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Page créée en juil. 2020
La Vierge par Victor Huel

L'église Saint-Sébastien est, avec la cathédrale et l'église Notre-Dame de Bonsecours, l'une des plus réputées de Nancy. Construite de 1720 à 1731, elle est venue remplacer un vieil édifice séculaire et vétuste, dit première primatiale provisoire, bâti en 1603. Le financement de Saint-Sébastien fut assuré par une souscription, ouverte dès 1639, auprès des habitants. L'architecte en fut Jean-Nicolas Jennesson (1686-1755) qui réalisa, avec cet édifice de style classique et d'ornementation baroque, son chef-d'œuvre. L'église de l'abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson, érigée de 1706 à 1715, fut sa source d'inspiration. Jennesson construisit dans Nancy deux autres édifices cultuels aujourd'hui disparus. Les détails de l'historique de Saint-Sébastien sont donnés dans un encadré plus bas.
L'intérieur de l'édifice étonne par sa très grande luminosité. Le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières et l'on ne veut plus que des vitraux peints obscurcissent les lieux de culte. L'église Saint-Jacques de Lunéville, assez proche architecturalement, suit le même principe. Saint-Sébastien bénéficia de la bienveillance des ducs de Lorraine : l'église s'enrichit de pièces liturgiques précieuses et d'œuvres d'art. À Nancy, c'était la paroisse la plus considérable. Selon un recensement de 1733, elle comptait six mille habitants sur un total de vingt mille pour la ville entière.
À la Révolution, la grande majorité des vicaires et des chanoines de Nancy refusèrent de prêter serment à la Constitution civile du Clergé et préférèrent s'exiler. Une Église assermentée prit la place, dirigée par l'évêque constitutionnel Lalande (1791-1792). Un prêtre assermenté fut nommé à la cure. Vint la Terreur. Tous les prêtres furent bannis. L'église fut ruinée. Pendant quelques semaines, l'édifice remplaça l'asile d'aliénés de Maréville qui avait brûlé, puis fut converti en un magasin de paille. Les autres églises de Nancy furent fermées, la cathédrale devint le temple de la Raison.
Le Concordat de 1801 vit le clergé non-jureur revenir à Nancy. Les prêtres assermentés durent faire leur soumission au pape. Saint-Sébastien fut rendue au culte. Le nouveau curé, Christophe Poirot, se démena pour sortir son église de l'indigence. Maître-autel, buffet d'orgue, boiseries et chaire vinrent redonner un peu de lustre à la nef et au chœur. Son combat fut difficile car, en 1803, le Conseil d'État avait redessiné les limites de la paroisse Saint-Sébastien : il ne lui restait plus que les rues pauvres et populeuses qu'elle possédait avant la Révolution. Les quartiers opulents étaient passés dans l'orbite de l'église Notre-Dame. Dans les années 1830, l'église réceptionna une relique de saint Sébastien envoyée par Rome pour remplacer la relique perdue à la Révolution. C'est la présence de cette relique à Nancy et sa vénération par le duc Charles III et son fils, au début du XVIIe siècle, qui sont à l'origine de sa dédicace.
Après la Révolution, l'église put récupérer quelques nouveaux tableaux. Elle possède aussi quelques belles œuvres d'art (autels d'Eugène Vallin, statues de Victor Huel) et le mausolée du peintre Jean Girardet (1709-1778). Au niveau de l'architecture, il ne faut pas manquer d'admirer la voûte en bas-reliefs à la croisée du transept.
Notons encore que, dans les années 1970, la municipalité de Nancy engagea la construction d'un centre commercial et d'un parking souterrain. Les fondations de l'église en furent fragilisées. Il s'ensuivit d'importants travaux de consolidation et de nettoyage. Depuis 1998, Saint-Sébastien a été confiée à la communauté des Jésuites de Nancy.

Saint Sébastien par Eugène Vallin
Vue d'ensemble de la nef et du chœur de l'église Saint-Sébastien
Vue d'ensemble de la nef et du chœur de l'église Saint-Sébastien.
Vue extérieure depuis la place Mangin
Vue extérieure de l'église depuis la place Charles III.
Contrairement à la tradition liturgique, la façade est dirigée vers l'est.
Le chevet et les deux tours du XVIIIe siècle
Les deux tours du chevet sont dirigées vers l'ouest.
Celle de droite a été construite en 1682 à l'initiative du curé David Nicolas Phulpin. Celle de gauche, à l'ordre dorique bien marqué au premier niveau, date de la constrution des années 1720.

Histoire de l'église Saint-Sébastien 1/2.
C'est dans la première moitié du XVIe siècle que commença le renforcement des défenses de la ville de Nancy. Au milieu du même siècle, la menace française poussa Chrétienne de Danemark, nouvelle régente du duché et nièce de Charles Quint, à poursuivre la tâche. Dans les années 1580, le duc Charles III (1545-1608) engagea la Lorraine dans les guerres de Religion françaises et, prince très catholique, prit le parti de la Ligue contre le roi de France. Les fortifications s'intensifièrent, d'autant plus que, en 1587, la soldatesque allemande traversa la Lorraine (mais pas Nancy) pour porter secours aux huguenots français, multipliant les exactions sur son passage. Conséquence : à l'intérieur des bastions et des retranchements, la population finit par s'entasser ; ce que l'on appelait la «Ville-Vieille» fut bientôt surpeuplée.
Des ingénieurs italiens, présents à la Cour, proposèrent au duc de créer une «Ville-Neuve», large, aérée et au plan géométrique, selon les standards urbains de la Renaissance. Ainsi fut fondée, à côté de la première, une seconde cité protégée par des fortifications. Rapidement, la sécurité des remparts fit migrer vers la Ville-Neuve la population qui vivait hors les murs. Le duc donna ordre de raser le bourg de Saint-Dizier et, en compensation, offrit des terrains dans les murs à ses anciens habitants.
Nancy, à cette époque, disposait de deux églises : Notre-Dame et Sainte-Epvre. Cette dernière, érigée en 1343, était fréquentée par une partie des habitants de la Ville-Vieille. C'est là aussi que vinrent tous les habitants de la Ville-Neuve. Cet accroissement rendit vite Saint-Epvre trop petite et la population de la Ville-Neuve s'adressa au duc pour que l'on crée plusieurs paroisses.
En 1587, un scandale éclata à Saint-Epvre qui fit accélérer les choses : à la messe de Pâques, le curé, fatigué par une longue communion, laissa tomber à terre des hosties consacrées... qui furent piétinées par plusieurs fidèles, eux-mêmes pressés par la foule. Une supplique arriva promptement entre les mains du duc : il fallait quatre paroisses à Nancy. En clair : Notre-Dame, Saint-Epvre et deux nouvelles dans la Ville-Neuve. Finalement, ce fut seulement trois. Et le 21 novembre 1593, l'église de l'hôpital Saint-Julien devint la paroisse de la Ville-Neuve. Cette situation persista jusqu'en 1609.

