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Baie 9 : Saint Henri de Bamberg, détail

Cette page présente les chapelles du CÔTÉ NORD et les nombreux vitraux du XVIe siècle qui s'y trouvent. Toutes les chapelles sont fermées par des grilles, mais les vitraux sont à hauteur d'homme. Le visiteur peut donc examiner dans de fort bonnes conditions ces œuvres de la Renaissance. La plupart possèdent des compléments des années 1850, si bien en accord avec le reste qu'il est très difficile de les repérer. En revanche, les panneaux entiers créés au XIXe siècle peut se déceler plus facilement car leur style les trahit.
À quelques exceptions près, l'essentiel de la statuaire vient du XIXe siècle, notamment les personnages dans les niches au-dessus des autels et, plus remarquable, une très touchante sainte Ursule d'un maître anonyme. En dehors des niches, on trouve de belles œuvres des siècles antérieurs : la statue Notre-Dame-de-Port du XIIIe siècle ; la Sainte Famille du XVIIIe et la Piéta du XVIe, peut-être due au ciseau du maître de Chaource.
Comme à l'habitude, ces chapelles, qui se tiennent entre les contreforts, ont été fondées par les princes ou par de riches familles de la ville. Elles reflètent la vie de Saint-Nicolas-de-Port et de son pèlerinage.
L'ordre de présentation suivi dans cette page est celui du visiteur qui parcourt l'église depuis l'entrée occidentale. Les numéros de vitraux, qui suivent l'attribution du Corpus Vitrearum, vont donc en décroissant.

Baie 23 : Un ange dans l'Assomption

En page 1 : l'architecture de l'église, son ornementation et les vitraux modernes + texte sur les vitraux.
En page 2 : le chœur, les vitraux de l'abside et des absidioles, les verrières des bas-cotés et de la façade ouest.
En page 4 : les chapelles sud et leurs verrières.

LES CHAPELLES LATÉRALES NORD ET LEURS VITRAUX
Chapelle Sainte–Marguerite et chapelle Notre–Dame des Victoires dans le bas–côté nord
Chapelle Sainte-Marguerite et chapelle Notre-Dame des Victoires dans le bas-côté nord.
Sur la gauche, le vitrail des Berman.

Les vitraux des chapelles.
Au XVIe siècle, toutes les baies des chapelles reçurent des vitraux colorés : d'abord celles du chœur vers 1508-1511, puis celles de la nef vers 1511-1520 (voir plan). En tout, cent quatre panneaux répartis dans quinze baies. En 1635, ils subirent la violence de la soldatesque et les ravages du feu. Néanmoins la dégradation y fut moins destructrice que dans les grandes fenêtres. Pour réparer, les moines optèrent pour le minimum : verre blanc losangé à la place des panneaux détruits ; fragments de panneaux non réparables utilisés comme bouche-trous dans les autres. La Révolution n'y touchera pas.
Vinrent l'année 1847 et le duo de restaurateurs : le verrier Napoléon Rives et le cartonnier Désiré Laurent. S'ils mirent en désordre les vitraux des grandes fenêtres à cause d'un programme totalement décousu, ils se fixèrent un objectif respectueux du passé pour les chapelles (dont nombre de verrières avaient été conservées) : rétablir l'état antérieur à l'incendie de 1635. Cette fois, pas de regroupements intempestifs, mais enlèvement des bouche-trous, restitution des éléments perdus par recréation des panneaux détruits et création de verrières entières pour combler les baies disparues. Tout ceci en respectant l'unité de style du XVIe siècle. Les restaurateurs remplirent leur contrat, mais déplacèrent de nombreux vitraux anciens. En 1893, toutes les chapelles avaient reçu des vitraux historiés. De grands noms du vitrail participèrent à l'aventure, dont l'entreprise Champigneulle et les ateliers Höner et Hartfort de Nancy.
Lors des deux conflits mondiaux, tous les vitraux du XVIe siècle furent mis à l'abri selon le principe élargi suivant : dès qu'une baie possédait un bout de vitrail du XVIe siècle, toute la verrière était déposée. La première guerre mondiale épargna l'église, mais pas la seconde. En 1940, des tirs d'artillerie détruisirent une partie de l'élévation sud, soufflant la plupart des verrières du XIXe siècle restées en place (car non classées par les Monuments historiques).
Des vitraux contemporains, comme ceux de la chapelle Saint-Nicolas, ont remplacé certains des vitraux détruits, mais quelques chapelles, que ce soit dans la nef ou le chœur, ont encore du verre blanc losangé.

La construction de l'église s'étale sur deux campagnes et la largeur des baies des chapelles en est le reflet : deux lancettes par baie dans le chœur ; trois lancettes par baie dans la nef. Seule exception : les baies 22 et 24 de la nef, qui n'en ont que deux. C'est à l'évidence le résultat de la déviation de six degrés dans l'axe de l'église. La chapelle sud Saint-Pierre-Fourier, qui abrite les baies 22 et 24, sert en quelque sorte de pivot (voir plan) pour assurer cette déviation.
À l'heure actuelle, on voit dans les chapelles : des vitraux du XVIe siècle installés lors de la construction de l'église, complétés par des vitraux du XIXe ; le vitrail des Berman, également du XVIe, mais d'origine extérieure ; et deux verrières du XXe.
Au XVIe siècle, le programme iconographique des vitraux a été laissé libre. Et les donateurs ont pu passer commande à de multiples ateliers. Il n'y a donc aucune unité formelle. On voit ainsi deux saint Georges, deux sainte Catherine et deux scènes de l'Annonciation. Michel Hérold, pour le Corpus Vitrearum, rappelle que, à Saint-Nicolas, cette iconographie s'inscrit totalement dans la tradition de la fin du Moyen Âge et qu'elle est peu savante. Des saints comme Georges, Nicolas, Claude et Martin, des saintes comme Catherine et Barbe «comptent parmi les saints les plus vénérés au XVe siècle et au début du XVIe siècle», écrit-il. De même la Vierge est surreprésentée, au contraire du Christ qui est rare. Enfin, il n'y a pas de trace de saints locaux.
Les donateurs sont souvent des marchands qui se contentent de faire apposer leurs armoiries ou, plus fréquemment, s'ils ne sont pas nobles, leur seing manuel.
Qui sont les auteurs de ces verrières ? La variété des ateliers et la dispersion des vitraux entraînée par l'histoire tragique de l'église en rendent difficile la réponse. Les historiens doivent travailler par comparaison et rapprochement de styles. Certaines verrières sont attribuées à un atelier lorrain anonyme ; d'autres sortent peut-être d'un atelier de Nuremberg ; quant à l'atelier de Valentin Bousch, même si son œuvre est importante dans les chapelles, elle demeure mutilée et dispersée.
Source : «Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port», Corpus Vitrearum, Michel Hérold, 1993.

CHAPELLE NORD SIMON-MOYCET
Le gisant de Simon Moycet est l'œuvre du sculpteur Victor Huel
Le gisant de Simon Moycet est l'œuvre du sculpteur Victor Huel.
La chapelle est sous la tour nord.

Chapelle Simon-Moycet. C'est au dynamisme et à l'entregent de ce prélat que l'on doit l'édification assez rapide du chœur de l'église à la fin du XVe siècle et au début du XVIe. L'ouvrage édité par l'Association Connaissance et Renaissance de la basilique nous apprend la genèse de cette chapelle.
En 1890, on remplaça le pavé de la nef et l'on en profita pour faire des fouilles à l'emplacement de l'ancien autel patronal. On découvrit alors un cercueil de bois que l'on attribua au peintre nancéien Claude Charles (1661-1747) et un autre, en pierre : celui de Simon Moycet. On les transporta près de la tour nord dans la chapelle Saint-Michel (ancienne chapelle baptismale et actuelle chapelle Simon-Moycet).
En 1893, cette chapelle fut enrichie d'un monument en l'honneur du prélat avec son gisant ciselé par le sculpteur nancéien Victor Huel. Un vitrail de l'atelier Steinheil vint l'éclairer. Il représentait saint Nicolas bénissant Simon Moycet qui lui offrait son église, devant René II agenouillé. Ce vitrail fut détruit en juin 1940.
Source : «La basilique de saint Nicolas en Lorraine», Association Connaissance et Renaissance de la basilique de Saint Nicolas de Port, 1979.

CHAPELLE NORD SAINTE-MARGUERITE
Baie 27 : Saint Jude Thaddée, détail
Baie 27 : Saint Jude Thaddée, détail.
Second quart du XVIe siècle.

