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La Lutte de Jacob contre l'Ange d'Eugène Delacroix, détail

L'église actuelle de Saint-Sulpice a pris la place d'un petit sanctuaire dédié à Saint-Sulpice-des-Champs, qui remonterait au XIIe siècle. Réédifié, puis agrandi aux XIVe et XVIe siècles, il finit par se révéler insuffisant pour la population de la paroisse (immense avec, disait-on, cent mille personnes) où étaient venus s'implanter couvents et bâtiments. C'est le curé Jean-Jacques Olier (1608-1657), arrivé dans ses fonctions en 1642, qui mit en branle ce qui allait être le très long parcours de la construction de la nouvelle église. Les plans de l'architecte Christophe Gamard sont approuvés en 1645. La première pierre est posée par la régente Anne d'Autriche en février 1646. Les plans prévoient de construire la plus grande église de Paris (119 mètres de long et 57 mètres de large) : l'ancienne église sera totalement englobée (elle se situait au niveau du chœur actuel, de la croisée du transept et de deux travées de la nef). Rien n'empêche donc de bâtir la chapelle axiale et l'ensemble des chapelles rayonnantes, mais pour le sanctuaire, le chœur et la nef, il faudra casser l'ancienne église petit à petit. Gamard meurt en 1649, remplacé un temps par Louis le Vau (1612-1670). Les plans qu'il propose pour le chœur ne plaisant pas, il démissionne. En 1660, c'est l'architecte et ingénieur du Roi, Daniel Gittard (1628-1686), qui prend la suite. Ses plans, qui sont acceptés, couvrent le chœur, le transept et la nef. Ils seront respectés jusqu'à la fin (à part la façade dont le dessin n'est pas encore établi). C'est lui le véritable architecte de Saint-Sulpice.
Le style choisi est le classicisme avec abondance d'éléments corinthiens. La décoration sculptée (chapiteaux, angelots et vases de flammes) fait corps avec la pierre, donnant à l'ensemble un bel équilibre architectural, très ordonné.
Chapelles rayonnantes, chœur et une bonne partie du bras nord du transept sont construits, quand soudain tout s'arrête par manque de fonds. Quarante ans vont passer. C'est l'énergique curé Jean-Baptiste Languet de Cergy (1675-1750) qui fera redémarrer le chantier en 1719 grâce à sa loterie. Elle va remplir les caisses et permettre l'achèvement de la construction dès 1733. On s'occupe alors de la façade. Elle sera l'œuvre de Jean-Nicolas Servandoni (1695-1766) pour les deux premiers étages et de Jean-François Chalgrin (1739-1811) pour les tours.
Pour tous ceux qui visitent Paris, l'église Saint-Sulpice est une étape indispensable. Son architecture est l'exemple même du classicisme. Quant aux décorations, elles ont fortement évolué du XVIIIe au XIXe siècle. Les peintures murales et les fresques des chapelles (parfois un peu défraîchies) méritent un coup d'œil attentif. Chaque chapelle a son peintre dédié. Les sculptures ne cèdent en rien la préséance : Jean-Baptiste Pigalle avec ses deux bénitiers et sa Vierge à l'Enfant dans la chapelle axiale, Louis-Simon Boizot avec son Jean-Baptiste, Bouchardon et ses élèves dans le chœur, enfin les frères Slodtz, avec des bas-reliefs et un somptueux mausolée, offrent à l'église quelques chefs-d'œuvre de l'art de Paris.

La Vierge à L'Enfant de Jean-Baptiste Pigalle, détail
Vue d'ensemble de la nef de Saint-Sulpice
Vue d'ensemble de la nef de Saint-Sulpice.
L'ambition du projet d'origine, au XVIIe siècle, était de construire la plus grande église de Paris.
Au niveau architectural, on remarquera que l'entablement fait le tour complet de l'édifice.
Vue de l'église depuis la place Saint-Sulpice
Vue de l'église depuis la place Saint-Sulpice
L'église, par sa taille, est comparable à la cathédrale de Paris.
La tour sud n'a jamais été achevée à cause de la Révolution.
La tour nord a été construite de 1775 à 1780
La tour nord a été construite de 1775 à 1780 selon les
plans de l'architecte Jean-François Chalgrin (1739-1811).
L'étage du haut est orné des statues des quatre évangélistes.
Les colonnes cannelées doriques de la façade
Les colonnes cannelées doriques de la façade
La Tempérance par Paul-Ambroise Slodtz et René-Michel Slodtz (XVIIIe)
«La Tempérance» par Paul-Ambroise Slodtz et René-Michel Slodtz
Bas-relief sous le porche, XVIIIe siècle.
L'évangéliste saint Luc et son taureau
L'évangéliste saint Luc et son taureau
Premier étage de la tour nord de Saint-Sulpice.
L'évangéliste saint Jean et son aigle
L'évangéliste saint Jean et son aigle
Premier étage de la tour nord de Saint-Sulpice .
Statues réalisées à partir de 1780 par Louis-Simon Boizot (1743-1811) et Louis-Philippe Mouchy (1743-1801)
L'église Saint–Sulpice dans la deuxième moitié du XIXe siècle
L'église Saint-Sulpice dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
Le péristyle du second étage est orné de statues de Simon Boizot et de Louis-Philippe Mouchy.
Elles sont en recul : il n'est pas facile de bien les distinguer depuis la place.
L'intrados du péristyle, de style classique
Le péristyle et son intrados, de style classique.
La Force par Paul–Ambroise Slodtž et René–Michel Slodtž (XVIIIe)
«La Force» par Paul-Ambroise Slodtz et René-Michel Slodtz.
Bas-relief sous le porche, XVIIIe siècle.
La Tempérance des frères Slodtz, détail
«La Tempérance» des frères Slodtz, détail.
Bas-relief sous le porche.
Statue de saint Pierre sous le porche
Statue de saint Pierre sous le porche
par Eugène-Émile Thomas (1817-1882).
À DROITE ---»»»
Une fois quitté la place Saint-Sulpice, on s'aperçoit que l'église est littéralement enchâssée entre les immeubles.
La façade du transept sud présente néanmoins un bel ordonnancement classique à deux niveaux : dorique et ionique.

La façade de Saint-Sulpice. La construction de l'église a commencé par la chapelle axiale, le déambulatoire, puis le chœur, le transept et la nef. Vint la nécessité en 1726 de choisir une façade. C'est l'architecte, peintre et décorateur Jean-Nicolas Servandoni (1695-1766) qui sortit vainqueur du concours. Son projet, de style classique, présente le concept innovant de deux péristyles superposés, bordés de deux tours latérales. Cette architecture, qui fait la part belle aux lignes droites, fera école. Chaque péristyle soutient une série de linteaux, le tout est couronné d'un large fronton.
Mais ce genre de façade ne se conçoit que précédé d'un grand parvis : il faut donc dégager l'espace et, pour cela, racheter les bâtiments qui s'y trouvent... pour les démolir. La Fabrique s'y emploie. En attendant, Servandoni fait construire l'emmarchement, haut de deux mètres, qui conduira de la place à l'entrée de l'église.
En 1766 l'architecte meurt. Les tours sont à peine commencées. Devant la nouveauté du projet, le roi demande à l'Académie de se prononcer. Faut-il continuer selon les plans ou les modifier? Deux idées sont en présence, concernant le fronton et la forme des tours (rondes, carrées ou polygonales). Une solution moyenne sera retenue et le fronton construit. Quant aux tours, après un essai malheureux sur un plan de Mac'Laurin, c'est le projet de Jean-François Chalgrin (1739-1811) qui servira de guide : un étage bas carré et non plus polygonal, avec pilastres, ainsi qu'un fronton triangulaire ; au-dessus, une tour en rotonde et non pas le campanile du plan de Servandoni. La construction de la tour nord reprit en 1775 et s'acheva en 1780. La tour sud, à cause de la Révolution, ne fut jamais achevée.
Source : De pierre et de cœur, l'église Saint-Sulpice, 350 ans d'histoire aux Éditions du Cerf, 1996. Article Chronique d'un long chantier par Yves Boiret.