Charles III rêvait de voir la ville de Nancy érigée en évêché afin de ne plus dépendre de Toul dont le roi de France s'était emparé avec Verdun et Metz. Pressé par Henri IV (le bon roi Henri) catégoriquement opposé à ce projet, le pape Clément VIII faisait la sourde oreille, mais il accepta de créer à Nancy un primat et un chapitre primatial. L'orgueil du duc en fut flatté, mais pas sa volonté d'indépendance politique. Il n'était là question que d'honneur, en aucun cas de pouvoir, puisqu'il n'y avait pas création d'un évêché. La dignité de primat «permettait de porter les insignes épiscopaux, de consacrer de nouvelles églises, d'officier pontificalement, de présider les cérémonies qui se déroulaient à Nancy en présence de la famille ducale (...)» [Françoise Boquillon dans Nancy, 100 ans d'Histoire]. Nancy ne deviendra un évêché qu'après la mort du roi Stanislas en 1766, une fois la Lorraine intégrée au Royaume de France.
En 1603, Charles III et son fils, cardinal et tout nouveau primat, posèrent la première pierre de l'église primatiale sur la place du Marché de Nancy. La même année peu auparavant, le primat avait fait construire, entre trois rues et devant l'Hôtel-de-Ville, une primatiale provisionnelle. Puis le hasard fit qu'il reçut en legs quantité d'héritages du couvent des Dames Prêcheresses. En 1605, le Chapitre put ainsi changer l'emplacement de la Primatiale pour un endroit plus étendu et plus calme, idéal pour y bâtir aussi le palais du primat et les maisons canoniales. La première pierre, posée en 1603 sur la place du Marché, fut transportée solennellement en 1610 à ce nouvel emplacement. C'est là que se trouve l'actuelle Cathédrale.
Entre-temps, le Chapitre y avait fait bâtir une seconde primatiale provisionnelle si bien que, en 1609, il put vendre sa première primatiale de 1603 à la ville qui en fit la paroisse de la Ville-Neuve. Elle sera dédiée à saint Sébastien que Charles III et son fils vénéraient tout particulièrement. C'était un bâtiment vétuste, bâti en moins de trois mois, fort petit et peu ouvert. Sa superficie n'était que la moitié de celle de l'église Saint-Sébastien actuelle et son portail se dressait face à l'Hôtel-de-Ville. Les chanoines du Chapitre, qui l'occupaient depuis 1603, la quittèrent pour laisser la place à Gérard Maréchaudel, nouveau curé, qui administrait la paroisse Saint-Sébastien depuis 1593 dans l'église de l'hôpital Saint-Julien.
---»» Suite 2/2

Les quatre bas-reliefs de la façade
Les quatre bas-reliefs de la façade sont l'œuvre de Joseph Dieudonné Pierre.
La grille de protection du portail a pour origine une commande passée en 1848 par le curé de l'église Nicolas Barthélemy.
Bas–relief de Saint Nicolas par Joseph–Dieudonné Pierre, vers 1725
Bas-relief de Saint Nicolas
par Joseph-Dieudonné Pierre, vers 1725.

Les tours 1/2. Elles sont situées de chaque côté de l'abside. Cette position interpelle car les tours d'une église encadrent généralement le portail d'entrée.
En 1720, l'architecte Jean-Nicolas Jennesson dut évidemment intégrer dans ses plans la tour élevée en 1682. Pour justifier cette disposition peu banale, Pierre Sesmat, dans son article pour le Congrès archéologique de France de 2006, rapporte que l'architecte se devait en plus d'ouvrir l'église sur la place (comme on le voit aujourd'hui). Cependant, la notice historique du chanoine La Flize, rédigée en 1852, avance une autre raison : «On rapporte, écrit ce dernier, que les tours ont été placées derrière l'édifice pour ne point troubler les audiences de la Cour souveraine et du Baillage, qui se trouvaient devant l'église.» Les choses méritent d'être précisées. En 1720, la place actuelle Charles III (anciennement place Mangin) n'existait pas. Selon le chanoine La Flize, on trouvait là l'Hôtel-de-Ville, «appelé aussi Palais-de-Justice, écrit-il, parce que c'est là où siégeaient la Cour souveraine et le Baillage.» Et il poursuit : «Lorsqu'en 1751 on démolit l'Hôtel-de-Ville, son emplacement fut converti en une place, appelée Mangin, du nom du lieutenant-général du Baillage.»
Récapitulons. Les notables de la Cour souveraine et du Baillage ne veulent pas être dérangés. Par quoi ? Le bruit des cloches dans une tour trop proche ? Le bruit des fidèles entrant dans l'église et en sortant, ainsi que les immanquables manifestations de piété ? On sait que la nouvelle église de Jean-Nicolas Jennesson a remplacé l'ancienne, vétuste et construite à la va-vite en 1603. Du texte du chanoine, on déduit que l'entrée de cette église était déjà à l'est, face à l'Hôtel-de-Ville. Qu'y avait-il à l'ouest ? Un bâtiment indigne de la façade d'une église ? Une rue étroite impropre à l'entrée d'un édifice tout neuf ?  ---»» 2/2

Statue de saint Sébastien par Victor Huel, 1882
Statue de saint Sébastien par Victor Huel, 1882.
Saint Nicolas par Joseph-Dieudonné Pierre, vers 1725
Saint Nicolas par Joseph-Dieudonné Pierre, vers 1725.
La Vierge par Joseph-Dieudonné Pierre, vers 1725
La Vierge par Joseph-Dieudonné Pierre, vers 1725.
Statue du duc Léopold par Victor Huel, 1882
Statue du duc Léopold par Victor Huel, 1882.

