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Page créée en nov. 2013
Joseph d'Arimathie dans la mise au tombeau du XVIe siècle

L'église du Saint-Sépulcre doit son existence à la première croisade. Hugues des Payens, né à Montdidier et l'un des fondateurs de l'ordre des Templiers, ainsi que Hugues de France, comte de Vermandois et de Montdidier, frère du roi Philippe Ier, étaient présents au siège de Jérusalem en 1099. Ils revinrent dans leur ville avec de nombreuses reliques et deux morceaux de la vraie Croix. Pour les abriter, la cité fit construire une église consacrée au Saint-Sépulcre. Celle-ci fut achevée en 1146. Mais la muraille que fit ériger Philippe Auguste pour protéger la ville laissa l'église en dehors de l'enceinte. Elle fut dès lors détruite par la soldatesque en 1411 et rebâtie dès 1419 à l'intérieur des remparts. En 1523, au cours du long conflit qui opposa François Ier à Charles Quint, les canons des Habsbourg la rasèrent. Cependant, jugée depuis longtemps trop étroite, elle avait été remplacée par une autre église, consacrée en 1519 : l'église actuelle.
En 1918, les Allemands tiennent Montdidier. Lors de l'offensive alliée, le bâtiment est très endommagé par les obus français. Sa reconstruction ne s'achèvera qu'en 1935. Le maître verrier Jacques Gruber (1870-1936) fut chargé de créer les vitraux. Son fils acheva sa tâche. De style Art Déco, ils furent posés en 1939... et endommagés en 1940 lors de la course à la mer des blindés allemands. L'église du Saint-Sépulcre ne sera rouverte au culte qu'en 1960. Dans les années 1970, les vitraux de Gruber seront restaurés et réinstallés en partie. L'église a été classée monument historique en 1920.
Le service cultuel de Montdidier se partage entre l'église Saint-Pierre et l'église du Saint-Sépulcre. Les photos de cette page, prises en septembre, montrent une nef sans chaises et un chœur vide : pendant l'été, c'est l'église Saint-Pierre qui est utilisée pour l'office. Des tapisseries de Bruxelles du XVIIe siècle y sont néanmoins exposées en permanence.

Héraclius défait Chosroès II en 627, vitrail «L'Exaltation de la vraie Croix» de Jacques Gruber (partiel)
La nef de l'église du Saint-Sépulcre
La nef de l'église du Saint-Sépulcre.
En septembre (mois où a été prise la photo), l'église du Saint-Sépulcre n'est pas utilisée pour l'office cultuel.
Vue extérieure de l'église depuis la rue Parmentier
Vue extérieure de l'église depuis la rue Parmentier.
Le chevet de l'église et ses grandes baies
Le chevet de l'église et ses grandes baies
Bas-relief de la Vierge entourée des litanies (XVIe siècle)
Bas-relief de la Vierge entourée des litanies (XVIe siècle)
et fonts baptismaux (bas-côté nord).
Le bas–côté sud vu en perspective depuis l'absidiole sud
Le bas-côté sud vu en perspective depuis l'absidiole sud.
Chapelle latérale sur le côté nord
Chapelle latérale sur le côté nord.
«Jean-Gabriel Perboyre»
«Jean-Gabriel Perboyre», tableau anonyme
Père lazariste martyrisé en Chine au XIXe siècle
Voir le commentaire sur sa vie à l'église Sainte-Anne d'Amiens.
Le portail du XVe siècle possède une belle  archivolte sculptée.
Le portail du XVe siècle possède une belle archivolte sculptée.
Style gothique flamboyant. Le portail a été très endommagé en 1918.
«Appel du pape Urbain II à la croisade»
«APPEL DU PAPE URBAIN II À LA CROISADE»
Vitrail de Jacques Gruber, 1939
Comme les autres, ce vitrail possède une iconographie complexe.
La voussure du portail est ornée de douze scènes  de la Passion.
La voussure du portail est ornée de douze scènes de la Passion.
Sculptures de fleurs dans l'archivolte
Sculptures de fleurs dans l'archivolte.
L'église du Saint–Sépulcre vue depuis le sommet du beffroi
L'église du Saint-Sépulcre depuis le sommet du beffroi.