La Foi par Paul-Ambroise Slodtz et René-Michel Slodtz (XVIIIe)
«La Foi» par Paul-Ambroise Slodtz et René-Michel Slodtz (XVIIIe)
Bas-relief sous le porche.
«La Foi» des frères Slodtz, détail «La Foi» des frères Slodtz, détail.
Bas-relief sous le porche.
Le transept sud
Le transept sud.
C'est le Régent qui vint poser la première pierre apparente du
portail sud, dit portail Saint-Jean-Baptiste, le 4 décembre 1719.
La Justice avec le glaive et le Livre de la Loi
«La Justice» avec le glaive et le Livre de la Loi.
Bas-relief par Paul-Ambroise Slodtz et René-Michel Slodtz, XVIIIe siècle.
Le côté sud de l'église avec le pélican
Le côté sud de l'église avec le pélican sur le dôme de droite.
L'orateur J.-B. Massillon, évêque de Clermont
L'orateur J.-B. Massillon, évêque de Clermont
sur la fontaine de Viconti.
La place Saint-Sulpice devant l'église
La place Saint-Sulpice devant l'église
et sa célèbre fontaine due à Louis Visconti (1791-1853).

Pour l'orner, l'architecte fit sculpter quatre des grands orateurs chrétiens
français du XVIIe siècle : Bossuet, Massillon, Fénelon et Fléchier.
Aucun n'ayant été nommé cardinal, la fontaine fut surnommée : «Fontaine de points cardinaux»
Le pélican sur le dôme d'un bâtiment sud du chevet
Le pélican sur le toit à l'impériale de la chapelle
de l'Assomption (partie sud du chevet)
(XVIIIe siècle ?)
Il faut de bons yeux ou une paire de jumelles
pour voir ce très beau pélican à l'angle de
la rue Palantine et de la rue Garancière.

Qui a financé la construction de l'église Saint-Sulpice (1/2) ?
Pour tous les édifices religieux, le financement de base a toujours été les dons et les legs des particuliers, ou encore les aumônes des pèlerins quand l'édifice profitait de la présence des reliques d'un saint. À cela s'ajoutait quelquefois un don important venant d'une tête couronnée régionale ou nationale. Les autres sources de financement divergent. Pour la construction de la cathédrale d'Amiens, par exemple, le chapitre, au XIIIe siècle, aspira les ressources des autres paroisses de la ville. Et ceci pendant plusieurs décennies. À Dole (Jura), au XVIe siècle, les notables achetèrent sur plan, dans la future église Notre-Dame, des espaces de prière (qui seront les chapelles d'enceinte et les chapelles de pilier). À Saint-Sulpice, en plein XVIIIe siècle, c'est par une loterie que l'on put continuer, puis achever la construction de cet imposant monument qui se voulait être la plus grande église de Paris.
1645 : c'est le tout début des travaux de la nouvelle église Saint-Sulpice. La chapelle de la Vierge, future chapelle axiale, est le premier élément qui sera bâti. En octobre, le jeune roi Louis XIV (il a sept ans) signe, en présence de la Reine régente, des lettres patentes autorisant la maîtrise d'œuvre à recevoir legs, fondations et donations. Survient la Fronde qui ralentit le chantier, aggravée de désaccords sur les projets présentés et de démissions d'architectes. En 1660, après dix ans d'interruption, les travaux reprennent. Le chœur et les neuf chapelles du déambulatoire sont érigés, puis, en 1674, ce sont les quatre grandes piles de la croisée. En 1676, le bras nord du transept sort de terre. Le chœur de l'ancienne église (qui entrave la construction) est alors détruit. Mais, en 1678, le financement se tarit, les caisses sont vides. De plus, un énorme passif est découvert. Il faut se rendre à l'évidence : les legs, fondations et donations ne suffisent pas pour une entreprise d'une telle envergure. La situation financière est même désastreuse : cinq cent mille livres de dettes. Les entrepreneurs réclament le paiement de leurs créances. Les commissaires du Roi n'ont pas le choix : ils font vendre tous les biens de la Fabrique (qui n'aura donc plus de revenus). Mais on peut au moins régler les intérêts. En janvier 1689, c'est le Conseil d'État qui s'en mêle. Un arrêt du Conseil crée une taxe extraordinaire qui vient frapper les 125 000

paroissiens (!) de Saint-Sulpice. Cette taxe, qui majore les impôts sur les boues et les lanternes, va subsister pendant douze ans. C'est le prix à payer pour rembourser le principal de la dette.
Quarante ans vont passer. Rien n'est plus construit. La nouvelle église utilisera la nef de l'ancienne... avec un dénivelé de quatre mètres (car la vieille église datait du XIIe siècle et le niveau naturel du sol était monté au cours des âges - de plus les plans du nouvel édifice prévoyaient un premier niveau surélevé). Le transept n'est pas terminé, le bras sud n'existe pas. L'aspect du quartier est celui que donne un chantier interrompu, avec les nuisances inévitables pour les riverains et une maison du culte difforme, proie des intempéries.
En 1714, un abbé énergique est nommé à la cure : Jean-Baptiste Languet de Cergy (1675-1750). Il secoue ses paroissiens et leur redonne le goût de la gloire de leur église. Il obtient ainsi des dons importants. Mais surtout il organise une loterie qui va remplir les caisses et assurer, dès 1719, la poursuite du chantier avec l'architecte Gilles Oppenord (1675-1742), directeur des Bâtiments du duc d'Orléans et élève de Jules-Hardouin Mansart. Le chantier s'achèvera vers 1745 (façade exclue).
Détaillons ici l'action de Languet de Cergy en précisant que la Fabrique ne l'a pas aidé. Refroidie par la quasi-faillite de 1678 et la vente de tous ses biens, celle-ci refuse de s'engager à payer les travaux et, en plus, interdit le recours à l'emprunt. Néanmoins, en septembre 1718, Languet de Cergy passe à l'action. Avec un petit legs, il achète des pierres qu'il fait déposer au coin des rues. Ensuite, il fait distribuer un tract où est dessinée l'église inachevée, ouverte à tous les vents. Au premier plan figure saint Sulpice en personne, accompagné de prélats, qui exhorte les riches paroissiens (et tous les autres) à donner. Un petit texte en vers essaie d'amadouer les cœurs. La campagne paya et les dons affluèrent. Quand il eut récolté dix-huit mille livres, Monsieur Languet demanda à l'architecte Gilles Oppenord de dresser les plans de ce qu'il restait à construire. Et, dès 1719, les travaux reprirent.
Vint la loterie dont l'idée fut soumise au Régent. Les arguments en sa faveur ne manquaient pas : une loterie avait déjà été utilisée en 1705 pour permettre   ---»»»

Le porche et ses bas–reliefs sur la partie supérieure (dus aux frères Slodtž)
Le porche et ses bas-reliefs sur la partie supérieure (dus aux frères Slodtz)

Qui a financé... (2/2)  ---»»» l'achèvement des travaux de l'église Saint-Roch ; d'autre part, la poursuite du chantier donnerait à l'évidence du travail à des centaines d'ouvriers, trop souvent sans emploi ; enfin, le but ultime était de remplacer un édifice difforme qui défigurait le quartier par un monument qui promettait d'être l'un des plus beaux de Paris. Début janvier 1721, le Conseil d'État autorisa la création d'une loterie pour trois ans, «au bénéfice de quinze pour cent».
Le tirage était mensuel et redistribuait donc 85% des fonds recueillis. Le prix du billet était de vingt sols (c'est-à-dire une livre), un billet sur cent était gagnant. Pour un fonds disponible de cent mille livres, le gros lot s'élevait à dix mille livres. Les prix étaient payés en espèces. Les sources consultées n'indiquent nulle part que l'État prélevait un impôt au passage...
La loterie, qui dura non pas trois ans, mais vingt-cinq, mit la paroisse à l'abri des difficultés financières. Les auteurs ne sont pas d'accord sur le montant des gains. Certains parlent de douze millions de livres. Le biographe de l'église, Charles Hamel, opine plutôt pour une somme de deux à trois millions. Ce qui est déjà considérable et montre que la loterie marchait fort. Elle le pouvait : des familles très aisées s'étaient fait construire, lors des décennies précédentes, de beaux hôtels dans des terrains libérés par l'Université et l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et tout cela dans le périmètre de la paroisse. Charles Hamel, cité par Michel Portal [référence infra] précise qu'il fallait environ deux millions de livres pour terminer l'église. À ces ressources il faut aussi ajouter les dons et les legs que l'énergique curé savait attirer.
Jean-Baptiste Languet de Cergy mourut en 1750, après avoir assuré sa charge pendant trente-quatre ans. La Fabrique, reconnaissante et qui jouissait alors de finances saines, fit exécuter par «Michel-Ange» Slodtz le magnifique mausolée que l'on peut voir aujourd'hui dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste.
Terminons par les dernières modifications qui vinrent frapper la loterie. Au bout de vingt-cinq ans, en 1746, le Conseil d'État exigea le partage des profits : une moitié pour Saint-Sulpice (dont la façade restait encore à construire) ; l'autre moitié à l'hôpital des Quinze-Vingts pour la rénovation de ses bâtiments. Cette requête venait du cardinal de Rohan, Grand Aumônier et Supérieur de l'Hôpital Royal des Quinze-Vingts Aveugles. Ajoutons que, sur cette moitié pour le cardinal, on préleva dix mille livres par an pendant dix ans pour la construction de l'église paroissiale de Saint-Germain-en-Laye.
En 1754, les billets de trois loteries parisiennes (dont celles de Saint-Sulpice) augmentèrent de 20% : il fallait reconstruire l'église des Chanoines réguliers de Sainte-Geneviève ; on en profita aussi pour ajouter de nouveaux lots.
En 1762, nouveaux arrêts du Conseil. La loterie devient Loterie de Piété et d'Utilité publique. La moitié des bénéfices vont au curé de la Madeleine pour la construction d'un nouveau lieu de culte, une somme étant prélevée sur cette moitié en faveur de l'abbaye Sainte-Geneviève.
Sources: 1) De pierre et de cœur, l'église Saint-Sulpice, 350 ans d'histoire aux Éditions du Cerf, 1996. Articles Architecture d'Yves Boiret et Les loteries de Saint-Sulpice par Michel Portal ; 2) Brochure Saint-Sulpice, vendue dans l'église.