Les tours 2/2.  ---»» Toujours est-il que J.-N. Jennesson a conservé la même orientation, avec les allers-et-venues des fidèles face à l'Hôtel-de-Ville. On est amenés à conclure que les notables se sont opposés à l'élévation de tours à l'ouest, de chaque côté du portail, pour ne pas être importunés par le bruit des cloches qui n'auraient pas tardé à suivre et qui auraient teinté d'un peu trop près à leurs oreilles... Notons que, selon le chanoine La Flize, dans le bâtiment précédent (autrement dit la première Primatiale provisionnelle), le clocher était au centre dans le sens de la longueur.
En conséquence, l'architecte J.-N. Jennesson aurait décidé de doubler la tour à l'est et d'y situer l'abside. En définitive, les cloches sont donc restées le plus loin possible des délibérations de la Cour souveraine, sans que jamais celle-ci prétende être dérangée par la circulation des fidèles (sinon l'entrée aurait été placée à l'ouest, entre les tours).
Sources : 1) Notice historique sur l'église Saint-Sébastien de Nancy par M. La Flize, chanoine honoraire de la cathédrale, 1852 ; 2) Congrès archéologique de France, Nancy & Lorraine méridionale, 2006, article sur l'église Saint-Sébastien de Pierre Sesmat.

Saint Charles Borromée par Joseph-Dieudonné Pierre ---»»
vers 1725. .

Architecture externe L'aspect extérieur de l'église est à rapprocher de celui de l'abbatiale des Prémontrés à Pont-à-Mousson. L'architecte de Saint-Sébastien, Jean-Nicolas Jennesson, s'est en effet fortement inspiré de l'église bâtie sur les plans du frère Thomas Mordillac. Les deux édifices ont une façade concave, mais celle de Saint-Sébastien possède deux niveaux, celle des Prémontrés, trois. Pour Pierre Sesmat, dans son article pour le Congrès archéologique de France de 2006, une conclusion s'ensuit : la dimension de la façade de Saint-Sébastien est trop faible par rapport au bâti de la nef. Vue de l'extérieur, l'église apparaît comme la juxtaposition assez malhabile de trois blocs : la façade baroque, la nef et les deux tours qui enserrent l'abside. À Nancy comme à Pont-à-Mousson, la façade fait un peu l'effet d'une pièce rapportée, conçue indépendamment de la structure.
Le premier niveau de la façade est orné très élégamment de quatre grands panneaux en bas-relief attribués à l'artiste Joseph-Dieudonné Pierre et datés aux alentours de 1725. Dans sa notice historique écrite en 1852, le chanoine La Flize les attribue au sculpteur Mesny. On y voit le Christ, la Vierge, saint Nicolas et saint Charles Borromée. Ce niveau est surmonté d'un large entablement enrichi de triglyphes.
Le second niveau se réduit à un étroit fronton recevant une haute baie entourée de deux colonnes corinthiennes. Avant la Révolution, on remarquait, au tympan de ce fronton, une sculpture montrant deux aigles tenant les armes de Lorraine sous un manteau royal. Le chanoine La Flize attribue ette œuvre à Mesny, la notice disponible dans l'église, à François Chassel. Le vandalisme révolutionnaire l'a réduite en miettes. En 1841, elle fut remplacée par le cadran d'une horloge monumentale.
Les deux grandes statues de saint Sébastien et du duc Léopold, signées Victor Huel et données ci-dessous à gauche, ont été mises en place en 1882. Il est intéressant à ce sujet de lire ce qu'écrit le chanoine La Flize en 1852 : «Au-dessus des avant-corps en pilastres du premier ordre existent deux acrotères qui devaient porter deux statues, lesquelles n'ont jamais été faites, et quatre dés sur lesquels devaient être placés quatre vases qui n'ont pas non plus existé.»
Sources : 1) Notice historique sur l'église Saint-Sébastien de Nancy par M. La Flize, chanoine honoraire de la cathédrale, 1852 ; 2) Congrès archéologique de France, Nancy & Lorraine méridionale, 2006, article sur l'église Saint-Sébastien de Pierre Sesmat.

Bas-relief de la Vierge par Joseph-Dieudonné Pierre, vers 1725
Bas-relief de la Vierge par Joseph-Dieudonné Pierre, vers 1725.
Saint Charles Borromée par Joseph–Dieudonné Pierre, vers 1725
LA NEF DE L'ÉGLISE SAINT-SÉBASTIEN
Élévations nord avec la chaire à prêcher du XVIIIe siècle
Élévations du côté gauche avec la chaire à prêcher du XVIIIe siècle.
Les jolies scènes d'angelots au sommet des baies sont rendues invisibles par le contre-jour.
Plan de l'église Saint-Sébastien
Plan de l'église Saint-Sébastien.
L'église s'inscrit dans un rectangle de 54 m de long sur 24,80 m de large.
Le chœur est situé à l'ouest, entre les deux tours de l'abside.
Décor baroque en stuc au-dessus d'une baie
Décor baroque en stuc au-dessus d'une baie.
Décor baroque en stuc au-dessus d'une baie
Décor baroque en stuc au-dessus d'une baie.