Baie 27. Dans les années 1850, quand Napoléon Rives et Désiré Laurent restaurent les vitraux du XVIe siècle des chapelles, la baie 27 n'abrite que du verre blanc. Pour le remplacer par des panneaux figurés, ils vont composer une œuvre à la manière du XVIe siècle en y incorporant quelques pièces anciennes. C'est la présence des ces pièces qui vaudra à toute la verrière de la baie d'être mise à l'abri en 1939 et d'échapper au bombardement de juin 1940.
On portera un œil intéressé sur le tympan peu banal de cette baie. Le remplage ayant été détruit (totalement ou partiellement, on ne sait), les restaurateurs en ont dessiné un dans les vitraux insérés dans l'armature de métal qui remplace la pierre.
Seuls quelques éléments de l'apôtre saint Jude Thaddée sont du XVIe siècle. C'est le cas du chef. Malheureusement, le visage est traversé par deux plombs de casse insérés pour tenir une pièce de restauration. Le saint Thaddée est daté du second quart du XVIe siècle.
Dans les deux autres lancettes, la sainte Marguerite et la jeune femme (est-ce Jeanne d'Arc?) priant devant une statue sont des créations du XIXe siècle.
On remarquera les trois belles grisailles de saint Marc, saint Jean et saint Luc dans des hauts de lancettes qui sont, comme le tympan, dessinés en trompe-l'œil.
Source : «Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port», Corpus Vitrearum, Michel Hérold, 1993.

Baie 27 : Saint Marc et son lion dans un haut de lancette (grisaille du XIXe siècle)
Baie 27 : Saint Marc et son lion dans un haut de lancette.
(Grisaille du XIXe siècle).
CHAPELLE NORD SAINTE-MARGUERITE

La chapelle Sainte-Marguerite est pratiquement vide. Elle date de la seconde époque de la construction, ce qui se voit à son ouverture sur la nef : deux arcs en plein cintre dont la partie centrale s'arrête sur un pendentif orné d'un ange qui tient un écu. Cette chapelle abrite le fameux vitrail des Berman, une famille de riches marchands de Saint-Nicolas-de-Port dont l'histoire est résumée plus bas.

Chapelle nord Sainte–Marguerite avec ses deux vitraux Renaissance retouchés partiellement au XIXe siècle
Chapelle nord Sainte-Marguerite avec ses deux vitraux Renaissance retouchés partiellement au XIXe siècle.
CHAPELLE NORD SAINTE-MARGUERITE - BAIE 27
Verrière de la baie 27 dans la chapelle Sainte–Marguerite (Composition de 1850)
Verrière de la baie 27 dans la chapelle Sainte-Marguerite (composition de 1850).
Détail peu banal : le remplage du tympan est dessiné dans les vitraux.
Baie 27: Saint Jude Thaddée
««--- Baie 27: Saint Jude Thaddée.
Second quart du XVIe siècle.
Baie 27 : Jeanne d'Arc (?) en prière
Baie 27 : Jeanne d'Arc (?) en prière.
Création des années 1850.

Baie 27. Est-ce Jeanne d'Arc en prière? La présence d'une jeune fille, que l'on peut facilement assimiler à Jeanne d'Arc, interpelle les historiens depuis la fin du XIXe siècle. L'auteur du carton n'ayant laissé aucune explication, ils en sont réduits à des supputations.
L'orante n'a pas d'auréole : Jeanne n'a été béatifiée qu'en 1909 et déclarée sainte par Benoît XV en 1920. S'il s'agit bien de la Pucelle, cette absence d'auréole est logique.
L'orante porte quelques bijoux : les d'Arc, famille de notables, n'étaient pas pauvres et possédaient même des domestiques.
L'orante n'est pas accompagnée de moutons. Jeanne n'a jamais été bergère. Le cartonnier le savait-il ?
La statue devant l'orante peut être attribuée à sainte Marguerite ou à saint Michel (deux des voix entendues par Jeanne).
Enfin, quel est le monument sur la droite ? Ce n'est pas la cathédrale de Reims, pas plus que celle de Toul. Est-ce une reproduction imaginaire de l'église Saint-Nicolas vers 1430, donc celle qui a précédé l'édifice actuel ? Si l'on en croit l'histoire, Jeanne d'Arc serait venue prier dans cette église en se rendant de Vaucouleurs à Chinon. Mais à l'époque, c'était une église de style roman. Alors que conclure ?

CHAPELLE NORD SAINTE-MARGUERITE - BAIE 25
Verrière de la baie 25 dans la chapelle Sainte-Marguerite
Verrière des Bermand dans la baie 25 de la chapelle Sainte-Marguerite.
Au second registre, les panneaux du centre et de droite sont entièrement modernes.
Le tympan, dans sa totalité, est du XVIe siècle.
Baie 25 : Les Vertus (XVIe siècle)
Baie 25 : Les Vertus (XVIe siècle).
Scène de gauche du second registre.
Ce panneau a vraisemblablement été coupé afin d'être inséré dans la lancette.
Baie 25 : Mouchette supérieure dans le tympan (XVIe siècle)
Baie 25 : Soufflet dans le tympan
Grisaille rousse couplée avec du jaune d'argent.
Vers 1544.
Baie 25 : Sirène dans le panneau des armoiries
Baie 25 : Sirène dans le panneau des armoiries.
Vers 1544.
Baie 25 : Madame Berman en prière
Baie 25 : Isabellion Sabvoye (madame Bermand) en prière.
On remarquera ses doigts qui sont dessinés d'une
manière affreuse et le long rosaire dont
la croix terminale repose sur le sol.
Baie 25 : Détail du panneau des armoiries
Baie 25 : Faune tenant une corne
dans le panneau des armoiries.
Vers 1544.
«««--- Baie 25 : Madame Berman
Atelier inconnu.
Vers 1544.

Baie 25 (3/3). ---»» Le panneau de droite montre deux donatrices : l'épouse de Hanus Bermand, Isabellion Sabvoye, est en prière avec l'une de ses filles. Les orantes et leur très riche arrière-plan architectural sont anciens, mis à part le bas de la robe brune de l'épouse. Comme chez les donateurs, Michel Hérold fait remarquer que cette scène a dû être coupée à droite et à gauche car le système d'arcades paraît mutilé.
Seul le panneau de gauche du registre supérieur est du XVIe siècle. Le cartonnier s'est inspiré assez librement des gravures du maître liégeois Lambert Suavius et l'on a même prétendu que les femmes en longue robe étaient des sibylles. Pourtant aucun de leurs attributs n'est visible. Dans ce panneau du XVIe siècle, ces femmes sont dessinées l'une de trois-quarts, l'autre de dos. La troisième est au trois-quarts cachée par le pilier central. Elles sont debout entre trois pilastres où sont appliquées des figures au corps engainé.
Au niveau du style, les grandes arcades du registre inférieur sont italianisantes. En revanche, l'ornementation (termes, ferronnerie, corps engainé des femmes), telle qu'elle apparaît dans le panneau des «sibylles» de la lancette de gauche, est typique d'un style international qui s'implantait à l'époque en Europe occidentale, notamment en Italie, en France et dans les Flandres. Ces différences de style font rejeter toute idée d'homogénéité dans cette verrière, et la présence de modèles tirés des gravures de Lambert Suavius situe sa création au plus tôt en 1544.
À la suite de Michel Hérold, on peut remettre aussi en question le voisinage du premier et du second registre : le style des arcades, les niches et les proportions sont différents.
Enfin, le visiteur qui dispose d'une paire de jumelles pourra distinguer dans les mouchettes du tympan un autre exemple de ce fameux style international qui se répandait partout : femmes au torse nu avec un corps engainé ou non, poitrine en pommes, statues en forme de termes. Un exemple en est donné ci-contre, un autre plus haut.
À quel atelier Hanus Bermand a-t-il commandé cette verrière ? Compte tenu de l'étendue de ses relations commerciales en Lorraine, en France et dans l'Empire, il est impossible de répondre. Et qui sont les peintres ? On peut simplement assurer qu'ils étaient plusieurs. En effet, Michel Hérold attire l'attention sur la différence colossale de qualité entre le visage d'Isabellion Sabvoye et la maladresse manifeste de la peinture de ses doigts (voir plus haut le portrait en pied de cette femme).
Sources : 1) «Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port», Corpus Vitrearum, Michel Hérold, 1993 ; 2) «La Lorraine des Marchands à Saint-Nicolas-de-Port», Olile Kammerer-Schweyer, Association Connaissance et Renaissance de la Basilique de Saint Nicolas de Port, 1985.