Le bénitier de Jean-Baptiste Pigalle avec le crabe
Le bénitier de Jean-Baptiste Pigalle avec le crabe
LES DEUX BÉNITIERS DE L'ÉGLISE SAINT-SULPICE
SONT DES INCONTOURNABLES À NE PAS MANQUER.
Le bénitier de Jean-Baptiste Pigalle avec la pieuvre
Le bénitier de Jean-Baptiste Pigalle avec la pieuvre.

Le sculpteur Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785) a fait reposer les deux tridacnes géants (offerts par la République de Venise) sur des supports en marbre reproduisant un décor marin. Ci-dessus, le bénitier avec la célèbre pieuvre.

L'élévation droite de la nef avec la chaire à  prêcher
L'élévation droite de la nef avec la chaire à prêcher.

L'architecture de la nef, de style très classique, est due à Gilles-Marie Oppenord (1672-1742), l'architecte qui a poursuivi la construction de l'église en 1719, après une interruption de quarante ans pour manque de fonds. Quant aux vitraux, rappelons que, au XVIIIe siècle, la mode était à la clarté. On voit que le second étage de la nef comprend une série de grandes fenêtres en verre blanc. Saint-Sulpice est une église qui bénéficie d'une très grande luminosité.

La pieuvre en marbre sculptée par Jean-Baptiste Pigalle
Le crabe de J.-B. Pigalle sur le bénitier de gauche
Le crabe de J.-B. Pigalle sur le bénitier de gauche.
«««--- À GAUCHE
La magnifique pieuvre en marbre
de Jean-Baptiste Pigalle sur le bénitier droit.

Saint-Sulpice après le Concordat et la décoration des chapelles.
Charles de Pierre (1762-1836) fut nommé curé de Saint-Sulpice après le Concordat de 1802. L'église était dans un sale état. Il s'employa à la remettre à flot, notamment en la remeublant. Il récupéra des statues qu'Alexandre Lenoir avait fait saisir, puis entreposer au tout nouveau Musée des monuments français. Il retrouva des tableaux et divers objets qu'il racheta, et même les boiseries de la chapelle du Sacré-Cœur. Mais ce n'est qu'à partir de la Restauration, et surtout de 1824, avec le montée sur le trône de Charles X et l'arrivée des ultras, que l'église put espérer retrouver son ancienne splendeur. On doit en outre à Charles de Pierre le maître-autel et l'orfèvrerie du chœur.
L'église Saint-Sulpice est riche de multiples peintures murales et fresques. Certaines, en 2015, sont d'ailleurs en mauvais état (ce qui est visible sur bien des photos de cette page). On doit l'initiative de ces créations artistiques à la municipalité de Paris. Entre 1820 et 1875, celle-ci commanda à des peintres de renom la décoration de toutes les chapelles latérales et rayonnantes, sans oublier quatre grandes toiles dans le transept. Le matériau à utiliser (peinture ou fresque) porta d'ailleurs à débat (voir plus bas). Quelques grands noms furent sollicités, comme Eugène Delacroix (1798-1863) pour la chapelle des Saints-Anges et dont les peintures évidemment suscitèrent la polémique. On demanda en 1824 à Jean-Dominique Ingres (1780-1867) de prendre en charge la chapelle des Âmes-du-Purgatoire (à cette époque, dédiée à sainte Anne et située juste à côté), mais il déclina l'offre. Refus qui a privé la postérité d'une comparaison artistique prometteuse. D'autres peintres comme Alexandre Abel de Pujol, François Heim ou encore Alexandre Hesse étaient des spécialistes de la décoration d'églises.
Le site patrimoine-histoire.fr vous propose deux pages sur l'église Saint-Sulpice. Dans la première, sont présentées toutes les chapelles latérales, le transept et le chœur. Dans la seconde, toutes les chapelles du déambulatoire, dont la très belle chapelle de la Vierge.
Source : Saint-Sulpice, brochure vendue dans l'église.

CHAPELLE LATÉRALE SUD DES SAINTS-ANGES
«Le Combat de Jacob avec l'Ange» par Eugène  Delacroix (1798-1863)
«Le Combat de Jacob avec l'Ange»
Peinture murale par Eugène Delacroix (1798-1863).
Chapelle des Saints-Anges.
«Le Combat de Jacob avec l'Ange», détail
«Le Combat de Jacob avec l'Ange», détail
Peinture murale par Eugène Delacroix (1798-1863).
Chapelle des Saints-Anges.
L'ange, dont le visage est très serein, repousse
sans difficultés les efforts de Jacob pour le contraindre.

Chapelle des Saints-Anges. Cette chapelle latérale (la première sur la droite en entrant dans l'église) est l'une des plus intéressantes. L'auteur de ses œuvres peintes est en effet Eugène Delacroix (1798-1863). L'artiste a mis six années, de 1855 à 1861 (et en s'aidant d'un assistant), pour créer les deux grandes peintures à l'huile et à la cire , ainsi que la voûte qui est une toile marouflée. Les écoinçons reçoivent des grandes peintures d'anges en grisaille.
La lutte de Jacob avec l'Ange, sujet de l'un des deux grands décors muraux, est le seul thème de la Bible où l'on voit un mortel se battre avec un être céleste. Jacob se bat toute une nuit pour que l'ange le bénisse. En réponse, l'ange lui apprend qu'on ne l'appellera plus Jacob, mais Israël, c'est-à-dire «fort en face de Dieu». Ce sera donc le nom du peuple juif, descendant de Jacob. On lit ce commentaire instructif dans la note explicative exposée dans la chapelle : «Dans l'interprétation de Delacroix, l'ange soutient avec sérénité les efforts désordonnés de l'homme qui ne veut pas se soumettre. C'est la traduction de notre combat intérieur quotidien où nous devons découvrir que Dieu n'est pas contrainte, mais liberté, et que c'est de nous-mêmes que nous devons triompher.»
Le second décor mural, Héliodore chassé du Temple, montre des êtres célestes jetant à terre l'envoyé du roi Seleucus V, venu à Jérusalem pour s'emparer des trésors du Temple. Il es assailli par un cheval fougueux monté par un ange à l'armure d'or et fouetté par un autre ange qui descend du ciel.

«Saint Michel terrassant le dragon» par Eugène Delacroix (1798–1863)
«Saint Michel terrassant le dragon» par Eugène Delacroix (1798-1863).
Toile marouflée sur la voûte de la chapelle des Saints-Anges.
CHAPELLE LATÉRALE SUD DES ÂMES-DU-PURGATOIRE
La chapelle des Âmes-du-Purgatoire
La chapelle des Âmes-du-Purgatoire
et sa belle Pietà de Jean-Baptiste Clésinger (1814-1883).
Le vitrail est de 1873.
La Prière pour les morts
«La Prière pour les morts obtient la délivrance
des âmes qui souffrent dans le purgatoire»
par François-Joseph Heim (1787-1865).
Chapelle des Âmes-du-Purgatoire.