Jacques Gruber (1870-1936) commence ses études artistiques à l'école des Beaux-Arts de Nancy, mère de l'art Nouveau. Il les poursuit à Paris, à l'école des Arts décoratifs et à l'école des Beaux-Arts. En 1893, il est professeur d'arts décoratifs à l'école des Beaux-Arts de Nancy. Il entre chez Daum comme chef décorateur. C'est là qu'il va apprendre le métier de verrier, mais il ne possédera son propre atelier qu'en 1904. C'est l'époque où le vitrail civil est roi. Pour autant, il ne délaisse pas ses premières activités et fournit par exemple des modèles pour le mobilier, les décors ou les objets d'ameublement, style art Nouveau. Après la première guerre mondiale, changement complet : l'art Déco succède à l'art Nouveau ; la reconstruction des églises dévastées redonne vie au vitrail religieux au détriment du vitrail civil. Jacques Gruber va alors se consacrer à la création des vitraux historiés en style Art Déco pour les églises du nord de la France.

«Le Passage de la mer Rouge», tapisserie de Bruxelles,  XVIIe siècle
«Le Passage de la mer Rouge», tapisserie de Bruxelles, XVIIe siècle.
La Vierge entourée des litanies (bas-relief du XVIe siècle)
La Vierge entourée des litanies (bas-relief du XVIe siècle).

VITRAIL À DROITE ---»»»
Partie gauche : Pierre l'Ermite prêche la croisade ; en bas,
sous le joug des Turcs, les fidèles de Jérusalem ont peur.
Partie droite : le pape Urbain II, appelle à la croisade le 27
«Appel du pape Urbain II à la croisade», détail
«APPEL DU PAPE URBAIN II À LA CROISADE», détail.
Vitrail de Jacques Gruber, 1939
     novembre 1095 ; en bas, le turc Belphet, qui avait été battu par Diogène, empereur de Byzance.
«Le Passage de la mer Rouge», Tapisserie de Bruxelles,  XVIIe siècle, détail
«Le Passage de la mer Rouge», Tapisserie de Bruxelles, XVIIe siècle, détail.
Pendant un temps, ces tapisseries ont servi de tapis de sol aux Allemands sous l'Occupation...
Le bas–côté sud de la nef avec ses tapisseries du XVIIe siècle et ses vitraux de Jacques Gruber
Le bas-côté sud de la nef avec ses tapisseries du XVIIe siècle et ses vitraux de Jacques Gruber.
Au niveau de l'architecture, on remarquera la présence, sur chaque pilier de la nef, d'une fine colonne engagée
qui monte du sol jusqu'à la naissance de la voûte. La nef en acquiert un aspect de fragilité et de grâce.
Vitrail de l'Apocalypse de saint Jean
«L'APOCALYPSE»
Vitrail de Jacques Gruber, 1939
Voir le vitrail Renaissance sur le même thème à l'église Saint-Nizier de Troyes.
Les Fonts baptismaux ont été sculptés en 1539.
Les Fonts baptismaux ont été sculptés en 1539.
Culot à motif floral et animal dans une chapelle latérale de  la nef
Culot à motif floral et animal dans une chapelle latérale de la nef.
«L'Adoration du veau d'or», tapisserie du XVIIe  siècle
«L'Adoration du veau d'or», tapisserie du XVIIe siècle.
L'Apocalypse de saint Jean, détail
«L'APOCALYPSE», détail
Jacques Gruber, 1939.
Saint Michel pèse les âmes sur la balance.
Au-dessus, un taureau ailé.
On voit que l'art de Gruber (Art Déco)
consiste en un graphisme très stylisé
sans grisaille ni modelé.
Culot à motif floral avec escargot dans la nef
Culot à motif floral avec escargot dans la nef.
«L'Apocalypse de saint Jean», détail (Jacques Guber, 1939)
«L'APOCALYPSE», détail (Jacques Guber, 1939)
Mise au tombeau, XVIe siècle
Mise au tombeau, XVIe siècle
surmonté d'un «Christ de pitié», XVIe siècle.
Absidiole sud
«L'Apocalypse de saint Jean», détail
«L'APOCALYPSE», détail
Jacques Guber, 1939.
Satan pique les mauvaises âmes
avec sa fourche.