Les Bermand. Aux XVe et XVIe siècle, les Bermand (ou Berman) étaient une famille de riches marchands de Saint-Nicolas-de-Port versés dans le commerce des draps, des métaux, du verre, en particulier des miroirs. On les classerait aujourd'hui comme des super-grossistes gérant leurs vastes entrepôts et assurant le transport des marchandises jusque chez leurs clients.
Respectés, connus, spéculant à l'occasion sur le cours des devises, ils acquirent, comme les familles Go et Chavenel de la même ville, une place incontournable dans le commerce lorrain. Pour les ateliers des verriers, ils apparaissaient comme des fournisseurs obligés. Dans son ouvrage de fond, La Lorraine des Marchands à Saint-Nicolas-de-Port (1985), l'historienne Odile Kammerer-Schweyer écrit : «Les peintres verriers en quête de matériau, savaient à quel marchand s'adresser et sollicitaient Berman.»
Fournisseurs des princes et de leurs armées, et, à ce titre, devenus de véritables marchands internationaux, les Berman tissèrent leur toile dans toute la Lorraine par les affaires et les mariages. Odile Kammerer-Schweyer emploie d''ailleurs à leur propos le terme de «clan», un clan propriétaire de dix-huit hôtels à Saint-Nicolas-de-Port vers le milieu du XVIe siècle. «Tout le centre de Saint-Nicolas, écrit-elle, ressemblait à une véritable colonie Berman» centrée autour de la halle, le lieu des échanges marchands de la ville. Un certain luxe était évidemment de mise dans les maisons des marchands. «En pierres de taille et couvertes de tuiles ces maisons s'ouvraient à la lumière de toutes leurs fenêtres de verre (ou verrières) alors que l'ordinaire utilisait le papier huilé» [Odile Kammerer-Schweyer].
Comme les grandes entreprises actuelles qui embauchent des avocats pour leur service juridique, les Berman avaient leurs propres hommes de loi pour gérer les litiges. À Francfort, Lyon ou Anvers, ils ne géraient pas leur commerce, comme leurs concurrents, par des fondés de pouvoir missionnés pour l'occasion, mais par des membres de leur clan implantés sur place.
Hanus Bermand a été anobli par Charles Quint en 1544. Même chose quelque mois plus tard pour ces fils, Jean et Antoine. Dans la baie 25, le registre inférieur de la lancette centrale (qui est du XVIe siècle) montre un ours debout : cet animal figurait sur le blason de la famille. En 1549, ils reçurent du duc de Lorraine l'anoblissement ducal et modifièrent leur blason. L'ours tenait désormais dans sa patte droite un miroir d'argent. En 1597, la famille fut même «naturalisée» par Henri IV, roi de France.
En dépit d'importantes propriétés, les Bermand furent peu intéressés par les revenus fonciers et immobiliers. Leur fortune découlait avant tout du commerce. Toutefois, à partir des années 1550, la seconde épouse de Hanus Berman, Jennon Thiriet (qui fut veuve en 1550), réorienta les revenus davantage vers le foncier.
Intéressés par la construction de l'église et sa décoration, les Bermand ont ainsi offert le plomb pour couvrir la tour sud et fondé la chapelle Saint-Quirin, aujourd'hui chapelle Notre-Dame des Victoires.
Source : «La Lorraine des Marchands à Saint-Nicolas-de-Port», Olile Kammerer-Schweyer, Association Connaissance et Renaissance de la Basilique de Saint Nicolas de Port, 1985.

Baie 25 : La famille Berman
Baie 25 : La famille Bermand.
Seul le jeune fils au côté de son père est du XVIe siècle.
Les quatre autres personnages sont des créations du XIXe siècle.

Baie 25 (1/3). Sur les plans historique et artistique la baie 25, dite «vitrail des Bermand» est l'une des plus intéressantes de l'église. La verrière est en grisaille de bruns. Lors de sa création, elle n'était pas destinée à l'église, mais certainement à une galerie ou à une chapelle, propriété de la famille Bermand. On ignore ce qui la fit transporter à Saint-Nicolas. Serait-ce à la suite du saccage de l'édifice et de son incendie en 1635 ?
La verrière a connu beaucoup de retouches et d'ajouts. Seules la scène de gauche du second registre (donnée ci-contre) et les deux donatrices dans le registre du bas à droite (données ci-dessous) sont du XVIe siècle. Pis, le changement de localisation a certainement sapé l'œuvre initiale. Michel Hérold fait remarquer que, dans la scène architecturale de gauche, il devait y avoir davantage d'arcades parce qu'on voit des marques de coupes. Il a donc fallu amputer le panneau d'origine. Et pourtant les lancettes de cette baie sont les plus larges que l'on trouve dans les chapelles (soit 62 centimètres).
Constat très voisin pour le tympan : soufflet et mouchettes sont du XVIe siècle. Cependant, les anomalies de montage, tout comme l'échelle pratiquée pour les personnages indiquent que les éléments de ce tympan peuvent venir d'une autre verrière. Ils seraient donc indépendants des scènes des lancettes.
Au second registre, la scène centrale et celle de droite sont de magnifiques pastiches réalisés par les restaurateurs de 1848. Ils sont si bien conçus qu'ils font croire à une unité originelle, mais ce n'est qu'une illusion. En fait, on n'en sait rien. En revanche, la disposition globale du registre inférieur paraît cohérente. Deux groupes de donateurs entourent le décor héraldique du panneau central, dans une composition où les parties anciennes sont nombreuses. ---»» Suite 2/3

Baie 25 : Madame Berman et sa fille en prière
Baie 25 : Madame Bermand et l'une de ses filles en prière.

Baie 25 (2/3). Dans le panneau de gauche de ce registre, Hanus Bermand est peint avec trois de ses fils et l'une de ses filles. Seul le jeune fils qui se tient à sa droite est du XVIe siècle. Tous les autres, avec l'arrière-plan, sont des créations du XIXe siècle, y compris la tête du père. Notons que Michel Hérold détecte la présence d'un autre fils devant son père «dont seuls [sic] sont conservées les jambes». Ce fils paraît très difficile à trouver...
Toujours dans le premier registre, le panneau central présente un médaillon à encadrement de cuir découpé. Disposé entre deux sirènes et deux faunes tenant une corne, il possède deux blasons (modernes) qui imitent ceux des villes de Berne et de Bâle. Explication : jusqu'en 1899 on croyait à tort que ces cités, qui avaient des troupes engagées à la bataille de Nancy de 1477, avaient financé la verrière ; d'autre part l'ours est l'emblème de Bâle, comme il est celui des Bermand. Pour cette raison, il y a deux ours dessinés dans la partie supérieure du médaillon et qui se tiennent de part et d'autre d'un grotesque à fleurs. ---»» Suite 3/3

Baie 25 : Armoiries (XVIe siècle)
Baie 25 : Armoiries de la famille Bermand, vers 1544.
Baie 25 : Mouchette dans le tympan (XVIe siècle)
Baie 25 : Mouchette dans le tympan.
Grisaille rousse couplée avec du jaune d'argent, vers 1544.
CHAPELLE NORD NOTRE-DAME DES VICTOIRES
Chapelle Notre-Dame des Victoires
Chapelle Notre-Dame des Victoires.
Comme toutes les chapelles de la nef, les arcades sont en plein cintre
avec des nervures prismatiques et un pendentif au centre.
La statue d'un évêque est logée dans la niche au-dessus du pendentif.
Vierge à l'Enfant du XIXe siècle sur l'autel de la chapelle
Vierge à l'Enfant du XIXe siècle
sur l'autel de la chapelle.
Baie 23 : Un ange dans l'Assomption
Baie 23 : Un ange dans l'Assomption.
Baie 23 : L'Assomption de Valentin Bousch
Baie 23 : L'Assomption de Valentin Bousch.
Vers 1514-1520.
Malgré quelques petits bouche-trous,
la totalité de la lancette est ancien.
Baie 23 : L'Assomption, détail
Baie 23 : L'Assomption, détail.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
La tête de l'ange de droite est un bouche-trou.
Son expression ne correspond pas vraiment à l'atmosphère de la scène.

Baie 23 (2/3).   ---»» La lancette centrale illustre le Miracle des mains coupées lors des Funérailles. La Légende dorée de Jacques de Voragine (XIIIe siècle) raconte longuement les épisodes qui ont accompagné la Mort de la Vierge. Le Christ, réapparu aux apôtres, leur a donné pour mission de porter le corps de sa mère dans la vallée de Josaphat. Lors de son transfert, les Juifs accourent pour se venger de «celui qui a troublé notre race» en s'en prenant au cercueil. Le prince des prêtres veut s'en approcher pour le jeter à terre. «Mais aussitôt ses deux mains se desséchèrent et restèrent attachées au cercueil, pendant que les anges, cachés dans les nuées, aveuglaient tous les autres Juifs» [Voragine]. Le prince des prêtres ne put récupérer ses mains qu'en proclamant : «Je crois que Jésus est le fils de Dieu et que voici sa sainte mère».
Dans le vitrail, le prince des prêtres est remplacé par trois soldats qui portent une armure typique du début du XVIe siècle. Le soldat du premier plan voit ses mains restées collées au cercueil. Un autre, de profil, écartant les apôtres, se tient à ses côtés. Le troisième, grimaçant, se tient derrière le cercueil qu'il essaie de faire tomber. Contrairement à la peinture de Valentin Bousch, la tradition iconographique reste en général fidèle à la Légende dorée et bannit les soldats de cette scène. C'est le prêtre juif Jéphonias qui endosse le rôle du méchant avec ses mains coupées.
À l'arrière-plan, une troupe de soldats emmène un homme dont les mains sont garrottées. La présence de cette saynète n'a pas trouvé de réponse logique. Est-ce l'arrestation de Jésus au jardin des Oliviers ? Si oui, que vient-elle faire dans ce contexte ? Le cartonnier a-t-il introduit cette scène annexe pour ne pas inonder son arrière-plan de rochers et de végétation ? Il faut reconnaître qu'elle apporte un certain équilibre à la scène principale.
Quoi qu'il en soit, selon Michel Hérold, elle permet d'authentifier l'auteur de la verrière puisque le monogramme V.B. de Valentin Bousch figure sur le drapeau rouge tenu par le porte-étendard de cette petite troupe de soldats.   ---»» Suite 3/3

Le monogramme V.B.  ---»»»  L'historien Michel Hérold voit dans le drapeau rouge ci-contre, tenu par un soldat dans l'arrière-plan de la lancette centrale, le monogramme V.B. de Valentin Bousch «en lettres cursives bien calligraphiées».