La Pietà de Clésinger en gros plan ---»»»
Le Christ, la Vierge et Marie-Madeleine.
Le bas-côté nord vu depuis le transept
Le bas-côté nord vu depuis le transept.
CHAPELLE DES SAINTS-ANGES
«Héliodore chassé du Temple» par Eugène Delacroix (1798–1863)
«Héliodore chassé du Temple»
Peinture murale par Eugène Delacroix (1798-1863).
Chapelle des Saints-Anges.
«Héliodore chassé du Temple», détail
«Héliodore chassé du Temple», détail
Peinture murale par Eugène Delacroix (1798-1863).
Chapelle des Saints-Anges.

Eugène Delacroix à Saint-Sulpice. À l'époque où il peignait la chapelle des Saints-Anges, le curé de l'église avait interdit à l'artiste de travailler le dimanche. Delacroix en était fort contrarié car la musique des offices le jetait dans un tel état d'exaltation qu'il travaillait deux fois plus les dimanches de messes chantées. Avec son assistant, il résolut de jouer un tour au gardien chargé de surveiller l'application des consignes. La chapelle, pendant les travaux, était close par une palissade et une porte. Un samedi soir, les deux compères installèrent un mannequin, vêtu comme le peintre, assis sur une chaise. Le dimanche matin, le gardien passa vérifier que personne ne travaillait. Appliquant son œil au trou de la serrure, il vit le mannequin, le prit pour Delacroix et frappa à la porte pour chasser cet irrespectueux. Pas de réponse, il enfonça la porte. Delacroix et son complice sortirent de leur cachette et surprirent notre homme... en flagrant délit d'effraction. Et Delacroix put enfin travailler le dimanche. Source : De pierre et de cœur, l'église Saint-Sulpice, 350 ans d'histoire aux Éditions du Cerf, 1996. Article Autour de Saint-Sulpice par Michel Portal.

CHAPELLE DES ÂMES-DU-PURGATOIRE
La Pietà de Clésinger, détail
L'ange à gauche de la Pietà
L'ange à gauche de la Pietà.
Chapelle des Âmes-du-Purgatoire.
La Pietà de Jean–Baptiste Clésinger (1814–1883)
La Pietà de Jean-Baptiste Clésinger (1814-1883).
Chapelle des Âmes-du-Purgatoire.
La Crucifixion, vitrail de l'atelier Chabin, 1873
La Crucifixion, vitrail de l'atelier Chabin, 1873.
Chapelle des Âmes-du-Purgatoire.
CHAPELLE SAINT-JEAN-BAPTISTE-DE-LA-SALLE
«Saint Roch priant pour la guérison des pestiférés»
«Saint Roch priant pour la guérison des pestiférés
dans un hôpital de Rome» par Abel de Pujol (1785-1861).
Peinture à fresque, 1822
Chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle.
CHAPELLE LATÉRALE SUD SAINT-JEAN-BAPTISTE-DE-LA-SALLE
Statue de saint Jean-Baptiste de la Salle
Statue de saint Jean-Baptiste de la Salle
par Alexandre Falguière (1831-1900).
Pendentif de la voûte
Pendentif de la voûte
par Alexandre-Denis Abel de Pujol (1785-1861).
Peinture à fresque, 1822.
Vue d'ensemble de la chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle
Vue d'ensemble de la chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle.
Toutes les peintures sont à fresque, réalisées par le peintre
Alexandre-Denis Abel de Pujol (1785-1861).
Couronnement du vitrail de la chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle
Couronnement du vitrail de la chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle.
On reconnaît la devise des Écoles chrétiennes fondées par le saint : «INDIVISA MANENT» (que rien ne nous sépare)
ainsi que le blason (trois chevrons d'or).

Ayant été restaurée, la chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle est l'une des plus belles de l'église. Les peintures à fresque d'Abel de Pujol retracent deux épisodes de la vie de saint Roch, ainsi qu'une allégorie de son apothéose sur la voûte.

«Saint Roch venant d'expirer dans une prison de Montpellier,
«Saint Roch venant d'expirer dans une prison de Montpellier,
sa ville natale» par Abel de Pujol (1785-1861).
Peinture à fresque, 1822
Chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle.
«Saint Roch priant pour la guérison des pestiférés»
«Saint Roch priant pour la guérison des pestiférés dans un hôpital
de Rome» par Abel de Pujol, Détail central.
Peinture à fresque, 1822
Chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle.
«L'Apothéose de saint Jean-Baptiste-de-la-Salle»  par Abel de Pujol
«L'Apothéose de saint Jean-Baptiste-de-la-Salle» par Abel de Pujol.
Peinture à fresque, 1822
Voûte de la chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle.
Saint-Jean-Baptiste de la Salle
Saint-Jean-Baptiste de la Salle
Médaillon central dans le vitrail de
la chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle.
Pendentif de la voûte : «Roma»
Pendentif de la voûte : «Roma»
Peinture à fresque, 1822
Chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle.

Il y a beaucoup de chapelles dédiées à Jean-Baptiste de la Salle (1651-1719) dans les églises de France. Cette présence est justifiée car ce saint, contemporain de Louis XIV, a consacré sa vie à l'éducation et à l'instruction des jeunes enfants des classes populaires, activité que les Jésuites assuraient pour les classes aisées. À Saint-Sulpice, il a d'autant plus droit à sa chapelle qu'il a été formé à la prêtrise à la Sorbonne et au séminaire de Saint-Sulpice.

CHAPELLE LATÉRALE SUD SAINT-MAURICE-ET-SAINTE-JEANNE D'ARC
La voûte de la chapelle Saint-Maurice par Auguste Vinchon (1789-1855)
La voûte de la chapelle Saint-Maurice par Auguste Vinchon (1789-1855)
On remarquera que la frise dorée qui entoure l'Apothéose est peinte en trompe-l'œil.

La décoration de cette chapelle date de 1824.
Les peintures à fresque sont dues à Auguste Vinchon.
Vue d'ensemble de la chapelle Saint-Maurice-et-Sainte-Jeanne d'Arc
Vue d'ensemble de la chapelle Saint-Maurice-et-Sainte-Jeanne d'Arc.

Les décorations des chapelles : la rivalité entre la fresque et la peinture murale. La Restauration est une époque d'intense renouveau religieux, notamment dans les arts. Artistes, prélats et passionnés débattent de la meilleure technique pour décorer les églises. Peinture murale (à la cire), peinture à l'huile (comme les tableaux de maître) ou encore fresque, que privilégier? Tout part de deux principes simples : une peinture religieuse dans une église ne doit pas être érigée à la gloire de l'artiste, mais à celle de Dieu, du saint qu'elle dépeint et de son action parmi les hommes ; d'autre part, un retour aux sources, au décor mural d'avant Raphaël, celui de Giotto ou de Masaccio serait propre à élever l'âme des fidèles. Exit donc la peinture à l'huile, jugée trop chatoyante. De 1820 à 1880, Saint-Sulpice fait partie des grands édifices parisiens où les artistes ont pu exprimer leurs talents en appliquant les recettes en vogue : peinture à la cire ou à la détrempe et fresque.
Quatre chapelles de l'église sont peintes à fresque (à secco, pour les puristes, et non pas à fresco). Cette expérience s'insère dans le renouveau et la gloire des arts disparus. Car ils portent leur exigence. En effet la fresque est comme le marbre : aucun repentir, aucune erreur ne sont autorisés. Alexandre-Denis Abel de Pujol (1785-1861) s'y essaya dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle, dans des illustrations de la vie de saint Roch. Auguste Vinchon (1789-1855) fit de même dans la chapelle Saint-Maurice et Alexandre-Charles Guillemot (1787-1831)

dans la chapelle Saint-Vincent-de-Paul. Enfin, Victor-Louis Mottez (1809-1897) réalisa deux fresques magistrales dans la chapelle Saint-Martin. Comme le souligne Bruno Horaist dans l'article cité en source, son style rappelle celui de Giotto et de Masaccio plutôt que celui du Perugin. La fresque de Saint Martin partageant son manteau est donnée à la seconde page de l'église Saint-Sulpice dans ce site.
À l'époque, les résultats de ces peintures à fresque furent jugés décevants. Était-ce dû à une technique mal maîtrisée? Certains critiques regrettèrent même que les artistes soient sortis de leur pratique favorite : la peinture à l'huile. Aujourd'hui bien sûr on les voit d'un autre œil. Les goûts ont changé. Ce qui apparaissait au XIXe siècle comme un manque de beauté formelle, voire clinquante, dans un décor passe après l'intérêt historique, surtout quand s'y attache la volonté, manifestée par le XIXe siècle, de retourner à une pratique perdue.
Les autres peintres mis à contribution dans l'église Saint-Sulpice s'en tinrent à des moyens traditionnels, ceux qu'offrait la peinture murale à la détrempe ou à la cire, comme Eugène Delacroix dans la chapelle des Saints-Anges. Ce mode de peinture autorisait les retouches et assurait un coloris - très apprécié - proche de la peinture à l'huile pratiquée sur chevalet.
Source : De pierre et de cœur, l'église Saint-Sulpice, 350 ans d'histoire aux Éditions du Cerf, 1996. Article Un nouvel art sacré par Bruno Horaist.