Architecture interne. Dès son entrée, le visiteur est frappé par la lumière qui inonde la nef et qui contraste avec la pénombre du chœur : il y a huit grandes baies dans la nef, mais une baie axiale, à moitié cachée par un Calvaire depuis 1816, et deux petites fenêtres dans le chœur. On observe le même phénomène à Saint-Jacques de Lunéville, à l'église de Bonsecours ou à la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption de Nancy. Dans son étude pour le Congrès archéologique de 2006, Pierre Sesmat se demande si la pénombre n'a pas pour but de faciliter le recueillement. C'est en tout cas l'inverse de ce que l'on voit dans les églises paroissiales de la Lorraine aux XVe et XVIe siècles. L'église Saint-Cosme-et-Saint-Damien de Vézelise en est un exemple.
Saint-Sébastien est une église-halle au transept non saillant. La hauteur du vaisseau central (20 m pour une largeur de 9,80 m) est néanmoins un peu supérieure à celle des deux collatéraux (18,20 m). L'architecte Jean-Nicolas Jennesson a choisi de tourner les contreforts vers l'intérieur de l'édifice, accroissant ainsi la largeur de ces collatéraux à 5,50 m (voir plan ci-contre).
Le transept possède la même largeur que le vaisseau central et - constat plus intéressant - ses baies sont identiques à celles de la nef, si bien qu'il ressemble plus à une grande travée qu'à un transept. Est-ce une réminiscence du gothique tardif ? se demande Pierre Sesmat qui rappelle que Saint-Nicolas-de-Port présente la même disposition.
Les six colonnes de la nef qui rythment l'espace sont des fûts galbés et lisses de 14 mètres de haut, surmontés d'un chapiteau ionique (tout comme les pilastres qui scandent les collatéraux). Loin d'accrocher l'attention du visiteur, ces piles cylindriques nues lui permettent au contraire d'appréhender sans heurt, jusqu'au transept, l'ensemble d'un espace baigné par la lumière. Le souvenir de l'abbatiale des Prémontrés à Pont-à-Mousson, élevée par le frère Thomas Mordillac de 1705 à 1716, saute aux yeux et il est clair que l'architecte de Saint-Sébastien s'en est largement inspiré.
Les grandes baies (y compris la baie axiale du chœur) sont surmontées d'un plaisant décor baroque d'angelots, souvent musiciens, que le puissant contre-jour ne permet pas d'apercevoir facilement. Quatre en sont donnés dans cette page. Le visiteur doit se munir d'une paire de jumelles pour les apprécier vraiment. L'ornement de la baie axiale est une joyeuse assemblée de têtes d'angelots.
Terminons par le voûtement : l'architecte a choisi le modèle unique de la voûte en pendentifs entourée d'arcs en plein cintre. Un choix qui lui permet d'effacer visuellement les différences de hauteur entre le vaisseau central et les collatéraux. En revanche, cette structure a fait s'élever la hauteur de la croisée à 22,20 m, entraînant une modification de la charpente.
Source : Congrès archéologique, Nancy & Lorraine méridionale, 2006, article sur l'église Saint-Sébastien de Pierre Sesmat.

La nef et le bas-côté gauche vus depuis l'avant-nef
La nef et le bas-côté gauche vus depuis l'avant-nef.
Le vitrail cathédrale des grandes baies
Le vitrail cathédrale des grandes baies

Les vitraux sont en verre cathédrale. Au XVIIIe siècle, qualifié dès cette époque de «siècle des Lumières» (y compris par les clercs), on exige de la clarté dans les églises. Ici, le dessin géométrique est assez étudié, mais est-ce celui d'origine? Et quand il est transpercé par la lumière, il est impossible de le distinguer de loin. À Saint-Sébastien, le dessin de la baie axiale est particulièrement travaillé. Parfois les franges de la vitrerie sont ornées d'un décor rocaille, en vogue au XVIIIe siècle, comme à l'église Saint-Jacques de Lunéville.

Angelots musiciens dans un décor baroque en stuc au-dessus d'une  baie
Angelots musiciens dans un décor baroque en stuc au-dessus d'une baie.
Chapiteau d'ordre ionique
Chapiteau d'ordre ionique au sommet d'une colonne de la nef.
La chaire à prêcher du XVIIIe siècle
La chaire à prêcher, début du XIX siècle.
Autel Saint-Joseph
Autel Saint-Joseph
Œuvre d'Eugène Vallin (1856-1922), un des maîtres de l'Art nouveau à Nancy.
Statue de Joseph avec l'Enfant
Statue de Joseph avec l'Enfant dans l'autel Saint-Joseph (Terre cuite?)
Autel Saint-Sébastien
Autel Saint-Sébastien
Œuvre d'Eugène Vallin (1856-1922),
un des maîtres de l'Art nouveau à Nancy.
Angelots musiciens dans un décor baroque en stuc au–dessus d'une baie du transept
Angelots musiciens dans un décor baroque en stuc au-dessus d'une baie (transept).

Bas–relief de saint Matthieu avec l'ange
Bas-relief de Saint Matthieu et l'ange
sur la cuve de la chaire à prêcher.

Bas–relief de saint Jean et son aigle
Bas-relief de Saint Jean et son aigle
sur la cuve de la chaire à prêcher.

Peintures latérales
de l'autel Saint-Joseph ---»»»

«««--- Autel Saint-Joseph.
La statue représente en fait le vieillard Siméon.
Selon la Bible, l'Esprit-Saint lui avait révélé qu'il verrait le Messie avant sa mort. Quand Siméon aperçut l'Enfant-Jésus dans le Temple de Jérusalem, il entonna ce chant de louanges : «Maintenant, Maître, c'est en paix, comme tu l'as dit, que tu renvoies ton serviteur».
Ce chant a été repris dans la liturgie.
Source : Dictionnaire illustré de la Bible, éditions Bordas.

La consécration de l'église. Pour son entrée au service du culte, Saint-Sébastien bénéficia d'une cérémonie de bénédiction le 30 septembre 1731, présidée par M. Rémi, curé de la paroisse, puis une autre de consécration, en août 1732, par Monseigneur Bégon, évêque de Toul.
M. le chanoine La Flize, auteur en 1852 d'une notice historique très fouillée, en donne le détail :
«Cette bénédiction eut lieu au milieu d'un nombreux clergé. Le pasteur vint de l'église du collège des Pères Jésuites, où se faisait l'office par interim, pour bénir la nouvelle église. Après la bénédiction qui consiste dans les aspersions extérieures et intérieures, il retourna dans la première église pour prendre le Saint-Sacrement qu'il apporta en grande procession, accompagné par les magistrats, par la troupe composée de deux lignes de butiers, et par une foule de peuple, au son des instruments de musique, au retentissement de toutes les cloches, au milieu du chant des cantiques religieux. La joie paraissait peinte sur le visage des paroissiens, avides de se réunir dans ce beau temple pour y élever leurs vœux au Seigneur. On y chanta une Messe solennelle, qui fut exécutée par un grand nombre de musiciens. M. Rémi officiant était accompagné de deux prêtres assistants, deux diacres, deux sous-diacres, quatre choristes, le thuriféraire et les acolytes. Il prononça le discours d'apparat, au grand contentement des fidèles. MM. les membres de l'Hôtel-de-Ville présentèrent un superbe pain bénit. Ainsi commença l'exercice du culte divin dans la belle église Saint-Sébastien.»
Un peu plus loin, le chanoine détaille la cérémonie de consécration : «La bénédiction de l'église Saint-Sébastien n'avait été que le prélude d'une cérémonie plus relevée, sa consécration, qui fut célébrée le 9 août 1732 avec la plus pompeuse solennité par Mgr. Bégon, évêque de Toul. Le prélat, après la procession des reliques des martyrs, qui termine la consécration, et qui se fait autour de l'église à l'extérieur, se tourna sur le seuil de la porte du portail vers le peuple assemblé ; il lui adressa une touchante allocution, et fit un pompeux éloge de feu le grand-duc Léopold qui avait élevé ce tempe auguste, des membres de l'Hôtel-de-Ville, qui y avaient contribué, et du pasteur qui l'avait orné. Aussitôt, la foule se précipita dans l'église ; Mgr. chanta la Messe pontificalement, et son grand-vicaire, M. Clévy, y prononça un magnifique discours. Pendant la Messe, les trompettes des plaisirs de François III, duc de Lorraine, que ce prince avait envoyés de son château de Lunéville, exécutèrent des fanfares. À deux heures, il y eut à l'Hôtel-de-Ville un splendide banquet où vint s'asseoir Mgr. l'évêque. À cinq heures, il retourna dans l'église consacrée pour y donner la bénédiction solennelle du Saint-Sacrement.»
Source : Notice historique sur l'église Saint-Sébastien de Nancy par M. La Flize, chanoine honoraire de la cathédrale, 1852.