La chapelle Notre-Dame des Victoires, autrefois dédiée à saint Quirin, est meublée d'un beau tombeau néo-gothique du XIXe siècle, très riche en statuettes. La belle Vierge à l'Enfant , dont l'auteur n'est pas connu, s'inscrit aussi dans ce style classique dont les églises regorgent.

CHAPELLE NORD NOTRE-DAME DES VICTOIRES - BAIE 23
Verrière de baie 23 dans la chapelle Notre-Dame des Victoires
Verrière de baie 23 dans la chapelle Notre-Dame des Victoires.
C'est la verrière la mieux conservée parmi toutes celles des chapelles.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
Le décor floral du tympan est moderne.

Baie 23 (1/3). Cette baie, comme toutes celles de la nef, contient sur trois lancettes. Si on lui ajoute les trois scènes de la baie 21 dans la même chapelle, on obtient six scènes de la Vie de la Vierge. Les trois scènes mariales de la baie 23 illustrent les scènes traditionnelles finales : la Mort de la Vierge, les Funérailles avec le Miracle des mains coupées, et l'Assomption (donnée ci-contre).
Ces trois lancettes sont les mieux conservées parmi toutes celles des chapelles. Placées dans le bon ordre et très peu restaurées, elles forment une suite logique. Il n'y a aucune trace de donateurs. Or on note quelques remplacements de parties manquantes dans les soubassements. Aurait-on détruit les blasons ?
Les panneaux anciens de cette baie ont été exécutés dans l'atelier de Valentin Bousch vers 1514-1520.
La scène de la Mort de la Vierge se déroule dans une salle au sol dallé et au mur tapissé d'un beau damas rouge. Couchée sur un lit couvert d'un drap rouge, la Vierge est entourée des douze apôtres (saint Paul a remplacé Judas). Tous ne se recueillent pas en priant. L'un, assis au premier plan, feuillette un livre ; un autre passe un linge sur le front de la Vierge et un troisième, à gauche, l'asperge en remuant un goupillon. Tout à droite, saint Pierre (on peut penser que c'est lui) se tient près de la mourante et lui tient l'avant-bras. Voir la scène donnée en gros plan plus bas. ---»» Suite 2/3

Détail du soubassement de l'autel de la chapelle
Soubassement de l'autel de la chapelle Notre-Dame des Victoires, détail.
XIXe siècle.
Baie 23 : Un ange en prière dans l'Assomption
Baie 23 : Un ange en prière soutient les pieds de la Vierge dans l'Assomption.
Il regarde un paysage en camaïeu de bleus.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
Baie 23, monogramme de Valentin Bousch
Baie 23 : Les Funérailles et le Miracle des mains coupées
Baie 23 : Les Funérailles et le Miracle des mains coupées.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.

Baie 23 (3/3). ---»» La scène de l'Assomption est plus classique. Au-dessus d'un beau soubassement de type Renaissance, la Vierge, peinte avec une longue chevelure blonde, s'élève dans les nuées, soutenue par des anges. Dans le haut de lancette, complétant la scène, deux anges, un genou à terre, tiennent une couronne.
On pourra remarquer le beau paysage en camaïeu de bleus sous les pieds de la Vierge. Il opère comme une magnifique et astucieuse prolongation de la robe bleue de Marie dont le vêtement devient ainsi une somptueuse robe de cérémonie.
Si le décor floral du tympan est moderne (vers 1850), les deux personnages des losanges viennent de l'atelier de Valentin Bousch. Le premier est un saint vêtu d'un beau costume doublé d'hermine. Un faucon est posé sur sa main gauche. Il est difficile de l'authentifier parce que trois personnages répondent à ces critères de chasseur : saint Julien l'Hospitalier, saint Gengoult et saint Gorgon (qui était le saint patron du prieuré voisin de Varangéville). Le second est un saint évêque.
Sources : 1) «Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port», Corpus Vitrearum, Michel Hérold, 1993 ; 2) La Légende dorée de Jacques de Voragine, éditions Diane de Selliers.

Baie 23 : Les Funérailles, scène de l'arrière-plan
Baie 23 : Les Funérailles, scène de l'arrière-plan.

Est-ce l'arrestation de Jésus ?
Au premier plan de la photo, le troisième soldat, casqué,
essaie de faire tomber le cercueil.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
Baie 23, les Funérailles de la Vierge : le soldat aux mains coupées
Baie 23, les Funérailles de la Vierge : le soldat aux mains coupées.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
Baie 23 : Un saint tient un faucon dans le tympan. Est-ce saint Gorgon  ?
Baie 23, tympan : un saint avec un faucon.
Est-ce saint Gorgon ?
Est-ce saint Gengoult ?
Atelier de Valentin Bousch.
Vers 1514-1520.
Statue d'un évêque dans sa niche au–dessus de la chapelle Notre–Dame des Victoires
Statue d'un évêque dans sa niche
au-dessus de la chapelle
Notre-Dame des Victoires.
Baie 23 : La Mort de la Vierge, détail
Baie 23 : La Mort de la Vierge, détail.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
Baie 23 : La Mort de la Vierge
Baie 23 : La Mort de la Vierge.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
CHAPELLE NOTRE-DAME DES VICTOIRES - BAIE 21
Baie 21 : L'Entrée de Marie au Temple
Baie 21 : L'Entrée de Marie au Temple.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
Baie 21 : thoras vus par la tranche.dans la première travée du temple
CHAPELLE NORD NOTRE-DAME DES VICTOIRES - BAIE 21
Verrière de la baie 21 dans la chapelle Notre–Dame des Victoires
Verrière de la baie 21 dans la chapelle Notre-Dame des Victoires.
Présentation de Marie au Temple, Visitation et Adoration des mages.
Les lancettes centrale et de droite sont modernes.
Dans le tympan, seuls les personnages sont anciens.
Baie 21 : L'Adoration des mages, détail (XIXe siècle)
Baie 21 : L'Adoration des mages (Balthazard et Gaspard).
Vers 1850.
Baie 21 : La Visitation ---»»»
(en présence de Joseph et de Zacharie)
Vers 1850.
Baie 21 : L'Adoration des mages (XIXe siècle)
Baie 21 : L'Adoration des mages.
Vers 1850.
Baie 21 : La Visitation (en présence de Joseph et de Zacharie)
Baie 21, l'Entrée de Marie au Temple : Les parents de Marie. Au premier plan : Joachim et Anne
Baie 21, l'Entrée de Marie au Temple : Les parents de Marie.
Au premier plan : Aanne et Joachim.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
«««--- Baie 21 : Thoras vus par la tranche.dans la première travée du temple.
Baie 21 : L'Entrée de Marie au Temple
Baie 21 : L'Entrée de Marie au Temple.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
Dans le bâtiment à gauche, la porte cochère et la fenêtre sont modernes.

Baie 21 (2/2).  ---»» Deux mouchettes du tympan abritent une Annonciation attribuée elle aussi à l'atelier du maître strasbourgeois. Les damas du fond, bleu et vert, sont toutefois modernes. Dans le soufflet du haut, Dieu le Père est peint dans une scène pittoresque : en bénissant, un rayon lumineux qui contient une colombe s'échappe de sa main.
L'intérêt du vitrail réside aussi dans les trois magnifiques têtes de lancettes sorties aussi de l'atelier de Valentin Bousch, dont deux sont données ci-dessous. On y voit des branches entrelacées, sur un fond de damas bleu ou rouge, riches de feuilles charnues ou de fleurs.
Source : «Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port», Corpus Vitrearum, Michel Hérold, 1993.