«Saint Maurice et ses compagnons massacrés par l'armée  romaine»
«Saint Maurice et ses compagnons massacrés par l'armée romaine»
par Auguste Vinchon (1789-1855)
Peinture à fresque
Chapelle Saint-Maurice-et-Sainte-Jeanne d'Arc.


À DROITE ---»»»
La Charité (vertu théologale) dans un écoinçon de la voûte
de la chapelle Saint-Maurice-et-Sainte-Jeanne d'Arc
par Auguste Vinchon (1789-1855)
Peinture à fresque

«Les anges préparant l'Apothéose de saint Maurice» par Auguste Vinchon (1789–1855)
«Les anges préparant l'Apothéose de saint Maurice» par Auguste Vinchon (1789-1855)
Peinture à fresque
Chapelle Saint-Maurice-et-Sainte-Jeanne d'Arc.
La Charité sur la voûte de la chapelle Saint-Maurice-Sainte-Jeanne d'Arc Détail d'un écoinçon de la voûte
Détail d'un écoinçon de la voûte de
la chapelle Saint-Maurice : la Force (vertu cardinale) apporte la palme du martyre à saint Maurice.
Chapelle Saint-Maurice-et-Sainte-Jeanne d'Arc.
CHAPELLE LATÉRALE SUD SAINT-JEAN-BAPTISTE
Bordure à motifs floraux
Bordure à motifs floraux
Vitrail du XVIIe siècle.
Le bas–côté droit vu du transept avec sa suite de chapelles latérales
Le bas-côté droit vu du transept avec sa suite de chapelles latérales.
Au premier plan, la chapelle Saint-Jean-Baptiste et le monument funéraire du curé Languet de Cergy.
Vue d'ensemble de la chapelle Saint-Jean-Baptiste
Vue d'ensemble de la chapelle Saint-Jean-Baptiste.

Le monument funéraire du curé Languet de Cergy représente la lutte de l'Immortalité contre la Mort. Un ange soulève le voile funèbre qui recouvrait le prélat. Aussitôt, à droite, la Mort s'enfuit, effrayée par l'espérance de la Vie éternelle et de la Résurrection, ce qu'attend humblement le prélat, les deux mains tendues. Une œuvre au très fort symbole, réalisée de 1756 à 1758.

«««--- À GAUCHE
Bordure à motifs floraux d'un vitrail du XVIIe siècle dans une chapelle latérale
(Les lettres «SVP» ci-contre indiquent que ce vitrail se trouve dans la chapelle Saint-Vincent-de-Paul.)

La chapelle Saint-Jean-Baptiste ne resplendit pas par la beauté de ses peintures, mais par ses deux magnifiques œuvres d'art en marbre : un saint Jean-Baptiste prêchant de Louis-Simon Boizot (1743-1809) et le monument funéraire du curé Languet de Cergy réalisé par René-Michel Slodtz (1705-1764), sculpteur que les habitants de Rome surnommaient Michel-Ange (il passa une bonne partie de sa vie dans la Ville éternelle).
Le curé Languet de Cergy (1675-1750) est une figure qui compte dans l'histoire de Saint-Sulpice. Ce prélat insuffla à la Fabrique et à ses paroissiens une telle énergie qu'il fit repartir sur de bons rails, en 1719, la construction de l'édifice interrompue depuis quarante ans. Languet recueillit des dons importants et reçut du roi le droit d'organiser une loterie pour financer les travaux de construction (voir plus haut).

Statue de Jean-Baptiste par Louis-Simon Boizot (1743-1809)
Statue de Jean-Baptiste par Louis-Simon Boizot (1743-1809)
Chapelle Saint-Jean-Baptiste.
Monument funéraire du curé Languet de Cergy par René–Michel Slodtž (1705–1764)
Monument funéraire du curé Languet de Cergy par René-Michel Slodtz (1705-1764)
Chapelle Saint-Jean-Baptiste.
Saint Jean-Baptiste
Saint Jean-Baptiste
Médaillon central du vitrail
XVIIe siècle
Chapelle Saint-Jean-Baptiste.

Louis-Simon Boizot (1743-1809). Ce grand artiste est connu essentiellement à travers ses petites scènes sculptées, éditées en biscuit par la Manufacture de Sèvres. À partir de 1781, il fut d'ailleurs chargé de superviser toutes les éditions de biscuit de l'établissement. Boizot était aussi un véritable sculpteur. En 1776, il reçut la commande d'un grand bas-relief Saint Paul prêchant au milieu des sages de l'aréopage pour l'église Sainte-Geneviève. Malheureusement, comme toutes les importantes œuvres sculptées de cette église, elle a disparu sous la Révolution, quand Sainte-Geneviève devint le temple de la Renommée. En 1777, Boizot est engagé pour la décoration de Saint-Sulpice, sans doute à l'initiative de l'architecte Jean-François Chalgrin (1739-1811) à qui il est apparenté. En effet, Chalgrin a épousé la fille du peintre Joseph Vernet (1714-1789), alors que Boizot a épousé sa nièce. C'est aussi en 1777 que Chalgrin reçoit la charge de terminer la façade, en particulier - et selon son propre plan - les tours.
Une fois la tour nord achevée (1780) , Chalgrin s'adressa aux sculpteurs Louis-Simon Boizot et Louis-Philippe Mouchy (1743-1801) pour les grandes statues des quatre évangélistes à l'étage supérieur (voir plus haut). L'état des archives ne permet malheureusement pas de savoir qui a fait quoi. Chalgrin commanda aussi à ces deux sculpteurs les trois grandes statues de pierre, restées d'ailleurs inachevées, situées dans la galerie du premier étage du portail : La Paix, La Religion et Saint Sulpice. Là encore, on ne sait pas qui à fait quoi. Boizot fut aussi chargé de la décoration sculptée de la chapelle des fonts baptismaux sous la tour nord. Petits bas-reliefs, statues et grand bas-relief du Baptême de Jésus-Christ sont toujours en place, mais en plâtre. Les difficultés financières de la Fabrique n'ont jamais permis à Boizot de créer leur version en pierre. Source : Louis-Simon Boizot (1743-1809), Musée Lambinet, Somogy, Éditions d'Art, 2001.

La nef et les arcades nord avec le banc d'œuvre et le Christ en croix d'Étienne–Hippolyte Maindron (1860)
La nef et les arcades nord avec le banc d'œuvre et le Christ en croix d'Étienne-Hippolyte Maindron (1860).
Statue de Jean-Baptiste par Louis-Simon Boizot, détail
Statue de Jean-Baptiste par Louis-Simon Boizot, détail.
Chapelle Saint-Jean-Baptiste.
Monument funéraire du curé Languet de Cergy, détail
Monument funéraire du curé Languet de Cergy, détail.
par René-Michel Slodtz (1705-1764)
Chapelle Saint-Jean-Baptiste.
Le prélat tend les bras vers l'espérance de la Résurrection.
LE BANC D'ŒUVRE ET LA CHAIRE À PRÊCHER
La chaire à prêcher de Charles de Wailly (1729 ou 1730 - 1798)
La chaire à prêcher de Charles de Wailly (1729 ou 1730 - 1798).

La chaire à prêcher de Saint-Sulpice, réalisée en 1788, est une pièce d'architecture aussi originale que magnifique. Elle donne l'impression d'être en suspension dans l'air. Son créateur, Charles de Wailly, également auteur du théâtre de l'Odéon, n'a pas voulu réaliser une nième chaire adossée à une colonne de la nef. Son projet, d'un style très classique, était novateur pour l'époque. Sa chaire est marquée par un grand sens de l'équilibre tant au niveau des formes que des couleurs. Les allégories des vertus théologales (Foi et Espérance), figées sur les piédestaux, semblent peser de tout leur poids pour stabiliser cette élégante construction que sa légèreté apparente semble menacer d'écroulement. Sur l'abat-voix, la Charité (troisième vertu théologale) a été sculptée dans le bois par Jacques-Edme Dumont.