La Fuite en Égypte
La Fuite en Égypte.
La Nativité, peinture latérale de l'autel Saint-Joseph
La Nativité.
Chemin de croix : Jésus console les femmes de Jérusalem Chemin de croix : Jésus tombe pour la deuxième fois (détail)
Chemin de croix : Jésus tombe pour la deuxième fois (détail).
«««-- Chemin de croix : Jésus console les femmes de Jérusalem.
Statue de saint Sébastien dans l'autel du même nom
Bas-relief de saint Sébastien dans l'autel du même nom.

Saint Sébastien est invoqué contre la peste (comme celle qui ravagea Nancy, à partir de 1630, pendant huit ans). Contre ce fléau, l'iconographie chrétienne compte quatre autres protecteurs : saint Roch, saint Antoine, saint Adrien et saint Christophe.

Autel Saint-Joseph : un ange en soutien de l'autel
Autel Saint-Joseph : un ange en soutien de l'autel.
Œuvre d'Eugène Vallin (1856-1922)

Une église dédiée à saint Sébastien? En 1609, la ville de Nancy acheta, pour la nouvelle paroisse, la première Primatiale provisionnelle, construite par le duc Charles III et son fils, cardinal et premier Primat. Ce bâtiment, élevé en trois mois, dura néanmoins jusqu'en 1719. Il fut dédié à saint Sébastien que Charles III et son fils avaient en grande vénération. Les paroissiens acceptèrent cette dédicace car ils avaient tous été témoins de la guérison du cardinal d'une maladie qu'il traînait depuis douze ans. Une guérison obtenue grâce aux reliques de ce saint présentes à Nancy.
Source : Notice historique du chanoine La Flize.

Le collatéral droit et le chœur
Le collatéral droit et le chœur.
Partie basse de l'autel Saint-Sébastien : que dévoilent les  anges ?
Partie basse de l'autel Saint-Sébastien : que dévoilent les anges ? Manque-t-il une pièce ?

Le mausolée de Girardet. Jean Girardet (1709-1778) était premier peintre du roi de Pologne et duc de Lorraine. Né à Lunéville et mort à Nancy, il est l'auteur d'un grand nombre de tableaux dont beaucoup ont été vandalisés. L'église Saint-Jacques de Lunéville en présente une petite dizaine aux visiteurs.
Dans sa notice historique de l'église en 1852, le chanoine La Flize souligne le côté désintéressé de cet artiste qui ne faisait pas payer ses leçons et qui a formé un grand nombre de peintres.
Le mausolée, appliqué à un pilastre du collatéral gauche, est en pierre de Sorcy et mesure trois mètres de haut (photo ci-dessous). La partie la plus intéressante est sans conteste la scène du haut : un vieillard ailé, qui représente le Temps, vient couvrir d'un voile épais Girardet dans son médaillon. Face à lui, une femme éplorée s'y oppose énergiquement. Cette femme symbolise la Lorraine. Elle portait autrefois une couronne ducale sur la tête. Au pied du médaillon, on peut apercevoir la palette du peintre ciselée dans la pierre.
Le premier mausolée a été érigé en 1785. Le portrait de Jean Girardet était en marbre blanc, «de parfaite ressemblance», écrit, en 1852, le chanoine La Flize. Cette œuvre de Johann Joseph Söntgen (1719-1788) a été détruite en 1792. En fait, tout le mausolée a été dégradé à la Révolution. Il a été restauré par «trois hommes distingués par leur talent» [La Flize]. Le peintre Laurent, conservateur au Musée, a fait le portrait de profil de Girardet tel qu'on le voit aujourd'hui ; le sculpteur Labroisse a réalisé les rondes-bosses et toute la sculpture ; le négociant Laugier a composé l'inscription pour remplacer l'ancienne que des recherches approfondies n'ont pas permis de retrouver.   ---»» Suite à gauche

On lit ainsi : 

      Par ses rares talents, ses modestes vertus
      Aux arts ainsi qu'aux mœurs, il servit de modèle,
      Révéré des Lorrains, chéri de leur Titus,
      Cet artiste immortel fut l'émule d'Appelle.

Source : Notice historique sur l'église Saint-Sébastien de Nancy par M. La Flize, chanoine honoraire de la cathédrale, 1852.

Mausolée à Jean Girardet, détail
Mausolée à Jean Girardet, détail de la scène figurative.
Mausolée à Jean Girardet, le portrait
Mausolée à Jean Girardet
Le portrait de Jean Girardet peint par Laurent après la Révolution.

«««--- La Lorraine s'oppose au voile que le Temps veut déposer sur Girardet. Au pied du médaillon, on peut voir la palette du peintre ciselée dans la pierre.

MAUSOLÉE À JEAN GIRARDET     ---»»»

Il a été dégradé à la Révolution et restauré au XIXe siècle.

Mausolée à Jean Girardet
Collatéral droit vu du transept avec la statue de saint Antoine de Padoue
Collatéral droit vu du transept
avec la statue de saint Antoine de Padoue.
«Le Martyre de saint Sébastien», signé «SH. IP.», XVIIe siècle
«Le Martyre de saint Sébastien», signé «SH. IP.», XVIIe siècle.
Cette peinture est attribuée à Jean Leclerc dans la notice disponible dans l'église.
Les voûtes du collatéral droit et les intrados baroques
Les voûtes du collatéral droit et l'intrados des arcs.
LE TRANSEPT ET LA VOÛTE DE LA CROISÉE
Le chœur et les deux autels latéraux nord et sud
Le chœur et les deux autels latéraux nord et sud. dédiés au Sacré-Cœur et à la Vierge.
L'entrée du chœur est marquée par les deux statues sur leurs consoles, au dessus des boiseries, de saint Joseph et de Marie portant l'Enfant.
Le bras droit du transept et sa grande verrière
Le bras droit du transept et sa grande verrière.
Sainte Irène soigne saint Sébastien (par Mény  ?)
Sainte Irène soigne saint Sébastien.
Saint Sébastien assommé de coups de bâton (par  Mény ?)
Saint Sébastien assommé de coups de bâton.