«L'Apocalypse» : au centre, la femme représente l'Église, épouse du Christ ; au-dessous d'elle, saint Jean. Partie gauche : Babylone la Grande (où les Juifs furent emmenés en captivité) porte une bannière et une coupe dont elle se sert pour enivrer les hommes et les éloigner de l'Église ; à ses pieds, un ange accueille les bonnes âmes. Partie droite du vitrail : Babylone, châtiée, représente l'église apostate ; au-dessous, Satan (le démon cornu) fait un sort aux méchants et le dragon vert qui crache de l'eau.

Joseph d'Arimathie
Joseph d'Arimathie
dans la Mise au tombeau du XVIe siècle.
«La première croisade»
«LA PREMIÈRE CROISADE»
Vitrail de Jacques Gruber, 1939.

Rappelons que les croisades devaient autant à la volonté des chrétiens occidentaux de reprendre Jérusalem (où les pèlerinages avaient été interdits par les Turcs depuis leur conquête de la ville en 1076) qu'au conflit larvé entre Rome et Byzance. La première croisade fut d'abord une vague «populaire». Elle sera massacrée par les Turcs à Kibitos. ---»»

Mise au tombeau
Mise au tombeau
Œuvre exécutée entre 1549 et 1582 sur un mécénat de la famille de Baillon.
La Vierge et saint Jean
La Vierge et saint Jean
dans la Mise au tombeau du XVIe siècle.
Nicomède barbu et portant couvre-chef
Nicomède barbu et portant couvre-chef
dans la Mise au tombeau du XVIe siècle.

---»» La deuxième vague, celle des nobles et des chevaliers, libérera le Saint-Sépulcre et établira un royaume franc à Jérusalem (1099). Pour œuvrer à sa pérennité, deux ordres militaires seront créés : les Templiers par Hugues de Payens en 1118 et les Hospitaliers par Gérard de Martigues en 1120. Quand les Turcs menaceront le royaume franc, une deuxième croisade sera lancée (1146-1148).

Tancrède devant Jérusalem (juin 1097)
Tancrède devant Jérusalem (juin 1097)
Le basileus a prêté des bateaux pour que les croisés gagnent la Syrie par mer.
«La première croisade», Gruber, 1939.
La Sainte Lance est retrouvée (juin 1098)
La Sainte Lance est retrouvée (juin 1098)
«LA PREMIÈRE CROISADE», Gruber, 1939.

Cette découverte redoubla l'énergie des
Croisés qui mirent en fuite les Turcs
qui les assiégeaient.
 
Godefroy de Bouillon, chef de l'armée du Nord
Godefroy de Bouillon, chef de l'armée du Nord
«LA PREMIÈRE CROISADE», Gruber, 1939.
«L'Invention de la Sainte Croix», détail
«L'INVENTION DE LA SAINTE CROIX», détail
À gauche, sainte Hélène multiplie ses bienfaits.
À droite, la Sainte Croix fait ressusciter un mort sous les
yeux d'Hélène représentée en action de grâce.

Les vitraux de «l'Invention de la Sainte Croix» et de «l'exaltation de la Vraie Croix» racontent la découverte légendaire de la croix du Christ et son devenir. L'initiative partit de sainte Hélène qui vint à Jérusalem en 327. Le Golgotha avait été transformé en lieux de culte pour Jupiter et Vénus. Hélène débarrassa l'endroit du paganisme et fit creuser la terre. On découvrit trois croix avec, pour l'une, les clous qui avaient percé le corps de Jésus et le petit panneau que Pilate avait fait placer au-dessus de sa tête. Elle fut coupée en trois parties : pour Rome, Jérusalem et Constantinople. En 614, les Perses pillent Jérusalem, le roi Chosroès emporte la croix. En 627, Héraclius, empereur de Byzance, bat les Perses à Ninive et reprend la croix.

Les donateurs (famille Baillon) dans le soubassement de la Mise au tombeau
Les donateurs (famille Baillon) dans le soubassement de la Mise au tombeau.
«Christ aux liens»,
«Christ de pitié»,
appelé encore «Ecce homo»
XVIe siècle
Absidiole sud.
«L'Invention de la Sainte Croix»
«L'INVENTION DE LA SAINTE CROIX»
Vitrail de Jacques, Gruber, 1939.
En 327, sainte Hélène fait creuser la terre.
En 327, sainte Hélène fait creuser la terre.
Trois croix seront trouvées.
«L'Invention de la Sainte Croix», Gruber, 1939.
«Christ aux liens», XVIe siècle
«Christ de pitié», XVIe siècle
Le bas-relief est orné de motifs typiquement Renaissance.
Le retable de la Vierge (XVIIIe siècle?)
Le retable de la Vierge (XVIIIe siècle?)
dans l'absidiole nord.
La statue de la Vierge
La statue de la Vierge.
Retable de l'absidiole nord.
«L'Exaltation de la vraie Croix», Jacques Gruber, 1939
«L'EXALTATION DE LA VRAIE CROIX», Jacques Gruber, 1939.