Détail décoratif sur la cuve de la chaire à prêcher
Détail décoratif sur la cuve de la chaire à prêcher.
«La Charité» sur l'abat–son de la chaire à prêcher
«La Charité» sur l'abat-son de la chaire à prêcher.
Bois doré sculpté par Jacques-Edme Dumont (1761-1844).
Le Christ en croix d'Étienne-Hippolyte Maindron
Le Christ en croix d'Étienne-Hippolyte Maindron
(1801-1884) au-dessus du banc d'œuvre (bronze, 1860).
«L'Espérance» sculptée par Louis-François  Guesdon
«L'Espérance» sculptée par Louis-François Guesdon
sur le piédestal droit de la chaire à prêcher.
«La Foi» sculptée par Louis-François Guesdon
«La Foi» sculptée par Louis-François Guesdon
sur le piédestal gauche de la chaire à prêcher.
CHAPELLE LATÉRALE NORD DU SACRÉ-CŒUR
Vue d'ensemble de la chapelle du Sacré-Cœur
Vue d'ensemble de la chapelle du Sacré-Cœur
et de ses boiseries du XVIIIe siècle.

Les boiseries sont enrichies de bas-reliefs en bois sculptés
par Brun au XIXe siècle (voir le pélican ci-contre à droite).
«Les peuples du monde entier»
«Les peuples du monde entier en adoration
devant le Sacré-Cœur»
par Jean-Simon Berthélemy (1743-1811).
Chapelle du Sacré-Cœur.
Le Christ en croix, sculpté par Brun, XIXe siècle, détail
Le Christ en croix, sculpté par Brun, XIXe siècle, détail
Chapelle du Sacré-Cœur
Le pélican sur le soubassement du maître-autel, XIXe siècle
Le pélican sur le soubassement du maître-autel, XIXe siècle.
Chapelle du Sacré-Cœur.
L'autel de la chapelle du Sacré-Cœur, XIXe siècle
L'autel de la chapelle du Sacré-Cœur, XIXe siècle.
Bas-reliefs en bois sculptés par Brun.
L'incrédulité de saint Thomas, bronze, XIXe s.
L'incrédulité de saint Thomas, bronze, XIXe s.
sur le tabernacle de l'autel de la chapelle.
CHAPELLE LATÉRALE NORD SAINT-VINCENT-DE-PAUL
«Saint Vincent de Paul assistant Louis XIII à ses  dernières heures»
«Saint Vincent de Paul assistant Louis XIII à ses dernières heures»
Fresque d'Alexandre-Charles Guillemot (1787-1831).
Chapelle Saint-Vincent-de-Paul.
Saint Vincent de Paul assis tenant des petits enfants
«Saint Vincent de Paul assis tenant des petits enfants»
par Émilien Cabuchet (1856).
Chapelle Saint-Vincent-de-Paul.

La statue en marbre de saint Vincent de Paul tenant des petits enfants par Émilien Cabuchet eut beaucoup de succès lors de sa création. Elle fut exposée au Salon de 1857 et y reçut une médaille. Les sources nous apprennent que Cabuchet se servit de cette renommée pour se faire valoir auprès des services de la capitale quand on décida la reconstitution de la statuaire de l'Hôtel de Ville après 1871.
Source : De pierre et de cœur, l'église Saint-Sulpice, 350 ans d'histoire aux Éditions du Cerf, 1996.

Le Christ en croix sculpté par Brun, XIXe s.
Le Christ en croix sculpté par Brun, XIXe s.
Chapelle du Sacré-Cœur.
CHAPELLE SAINT-VINCENT-DE-PAUL
Saint Vincent de Paul assis tenant des petits enfants
«Saint Vincent de Paul assis tenant
des petits enfants», détails
par Émilien Cabuchet (1856).
Saint Vincent de Paul assis tenant des petits enfants, détail
CHAPELLE LATÉRALE NORD SAINT-PAUL
Le bas-côté gauche et sa suite de chapelles latérales
Le bas-côté gauche et sa suite de chapelles latérales.
Au premier plan, la chapelle Saint-Paul.
Bordure à motifs floraux
Bordure à motifs floraux
dans un vitrail du XVIIe.
«L'Apothéose de saint Paul» sur la voûte de la chapelle Saint–Paul
«L'Apothéose de saint Paul» sur la voûte de la chapelle Saint-Paul.
Peinture murale de Michel-Martin Drölling, 1850.
Le Christ en croix, détail
Le Christ en croix, détail.
Œuvre de Louis Derbré, 1951.
«Saint Paul devant l'aéropage annonce le vrai Dieu et la Résurrection»
«Saint Paul devant l'aéropage annonce le vrai Dieu et la Résurrection».
Peinture murale de Michel-Martin Drölling, 1850
Au premier plan, le Christ en croix de Louis Derbré.
CHAPELLE LATÉRALE NORD SAINT-FRANÇOIS-DE-SALES
Vue d'ensemble de la chapelle Saint-François-de-Sales
Vue d'ensemble de la chapelle Saint-François-de-Sales.
«Prédication de saint François»
«Prédication de saint François»
Peinture murale d'Alexandre Jean-Baptiste Hesse (1806-1879).
Chapelle Saint-François-de-Sales.
Vue d'ensemble de la chapelle Saint-Paul
Vue d'ensemble de la chapelle Saint-Paul.
Toute les peintures de cette chapelle sont l'œuvre du peintre
Michel-Martin Drölling. Elles datent de 1850.
«La Conversion de saint Paul»
«La Conversion de saint Paul»
Peinture murale de Michel-Martin Drölling, 1850.
Chapelle Saint-Paul.
«La Conversion de saint Paul», détail
«La Conversion de saint Paul», détail.
Peinture murale de Michel-Martin Drölling, 1850
Chapelle Saint-Paul.

Les yeux extatiques de futur apôtre des Gentils (et pour l'heure leur adversaire féroce), dans la peinture murale de Michel-Martin Drölling ci-dessus, rappellent ceux de saint Jérôme dans le désert, œuvre peinte par Camille Corot à l'église Saint-Nicolas-Saint-Marc de Ville-d'Avray.

«L'Apothéose de saint François–de–Sales» sur la voûte de la chapelle Saint–François–de–Sales
«L'Apothéose de saint François-de-Sales» sur la voûte de la chapelle Saint-François-de-Sales.
Peinture murale d'Alexandre Jean-Baptiste Hesse (1806-1879).
«L'Apothéose de saint François–de–Sales» sur la voûte de la chapelle Saint–François–de–Sales, détail
«L'Apothéose de saint François-de-Sales» sur la voûte de la chapelle Saint-François-de-Sales, détail.
L'ange au centre tient le livre majeur du saint : «Introduction à la vie dévote».
Peinture murale d'Alexandre Jean-Baptiste Hesse (1806-1879).
CHAPELLE LATÉRALE NORD SAINT-FRANÇOIS-XAVIER
Médaillon central d'un vitrail
Médaillon central du vitrail de
la chapelle Saint-François-Xavier.
S'il est de l'époque de Louis XIV, son aspect indique qu'il a été fortement retouché au XIXe siècle.
La chapelle Saint–François–Xavier
La chapelle Saint-François-Xavier (qui donne accès
au baptistère) accueille en permanence
une exposition sur le Saint-Suaire.
Des panneaux expliquent l'état de nos connaissances
scientifiques sur ce mystérieux linceul.
«Puissance miraculeuse de François-Xavier»
«Puissance miraculeuse de François-Xavier»
Peinture murale d'Émile Lafon, 2e moitié du XIXe siècle.
Chapelle Saint-François-Xavier.
CHAPELLE SAINT-FRANÇOIS-DE-SALES
« La remise des statuts de l'Ordre de la Visitation à sainte Jeanne de Chantal»
«La remise des statuts de l'Ordre de la Visitation à sainte Jeanne de Chantal»
Peinture murale d'Alexandre Jean-Baptiste Hesse (1806-1879).
Chapelle Saint-François-de-Sales.

