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Villepreux
ne fait pas partie des bourgs les plus connus de l'Ouest parisien.
Jadis petit village, c'est l'arrivée de la Cour à Versailles
qui va lui insuffler un peu de vie en abritant le petit personnel
du château. De plus, son réseau de grandes fermes, qui fait travailler
la paysannerie locale, va devoir nourrir la noblesse.
Aimant la chasse, Louis XIV créa une grande réserve naturelle, fermée
par un mur d'enceinte de quarante kilomètres de long, qui s'étendait
jusqu'à Villepreux.
C'était le Grand Parc, ponctué de vingt-quatre pavillons d'entrée,
dont quatre à Villepreux.
À l'époque, le roi, depuis la Galerie des Glaces pouvait contempler
une très vaste perspective qui s'étendait jusqu'au clocher de l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois
de Villepreux.
Aujourd'hui, un ambitieux projet paysager vise à reconstituer cette
perspective, grignotée depuis longtemps par de nombreux terrains
agricoles.
Dans les années 1950, la vie tranquille du village va être bousculée
par la création d'un quartier bâti ex nihilo dans les champs
: la Haie Bergerie. Riche de tous les équipements collectifs
nécessaires, ce vrai «morceau de ville» est le fruit de l'imagination
de l'industriel et urbaniste Jacques Riboud en réaction à
l'essor des Grands ensembles. La Haie Bergerie est «la première
démonstration d'un style urbain nouveau à base de maisons de ville
individuelles», écrivit-il. Rien n'y manque : commerces, centre
médical, bibliothèque, théâtre, terrain de sport, gymnase, annexe
municipale, commissariat de police et, bien sûr, centre cultuel.
Saint Vincent de Paul, qui fut le précepteur des enfants de la famille
du seigneur de Gondi, créa à Villepreux
en 1618 sa première maison de Charité. C'est pourquoi l'église lui
est dédicacée. Bâti en 1966 avec l'ensemble du quartier et inauguré
en 1967, le bâtiment a été conçu par l’architecte Roland Prédiéri.
L'artiste Robert Lesbounit (1904-1984) en a réalisé les fresques
murales et les vitraux.
L'édifice est labélisé Patrimoine du XXe siècle.
La décoration est inspirée de la Genèse et de l’Apocalypse de Jean.
Cette page en donne de larges extraits.
L'église ayant son chœur orienté au sud - sud-ouest, la page adopte
les directions liturgiques (qui considèrent par principe que le
chœur est à l'est).
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La nef et le chœur de l'église Saint-Vincent-de-Paul. |
ASPECT EXTÉRIEUR
DE L'ÉGLISE |
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L'imposante façade de l'église Saint-Vincent-de-Paul est ornée
d'une fresque de Robert Lesbounit. |
Aspect
extérieur.
Les côtés et l'arrière de l'église Saint-Vincent-de-Paul
sont totalement encastrés dans des bâtiments abritant
des logements et des locaux paroissiaux.
En fait, la seule partie extérieure intéressante est
la façade, orientée au nord - nord-est. Elle est ornée
d'une fresque monumentale de l'artiste Robert Lesbounit
(1904-1984). Ce sculpteur s'était spécialisé dans les
grandes fresques gravées sur ciment.
La fresque de la façade se décompose en quatre parties
:
- Les grandes étapes de la vie de saint Vincent de Paul
;
- L'annonce de la venue du Christ ;
- L'hommage aux bâtisseurs ;
- Le prologue de l'Apocalypse de Jean.
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La fresque au-dessus de la porte comprend
le monogramme christique avec l'Alpha et l'Omega. |

Grandes étapes de la vie de saint Vincent de Paul :
sa naissance à Pouy le 24 avril 1581 ; en 1613, il est aumônier.
Dans son Apocalypse, Jean s'adresse aux sept Églises d'Asie. L'artiste
a actualisé le message
en retenant sept églises en France. On voit ici : Ronchamp, ? , Fontenay
en Bourgogne,
Chartres et Notre-Dame de Paris. En bas à droite : Saint-Benoît-sur-Loire.
Le vieillard représente le Christ qui inspire Jean écrivant l'Apocalypse.
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L'homme de Matthieu et le taureau de Luc se tiennent à gauche de la
porte.
Grande étape de la vie de saint Vincent de Paul :
en 1618 commencent les missions. |

Totalité de la fresque de Robert Esbounit sur la façade de Saint-Vincent-de-Paul. |

L'aigle de Jean et le lion de Marc se tiennent à droite de la porte.
Grandes étapes de la vie de saint Vincent de Paul :
- En 1633, il fonde les Filles de la Charité ;
- Le 27 septembre 1660, il meurt à Saint-Lazare. |

Prologue de l'Apocalypse de Jean :
La Vierge montre à l'Enfant la porte du temple.
L'Enfant croise ses pieds, annonce de la croix.