Baie 21 (1/2). Cette baie et la baie 23, toutes deux à trois lancettes, constituaient une suite de six scènes de la vie de la Vierge, exécutée vers 1514-1520.
Les lancettes de la Visitation et de l'Adoration des mages sont des ajouts réalisés par Napoléon Rives et Désiré Laurent vers 1850 pour remplacer les deux scènes anciennes perdues et dont on ignore les thèmes. Il est curieux de voir l'historienne Suzanne Braun, dans son ouvrage Lorraine gothique (Faton, 2013) attribuer ces lancettes au XVIe siècle. Pourtant le style ne laisse planer aucun doute.
L'intérêt de la verrière réside dans la magnifique lancette d'origine, celle de la Présentation de Marie au Temple exécutée par l'atelier du maître strasbourgeois Valentin Bousch dans les années 1514-1520. Cette scène est extrêmement riche, tant dans l'architecture intérieure du Temple que dans les personnages présents au premier plan. Le grand-prêtre, vieillard à la longue barbe, accueille Marie en haut des marches. Le peintre a dessiné l'intérieur d'une véritable église gothique. L'arc en plein cintre, surmonté d'angelots, du premier plan se prolonge par une nef voûtée d'ogives. Les baies sont vitrées de losanges de verre blanc. On voit à droite, dans la première travée, une armoire aux thoras.
Pour les six personnages du premier plan, Michel Hérold souligne que Valentin Bousch s'est inspiré du décor de la Rencontre d'Anne et Joachim à la Porte Dorée,(voir l'encadré à l'église Sainte-Jeanne d'Arc de Rouen) gravée sur bois par Albrecht Dürer en 1504. La magnifique tête de Joachim (donnée plus bas) est une grisaille exécutée sur un verre bleu pâle. Anne, en robe bleue, se tourne vers son époux. Père et mère ne regardent pas leur fille accueillie par le grand-prêtre comme si, pour eux, Marie était déjà sortie de leur vie. ----»»» Suite 2/2

Baie 21, l'Entrée de Marie au Temple : le grand-prêtre
Baie 21, l'Entrée de Marie au Temple : le grand-prêtre.
Baie 21 : Haut de lancette de l'atelier de Valentin Bousch
Baie 21 : Haut de lancette exécuté dans l'atelier de Valentin Bousch.
Baie 21 : l'ornementation du «tablier» du grand-prêtre
Baie 21 : l'ornementation du «tablier»
du grand-prêtre.

Baie 21, détail ---»»»
Joachim dans la Présentation de Marie.
Son visage exprime l'assurance du patriache conscient d'avoir accompli son devoir.
Baie 21, l'Entrée de Marie au Temple : Joachim
Baie 21 : Haut de lancette de l'atelier de Valentin Bousch
Baie 21 : Haut de lancette exécuté dans l'atelier de Valentin Bousch.
Baie 21 : L'archange de l'Annonciation dans le tympan
Baie 21 : L'ange de l'Annonciation dans le tympan.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
Baie 21 : Le Père céleste dans le tympan
Baie 21 : Le Père céleste dans le tympan.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
Baie 21 : La Vierge de l'Annonciation dans le tympan
Baie 21 : La Vierge de l'Annonciation dans le tympan.
Atelier de Valentin Bousch, vers 1514-1520.
Baie 21 : Le berger en grisaille (XIXe siècle)
Baie 21 : Le berger et son chien créés à la grisaille.
Vers 1850.
L'autel de la chapelle Notre-Dame des Victoires
L'autel de la chapelle Notre-Dame des Victoires.
CHAPELLE NORD SAINTE-ANNE ou CHAPELLE D'ANJOU
Statues de sainte Anne et de Marie sur l'autel
Groupe de L'Éducation de la Vierge sur l'autel
de la chapelle Sainte-Anne.
Baie 19 : L'archange Gabriel (XIXe siècle)
Baie 19 : L'archange Gabriel.
La tête et la tunique de l'archange
sont datées de 1510.
Baie 19 : La prise d'épée de sainte Barbe
Baie 19 : La prise d'épée de sainte Barbe.
Vers 1510.
CHAPELLE NORD SAINTE-ANNE - BAIE 19
Verrière de la baie 19 dans la chapelle Sainte-Anne
Verrière de la baie 19 dans la chapelle Sainte-Anne.
«««--- Baie 19 : L'archange Gabriel.
Le tiers supérieur est daté de 1510.
Le reste est moderne.
Attribué à un atelier lorrain anonyme.
Baie 19 : Sainte Barbe
Baie 19 : Sainte Barbe.
La totalité de cette scène est datée de 1510,
à part l'arrière-plan azur qui est moderne.
Attribué à un atelier non déterminé.

Baie 19 (2/2) ---»» Globalement, les deux tiers inférieurs des trois personnages sont des créations de 1850. En revanche, têtes et tuniques de l'archange et de sainte Barbe sont datées vers 1510. Même chose pour le visage de la Vierge, la colombe du Saint-Esprit et le décor de la moitié supérieure de la lancette centrale.
L'historien Michel Hérold attribue les panneaux de l'Annonciation à un atelier lorrain anonyme. Sainte Barbe est associée à ses deux attributs traditionnels : la tour où elle fut enfermée et l'épée de son supplice.
Source : «Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port», Corpus Vitrearum, Michel Hérold, 1993.

La chapelle Sainte-Anne a été construite et décorée aux frais de la maison d'Anjou au début du XVIe siècle (cette hypothèse est toutefois rejetée par l'historien Michel Hérold, voir le commentaire de la baie 17).
La décoration ornementale des deux arcs qui la ferment est la plus intéressante de l'église (voir plus bas). De part et d'autre d'une statue de sainte Claire dans sa niche, on voit en effet quatre personnages grotesques : un homme nu qui s'enfuit sur la droite ; un bossu à quatre pattes sur la gauche ; et entre les deux, un nain agenouillé et un paysan qui dort la tête contre un bâton.

Le retable de la chapelle Sainte-Anne et le vitrail de la baie 17
Le retable de la chapelle Sainte-Anne et le vitrail de la baie 17.

Baie 19 (1/2). La moitié de la verrière se caractérise par un large tympan dans un imposant remplage. Le dessin qui le meuble évoque les armes d'Anjou (puisque c'est la maison d'Anjou qui a financé la chapelle). Tympan et hauts de lancettes montrent un beau semis de fleurs de lys d'or sur un champ d'azur bordé de gueules (c'est-à-dire, selon l'héraldique, entouré d'une bordure rouge). L'inscription ANIO (pour ANJOU) figure dans chacune des têtes de lancettes. À part une mouchette, toute cette partie de la baie est ancienne.
Les scènes figurées des lancettes illustrent une Annonciation et, sur la droite, une sainte Barbe. Elles ont été placées dans cette baie vers 1879. Initialement, les scènes de l'Annonciation (qui forment un tout) se trouvaient dans une baie à deux lancettes. ---»» Suite 2/2.

Le voûtement de la chapelle Sainte–Anne avec ses liernes et ses tiercerons
Le voûtement de la chapelle Sainte-Anne avec ses liernes
et ses tiercerons (comme dans toutes les chapelles).
Des écus ornent les clés de voûte.
Ornementation des arcades de la chapelle Sainte–Anne : statue de sainte Claire et grotesques
Ornementation des arcades de la chapelle Sainte-Anne : statue de sainte Claire dans sa niche et grotesques.
CHAPELLE NORD SAINTE-ANNE - BAIE 17
Verrière de la baie 17 dans la chapelle Sainte-Anne
Verrière de la baie 17 dans la chapelle Sainte-Anne.
Parties anciennes vers 1510-1520.

Baie 17 : Donateur Jean Sourdeaulx dit d'Anjou (ou saint Adrien)
Baie 17 : Saint Adrien avec épée et enclume.
Attribué à l'«atelier troyen», vers 1510-1520.

Baie 17 : Armoiries d'Antoine (marquis de Pont) et de la maison d'Anjou
Baie 17 : Armoiries de la maison de Lorraine
Il s'agit peut-être de celles du duc Antoine, marquis de Pont
ou celles de son fils et successeur, François, né en 1517.
Atelier de Valentin Bousch, après 1514.

Baie 17 : Le donateur Jean Sourdeaulx, détail (ou saint Adrien)
Baie 17 : Saint Adrien, détail.
Attribué à l'«atelier troyen», vers 1510-1520.
L'auréole ? Ce sont les deux fragments d'arcs de cercle au-dessus du chapeau.