La voûte de la croisée est la plus belle décoration baroque de l'église Saint-Sébastien. Elle comprend quatre scènes de la vie légendaire de Sébastien. Le chanoine La Flize, dans son étude de 1852, indique que l'auteur en est le sculpteur Mesny. La notice de visite de l'église donne les noms de Mesny, Pierre et Chassel.

La voûte baroque de la croisée
La voûte baroque de la croisée comprend quatre médaillons illustrant la vie légendaire de saint Sébastien.
Saint Sébastien devant Dioclétien (par Mény ?)
Saint Sébastien devant Dioclétien.
Le Martyre de saint Sébastien (par Mény ?)
Le Martyre de saint Sébastien.
La voûte de la croisée
La voûte de la croisée.
LES AUTELS DU TRANSEPT
Chapelle du Sacré-Cœur
Chapelle du Sacré-Cœur (1825).
La toile cachée par la statue de Victor Huel représente une Piéta.
Cet autel s'appelait, jusqu'à la pose de la statue, l'autel de la Confrérie des Agonisants.
Chapelle de la Vierge
Chapelle de la Vierge (1825).
La toile cachée par la statue représente la Vierge portant l'Enfant (début du XIXe siècle)

Les deux autels du transept (2/2).
Les grandes statues sont l'œuvre du sculpteur Victor Huel. Elles ont été mises en place vers 1885, sans grand souci de visibilité des toiles qui sont derrière.
Terminons en ajoutant que les autels sont accompagnés, au-dessus des boiseries qui marquent l'entrée du chœur, de deux statues en pierre de saint Joseph tenant un bâton surmonté d'un lys et de Marie portant l'Enfant. Le chanoine La Flize attribue ces statues au sculpteur Paul-Louis Cyfflé (1724-1806).
Source : Notice historique sur l'église Saint-Sébastien de Nancy par M. La Flize, chanoine honoraire de la cathédrale, 1852.

Statue du Sacré-Cœur par Victor Huel, vers 1885
Statue du Sacré-Cœur par Victor Huel, vers 1885.
Chapelle du Sacré-Cœur.
Statue de saint Joseph à l'entrée du chœur (attribuée à Cyfflé)
Statue de saint Joseph
à l'entrée du chœur attribuée à Cyfflé.

Les deux autels du transept (1/2). Ils sont identiques dans leur conception. Seuls varient le tableau central et les bas-reliefs des portes latérales. Ces autels suivent les règles du baroque. La partie supérieure reçoit un beau baldaquin blanc et or, peuplé d'anges et surmonté d'une sphère représentant le monde, où est plantée une croix. Le décor baroque est lui-même coiffé d'une voûte en plein cintre décorée d'un angelot et de fleurs (photo ci-contre). Les portes latérales, elles-mêmes élégamment travaillées, comportent chacune un médaillon en bas-relief illustrant le Couronnement d'épines, la Flagellation, saint Sébastien, saint Roch et son chien.
Selon la notice du chanoine La Flize écrite en 1852, les autels ont été posés en 1825 par un marbrier de Nancy, Jean Michel. Derrière la statue du Sacré-Cœur, la toile cachée représente une Piéta ; derrière la statue de la Vierge, Marie portant l'Enfant. On donne un extrait de cette dernière toile qu'il est très difficile de photographier : il faut se tenir de biais et jouer avec les nombreux reflets dus à la grande verrière toute proche.
À l'origine, les statues et leurs piédestaux n'existaient pas. Les toiles étaient donc parfaitement visibles. L'autel qui est maintenant celui du Sacré-Cœur était dédié à Notre-Dame de Pitié, appelée Patronne de la Confrérie des Agonisants. On notera que, à l'église Saint-Gengoult de Toul, l'autel situé au même endroit dans l'édifice (bras nord du transept) porte aussi le nom d'autel des Agonisants. Était-ce une coutume du culte en Lorraine ? L'autel de la Vierge, dans le bras droit du transept, n'a pas changé de nom.    ---»» Suite 2/2

Statue de la Vierge à l'Enfant sur son piédestal  dans l'entrée du chœur (attribuée à Cyfflé)
Statue de la Vierge à l'Enfant sur son piédestal
dans l'entrée du chœur (attribuée à Cyfflé).
Le visage de la Vierge dans la statue de Victor Huel
Bas–relief de saint Roch dans la chapelle de la Vierge (style Louis XVI)
Bas-relief de saint Roch dans la chapelle de la Vierge
(style Louis XVI).
Détail de la toile en arrière–plan dans la chapelle de la Vierge
Détail de la toile de la Vierge à l'Enfant
derrière la statue de la Vierge.

«««--- Du visage de la Vierge dans la statue de Victor Huel émane une sensation de sérénité et de douceur remarquable.

L'Annonciation de Jean Girardet
L'Annonciation de Jean Girardet.
Statue de la Vierge de Victor Huel (vers 1885)
Statue de la Vierge de Victor Huel, vers 1885.
Chapelle de la Vierge.
Bas-relief : saint Sébastien soigné par un ange
Bas-relief : saint Sébastien soigné par un ange.
Porte latérale de la chapelle du Sacré-Cœur.
LE CHŒUR DE L'ÉGLISE SAINT-SÉBASTIEN
Vue d'ensemble du chœur
Vue d'ensemble du chœur.
Au milieu du tombeau de l'autel, on voit un rond en marbre rouge du Languedoc.
À cette place, avant 1793, il y avait un beau bas-relief de saint Sébastien en marbre blanc.
Comme suite aux directives de Vatican II, une estrade en chêne a été posée dans le transept.
Le mobilier liturgique moderne, en laiton repoussé, a été réalisé par l'artiste Jacques Dieudonné (autel, ambon et candélabre).
Les quatre tableaux du chœur sont attribués à Duperron, ---»»
un peintre originaire de Metz. Début du XVIIIe siècle.
Le chœur et ses élévations baroques
Le chœur et ses élévations de style classique.
«La Présentation au temple» (attribué à Duperron)
«La Présentation au Temple», XVIIIe siècle.
«L'Adoration des mages» (attribué à Duperron)
«L'Adoration des mages», XVIIIe siècle.