Le prologue
de l'Apocalypse de Jean.
Sur la façade, l'artiste Robert Esbounit a gravé des symboles
pour concrétiser quelques grandes idées de ce texte célèbre.
Il a ainsi remplacé les sept Églises d'Asie (Smyrne, Laodicée,
Pergame, Éphèse, Philadelphie, Thyatire et Sardes) par sept
Églises en France. On lit ainsi sur le site de la paroisse
(l'orthographe a été respectée) : «Saint Benoît sur Loire,
Notre Dame de Paris, Chartres, Tours à Toulouse, Fontenay
en Bourgogne, la Solitude du Grand Condé, et Ronchamp.»
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ASPECT INTÉRIEUR
DE L'ÉGLISE SAINT-VINCENT-DE-PAUL |
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La nef et le chœur de Saint-Vincent-de-Paul vus depuis la tribune.
Sur la droite, la chaire à prêcher. |

L'avant-nef et l'escalier en spirale qui permet d'accéder à
la tribune. |

Extrait de la verrière n°1 (au-dessus du chœur) : la main
de Dieu crée la lumière. |
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Calvaire
Œuvre contemporaine. |

Le baptistère n'a pas de chapelle dédiée.
Il se trouve dans l'avant-nef entre deux piliers. |

L'élévation sud (au sens liturgique) et la fresque de Robert Lesbounit
consacrée à l'Apocalypse de Jean. |

Détail de la fresque de Robert Lesbounit. À droite, la Bête. |
Fresque
sud.
Elle représente des figures de l'Apocalypse de Jean sans ordre
chronologique.
À droite dans l'image ci-contre, la Bête, c'est-à-dire l‘esprit
du mal, symbolise le pouvoir impérial. Elle met à mort des
témoins du Christ dont on ne voit que les mains. Deux d'entre
eux, la face vers le ciel, montent au paradis et ressuscitent.
À côté, c’est le combat du Bien contre le Mal. L'ange, qui
tient une épée, combat le dragon. Vaincu, ce dernier est enchaîné.
Robert Lesbounit lui a donné l'apparence d'un totem à sept
têtes (trois de face et quatre de profil).
À gauche du Mal prisonnier (photo ci-dessous) se tient une
femme, debout sur une forme en croissant. Elle symbolise l’Église
souffrante en butte aux attaques du démon. À ses pieds, le
lac de feu engloutit les damnés.
À gauche encore, un homme assis sur un trône ouvre les livres
de vie et de mort. Les Justes glorifient Dieu en levant leurs
mains vers le ciel.
À l'extrémité du dessin, la ville est celle de Jérusalem.
Derrière ses remparts, elle abrite le peuple de Dieu, un peuple
qui reste néanmoins ouvert sur le monde par le biais des douze
portes qui symbolisent les douze tribus d’Israël et les douze
apôtres.
Les trois grosses étoiles rappellent la Trinité. Les traits
en volutes représentent le souffle des âmes qui arrivent à
la Nouvelle Jérusalem.
Il n’y a pas trace de temple. L’Église entière est maintenant
appelée Jérusalem nouvelle.
Source : site Internet de la
paroisse.
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Fresque sur l'élévation sud : le cercle représente le lac de feu où
les damnés disparaissent.
À droite, Satan est enchaîné ; au centre, la femme (qui regarde le
ciel), avec ses longs bras et ses mains crispées, représente l'Église
souffrante. |

La Vierge.
Art contemporain. |

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Détail de la verrière n°2 : les cristaux de neige du 2e jour de la
Création du monde.
«««--- Fresque sur l'élévation sud :
la Jérusalem céleste rassemble le peuple de Dieu.
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L'élévation nord (au sens liturgique) et la fresque de Robert Lesbounit.
À gauche de la croix centrale : les quatre cavaliers de l'Apocalypse.
À droite de la croix : l'Agneau de Dieu est entouré des symboles des
quatre Évangélistes. |