Baie 17 (2/2). ---»» Autre constatation : comme ce panneau ne se trouvait pas dans cette baie à l'origine, le fait qu'il surmonte un soubassement du XVIe siècle aux armes de la maison d'Anjou n'apporte aucune aide. Et un marchand surnommé «d'Anjou» a-t-il un rapport avec la maison d'Anjou ? En revanche, on peut affirmer que la présence d'une épée (objet hautement symbolique à cette époque) fait exclure l'attribution de ce personnage à un marchand, même anobli. C'est pourquoi on retiendra le choix de Michel Hérold : il s'agit bien de saint Adrien de Nicomédie, officier romain, martyr vers l'an 303, souvent représenté en costume militaire avec une cuirasse. Il est peint ici avec ses attributs, à savoir une épée et une enclume. Quant à l'auréole qui n'est pas bien visible, on peut avancer qu'on en voit deux fragments juste au-dessus de la toque rouge. Enfin, pour donner encore plus de poids à son choix, Michel Hérold estime qu'il y avait un panneau inférieur qui complétait le personnage et où devait se tenir un lion, le troisième attribut de saint Adrien.
Sources : 1) «Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port», Corpus Vitrearum, Michel Hérold, 1993 ; 2) «La basilique de saint Nicolas en Lorraine», Association Connaissance et Renaissance de la Basilique de Saint Nicolas de Port, 1979 ; 3) «La Lorraine des Marchands à Saint-Nicolas-de-Port», Olile Kammerer-Schweyer, Association Connaissance et Renaissance de la Basilique de Saint Nicolas de Port, 1985.

Baie 19 : La Vierge de l'Annonciation
Baie 19 : La Vierge de l'Annonciation et la colombe du Saint-Esprit.
Attribué à un atelier lorrain anonyme, vers 1510..
CHAPELLE NORD SAINTE-ANNE - BAIE 17

Baie 17 (1/2). Dans son ouvrage pour le Corpus Vitrearum, l'historien du vitrail Michel Hérold remet en cause l'attribution traditionnelle des baies 17 et 19 de la chapelle Sainte-Anne à la maison d'Anjou. À propos de la baie 17, il écrit : «Ce ne sont pas (...) les éléments d'une verrière offerte par l'un des ducs de Lorraine de la famille d'Anjou, comme le pensent tous ceux qui ont décrit cette baie. Nicolas d'Anjou est mort en 1473 et son père le roi René en 1480, c'est-à-dire avant la construction de l'église actuelle.» Qu'en est-il alors de la présence, dans les tympans et les hauts de lancettes, des armes d'Anjou (semis de lys d'or sur fond d'azur) et des phylactères avec l'inscription ANIO ? Les historiens n'ont pas de réponse bien arrêtée.
Les parties anciennes de la baie 17 datent des années 1510-1520. Ce qui n'empêche pas les scènes figurées de venir d'une autre baie, en l'occurrence la 28 dont les lancettes ne reçoivent actuellement qu'un semis de fleurs de lys moderne. La baie 17 affiche deux donateurs de part et d'autre d'un saint Adrien (donné ci-contre) qui, lui aussi, a interpellé les spécialistes.
À gauche, le donateur, Fiacre Fériet, un riche marchand de Saint-Nicolas-de-Port, est en prière. Son père Nicolas a été anobli en 1520 par lettres patentes du duc Antoine de Lorraine. Les armes des Fériet figurent d'ailleurs dans l'écu situé sous les mains de l'orant. La quasi-totalité du personnage est en fait une création des années 1850. La tête est totalement moderne. On remarque que ce marchand n'est pas accompagné de son saint patron. Michel Hérold souligne que ce type de portrait en buste est apparu dans les vitraux à la fin du XVe siècle.
Au-dessous, dans le soubassement se trouve un grand blason aux armes de la famille de Lorraine. Il a réalisé presque en totalité (il y a très peu de restaurations) par l'atelier de Valentin Bousch après 1514. Ce sont les armoiries des années 1500 à 1540 environ, probablement celles du duc François, né en 1517. Sa taille surdimensionnée par rapport au panneau qui l'abrite indique que ce blason vient d'une autre baie plus grande, peut-être la baie 219 de la façade occidentale.
Dans la lancette de droite se trouve la donatrice et épouse de Fiacre Fériet, elle aussi les mains jointes en direction de l'autel de la chapelle. Il s'agit de Jennon Thiriet, fille de Nicolas Thiriet, un marchand de Neufchâteau. Ses armoiries l'accompagnent dans un écu losangé au-dessous de ses mains. Le visage initial ayant été brisé, c'est d'abord la tête d'un vieillard barbu qui a pris sa place en guise de bouche-trou. À la fin du XIXe siècle, à l'occasion du transfert de la lancette dans la baie 17, le baron Albert de Fériet, descendant du marchand, demanda le remplacement de cette tête par un visage plus conforme à celui de la donatrice. Il choisit celui de sa sœur défunte, une certaine madame Gargan. Étant peintre, le baron dessina lui-même le carton que l'atelier Höner de Nancy se chargea de traduire en vitrail (ainsi que les mains comme on peut le constater).
Néanmoins, les traits du visage créent le doute : l'atelier n'a-t-il pas utilisé un portrait photographique ? La technique de l'époque l'autorisait et la photo garantissait la fidélité du visage. Dans l'ouvrage Un patrimoine de lumière 1830-2000, paru au éditions du Patrimoine en 2003, l'historienne Martine Callias Bey précise que le verre était imprimé par la photo en positif, la cuisson assurant la vitrification et la durabilité. Elle ne parle pas de la colorisation, mais on peut penser qu'elle était assurée par le peintre verrier. Elle ajoute cette appréciation : «L'individualisation inattendue de certains visages, au sein d'une foule de personnages idéalisés, permet de repérer l'utilisation d'un portrait photographique, dont la présence ajoute une note pittoresque à la scène et transpose un événement passé dans la contemporanéité.» On ne saurait mieux dire : la clarté et la précision de ce visage féminin jurent de manière «pittoresque» avec le reste de la verrière ! Martine Callias Bey termine par une remarque pertinente qui s'applique assez bien ici : «Les intrus regardent en général le spectateur et semblent indifférents à la scène à laquelle ils participent.»
Jennon Thiriet était-elle bien l'épouse de Fiacre Fériet ? Dans son ouvrage La Lorraine des Marchands à Saint-Nicolas-de-Port (1985), l'historienne Odile Kammerer-Schweyer nous apprend que cette femme a épousé Hanus Bermand en 1549. C'était le second mariage de Bermand après le décès de sa première épouse, Isabellion Sabvoye, en 1548. Hanus décédera en 1550 et laissera Jennon, une femme pingre et dure, à la tête du clan pour gérer les finances. Elle-même s'éteindra en 1558. Pour que les parties de l'histoire s'enchaînent sans heurt, il faut que Jennon ait perdu son (premier) époux, Fiacre Fériet, avant 1549. Ce qui est possible puisque les grandes familles de marchands de Saint-Nicolas-de-Port pratiquaient une sorte d'endogamie, mais Odile Kammerer-Schweyer n'en dit rien.
Dans ce panneau, y avait-il vraiment une donatrice ? Car un détail retient l'attention : les vêtements de «Jennon Thiriet» sont ceux d'un homme. Quant aux armes de la ville de Saint-Nicolas-de-Port, dans le soubassement, elles sont une création aux alentours de 1890.
Au centre, le personnage en cape rouge, armé d'une épée et tenant une enclume, a lui aussi semé le doute. La question est d'autant plus captivante que la quasi-totalité de ce panneau est datée de 1510-1520 et qu'elle est attribuée, par Michel Hérold, à l'«atelier troyen». Est-ce saint Adrien ? Est-ce Jean Sourdeaulx, dit «d'Anjou», riche marchand de la ville ? D'autres hypothèses ont été avancées depuis plus d'un siècle, comme celle qui y voit Nicolas d'Anjou, petit-fils du duc René II. L'absence d'une auréole bien visible autorise toutes les hypothèses. Il y a de plus, sur la toque rouge, une enseigne avec trois petites fleurs de lys. Serge Saulnier, dans l'ouvrage de l'association locale Connaissance et Renaissance de la basilique, fait remarquer que ces enseignes étaient très à la mode au XVIe siècle. --»»» Suite 2/2

Baie 17 : Le donateur Fiacre Fériet
.
Baie 17 : La donatrice Jehannon Fériet
Baie 17 : La donatrice Jennon Fériet,
épouse du marchand Fiacre Fériet.
Ses traits sont ceux de la sœur défunte du baron Albert de Fériet.
Visage réalisé par l'atelier Höner de Nancy
sur un carton du baron de Fériet (fin du XIXe siècle).
Voir à la cathédrale du Havre des visages peut-être obtenus par photographie sur un vitrail XIXe de la visite d'Henri IV en 1603.
Baie 17 : Armoiries de Saint-Nicolas-de-Port (XIXe siècle)
Baie 17 : Armoiries de Saint-Nicolas-de-Port.
XIXe siècle.
«««--- À GAUCHE
Baie 17 : Le donateur Fiacre Fériet.
Devant lui, un écu portant les armoiries de sa maison anoblie par le duc Antoine en 1520.
Panneau en grande majorité moderne
Baie 17 : La donatrice Jehannon Fériet (XIXe siècle), détail
Baie 17 : La donatrice Jennon Fériet
(fin du XIXe siècle), détail.
Est-ce une photo imprimée
dans le verre, puis colorée ?
CHAPELLE NORD SAINT-MICHEL
La chapelle Saint-Michel et ses deux baies 15 et 13
La chapelle Saint-Michel et ses deux baies 15 et 13.
Ces deux baies contiennent des vitraux du XVIe siècle et des compléments réalisés vers 1850.
CHAPELLE NORD SAINT-MICHEL - BAIE 15
Verrière de la baie 15 dans la chapelle Saint-Michel
Statue de saint Nicolas
Statue de saint Nicolas.