«L'art saint-sulpicien» (1/2). On ne peut présenter l'église Saint-Sulpice sans parler de la production et du commerce d'objets religieux, ce qu'on appelle, parfois avec dénigrement, «l'art saint-sulpicien». Par ses destructions, la Révolution a enclenché, dès la Restauration, le processus de création d'objets religieux, que ce soit pour le culte ou la piété personnelle. Le renouveau de la foi chrétienne l'a transformé en production de masse. En 1847, on voit la rubrique «objets religieux» apparaître dans l'Almanach du commerce de Paris, avec six commerces. En 1852, on en compte 17, et 53 en 1856. Mais peu sont installés autour de Saint-Sulpice. La tendance se poursuit : 141 maisons de commerce en 1868, dont 19 autour de Saint-Sulpice.
Il faut attendre le dernier quart du XIXe siècle pour voir le quartier de Saint-Sulpice enfin prédominant dans ce commerce - pour des raisons qu'il n'est pas aisé de cerner (présence du séminaire?).
Les objets produits sont considérables : tout le nécessaire pour la liturgie bien sûr et les vêtements ecclésiastiques, mais aussi, pour les particuliers, les objets de dévotion tels que nous les connaissons encore dans les magasins de souvenirs des villes de pèlerinage comme Lourdes ou Lisieux : chapelets, statues et statuettes, images, missels, médailles, et même vitraux.
Pour Michel Albaric, auteur de l'article cité en source, ce n'est   --» 2/2

CHAPELLE SAINT-FRANÇOIS-XAVIER
«Translation du corps de saint François–Xavier à Goa, Indes portugaises»
«Translation du corps de saint François-Xavier à Goa, Indes portugaises»
Peinture murale d'Émile Lafon, 2e moitié du XIXe siècle.
Chapelle Saint-François-Xavier.

«L'art saint-sulpicien» (2/2)  ---»»» qu'à la toute fin du XIXe siècle que l'on verra surgir dans les dictionnaires les termes fameux de «bondieuserie» et «bondieuserie sulpicienne». Loin de désigner l'ensemble de la production d'objets de dévotion, ce concept s'attaque plutôt à tout ce qui heurte la sensibilité religieuse et le bon goût. L'art saint-sulpicien est-il un art populaire? On peut répondre sans risque par l'affirmative parce que l'essence de cet art participe d'une production de masse. Ce qui est populaire n'est pas cher parce que produit en masse. On trouvera parfois dans ce site la mention «Art populaire» adjointe à certaines statues, ce qui signifie qu'on peut trouver une statue semblable dans le commerce spécialisé.
Un mouvement de réaction se produisit avec Maurice Denis et la fondation de l'Art Catholique en 1912, puis celle de la revue l'Art sacré en 1935. Dit en clair : le choix était de changer complètement le style artistique très traditionnel de ces objets (y compris les peintures) pour essayer de contrer le phénomène. Ce qui se traduisit immédiatement par une production de masse de ces objets nouveau style dans les

ateliers monastiques !
En ce début du XXIe siècle, on assiste à un nouveau déferlement dans les églises, les chapelles et les magasins de souvenirs religieux : celui des icônes byzantines. Certains pourront penser que ce sont de nouvelles «bondieuseries» produites pour pas cher grâce aux technologies modernes d'impression sur tout support. À cette opinion tranchée, il faut toutefois mettre un bémol : l'image de la Vierge à l'Enfant (la plus courante des icônes byzantines), peut simplement être regardée comme l'image de «la mère et de son enfant». À ce titre, elle s'impose à tous, par-delà les croyances et les athéismes, comme l'un des piliers fondamentaux de l'espèce humaine et l'un de ses symboles les plus forts. De plus, son côté souvent stylisé lui ôte assez facilement ses racines chrétiennes.
Source : De pierre et de cœur, l'église Saint-Sulpice, 350 ans d'histoire aux Éditions du Cerf, 1996. article Le commerce des objets religieux dans le quartier Saint-Sulpice de Michel Albaric.

LE TRANSEPT ET LES QUATRE TABLEAUX D'ÉMILE SIGNOL (1804-1892)
Le transept gauche et le fameux gnomon astronomique
Le transept gauche et le fameux gnomon astronomique
(obélisque en marbre blanc sur la droite).
Ce gnomon, ainsi que la ligne au sol qui lui est associée, ont été établis
en 1743 à la demande du curé Languet de Cergy. Le but était de
favoriser les recherches sur la rotation de la terre.
Décoration du transept nord
Décoration du transept nord.
Chapiteaux corinthiens et bas-relief d'angelots et de vases de fleurs.
La croisée du transept et l'élévation nord
La croisée du transept et l'élévation nord.

«L'Arrestation de Jésus» d'Émile Signol (1804-1892).
Signol a représenté le traître Judas Iscariote sous les traits d'un Africain. Ce qui ne laisse pas de surprendre, ce choix étant très rare dans les peintures. Rien n'est indiqué à ce sujet dans les textes de l'Ancien Testament, pas plus que dans les récits apocryphes. Tout au plus trouve-ton, en de rares endroits, qu'il a la peau brune. Dans le gros plan ci-contre, tous les hommes sont des Blancs, Judas le traître est le seul Noir. Est-ce un parti pris du peintre? Faut-il rattacher ce choix à un possible état d'esprit de l'époque où il vivait? Il est difficile de répondre.
Dans le même ordre d'idée, on pourra se reporter avec intérêt à la Descente de croix peinte par Théodore Chassériau (1819-1856) sur la voûte de l'église Saint-Philippe-du-Roule à Paris. Les traits des Juifs du Sanhédrin y sont fortement accentués.

«La Prophétie d'Isaïe et le Crucifiement»
«La Prophétie d'Isaïe et le Crucifiement»
Peinture murale d'Émile Signol (1804-1892).
«La Prophétie d'Ézéchiel et la résurrection»
«La Prophétie d'Ézéchiel et la résurrection»
Peinture murale d'Émile Signol (1804-1892).
La voûte à la croisée du transept culmine à 33 mètres  (35 m à Notre-Dame de Paris)
La voûte à la croisée du transept culmine à 33 mètres (35 m à Notre-Dame de Paris).
Au niveau architectural, cette voûte n'a pas de tambour, contrairement, par exemple, à celle de Saint-Joseph-des-Carmes.
La voûte est ornée de quatre médaillons dus à François Lemoyne (1688-1737) et Claude-Guy Hallé (1652-1736).
Les peintures sont malheureusement en mauvais état et très difficilement visibles.
«La Prophétie de Jérémie et l'Arrestation de  Jésus»
«La Prophétie de Jérémie et l'Arrestation de Jésus»
Peinture murale d'Émile Signol (1804-1892).
«L'Ascension»
«L'Ascension»
Peinture murale d'Émile Signol (1804-1892).
«L'Arrestation de Jésus» par Émile Signol (1804-1892), détail
«L'Arrestation de Jésus» par Émile Signol (1804-1892), détail.
LE CHŒUR ET LE SANCTUAIRE DE L'ÉGLISE SAINT-SULPICE
Vue d'ensemble du chœur de l'église Saint-Sulpice
Vue d'ensemble du chœur de l'église Saint-Sulpice.
Si l'orfèvrerie (maître-autel et porte-cierges) date du XIXe siècle, les statues sur les piliers
sont d'Edme Bouchardon (1698-1762) et de ses élèves, c'est-à-dire du XVIIIe.
«Jésus au milieu des docteurs de l'Église» par Jean–Baptiste de Bay (1802–1862)
«Jésus au milieu des docteurs de l'Église» par Jean-Baptiste de Bay (1802-1862).
Soubassement en bronze du maître-autel fondu par Louis-Isidore Choiselat (1784-1853).
Chandelier pascal du maître-autel
Chandelier pascal du maître-autel.
Atelier Poussielgue-Rusand
Seconde moitié du XIXe siècle.
Saint Pierre et le coq du Reniement
Saint Pierre et le coq du Reniement
par Bouchardon (1698-1762) et ses élèves.
Saint Jean l'évangéliste
Saint Jean l'Évangéliste
par Bouchardon (1698-1762) et ses élèves.
«Regina Cleri»
«Regina Cleri»
Médaillon central d'un vitrail du chœur
1674.

