).
Ce projet fut effectivement choisi
en 1733 pour la réalisation du retable.

Les Bouchardon (2/2).
---»» Gédéon hoisissant ses soldats en les regardant boire, il obtient le grand prix de sculpture de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Il peut ainsi intégrer l'Académie de France à Rome et en devient pensionnaire en 1723. Il y restera neuf ans. À Rome, il travaille pour le roi et honore les nombreuses commandes de l'aristocratie européenne. De retour en France, son style s'est forgé : tout en pureté, il rappelle l'antique. Mais son carnet de commandes se réduit. Seuls des amateurs éclairés, comme le comte de Caylus, le sollicitent.
En 1737, il est nommé dessinateur de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, ce qui lui vaudra de créer pendant vingt-cinq ans (et pour son grand plaisir) des médailles et des jetons (qui sont des récompenses offertes aux membres de l'administration royale). Edme Bouchardon possède aussi un beau coup de plume. Il dessine pour le comte de Caylus soixante petits métiers de Paris, dessins qui donneront lieu à un recueil.
En 1739, la ville de Paris lui commande un projet pour une fontaine, rue de Grenelle. Il va y mêler rondes-bosses et bas-reliefs. En revanche, sa sculpture, associant mythologie et naturalisme, d'un Amour se faisant un arc de la massue d'Hercule, pour un salon à Versailles, choque et déçoit.
En 1745, il est reçu à l'Académie royale de peinture et de sculpture où il va enseigner. En 1748, la ville de Paris lui passe commande de la grande œuvre de sa carrière : une statue équestre de Louis XV destinée à la place Royale (actuelle place de la Concorde). Son travail acharné va se traduire par des centaines de dessins préparatoires. Le projet final représente Louis XV en général romain «sur un piédestal orné de quatre vertus vêtues de gracieux drapés à la grecque», lit-on sur le panneau du musée qui lui est consacré. Cependant la taille du projet et son acharnement à donner le meilleur de son art l'épuisent. Sentant sa fin arriver, il désigne Jean-Baptiste Pigalle (1734-1796) pour prendre la relève. Edme Bouchardon s'éteint en juillet 1762. Le monument, inauguré en 1763, sera détruit par les révolutionnaires.
L'étoile artistique d'Edme Bouchardon a bien pâli depuis deux siècles. Privilégiant la rigueur antique, son style est dépouillé de toute sentimentalité. Il reste néanmoins l'un des artistes et des sculpteurs majeurs du XVIIIe siècle.
Sources : panneaux sur les Bouchardon dans le musée + Les retables de Jean-Baptiste Bouchardon, Itinéraires du Patrimoine.

Retable du couvent des Ursulines.
Retable du couvent des Ursulines.
Paire de panneaux d'entrecolonnement.
Œuvre de Jean-Baptiste Bouchardon
(1667-1742)
La Sainte-Trinité couronnant la Vierge.
La Sainte-Trinité couronnant la Vierge.
Élément sommital du retable du couvent des Ursulines de Chaumont.
Pierre sculptée et dorée (1712-1713) par Jean-Baptiste Bouchardon (1667-1742).
Les parties centrales (Vierge et colombe du Saint-Esprit) sont absentes de cet élément.
LA SALLE DE LA GANTERIE
La salle de la ganterie bénéficie, elle aussi,
La salle de la ganterie bénéficie, elle aussi,
d'une superbe voûte en berceau dans les salles basses du château.
Vierge de l'Assomption, 1ère moitié du XVIIIe siècle.
Vierge de l'Assomption, 1ère moitié du XVIIIe siècle.
Jean-Baptiste Bouchardon (1667-1742).
LA SALLE DE LA GANTERIE

La ganterie à Chaumont (1/3).
Après avoir connu de nombreuses échoppes de maîtres gantiers au XVIIIe siècle, l'histoire de la ganterie moderne commence à Chaumont en 1829. Cette-année-là, Jules Tréfousse (1809-1894), originaire de Lunéville, s'installe dans le chef-lieu de la Haute-Marne et crée une petite entreprise de ganterie. L'un de ses oncles lui a appris le métier.
Tréfousse va révolutionner la fabrication des gants en appliquant le concept de la division du travail. D'une part, son entreprise se charge de toutes les étapes de la chaîne de production, depuis l'arrivage des peaux brutes jusqu'à la mise en boîte des produits finis (préparation, teinturerie, confection et emballage), mais chaque ouvrier ne s'occupe que d'une seule des cent vingt étapes de la fabrication. Cette division du travail poussée à l'extrême est à l'opposé de ce que fait la concurrence installée à Niort, Grenoble, Saint-Junien ou encore Millau. ---»» 2/3