«««--- Verrière de la baie 15
dans la chapelle Saint-Michel.

Saint Charles Borromée,
Saint évêque non identifié
et Sainte Catherine.

La chapelle Saint-Michel se trouve dans un bas-côté du chœur. Elle date donc de la première époque de construction, ce qui se reconnaît dans le pilier qui sépare les deux arcades. L'autel du XIXe siècle reçoit, dans des niches, les trois archanges Gabriel, Michel et Raphaël. Outre une traditionnelle statue de saint Nicolas ressuscitant trois enfants, on peut voir un groupe sculpté de la Sainte Famille daté du XVIIIe siècle et un bas-relief du début du XVIIe, illustrant une scène célèbre de l'Ancien Testament quand Judith vient de trancher la tête d'Holopherne.

Les archanges Gabriel, Michel et Raphaël (XIXe siècle) dans le retable de la chapelle Saint–Michel
Les archanges Gabriel, Michel et Raphaël dans leurs niches (XIXe siècle) dans le retable de la chapelle Saint-Michel.

Baie 15 (1/2). Elle mêle des éléments du premier quart du XVIe siècle au milieu de panneaux modernes réalisés en complément, vers 1850, par Napoléon Rives et Désiré Laurent. Seul le tympan semble à sa place d'origine. Le reste a vu sa cohérence bousculée lors de sa repose après le dernier conflit mondial. Ce qui se voit bien à la coupure de la mitre du saint évêque et à la petite taille de sainte Catherine qui jure avec le reste.
À gauche, saint Charles Borromée est entièrement moderne. Seule une partie de son haut de lancette est ancien, partie que l'on peut attribuer, par comparaison de style avec les hauts de lancettes de la baie 21, à l'atelier de Valentin Bousch.
--»» Suite 2/2

Baie 15 : Saint Charles Borromée, détail (XIXe siècle)
Baie 15 : Saint Charles Borromée, détail.
Panneau entièrement moderne (vers 1850).
Baie 15 : Sainte Catherine, détail
Baie 15 : Sainte Catherine, détail.
La tête et la couronne de la sainte sont du premier quart du XVIe siècle.
Vierge de l'Assomption, XVIIIe siècle
Vierge de l'Assomption,
XVIIIe siècle.

Baie 15 (2/2).
---»»  Le saint évêque, au centre, doit retenir davantage l'attention. Tout le panneau supérieur de la lancette est du XVIe siècle (panneau donné ci-dessous). Son style le fait attribuer à l'«atelier troyen» que l'historien Michel Hérold repère en étudiant les verrières anciennes de l'église. Toutefois, la très belle tête en camaïeu de bruns et la mitre ornée de pierreries sont attribuées à l'atelier de Valentin Bousch. Il s'agit donc d'un bouche-trou. On remarquera aussi la très jolie tête à la grisaille de sainte Catherine dans la lancette de droite (donnée ci-dessus). Tout le reste de cette lancette est moderne.

Les deux mouchettes du tympan offrent deux beaux personnages travaillés à la grisaille et au jaune d'argent : un saint Jean-Baptiste qui tient un agneau crucifère et un saint Nicolas qui tient, dans la main droite, trois bourses, symboles des dots offertes aux trois pucelles de la légende (voir la page de l'église Saint-Étienne d'Arcis-sur-Aube). Enfin, l'oculus du tympan présente, du XVIe siècle, une Vierge couronnée (qui fait la moue !) et un Père céleste barbu.
Source : «Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port», Corpus Vitrearum, Michel Hérold, 1993.

Baie 15 : Saint évêque
Baie 15 : Saint évêque.
Premier quart du XVIe siècle.
Si le panneau est attribué à l'«atelier troyen», la tête (qui est
un bouche-trou) est l'œuvre de l'atelier de Valentin Bousch.
Baie 15 : Saint évêque, détail (époque  Renaissance)
Baie 15 : Saint évêque, détail.
Premier quart du XVIe siècle.
La tête et la mitre sont l'œuvre de l'atelier de Valentin Bousch.
CHAPELLE NORD SAINT-MICHEL - BAIE 15 - MOUCHETTES ET OCULUS DU TYMPAN
Baie 15 : Saint Jean-Baptiste et l'agneau dans une mouchette du tympan
Baie 15 : Saint Jean-Baptiste et l'agneau
Grisaille et jaune d'argent.
Premier quart du XVIe siècle.
Le muret du bas est moderne.
Baie 15 : Le Couronnement de la Vierge dans le tympan
Baie 15 : Le Couronnement de la Vierge dans le tympan.
La tête de la Vierge et le visage du Père céleste à gauche
sont du premier quart du XVIe siècle,
tout comme le manteau du Christ à droite (mais sa tête est moderne).
Baie 15 : Saint Nicolas dans une mouchette du tympan
Baie 15 : Saint Nicolas
Grisaille et jaune d'argent.
Premier quart du XVIe siècle.
Le muret du bas est moderne.
«Judith et Holopherne», bas-relief du début du  XVIIe siècle
«Judith et Holopherne», bas-relief du début du XVIIe siècle.
Groupe sculpté de la Sainte Famille, XVIIIe siècle
Groupe sculpté de la Sainte Famille, XVIIIe siècle.
CHAPELLE NORD SAINT-MICHEL - BAIE 13
Verrière de la baie 13 dans la chapelle Saint-Michel
Verrière de la baie 13 dans la chapelle Saint-Michel.
Éducation de la Vierge, Vierge à l'Enfant et saint Roch.
La lancette de gauche est moderne, tout comme les panneaux inférieurs
des lancettes du centre et de la droite.
Baie 13 : Saint Roch
Baie 13 : Saint Roch.
Panneau du bas et bras gauche du saint sont du XIXe.

La Vierge à l'Enfant ---»»»
Voir en page 1 les commentaires sur l'atelier
troyen évoqué par Michel Hérold.

Baie 13. La Vierge à l'Enfant de la lancette centrale, tout comme la Crucifixion dans l'oculus du tympan sont vraisemblablement à leur place primitive. L'Éducation de la Vierge dans la lancette de gauche est une création de 1850, tout comme les panneaux du bas dans les deux autres lancettes.
La présence de saint Roch dans cette baie vient d'une mauvaise réaffectation des lancettes après la dépose de 1939.
Sont attribués au premier quart du XVIe siècle : la Vierge à l'Enfant du centre (sans la partie inférieure où son pied écrase le serpent) ; la partie supérieure du saint Roch, y compris la tête de l'ange qui montre le bubon du saint ; la Crucifixion dans le tympan. Cette belle Crucifixion qui mêle la résignation de la Vierge et les larmes de sainte Madeleine est donnée en gros plan plus bas. L'arrière-plan en camaïeu de bleus évoque un château (dont la partie droite est peut-être du XIXe siècle).
Source : «Les vitraux de St-Nicolas-de-Port», Corpus Vitrearum, Michel Hérold, 1993.

Baie 13 : Le visage de la Vierge à l'Enfant, atelier troyen
Baie 13 : La Vierge foule le serpent
Baie 13 : La Vierge foule le serpent.
Attribué à l'«atelier troyen».
Premier quart du XVIe siècle.
Baie 13 : Saint Roch, détail
Baie 13 : Saint Roch, détail.
Atelier non déterminé.
Premier quart du XVIe siècle.

Baie 13 : La Crucifixion dans le tympan ---»»»
Attribué à l'«atelier troyen», vers 1510-1520.
Baie 13 : L'ange qui touche le bubon de saint Roch, détail
Baie 13 : L'ange qui touche le bubon de saint Roch, détail.
Atelier non déterminé.
Premier quart du XVIe siècle.
Baie 13 : La Crucifixion dans le tympan
Baie 13 : La Crucifixion, détail
Baie 13 : La Crucifixion, détail.
La totalité du dessin est du XVIe siècle, sauf la partie du Christ sous la barlotière qui est moderne.
Attribué à l'«atelier troyen», Vers 1510-1520
CHAPELLE NORD SAINT-ROCH - BAIE 9
Chapelle Saint–Roch–Saint–Sébastien au–dessous du grand orgue
Chapelle Saint-Roch-Saint-Sébastien au-dessous du grand orgue.
À gauche, la baie 11 est partiellement cachée par l'escalier qui mène à l'orgue.