Les vitraux de l'église du Saint-Sépulcre à Montdidier sont les derniers réalisés par Jacques Gruber. L'artiste mourut en 1936 sans en voir la fin. Ces vitraux, qui apparaissent très chargés, obéissent à une iconographie complexe, illisible pour le profane. Gruber, à la fin du XIXe siècle, a commencé par l'Art Nouveau, puis s'est lancé dans le vitrail civil, alors très à la mode. Après la première guerre mondiale, il réorienta ses créations de verrières vers l'Art Déco pour les églises du nord de la France, détruites pendant le conflit. Comme il le reconnut, il lui fallut tout apprendre parce qu'il ne connaissait quasiment rien à l'iconographie chrétienne, ni à la religiosité de l'époque. Sa première production - pour l'église d'Ercheu - ne fut pas une réussite. Cependant il améliora son style ; son atelier parisien finit par obtenir régulièrement des commandes des Monuments historiques pour les vitreries de Picardie et du Nord.
La règle de l'Art Déco, en matière de dessin, est de styliser. Adieu les grisailles, les effets de profondeur et les modelés. Le style est plat, mais riche en formes et en couleurs. D'autre part, Gruber utilise la mise en plomb de manière presque outrancière en juxtaposant de multiples petits fragments de couleurs. Le plomb en acquiert un rôle esthétique. C'est ce que l'artiste appelle la «mosaïque intégrale».

Clé de voûte dans le chœur
Clé de voûte dans le chœur.
Statue de sainte Catherine d'Alexandrie
Statue de sainte Catherine d'Alexandrie
dans le retable de l'absidiole nord.

À Montdidier, Jacques Gruber crée un ensemble de dix-huit grandes verrières consacrées à l'évocation du Saint-Sépulcre : Passion du Christ, histoire de la Vraie Croix et croisades. Pour ces dernières, il se référera à un ouvrage de 1611, Gesta Dei pro Francos de Jacques Bongars. La vitrerie de Montdidier fait œuvre savante en matière d'iconographie, mais n'éblouit pas les yeux par son caractère monumental. La juxtaposition des petites scènes l'en empêche. Source : Article «Le vitrail dans les églises de la reconstruction en Picardie (1919-1939)» par Jean-Pierre Blin dans l'ouvrage «Le vitrail en Picardie et dans le nord de la France» aux éditions Encrage.

Clé de voûte dans le chœur
Clé de voûte dans le chœur.
Le bas–côté sud et ses tapisseries de Bruxelles
Le bas-côté sud et ses tapisseries de Bruxelles.
La lumière sur la droite est celle qui arrive depuis le portail.
Le bas-côté sud n'a pas de chapelles latérales.
À gauche : Pillage de Jérusalem par les Perses en 614.
À gauche : Pillage de Jérusalem par les Perses en 614.
À droite : Héraclius, empereur de Byzance, bat Chosroès II à Ninive en 627.
«L'EXALTATION DE LA VRAIE CROIX», détail.
La voûte du chœur
La voûte du chœur.
et les vitraux de Gruber (La Passion et personnages
de l'Ancien et du Nouveau Testaments).
Le chœur et l'absidiole sud
Le chœur et l'absidiole sud.
Dans l'absidiole sud, la Mise au tombeau est cachée par le gros pilier du premier plan.
Le chœur est orné par les statues des apôtres installées sur les consoles richement sculptées.
Statue d'un apôtre dans le chœur
Statue d'un apôtre dans le chœur.

Statue d'un apôtre dans le chœur
Statue d'un apôtre dans le chœur.

Console avec deux démons
Console avec deux démons.
Est-ce la légende de saint Jacques le Majeur et d'Hermogène?
Voir à ce sujet le haut-relief à la cathédrale Notre-Dame d'Amiens.
Console : Jésus et les apôtres
Console de la statue de saint Jean
Jésus et les apôtres.
Le chœur de l'église du Saint–Sépulcre
Le chœur de l'église du Saint-Sépulcre.