Le chœur 1/3. En dehors de l'architecture et de ses pilastres ioniques, les révolutionnaires et leurs armées saccagèrent l'édifice en 1792-93. Dans sa notice de 1852, le chanoine La Flize s'afflige de cet affreux événement : «la belle église Saint-Sébastien, dépouillée, ruinée, dévastée, rappela les jours néfastes du premier pillage du temple de Salomon par Nabuchodonosor ; ses autels furent renversés, ses boiseries brisées, ses tableaux enlevés, ses confessionnaux brûlés, les tuyaux de son bel orgue dilapidés (...).»
Sous le Concordat, Christophe Poirot, onzième curé de Saint-Sébastien, releva l'église de ses ruines avec le secours des familles de la paroisse et des vicaires. De la ville, il obtint le maître-autel, puis le buffet de l'orgue des Prémontrés. «Il fit réparer le pavé, élever les degrés du sanctuaire, établir une balustrade, monter la boiserie du chœur, construire la chaire, badigeonner les murs», écrit le chanoine La Flize en 1852.
Décédé en 1812, ce curé énergique fut remplacé par Philippe Claude, desservant de l'église Saint-Nicolas, qui continua l'œuvre de son prédécesseur. Il embellit le chœur en faisant construire un Calvaire, ce qui, écrit le chanoine historien, diminua la trop grande hauteur de la baie axiale et clôtura convenablement le chœur. Ce fut ensuite le tour des boiseries : de nouvelles boiseries plus hautes, plus riches en sculptures et surmontées d'une belle corniche, les remplacèrent. Le nouveau curé fit accroître l'orgue et enrichit l'édifice d'ornements et de vases sacrés. Trois nouvelles cloches prirent la place d'une vieille cloche au mauvais son. ---»» Suite 2/3

Le chœur 2/3. Ce pasteur mourut à 92 ans en 1834. Le chanoine La Flize ne peut s'empêcher de rappeler combien sa vie a été intense à la cure de Saint-Sébastien puisque, nommé en 1812, il aura vu passer l'Empire, Louis XVIII, les Cent-Jours (pendant lesquels il fut obligé de s'expatrier), la Restauration, Charles X et Louis-Philippe ! Pour faire le tour complet de sa vie, on peut ajouter l'Ancien Régime avec Louis XV et Louis XVI, puis la Révolution, la Terreur, le Directoire et le Consulat... Ainsi en va-t-il des gens nés aux alentours des années 1750 et qui ont vécu plus de quatre-vingts ans. L'Histoire de France ne propose pas de panorama politique plus riche et plus tumultueux.
Revenons au chœur. Avant 1792, il accueillait un tableau grandiose de saint Sébastien, peint par Jean Leclerc, au temps du duc Henri II (1608-1624). Il a été détruit à la Révolution. Le chanoine La Flize rapporte à ce sujet une anecdote : «On rapporte que le Duc, ayant surpris l'artiste faisant ce tableau, et peignant son propre frère qui lui servait de modèle, admira le talent de l'un et la patience de l'autre. Il assigna à l'instant au peintre, en récompense de son travail, un revenu de 30 résaux de blé sur ses grands moulins.» En 1816, le curé Philippe Claude fit poser un Calvaire contre la partie inférieure de la baie axiale, un endroit qui n'accueillait plus aucun ornement. Le terme de Calvaire paraît aujourd'hui un peu galvaudé car il ne contient ni la Vierge, ni Jean. De nos jours, on parle plutôt de Christ en croix.
À la seule différence d'une grande croix qui était noire en 1816, l'œuvre que nous voyons aujourd'hui est celle du début du XIXe siècle. Le Christ, attribué à l'artiste César Bagar, est exposé dans une sorte de péristyle en miniature. La croix repose, au soubassement, sur une boule monde. L'entablement est surmonté d'un tympan où brille, dans la lumière, le triangle divin. Le matériau utilisé est le marbre gris azuré de Belgique. Ce Calvaire a été exécuté en 1816 par Michel, marbrier à Nancy. ---»» Suite 3/3

Le chœur et sa voûte
Le chœur
Le chœur et le Calvaire de 1816.

«««--- Le chœur et sa voûte.
Les trois baies sont surmontées d'ornementations baroques.
«La Résurrection» (attribué à Duperron)
«La Résurrection»
Tableau du chœur attribué à Duperron, XVIIIe siècle.

«La Pentecôte» (attribué à Duperron)
«La Pentecôte»
Tableau du chœur attribué à Duperron, XVIIIe siècle.

Décor baroque en stuc avec des têtes de chérubins au–dessus de la baie axiale
Décor baroque en stuc avec têtes d'angelots au-dessus de la baie axiale.
Vitrail axial
Vitrail axial (XIXe siècle?)
Thème figuratif du vitrail axial
Thème figuratif du vitrail axial.
La pénombre du chœur contraste avec la clarté de la nef et du transept
La pénombre du chœur contraste avec la clarté de la nef et du transept.

Le chœur 3/3. Les élévations nord et sud du chœur sont ornées de quatre toiles de même dimension, illustrant l'Adoration des mages, la Présentation au Temple, la Résurrection et la Pentecôte. Avant 1824, les élévations recevaient deux très grands tableaux de cinq mètres sur trois : une Nativité et une Adoration des mages. En 1852, quand le chanoine La Flize rédigea sa notice historique, ces tableaux avaient été déposés et se trouvaient dans la chapelle des Sœurs de la Doctrine chrétienne. La fabrique s'en était défait pour leur préférer quatre tableaux plus petits, un sur chacun des quatre murs. La base Palissy, à la suite de l'historien nancéien Lionois, les attribue à Duperron, un peintre originaire de Metz qui travailla pour les églises de Nancy au début du XVIIIe siècle.
À partir des années 1960, comme suite aux directives de Vatican II, une estrade en chêne a été posée dans le transept pour prolonger le chœur du XVIIIe siècle. Le mobilier liturgique moderne, en laiton repoussé, a été réalisé par l'artiste Jacques Dieudonné (autel, ambon et candélabre).
Sources : 1) Notice historique sur l'église Saint-Sébastien de Nancy par M. La Flize, chanoine honoraire de la cathédrale, 1852 ; 2) Notice sur Saint-Sébastien disponible dans l'église.