Le chœur de Saint-Sulpice. Après la Révolution, l'ancien séminaire installé vers 1645 à proximité de l'église, par l'abbé Jean-Jacques Olier (1608-1657) avait disparu. La construction d'un nouveau séminaire fut entreprise à partir de 1820. Pour l'accueil des séminaristes, on décida d'agrandir le sanctuaire de l'église en avançant le maître-autel vers la nef, et d'enrichir le chœur d'une décoration digne du plus grand lieu de culte parisien après la cathédrale. Pour obtenir tabernacle, ostensoir, chandeliers et candélabres de grande qualité, on s'adressa au bronzier Louis-Isidore Choiselat (1784-1853). En 1825, grâce à un somptueux tabernacle orné de quatre palmiers créé pour Saint-Sulpice, il obtint la commande des garnitures d'autel pour le sacre de Charles X. Le style artistique retenu par Choiselat était évidemment conforme aux idées
---»»» Suite à droite.

Saint Louis dans une niche
Saint Louis dans une niche
du chandelier pascal du maître-autel, XIXe siècle.
La Vierge dans une niche
La Vierge dans une niche
du chandelier pascal du maître-autel.
Atelier Poussielgue-Rusand, XIXe siècle.
Le sanctuaire, les stalles et les statues d'Edme Bouchardon (1698–1762) et de ses élèves
Le sanctuaire, les stalles et les statues d'Edme Bouchardon (1698-1762) et de ses élèves.
La Résurrection du Christ, 1672
La Résurrection du Christ, 1672.
Vitrail central de l'abside.
«L'Annonciation»
«L'Annonciation»
Médaillon central d'un vitrail de l'abside, 1674.
Vue d'ensemble de l'église depuis le sanctuaire
Vue d'ensemble de l'église depuis le sanctuaire.
Le Christ à la colonne
Le Christ à la colonne
par Edme Bouchardon (1698-1762).
«L'Annonciation», détail
«L'Annonciation», détail
Médaillon central d'un vitrail de l'abside, 1674 et vraisemblablement restauré.
Le visage de la Vierge - trop parfait - est-il du XVIIe siècle ?
Vierge de douleur
Vierge de douleur
par Edme Bouchardon (1698-1762).

---»»»  du parti ultra. Le soubassement en bronze doré du maître-autel Jésus au milieu des docteurs de l'Église, ci-dessus, est aussi la création de son atelier.
En 1849, c'est un futur grand nom de l'orfèvrerie qui prit la succession de son atelier : Poussielgue-Rusan. C'est à lui que la Fabrique de l'église Saint-Sulpice commanda le très beau chandelier pascal présenté ci-contre.
Source : De pierre et de cœur, l'église Saint-Sulpice, 350 ans d'histoire aux Éditions du Cerf, 1996.

Vierge de douleur, détail
Vierge de douleur, détail.
par Edme Bouchardon (1698-1762).
Candélabre du XIXe siècle, détail
Candélabre du XIXe siècle, détail.
Atelier Choiselat, XIXe siècle.
La Résurrection du Christ, détail
La Résurrection du Christ, détail.
Vitrail central de l'abside, 1672.
L'Ange de la prédication
L'Ange de la prédication
Statue à l'entrée du déambulatoire nord.
Œuvre due à Desbœufs, vers 1850.
Le chœur et son élévation
Le chœur et son élévation.
Les vitraux du chœur sont des années 1670. Un seul a été refait après 1870.
L'apôtre Pierre
L'apôtre Pierre.
Médaillon central d'un vitrail du chœur, 1673.
Saint Sulpice
Saint Sulpice
Médaillon central d'un vitrail du chœur, 1673.

Saint-Sulpice n'est pas une dédicace fréquente dans les églises de France. Pourtant c'est un saint français né à la fin du VIe siècle dans le diocèse de Bourges et d'ascendance noble. Il aurait été élevé au palais royal, ce qui l'aurait initié aux affaires. Surnommé le bon ou le pieux, réputé pour son austérité, ses jeûnes, son affabilité, mais aussi pour ses dons de guérison sur les malades, se livrant à la prière et au service des pauvres, il jouissait, dit-on, d'un don de persuasion par sa voix qui menait les gens à se convertir. L'évêque de Bourges lui aurait conféré les ordres pour rendre sa prédication officielle. En 624, il fut nommé évêque de Bourges. Poursuivant son rôle de missionnaire, il s'attache à la conversion des Juifs, nombreux dans son diocèse, et participe à l'instruction des campagnes. Après dix-sept ans d'épiscopat, il se choisit un coadjuteur pour se consacrer entièrement au service des pauvres. Il meurt à Bourges en janvier 646   ---»»»

Saint Sulpice et Jean-Jacques Olier en adoration devant le Sacré-Cœur
Saint Sulpice et Jean-Jacques Olier en adoration devant le Sacré-Cœur.
Ce vitrail du chœur, de 1885, a remplacé celui des années 1670, détruit en 1870.
L'apôtre Pierre, vitrail de 1673, détail
L'apôtre Pierre, vitrail de 1673, détail.

Les vitraux de Saint-Sulpice. À la fin du XVIIe siècle, l'église ne possédait encore que le sanctuaire, les chapelles du déambulatoire et le transept sud avant que les travaux ne soient interrompus pendant quarante ans. Mais cela n'a pas empêché la Fabrique de pourvoir l'abside et les chapelles rayonnantes en vitraux.
C'est une époque où l'on exige de la lumière. Et ce sera encore plus vrai au XVIIIe siècle. Au XVIe, le Concile de Trente s'est opposé aux vitraux historiés, chers au Moyen Âge et à la Renaissance, et qui maintiennent les églises dans la pénombre. À l'époque de la Contre-Réforme, on veut que les fidèles puissent lire le missel à l'intérieur de l'édifice. Les progrès technologiques dans la fabrication du verre permettent d'ailleurs de répondre à l'exigence des prélats. Alors, on se contente d'un beau médaillon au centre d'un vitrail de verre blanc, vitrail souvent enrichi d'une guirlande à thème floral sur le pourtour. À Saint-Sulpice, les grandes fenêtres du second niveau de la nef sont même pourvues en totalité de verre blanc. Seul le maillage rectangulaire en plomb assure le décor.
La restauration des vitraux anciens de Saint-Sulpice a commencé au XIXe siècle. Malheureusement, l'explosion de la poudrière du Luxembourg en 1871 a détruit ou endommagé bien des vitraux en place. La restauration générale de la verrière a été confiée au maître verrier lyonnais Claude Lavergne dès 1872.
Le visage du Christ dans la Résurrection a été refait. Peut-être aussi le visage de la Vierge dans l'Annonciation, bien que les sources consultées ne le mentionnent pas. Le vitrail montrant saint Sulpice et Jean-Jacques Olier en adoration devant le Sacré-Cœur est une création de 1885 pour remplacer le vitrail d'origine détruit lors de la guerre de 1870. Quoi qu'il en soit, le travail de Claude Lavergne a dû être fastidieux car Élisabeth Pillet dans son ouvrage pour le Corpus Vitrearum sur Le vitrail à Paris au XIXe siècle indique que beaucoup de vitraux de l'église ont été brisés.
Néanmoins, c'est bien à l'église Saint-Sulpice que l'on peut admirer la plus importante collection de vitraux réalisés sous le règne de Louis XIV. Plus précisément, leur création s'insère dans la décennie 1670. Lors de la visite de l'église, il ne faut pas manquer non plus d'avoir un œil sur les décorations florales des bordures. On en a reproduit quelques extraits dans cette page.
Source : De pierre et de cœur, l'église Saint-Sulpice, 350 ans d'histoire aux Éditions du Cerf, 1996.

Bordure à motifs floraux
Bordure à motifs floraux
d'un vitrail du XVIIe siècle.
Statue de saint Jacques-le-Majeur dans le chœur
Saint Jacques-le-Majeur
dans le chœur
par Bouchardon (1698-1762)
et ses élèves.
«La Monstrance»
«La Monstrance»
Vitrail de l'abside, 1673
Trois anges en adoration devant l'ostensoir.
Saint Sulpice en adoration devant le Sacré–Cœur, détail
Saint Sulpice en adoration devant le Sacré-Cœur, détail.
Vitrail de 1885 dans le chœur.

---»»»  ou 647. Plus de 340 églises lui sont dédiées en France, ce qui est peu dans un pays qui compte environ 45 000 édifices religieux portant dédicace.
Source : De pierre et de cœur, l'église Saint-Sulpice, 350 ans d'histoire aux Éditions du Cerf, 1996.


Documentation : «Paris d'église en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4
+ «Saint-Sulpice», brochure disponible dans la nef + «Louis-Simon Boizot (1743-1809)», Musée Lambinet, Somogy, Éditions d'Art, 2001
+ «De pierre et de cœur, l'église Saint-Sulpice, 350 ans d'histoire» aux Éditions du Cerf, 1996.
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