«LES DEUXIÈME ET TROISIÈME CROISADES» ---»»»
Jacques Gruber, 1939.
«Les 2e et 3e croisades», Jacques Gruber
«LES DEUXIÈME ET TROISIÈME CROISADES», détail
«LES DEUXIÈME ET TROISIÈME CROISADES», détail.
À gauche : saint Bernard prêche la deuxième croisade depuis la basilique de Vézelay.
À droite : Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste prennent Saint-Jean-d'Acre (1291)
En bas, Philippe Auguste, son vœu accompli, se rembarque pour la France.
Statue d'un apôtre dans le chœur
Statue d'un apôtre dans le chœur.
Console : Scène d'arrestation
Console : Scène d'arrestation.
Console : les clés de saint Pierre
Console : les clés de saint Pierre.
«Le Cantique de Moïse et des Israélites», tapisserie de Bruxelles  du XVIIe siècle
«Le Cantique de Moïse et des Israélites», tapisserie de Bruxelles du XVIIe siècle.
Cette toile, parmi les mieux conservées, représente Moïse, son frère Aaron (tout deux à droite)
et leur sœur Miryam (qui joue du tambourin au centre) chantant les louanges de Dieu en
compagnie d'autres Hébreux (partie gauche).

L'église du Saint-Sépulcre expose six grandes tapisseries de Bruxelles, fabriquées au XVIIe siècle. Avant la Révolution, ces tentures se trouvaient au château de Ferrières (Oise), propriété du vicomte de Béthisy. Après saisie révolutionnaire, elles sont vendues aux enchères en décembre 1792 à un particulier et se retrouvent, dès juillet 1793, en tant que propriété du département, dans la chambre du conseil du tribunal de Montdidier. L'histoire rapporte que ces magnifiques œuvres sont ensuite bien malmenées. Laissées sans soin, on retrouve leur trace en 1820 quand des ouvriers les utilisent pour déposer leur mortier... En 1851, elles sont reléguées dans un grenier du tribunal. Les tentatives administratives pour assurer leur entretien échouent. En 1860, on les présente dans une exposition à Amiens, puis elles reviennent au tribunal de Montdidier, dans la salle des pas perdus et dans un corridor. Bien que chacun puisse constater leur état de dégradation, aucune restauration n'est envisagée. En 1904, elles sont enfin classées au titre des monument historiques. En 1916, elles sont mises à l'abri au musée de Picardie à Amiens. Après la guerre, elles reviennent au tribunal de Montdidier, un bâtiment neuf qui n'a pas de place pour les exposer. On les entrepose dans un couloir aveugle. En 1940, l'Occupant transforme le tribunal en maison du soldat : les tapisseries deviennent des couvertures. Transportées ensuite dans la salle de Justice de Paix de l'Hôtel de ville, elles font office de tapis de sol. Heureusement, le concierge réussit à les subtiliser et les cache jusqu'à la Libération. Elles regagnent alors le tribunal. En 1962, le département cède la propriété du palais de Justice à la ville. Conséquence, Montdidier devient propriétaire des six tapisseries. Quand le tribunal change de bâtiment, en 1965, il est convenu, avec le Garde des Sceaux, que ces tapisseries seraient exposées dans l'église Saint-Pierre de Montdidier après restauration. Cependant leurs tribulations continuent. Après un court passage à la mairie et au tribunal, elles sont exposées à la maison de la Culture de Montdidier, tandis qu'on espère que la manufacture des Gobelins se chargera rapidement de leur restauration, reconnue plus qu'urgente. En 1970, elles sont exposées à l'église du Saint-Sépulcre, à hauteur d'homme. Bouchant la vue sur les vitraux, elles sont remontées à sept mètres du sol. Peu après, elles sont enfin envoyées en restauration, une à une.
Source : Panneau dans la nef (d'après l'ouvrage Les tapisseries de Montdidier, par Aurélien Marthy).

«LA QUATRIÈME CROISADE», Jacques Gruber (1939)
«LA QUATRIÈME CROISADE», Jacques Gruber (1939).
Statue de saint Jacques le Majeur dans le chœur
Statue de saint Jacques le Majeur
dans le chœur.
Console dans le chœur Jésus chez Marthe et Marie de Béthanie?
Console dans le chœur Jésus chez Marthe et Marie de Béthanie ?
Console : Le Martyre d'un apôtre
Console : Le Martyre d'un apôtre.