L'élévation nord au niveau de la tribune et le détail de la fresque
du triomphe de l'Église. Ici, les trompettes et les cavaliers.
Robert Lesbounit, années 1960. |
Fresque
nord.
Cette fresque (à droite en regardant le chœur depuis la nef)
illustre le Triomphe de l'Église. Les thèmes sont tirés de
l'Apocalypse de Jean.
À gauche dans l'image ci-contre, les trompettes sonnent le
rassemblement du peuple et l'annonce des châtiments. Le livre
des Sept sceaux se déploie : les jugements de Dieu se suivent
les uns après les autres.
Le cavalier blanc paraît d'abord, tenant un arc. Il annonce
les trois autres. Surgit le cavalier roux qui apporte la guerre
; il tient une épée. Puis le cavalier noir, qui tient une
balance, apporte la famine et toutes les maladies. Enfin paraît
le cavalier pâle (ou verdâtre) et, avec lui, la mort.
Robert Lesbounit peint ensuite, de manière très symbolique,
les deux bêtes de l'Apocalypse. L'une, avec dix cornes et
sept têtes, incarne le pouvoir temporel ; l'autre représente
les faux prophètes qui proposent un salut sans l'aide du Christ.
À droite de la croix dessinée en tau figurent les symboles,
tous ailés, des quatre évangélistes : lion et taureau, aigle
et homme. Ils entourent l'Agneau de Dieu peint avec sept yeux
(sept fenêtres sur le cœur) et sept cornes (qui donnent la
toute puissance).
Il est dommage que Robert Lesbounit n'ait pas inséré un peu
de couleurs, notamment sur les cavaliers.
La verrière de l'Apocalypse à l'église Saint-Martin-ès-Vignes
à Troyes
présente les quatre cavaliers dans une composition datée de
1611, d'une plus haute tenue. Elle est enrichie d'un magnifique
quatrain :
Ce roy sur cheval blanc avec son arc poursuit,
Sur un roux ce second avec l'espée avance,
Ce tiers dessus un noir brandit une balance,
Puis la mort sur un pâle, et l'enfer qui la suit.
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Le Christ en croix dans le chœur, détail.
Sculpture de Gérard Ramon (1935-2021).
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Les cavaliers de l'Apocalypse et les symboles des quatre Évangélistes
entourent une croix en tau.
Robert Lesbounit, années 1960. |
LES SIX VERRIÈRES
DE L'ÉGLISE |
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La tribune.
La proximité des verrières donne à cet endroit un aspect assez
féérique. |
Les
six verrières du voûtement (1/2).
Ces six verrières, chacune de 15 mètres de long sur
2 mètres de haut, sont l'œuvre de Robert Lesbounit
(1904-1984). Ce dernier a utilisé la technique très
classique de la peinture sur verre.
Le principe décoratif, expliqué sur le site de la paroisse,
«consiste à créer des lignes sinueuses, accusant l'horizontalité
et essayant de faire une synthèse entre une description
figurative et un élément décoratif abstrait. Il y a
aussi, d'une travée à l'autre, une recherche d'alternance,
de puissance et de calme [en gras dans le
texte], rendue par le choix des couleurs.» ---»»
Suite 2/2 ci-dessous.
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Verrière n°6 : création du monde animal, de l'homme et de la femme. |
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Les
six verrières du voûtement (2/2).
---»» Les verrières illustrent la Création du monde
en six jours selon la Genèse. On sait que, le septième
jour, Dieu, satisfait de son œuvre, se reposa.
Jour 1 : la
main de Dieu crée la lumière au milieu des ténèbres.
Jour 2 : création des cieux et des eaux.
Jour 3 : création du règne végétal.
Jour 4 : création des astres, des étoiles, du soleil
et de la lune.
Jour 5 : création des mers, des poissons et des oiseaux.
Jour 6 : création du monde animal, de l'homme et de
la femme.
On remarquera que la lumière issue des vitraux n'est
pas dirigée vers le chœur, mais vers les fidèles.
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«««--- La Bête de l'Apocalypse selon Robert Lesbounit.
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Partie supérieure : verrière du 6e jour illustrant la création du
monde animal, de l'homme et de la femme.
Partie inférieure : détail de la verrière du 5e jour avec la création
des mers, des poissons et des oiseaux.
Robert Lesbounit, années 1960. |

Verrières n°1, 2 et 3 au-dessus du chœur.
De bas en haut : création de la lumière ; création des cieux et des
eaux ; création du règne végétal.
Dans la verrière n°2, la rose des vents, située au centre, sépare
les cristaux de neige (à gauche) des nuages et de la pluie (à droite). |

L'église vue depuis le chœur. |
Documentation : site Internet de l'église Saint-Vincent-de-Paul
+ «Villepreux Green Lodge», document du cabinet Kaufman & Broad
sur l'aménagement architectural de Villepreux et le projet Green Lodge,
2015. |
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