Christ en croix dans le chœur
Christ en croix dans le chœur.
Œuvre attribuée à César Bagar (1816).
Vue d'ensemble du chœur et de ses boiseries du XIXe siècle
Vue d'ensemble du chœur et de ses boiseries du début du XIXe siècle.

Histoire de l'église Saint-Sébastien 2/2.
Nancy connut alors une période faste jusqu'à la disparition du duc Henri II, mort sans enfant en 1624. Les États nommèrent son frère duc de Lorraine, mais celui-ci abdiqua rapidement en faveur de son fils, qui devint le duc Charles IV, prince fantasque qui provoqua l'ire de la France. En 1618, la guerre de Trente Ans éclata. Elle ravagea les États allemands et tout ce qui gravitait autour. Charles IV, défendant la cause catholique, prit le parti des Impériaux... et se retrouva bientôt adversaire de la France de Louis XIII et de Richelieu. Pour Nancy, les conséquences seront désastreuses. Ce sera l'irruption de la peste, de la famine et des ravages de la guerre. Louis XIII et l'armée française attaquèrent Nancy en 1633 et l'occupèrent. Au milieu de la détresse, les envoyés de Vincent de Paul multiplièrent les missions de charité. En 1659, le traité des Pyrénées mit fin à la guerre franco-espagnole et Charles IV récupéra la Lorraine. En 1670, la France de Louis XIV occupa à nouveau Nancy qui, cette fois, fut démantelée ; les bastions furent détruits.
Néanmoins, de 1618 à 1671, l'abbé Marcand, curé de Saint-Sébastien, resta actif et reçut de multiples marques de bienveillance ainsi que des fondations. En 1639, il ouvrit une souscription auprès des habitants pour bâtir une nouvelle église. Le curé David-Nicolas Phulpin lui succéda en 1671. Lui aussi se démena. Il amena même ses paroissiens à faire construire à leurs frais, en 1682, une tour qui est toujours en place. Son zèle posa en quelque sorte les jalons d'une future église.
Sous l'heureux règne du duc Léopold (1690-1729) qui récupéra la Lorraine par le traité de Ryswick de 1697, Nancy releva la tête ; la construction de la Primatiale fut enfin lancée. Mais le terrible hiver 1709 frappa. Le curé, François Trottin, en place depuis 1705, décéda cette année-là, victime de son dévouement pour le salut de ses ouailles.

Le curé Joseph Charles le remplaça. C'est lui qui allait obtenir du duc Léopold que Saint-Sébastien soit détruite et remplacée par un édifice plus grand et plus beau. Les demandes précédentes, depuis plus de vingt ans, avaient été ajournées compte tenu des malheurs de l'époque. Avec la bonne gestion du duc Léopold, la demande put enfin aboutir.
Des architectes, venus inspecter l'église, reconnurent que le risque était grand de la voir s'écrouler sur les paroissiens. Le duc ordonna donc sa destruction. Se posa alors le problème du transfert des corps inhumés dans l'église : la salubrité publique pouvait être en danger ! Le curé rédigea un rapport : les corps, étant réduits en poudre, ne présentaient aucun risque... Et la vieille église vétuste fut démolie. Huit jours suffirent. En attendant, l'église du collège des Pères Jésuites prit le relais pour l'office des dimanches et le service des défunts.
La première pierre de la nouvelle église Saint-Sébastien fut posée le 29 juillet 1720 par le Prince royal Léopold-Clément, fils aîné du duc qui remplaçait son père, souffrant. La construction était financée par les dons des habitants via une souscription ouverte depuis 1639. L'abbé Jean Rémi fut nommé à la cure en 1724 et succéda à Joseph Charles, l'évêque de Toul étant alors Scipion-Jérôme Bégon (1721-1755). Le duc Léopold mourut en 1729. Son fils François III (1729-1737), qui lui succéda, contribua à l'achèvement de la construction. La population continuait de s'accroître et, en 1731, la paroisse fut scindée en trois. Il y eut dorénavant Saint-Sébastien, Saint-Roch et Saint-Nicolas.

Sources : 1) Notice historique sur l'église Saint-Sébastien de Nancy par M. La Flize, chanoine honoraire de la cathédrale, 1852 ; 2) «Nancy, 1000 ans d'Histoire», éditions Place Stanislas ; 3) «La Lorraine des origines à nos jours», éditions Ouest-France.

L'ORGUE DE L'ÉGLISE SAINT-SÉBASTIEN
L'orgue de tribune et son très beau buffet
L'orgue de tribune et son très beau buffet.

L'orgue de tribune. Dans la notice historique du chanoine La Flize, on apprend que le premier orgue a été détruit par les Révolutionnaires. Il fut remplacé par l'ancien orgue de la cathédrale de Metz que le facteur Stelz de Nancy installa dans l'église en 1810. Le buffet venait de l'église des Prémontrés à Pont-à-Mousson. En 1881, c'est un nouvel orgue Hærpfer-Dalstein qui fut installé dans un buffet agrandi. Il a été totalement restauré en 2004-2008.

Ornementation baroque sur la tribune de l'orgue
Ornementation baroque sur la tribune de l'orgue.
Angelots sur la tourelle centrale de l'orgue de tribune
Angelots sur la tourelle centrale de l'orgue de tribune.
L'intrados baroque de la tribune d'orgue
L'intrados baroque de la tribune d'orgue.
Ornementation sur le positif de l'orgue de tribune
Ornementation sur le positif de l'orgue de tribune.
Angelot sur le positif
Angelot sur le positif.
La nef et le collatéral droit vus de la croisée
La nef et le collatéral droit vus depuis la croisée.
La nef et l'orgue de tribune vus de la croisée
La nef et l'orgue de tribune vus de la croisée.

Documentation : Notice historique sur l'église Saint-Sébastien de Nancy par M. La Flize, chanoine honoraire de la cathédrale, 1852
+ Congrès archéologique de France, Nancy & Lorraine méridionale, 2006, article sur l'église Saint-Sébastien de Pierre Sesmat
+ Congrès archéologique de France, Nancy & Verdun, 1933, article sur l'église Saint-Sébastien par Pierre Marot
+ «Nancy, 1000 ans d'Histoire», éditions Place Stanislas
+ Notice sur l'église Saint-Sébastien disponible dans l'église.
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