Saladin avait repris Jérusalem en 1187. Malgré la présence de Philippe Auguste et de Richard Cœur de Lion, la troisième croisade (1189-1192) n'avait pu reprendre la ville. Le pape Innocent III appelle donc à une quatrième croisade (1201-1204). Sous la houlette du comte de Champagne, l'armée part par la mer. Venise fournit les bateaux. Mais la rancune de la cité des Doges contre la ville byzantine de Zara, qui fait concurrence à son commerce, va tourner cette croisade en guerre contre Byzance.
Les Croisés se sont engagés à prendre Zara et à rétablir Isaac l'Ange sur le trône de Constantinople. En retour, Venise leur a promis vivres, soldats et remboursement de leurs dettes. Mieux, on espère la fin du schisme entre l'Église d'Orient et celle d'Occident. Constantinople est prise en juillet 1203. Isaac l'Ange retrouve son trône. Mais les Byzantins se révoltent et liquident Isaac et son fils Alexis. Les Croisés reprennent d'assaut Constantinople et la mettent à sac le 13 avril 1204. Ils sont excommuniés en bloc par le pape Innocent III. La quatrième croisade, considérée comme le début de la fin pour Byzance, marque la rupture entre Rome et l'Église orthodoxe. Rupture qui dure encore.

«La Récolte de la manne dans le désert»
«La Récolte de la manne dans le désert»
Tapisserie de Bruxelles, XVIIe siècle.
«LA QUATRIÈME CROISADE», détail, Jacques Gruber  (1939)
«LA QUATRIÈME CROISADE», détail, Jacques Gruber (1939).
À gauche, Foulques de Neuilly prêche la quatrième croisade à la faveur d'un tournoi.
À droite : le berger Étienne de Cloyes prêche la croisade des enfants.
Au centre, en bas : La Croisade des enfants. Sept galères quittent Marseille en 1212.
Au-dessus : les rescapés sont vendus comme esclaves dans le royaume d'Alger.
«La Croisade des enfants», Jacques Gruber, 1939
«La Croisade des enfants», Jacques Gruber, 1939.
L'arrivée des croisés devant Constantinople en 1203,  «La 4e croisade», Jacques Gruber
L'arrivée des croisés devant Constantinople en 1203, «La 4e croisade», Jacques Gruber.

«Étienne de Cloyes prêche la croisade
«Étienne de Cloyes prêche la croisade
des enfants», Jacques Gruber, 1939.

La Croisade des enfants, conséquence du désastre de la quatrième croisade, est illustrée par Jacques Gruber dans deux lancettes. Notons que certains historiens considèrent ce périple comme un prélude à la cinquième croisade plutôt que comme l'achèvement de la quatrième.
La Croisade des enfants qui se déroule en 1212, est analysée comme une réaction populaire, créée et attisée par les apparitions divines à un berger, Étienne de Cloyes (du village de Cloyes-sur-le-Loir dans l'Eure-et-Loir) qui proclame que Dieu lui a ordonné d'aller délivrer le Saint-Sépulcre.
Des «jeunes» (ou plutôt, selon les historiens, des pauvres gens qui voulaient donner la leçon aux chrétiens qui avaient bafoué leur engagement dix ans plus tôt) s'assemblent en France et en Allemagne. Ils gagnent par milliers les ports de Gênes et de Marseille. Sept galères partent de la cité phocéenne. Deux font naufrage. Deux autres abordent en «Barbarie» (royaume d'Alger) où leurs occupants sont vendus en esclavage. D'autres gens passent les Alpes et s'éparpillent en Italie, sans ressources. Certains parviennent à gagner Rome.

 
«LES SEPTIÈME ET HUITIÈME CROISADES», Jacques  Gruber, 1939
«LES SEPTIÈME ET HUITIÈME CROISADES», Jacques Gruber, 1939.
Console : des chrétiens sont martyrisés
Console : des chrétiens sont martyrisés.