La ganterie à Chaumont (2/3).
---»» La Monarchie de Juillet apporte à la France une stabilité politique favorable aux affaires et aux investissements. Le secteur de la ganterie va en profiter, d'autant plus que Jules Tréfousse, passionné par les inventions mécaniques, multiplie les machines (machine à tanner, essoreuse, machine à dôler) et fait éclairer ses ateliers au gaz. Sa politique commerciale vise loin. Il tisse des liens avec le Bon Marché et, en 1855, s'associe avec un négociant de New York. Il gagne ainsi des marchés aux États-Unis et en Angleterre. Son créneau est celui du luxe : des gants en chevreau pour femme. À la charnière des XIXe et XXe siècles, Tréfousse est honoré de plusieurs prix dans les expositions universelles.
Mais nous sommes toujours au XIXe siècle avec le côté noir de la révolution industrielle. Et l'usine Tréfousse n'y échappe pas. Une centaine d'employés en 1848, 5500 vers 1880 (et un quasi-monopole sur Chaumont), mais sur les 5500, seuls 900 travaillent à l'usine. Le plus grand nombre s'affaire dans des petites unités de sous-traitance ; d'autres travaillent à domicile en louant leur machine à coudre à l'usine. Les conditions de travail restent celles du siècle : milieu humide, malodorant, rendu dangereux par les produits chimiques et envahi par le bruit des machines. La durée de travail quotidienne est de douze heures. On y compte même quelques enfants avant que les lois Ferry ne rendent l'école obligatoire. Il y a de nombreux syndicats dans ce secteur industriel, mais, chez Tréfousse, ---»» 3/3

Petites machines utilisées pour la ganterie dans une vitrine.
Petites machines utilisées pour la ganterie dans une vitrine.
Paire de gants à manchette
Paire de gants à manchette.
Peau, 1930, Tréfousse (?)

La ganterie à Chaumont (3/3).
---»» les grèves sont rares. Le créateur, tout comme son successeur, Émile Goguenheim, ont un côté paternaliste. Ils connaissent le métier et restent proches de leurs ouvriers. «Tréfousse crée une caisse de secours vers 1850 et une coopérative d'achat de viande en 1870», lit-on sur le panneau du musée. Tréfousse, puis Goguenheim seront d'ailleurs élus maires de Chaumont. La IIIe République est réellement l'âge d'or de la ganterie Tréfousse.
Après 1918, l'environnement change : création de gants masculins pour l'armée et les sportifs, délégation de la gestion des affaires à un patron plus distant des ouvriers, innovation en perte de vitesse, et surtout marché de la ganterie attaqué par la concurrence allemande et italienne. La crise de 1929 aggrave la situation. 47% de la production partant aux États-Unis, l'usine souffre, d'autant plus que les taxes douanières augmentent. Les conséquences sont rudes : baisse des marges, baisse des salaires et chômage partiel. En 1934, on ne compte plus que 800 ouvriers sur le site ; moins de 500 travaillent à domicile.
En 1940, la France est occupée. Les marchés américains et anglais disparaissent. Les gérants de l'usine - juifs - fuient le nazisme. Cependant, les cadres rachètent les parts des actionnaires familiaux et vont ainsi détenir 66% du capital, ce qui évite à l'entreprise de tomber sous le contrôle de l'administrateur des biens juifs. Après la guerre, la famille rachètera ses anciennes parts. Le directeur, arrivé sous l'Occupation, reste en place et cherche à regagner le marché américain. La production se diversifie dans les gants en tissu, évidemment moins chers et plus faciles à entretenir. Mais le monde de la ganterie se heurte de plein fouet aux changements d'habitude. Le gant se porte de moins en moins. Hausses des salaires et taxations douanières viennent à bout de l'entreprise qui est revendue en 1957 à une association de deux gantiers de Grenoble et de Saint-Junien. Ils fondent l'entreprise Chaumont-France. Les difficultés continuent et les banques reprennent l'affaire en 1960. En 1967, mégisserie (préparation du cuir) et teinturerie sont arrêtées. En 1973, c'est le dépôt de bilan.Source : panneaux sur la ganterie et l'entreprise Tréfousse dans le musée.

Gant à manchette
Gant à manchette.

Documentation : Panneaux dans le musée + À la découverte de Chaumont, brochure de l'Ofice de tourisme
+ Congrès archéologique de France, 97e session, Paris, 1934, article de Paul Léon : Les principes de la conservation des monuments historiques, évolution des doctrines
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