Baie 9 (1/2). Cette baie se trouve au-dessous du grand orgue que l'on atteint, depuis la chapelle Saint-Roch, par la porte située à gauche dans la photo ci-dessus. La grande statue de saint Nicolas que l'on voit devant le pilier central est datée du XVIIIe siècle. Quant à l'aigle grandeur nature entre les deux arcs, il a été créé pour l'installation du nouvel orgue en 1994.
Dans la verrière, seuls les personnages du bas sont du XVIe siècle, notamment les têtes. La totalité des dais remonte aux années 1850. Dans la lancette de gauche se tient Henri de Bamberg (1002-1024) avec les attributs impériaux (sceptre et couronne fermée). Un petit lion assis se trouve à sa droite. On a pu identifier ce saint avec Charlemagne, mais les dessins sur le manteau font rejeter cette hypothèse. ---»» Suite 2/2

Baie 9 : Le lionceau d'or qui accompagne le saint évêque (époque Renaissance)
Baie 9 : Lionceau d'or qui accompagne
le saint évêque non identifié.
(Époque Renaissance? )
Statue de sainte Ursule
Statue de sainte Ursule.
La flèche est en général l'attribut de cette sainte.

Baie 9 (2/2). ---»» Le saint évêque sur la droite ne porte pas d'attributs permettant de l'identifier. Michel Hérold, pour le Corpus Vitrearum, attribue ces deux personnages à un atelier «allemand», peut-être de Nuremberg et les date aux alentours de 1510.
Source : «Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port», Corpus Vitrearum, Michel Hérold, 1993.

CHAPELLE NORD SAINT-ROCH - BAIE 11
Baie 11 : Personnage tenant un phylactère vierge
Baie 11 : Personnage tenant un phylactère vierge.
Vers 1850.

Baie 11. Cette baie, qui est partiellement cachée par l'escalier à vis qui conduit au grand orgue, contient trois mouchettes figurées, dont deux avec un personnage. Le plus grand d'entre eux est donné ci-dessus. C'est un homme barbu, à l'air concentré et au manteau ample. La teinte de son chapeau à bords relevés fait penser au jaune d'argent.
Il tient un phylactère vierge, mais ce n'est pas un saint.
De son absence dans le volume du Corpus Vitrearum consacré aux vitraux de l'église, on peut déduire que ces mouchettes sont des créations du XIXe siècle qui ont échappé au bombardement de juin 1940.

Verrière de la baie 9 dans la chapelle Saint-Roch-Saint-Sébastien
Baie 9 dans la chapelle Saint-Roch-Saint-Sébastien.
Le tympan et la totalité des dais sont modernes.
Statue de saint Pierre, fin du XVIIe–début du XVIIIe siècle
Statue de saint Pierre, fin du XVIIe-début du XVIIIe siècle.

Baie 9 : Saint évêque non identifié ---»»»
Attribué à un atelier «allemand» (peut-être Nuremberg)
Vers 1510.
Le haut du manteau est moderne.

Baie 9 : Saint Henri de Bamberg, détail
Baie 9 : Saint Henri de Bamberg, détail.
Attribué à un atelier «allemand» (peut-être de Nuremberg), vers 1510.
Baie 9 : Jeune femme gisant sur un lit dans le tympan (XIXe siècle)
Baie 9 : Sainte Philomène sur son lit de mort.
Grisaille dans le tympan,
Vers 1850.

Statue de saint Nicolas devant la chapelle ---»»»
Bois stuqué et peint du XVIIIe siècle.
Statue de saint Nicolas devant la chapelle
Baie 9 : Saint évêque non identifié
CHAPELLE NORD NOTRE-DAME-DE-PITIÉ
Chapelle Notre-Dame de Pitié et chapelle des Reliques
Chapelle Notre-Dame de Pitié (à gauche) et chapelle des Reliques (à droite).
Vierge de Pitié du XVIe siècle
Vierge de Pitié du XVIe siècle.
C'est la plus belle sculpture de l'église Saint-Nicolas.
Peut-on l'attribuer au Maître de Chaource ?
Statue de saint Étienne, vers 1520-1530
Statue de saint Étienne
Vers 1520-1530.
Statue de saint Louis au–dessus des arcades de la chapelle Notre–Dame de Pitié
Statue de saint Louis au-dessus des arcades
de la chapelle Notre-Dame de Pitié.
La Déploration, église Saint-Jean-au-Marché à Troyes
Sainte Marthe du maître de Chaource Ci-dessus : Groupe de la Déploration,
parfois attribué au Maître de Chaource.
Église SAINT-JEAN-AU-MARCHÉ.
à TROYES



«««--- La célèbre SAINTE MARTHE
du maître de Chaource
à l'église SAINTE-MADELEINE
à TROYES.

Chapelle Notre-Dame-de-Pitié. À part le bel Ecce Homo dans la niche donnée à droite, le principal intérêt de cette chapelle aux vitraux en verre blanc est la Piéta du XVIe siècle. Cette œuvre très émouvante a été créée par un sculpteur troyen anonyme à une époque où la ville de Troyes inondait la Champagne de ses chefs-d'œuvre.
Les deux chapelles proches de l'absidiole nord (photo ci-dessus) sont éclairées par deux baies à deux lancettes chacune qui reçoivent du verre blanc. Au XIX siècle, ces chapelles abritaient des verrières figurées, créées par des ateliers de l'époque. Elles étaient venues remplacer sur le tard les vitraux disparus lors de l'incendie de 1635.
On sait que la chapelle Notre-Dame de Pitié avait reçu en 1856 des vitraux représentant saint Joseph, sainte Berthe, sainte Élisabeth de Hongrie et saint Charles Borromée. Tout a été détruit par les explosions du 18 juin 1940.
Source : «La basilique de saint Nicolas en Lorraine», Association Connaissance et Renaissance de la Basilique de Saint Nicolas de Port, 1979.

Est-il possible d'attribuer la Piéta de cette chapelle au maître de Chaource, c'est-à-dire à l'auteur anonyme de la Mise au Tombeau de l'église de Chaource dans l'Aube (église non donnée dans ce site) et de la sainte Marthe de l'église Sainte-Madeleine à Troyes (dont le visage est donné en bas à gauche) ?
Pour répondre à la question, on peut cette Piéta du groupe sculpté de la Déploration exposé à l'église Saint-Jean-au-Marché à Troyes. (qui est reproduit ci-dessous à gauche) et que certains auteurs attribuent au maître de Chaource.
En effet, plusieurs traits rapprochent les deux œuvres : la position allongée du Christ mort est très voisine dans les deux sculptures ; la Vierge tient la main gauche de son fils dans le même mouvement de résignation et de tristesse contenue ; enfin, les visages des deux Marie (donnés ci-dessous) manifestent une identité quasi parfaite dans l'expression de la douleur, même si des grosses larmes ont été ciselées sur les joues de la Piéta de Saint-Nicolas-de-Port. On peut rajouter un quatrième trait, peut-être encore plus frappant : l'étroite similitude des capuches.

Vierge de Pitié XVIe siècle, détail
Vierge de Pitié, XVIe siècle, détail.
Piéta de Saint-Nicolas-de-Port.
Ecce Homo dans le retable de la chapelle
Ecce Homo dans le retable
de la chapelle Notre-Dame de Pitié.
La Vierge dans la Déploration (Troyes)
Vierge de Pitié dans la Déploration.
XVIe siècle.
Église SAINT-JEAN-AU-MARCHÉ
à TROYES.
Architecture intérieure et extérieureVoir le chœur, les absidioles et les grandes verrièresVoir les verrières sud Architecture intérieure et extérieureLe chœur, ses verrières et les grandes verrières nordVoir les chapelles sud et leurs verrières
Documentation : «Congrès archéologique de France, Nancy et Verdun», 1933, article d'André Philippe sur la basilique Saint-Nicolas (avec les notes de Pierre Marot pour l'historique)
+ «Congrès archéologique de France, Nancy et Lorraine méridionale», 2006, article de Pierre Sesmat sur la basilique Saint-Nicolas
+ «La basilique de saint Nicolas en Lorraine», Association Connaissance et Renaissance de la Basilique de Saint Nicolas de Port, 1979
+ «La Lorraine des Marchands à Saint-Nicolas-de-Port», Odile Kammerer-Schweyer, Association Connaissance et Renaissance de la Basilique de Saint Nicolas de Port, 1985
+ «Lorraine gothique» de Marie-Claire Burnand, éditions Picard, 1989
+ «Lorraine gothique» de Suzanne Braun, éditions Faton, 2013
+ «Les vitraux de Lorraine et d'Alsace», Corpus Vitrearum, 1994
+ «Les vitraux de Saint-Nicolas-de-Port», Corpus Vitrearum, Michel Hérold, 1993
+ «Le vitrail en Lorraine du XIIe au XXe siècle», Éditions Serpenoise, Centre culturel des Prémontrés, 1983
+ Brochure «Découvrir la basilique de Saint-Nicolas-de-Port», Association Connaissance et Renaissance de la Basilique de Saint Nicolas de Port, 2008
+ Dictionnaire iconographique des saints, Les éditions de l'Armateur, 1999 par Bertrand Berthod et Élisabeth Hardouin-Fugier.
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