La 7e croisade (1247-1254) est celle de saint Louis Gravement malade en 1244, le roi franc fait vœu de se croiser s'il guérit. En 1249, il prend Damiette, puis Mansourah. La contre-attaque égyptienne force les Croisés à la retraite. Saint Louis est fait prisonnier en février 1250 et libéré, à la fin de la même année, contre forte rançon et restitution de Damiette. Il reste en Orient jusqu'en 1254 en tant que chef du royaume franc. La 8e croisade se déroule en 1270. Elle est marquée par l'irruption des Mongols qui conquièrent la Syrie en 1260. Des princes chrétiens s'allient avec eux ; d'autres avec les mamelouks. Ces derniers sont victorieux, se retournent contre leurs alliés francs et s'emparent du royaume franc. En 1267, saint Louis décide de reprendre la croisade. La flotte part d'Aigues-Mortes, mais saint Louis meurt du choléra à Tunis en août 1270. C'en est fini des croisades. Le dernier bastion, Saint-Jean d'Acre, tombera en 1291.

Statue d'un apôtre dans le chœur
Statue d'un apôtre dans le chœur.
Statue de saint Jean dans le chœur
Statue de saint Jean dans le chœur.

«LES SEPTIÈME ET HUITIÈME CROISADES»
«LES SEPTIÈME ET HUITIÈME CROISADES»
Jacques Gruber, 1939.
Lancette de gauche : en bas, saint Louis s'embarque en 1247 à Aigues-Mortes, port qu'il a fondé.
en haut, saint Louis prend Damiette le 4 juin 1249.
Lancette centrale : en haut, saint Louis meurt du choléra le 25 août 1270 à Tunis ; en bas, les croisés pleurent saint Louis.
Lancette de droite : en bas, saint Louis achète les reliques de la Passion, en 1239, à son cousin Baudouin II, empereur latin d'Orient ;
en haut, saint Louis préside à la construction de la Sainte-Chapelle pour abriter les reliques de la Passion (dont la couronne d'épines).

«LES SAINT PROTECTEURS»
«LES SAINT PROTECTEURS»
Jacques, Louis, Ursule et Michel
Jacques Gruber, 1939.
«Les apôtres endormis au Mont des Oliviers,
«Les apôtres endormis au Mont des Oliviers,
La prière de Jésus »
Vitraux du chœur.
«Moïse frappant le rocher d'Horeb», tapisserie de Bruxelles,  XVIIe siècle
«Moïse frappant le rocher d'Horeb», tapisserie de Bruxelles, XVIIe siècle.
«Saint Marc, saint Jean, le lion, l'aigle»
«Saint Marc, saint Jean, le lion, l'aigle»
Vitraux du chœur.

Les vitraux du chœur, à dominante bleue, sont au nombre de cinq. Le fond bleu est constitué de fuseaux empilés. Les bords sont ornés d'une modeste frise de fleurs stylisée. Contrairement aux vitraux de la nef, Jacques Gruber a rendu un certain effet d'élancement par la présence de personnages assez grands et isolés sur le fond bleu. Le tiers inférieur représente les prophètes et les évangélistes, les deux tiers supérieurs illustrent la Passion du Christ, sa mort et sa résurrection. Des médaillons, qui séparent les grandes figures, reprennent des thèmes et des personnages de la Bible.

Statue d'un apôtre dans le chœur
Statue d'un apôtre dans le chœur.
«Jean-Baptiste, Moïse» dans le chœur
«Jean-Baptiste, Moïse» dans le chœur.
«Jésus remet à Pierre les clés du Royaume» dans  le chœur
«Jésus remet à Pierre les clés du Royaume» dans le chœur
Au-dessus : Moïse et le serpent d'airain ; Melchisédech.
Le chœur et l'absidiole nord
Le chœur et l'absidiole nord.
Entre deux piliers on aperçoit l'autel de la Vierge.
Le chœur, les statues des apôtres et les boiseries (XVIIIe siècle?)
Le chœur, les statues des apôtres et les boiseries (XVIIIe siècle ?)
«Thomas, Marie Magdeleine» dans le chœur
«Thomas, Marie Magdeleine» dans le chœur.
«La Résurrection, Peur des gardes» dans le chœur Le bas–côté nord vu du chœur
Le bas-côté nord vu du chœur.
«««--- À GAUCHE
«La Résurrection» et «L'effroi des gardes du tombeau»
Vitraux du chœur, Jacques Gruber, 1939

Source : «Vitraux de l'église du Saint-Sépulcre de Montdidier», brochure éditée par le Cercle Maurice Blanchard +
«Le vitrail en Picardie et dans le nord de la France aux XIX et XXe siècle», ouvrage sous la direction de Nadine-Josette Chaline, Éditions Encrage
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